1837 LIVRE ÉDITÉ

chapitre 2

Le lendemain matin, je suis prête à partir. À vrai dire, je n'ai pas beaucoup d'affaires personnelles. Je marche donc jusqu'au château, où je toque timidement. La dame d'hier vient m'ouvrir, ce qui me rassure puisque pour l'instant, c'est la seule personne que je connaisse.

- Bonjour Emily !

- Bonjour euh...

- Rebecca.

Je hoche la tête.

- On peut peut-être se tutoyer maintenant qu'on travail ensemble ?

- Oui, bien sûr.

- Très bien. Suis-moi, je vais t'indiquer ta chambre.

Je la suis dans les escaliers jusqu'à ce qu'elle s'arrête soudainement. Je l'interroge du regard et comprends vite la raison de son arrêt puisqu'une dame d'environ une cinquantaine d'années vêtue de magnifiques étoffes et parures arrive dans notre direction. C'est la reine. Quand celle-ci arrive à notre niveau, on fait une révérence. Elle nous juge du regard avant de prendre la parole.

- Rebecca, qui est-ce ?

- Hé bien madame, c'est la nouvelle domestique dont je vous ai parlé hier.

- Enchanté madame, je dis avec un petit signe de tête.

Elle me regarde et se contente de dire :

- Tu me sembles bien petite. Comment vas-tu faire pour le ménage quand il faudra nettoyer des meubles très hauts ?

- Je euh... me mettrai sur la pointe des pieds madame.

Elle n'a pas l'air complètement satisfaite, mais se contente d'hocher la tête et de continuer son chemin. Rebecca et moi reprenons notre marche et une fois qu'elle est bien éloignée, Rebecca prend la parole.

- Madame Laura Espartero est très hautaine, tu le verras rapidement. Son mari, Baldomero Espartero, est bien plus accueillant. Ils ont un fils, Itzan Espartero, qui sera le successeur de monsieur Baldomero dans quelques années. Ils ont aussi une fille, Ambrosia.

Je hoche la tête.

- Voilà ta chambre, dit Rebecca en s'arrêtant devant une porte. Je vais te laisser t'installer et faire connaissance avec les lieux. Je suis dans la chambre juste sur ta droite si jamais tu as besoin de mieux.

Je la remercie et rentre dans la chambre. La pièce est très petite, composée d'un lit, d'une lampe, d'un miroir et d'un meuble. Je ne m'attendais ni à mieux, ni à pire. Maintenant, il va falloir que je commence le travail et je ne sais pas trop par où commencer... je pose donc mes quelques affaires et pars toquer à la porte de Rebecca.

- Oui ? demande cette dernière en me voyant.

- Je... je ne sais pas par où commencer ni quoi faire.

- Oh, oui, j'ai oublié de te dire... dans ta chambre, dans le premier tiroir du meuble en partant de la gauche, tu as un plan qui définit la zone dont tu dois t'occuper. Viens, je vais te montrer.

On retourne dans ma chambre et prenons le plan. Rebecca le regarde avant de m'informer :

- Toi, le matin tu vas être responsable des appartements des deux enfants Espartero, Itzan et Ambrosia.

Je hoche la tête.

- J'imagine que tu sais ce qu'il te reste à faire...

- Oui, effectivement.

Faire le ménage, aider mademoiselle Ambrosia à faire sa toilette, remettre de l'ordre... je me dirige donc vers les appartements des enfants Espartero et tombe sur la première chambre, peinte d'or et de rose. Je toque doucement à celle-ci.

- Entrez.

Je pénètre à l'intérieur de la chambre et suis rapidement subjuguée par la beauté et la grandeur de cette pièce. Une jeune femme à la beauté à couper le souffle me regarde. Je fais une petite révérence avant de me présenter.

- Bonjour mademoiselle, je suis Emily, la nouvelle domestique de cette partie du château.

- Bonjour, Emily, je suis Ambrosia.

Je ne lui donnerais pas plus de 16 ans. Elle a des cheveux châtains ondulés avec des yeux verts très clairs, ce qui lui donne beaucoup de charme.

- Je vais faire le ménage, ça ne vous dérange pas ?

- Non pas de souci, et tutoies-moi, on ne doit pas avoir beaucoup d'années d'écart.

- Oh euh... d'accord.

Je commence à nettoyer quelques meubles tandis qu'Ambrosia fait la conversation.

- Quel âges as-tu ?

- J'ai 18 ans, et v... toi ?

- Je viens d'avoir 16 ans. Mon frère, lui, a 20 ans. Tu vas voir il est très sympa mais... avec son caractère.

Je souris.

- Merci pour l'information.

Elle sourit également avant de poser le livre qu'elle lisait.

- Je suis éblouie par ta beauté Emily. Ce n'est pas habituelle de voir d'aussi jolies personnes chez les pauvres.

Je rougis.

- Merci, toi aussi tu es très jolie.

- D'après ma mère je n'ai pas des yeux assez en amende et j'ai trop de poitrine.

Je suis très étonnée. Cette fille est probablement l'une des plus belles qu'il m'ait été donné de voir.

- Ne l'écoutes pas, tu es très jolie.

- Merci. Puisque tu es majeur, vas-tu te marier prochainement ?

Repenser à Emilio fait instantanément retomber mon sourire.

- Oh, sujet compliqué ?

J'acquiesce.

- Mes parents veulent me marier à un riche bourgeois, mais moi je ne l'aime pas.

Je grimace devant un amas de poussière et astique encore plus.

- Il est méchant, et même violent. Malheureusement, je n'ai pas mon mot à dire.

Elle soupire.

- Moi, mon mariage est prévu depuis ma naissance avec un homme que je n'ai encore jamais rencontré.

- Oh, tu n'as donc pas de chance non plus.

- Je rêve d'un mariage d'amour, parfois, mais je sais que je me voile la face et que ça n'arrivera que dans ma tête.

- C'est compliqué d'être une femme.

- Oh que oui.

Tandis que je commence à plier une couverture qui trainait par terre, Ambrosia et moi entamons une conversation sur les bonnes manières. Ça la fait rire que je n'en connaisse que si peu. Puis, une autre bonne vient la chercher pour qu'elle aille prendre son petit-déjeuner et je continue donc mon ménage seule, dans le calme.