Regard.

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Il me regarde toujours. Sauf que ma gorge commence à devenir sèche. Son regard me rend mal à l'aise, même très. Je le regarde aussi, n'osant plus bouger par peur. Son visage est éclairé par les rayons de soleil traversant les fenêtres. Ses cheveux bouclés sont éparpillés et ses yeux sont verts. Tellement clairs qu'ils me fascinent. Il ne porte pas de t-shirt, il est torse nu et ça me rend encore plus mal à l'aise. Je crois même en être rouge, de peau. Je ne comprend pas ma réaction et je ne comprend pas la sienne.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? Je demande calmement, sans bouger.

- Je ne te regarde pas.

Sa voix est tellement rauque qu'elle fait frissonner ma nuque. Je crois qu'il voit mon embarras, car un sourire commence à se former sur son visage. Pas un sourire heureux, mais un sourire provocateur, fière de lui et chercheur.

Je n'ose pas faire un geste. Je suis toujours debout, devant le frigo et j'ai toujours ma bouteille de lait dans les mains. Son regard me fige, et fait trembler mes jambes, alors je préfère laisser mes pieds coller le sol. Il se racle la gorge et se redresse légèrement. Il me regarde toujours, comme une statue et je commence à trouver cette situation très étrange. Surtout que je n'aime pas les gens et que je ne le connais pas.

- Si, tu me regardes, je dis, presque murmurant.

Si moi je suis bizarre, alors lui, il est quoi ? Parce que ce n'est pas tout les jours qu'on me regarde comme ça. Son regard n'est pas simple, il est curieux et je dirais presque désireux.

Il ne répond pas, il hausse les épaules. Je regarde autour de moi, car ses yeux sont toujours sur moi. Je ne connais pas vraiment les gens de l'exterieur, alors peut être que c'est normal de regarder les personnes comme lui me regarde. Peut être que c'est juste moi, qui se sent troublé de cette scène qui peut être normale.

Ses jambes sont détendues et légèrements ouvertes, et j'ai l'impression que cette vue me brûle le ventre. Et je suis tellement gêné d'être autant regardé par cet inconnu, que je sors de la cuisine, avec un seul objectif, réveiller mon frère. Je cours en quittant la cuisine et je monte le petit escalier. J'arrive dans le couloir, et je cours vers la chambre de mon grand frère. Vide. Le lit est défait, et il n'y a pas le corps endormi de mon frère. Pendant plusieurs secondes, je me demande si il ne m'a pas laissé tomber. Mais c'est impossible, mon frère ne peut pas me faire ça. Je me sens tellement mal d'être seul, dans ma maison, avec un inconnu qui n'arrête pas de me fixer que je m'imagine mille sénarios.

Je suis peut être bizarre, mais le regard de l'ami à mon frère me rend différent. Il me chamboule, et c'est vraiment la première fois que ça m'arrive.

Je décide de prendre sur moi, après tout, l'ami de mon frère va bien partir un moment ou un autre. Et puis j'ai faim, tellement faim que je me sens faible et que je sens mon ventre se creuser. Je m'avance légèrement vers le couloir et je descend lentement les escaliers. Je veux retarder le moment où je vais être seul avec l'ami de mon frère. Je n'ai pas aimé me sentir troublé, il n'a pas le droit de me faire ressentir des sensations comme ça, je ne le connais même pas et je n'ai pas envie de le connaître. Alors, en l'ignorant je vais lui prouver.

J'arrive dans la cuisine et je reprend ma bouteille de lait que j'ai posé sur la table. J'ai le coeur battant de mon action. Je sens son regard sur moi. Je ne me savais pas autant timide et coincé que ça mais je me force. Je me force à rester ignorant. Je me retourne et ouvre le haut de mon placard. Je prend un bol et je me sens observé et bordel, je n'aime pas ça. Je me retourne et je croise son regard.

- Je m'appelle Harry, et toi ?

Je sursaute en entendant sa voix. Je ne m'attendais pas à ce qu'il se présente après ce qu'il s'est passé. Je n'ai pas envie de lui répondre. Je n'ai pas envie de le calculer et je n'ai pas envie de me sentir une fois de plus embarassé devant son regard, sauf que je le suis déjà. Je prend des céréales et je vais m'assoir sur ma table de cuisine, au fond et loin de lui. Je remplis mon bol de lait et de céréale, je fais comme si j'étais seul, comme si il n'existait pas mais c'est dur. Car je sais qu'il est là et qu'il me regarde. Mes mains tremblent, parce que je suis mal à l'aise, concentré et parce que j'ai peur de foirer mon plan.

Désire moi.Where stories live. Discover now