Tiny Pretty Things

Entretien matinal

Je rentre dans la salle, mon sac en main.
Il doit être environ 6h30 du matin, quelques rayons de soleil illuminent la grande salle de danse.

Tout en m'échauffant rapidement, la porte s'ouvre derrière moi.

- Excuse Oren, je suis un peu retard.

Je jette un sourire à Neveah, ma partenaire de danse pour le trimestre. Et peut être plus.

- T'inquiète. Je viens d'arriver aussi.

Elle s'installe en silence et commence ses étirements. Je ne peux me retenir de la dévisager. Son corps élancé, son visage à la fois doux et impassible. Dès le premier jour, son regard perçant m'avait de suite attiré.

Qu'on le veuille ou non, Neveah dégage un charme mystérieux. Oui je dis bien mystérieux. Car cette jeune demoiselle ne se confie jamais, ou très peu.

Cette dernière se retourne et me toise d'un sourire taquin.

- Arrête de me regarder et étire toi. On a du travail je te rappelle. C'est pas parce qu'on a fini la vidéo d'hier et qu'elle a un succès fou qu'il faut se relâcher. La représentation de l'Éventreur arrive à grand pas.

- Oui madame, dis-je en me redressant, droit comme un i. Ce qu'elle peut-être autoritaire.

Je me place au milieu de la salle, et décide de la déstabiliser un peu.

- On s'est bien illustré hier en dansant ensemble. Ils étaient tous sans voix.

Elle marque un temps d'arrêt.

- C'est clair, tout le monde nous a vu, dit elle, un peu gênée.
- Ce qu'on est capable de transmettre quand on danse, ce n'est pas donné à n'importe quel duo. On va continuer à envoyer du rêve.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et démarre la chorégraphie. Elle me suit.
La magie opère. Nos corps se balancent, en parfaite harmonie.

Elle se lâche. Je me lâche.
Nous perdons prise, laissant nos deux passions parler à notre place. Nous formons un tout. Un tourbillon d'émotion.

La danse est une libération. Nous sommes comme nu face au public. Totalement vulnérable, livré à nous même. Et c'est si bon.
Il n'y a plus de barrière.
Plus d'obstacle.

Une autre émotion s'insinue en moi. Porter Neveah, l'accompagner dans ses mouvements, lui ouvrir mon cœur à travers le silence.
Je n'ai jamais eu de meilleure partenaire qu'elle. 

Elle est confiante, assurée, provocante.

Elle repousse mes limites, et moi les siennes.

La musique se termine.
Nous enchaînons les derniers pas, essoufflés.
Le sort retombe.

Après un silence de quelques secondes, elle s'écarte.

- Eh ben, on s'est lâché ce matin.

Tandis que je reprends mon souffle, je me rapproche d'elle et arrive à sa hauteur.
Elle me fait face et plante son regard vif dans le mien. Je souris.

- J'aime danser avec toi.

Je caresse sa joue et elle s'adoucît.

- Moi aussi. C'est comme si ...je me sentais en sécurité. J'ai le cœur qui bat. C'est si nouveau pour moi je ...

Neveah baisse le visage, mais je le relève avec douceur.

- Pas un mot de plus.

Je pose mes lèvres sur les siennes, la tentation étant trop forte.

Elle n'est pas habituée, et cette innocence, cette pureté me plait. Tout d'abord timide, ma partenaire essaie de s'affirmer un peu plus dans notre baiser.

Neveah a le goût du paradis. Je sens encore le goût du dentifrice à la menthe qu'elle a dû utilisé ce matin , ainsi que celui du chocolat noir qu'elle prend avant chaque entraînement. Je souris.
Rien à voir avec Bette, où nous notre relation n'était basé que sur le désir sexuel.

Là tout est différent. J'apprécie chaque instant passé à ses côtés. Prendre notre temps ne rend les moments que plus savoureux.

Je la rapproche et la sers un peu plus contre moi. Elle s'écarte et nos fronts se rejoignent.
Ses jolies yeux retrouvent les miens.

- Je croyais que l'on devait continuer à danser, chuchote-t-elle avec douceur.
- Alors le résultat ne sera que meilleur tu ne crois pas ?

Son sourire s'élargit et mon cœur bondit.

Nous nous écartons. Et reprenons notre chorégraphie inlassablement.

Je lui glisse quelques mots tendres de temps à autre mais elle se montre imperturbable.
Quel sérieux.

En rangeant nos affaires, je me tourne vers cette fille qui me fait perdre tous mes repères.

- Neveah ?

Elle se retourne, interrogatrice.

- Oui Oren ?

- Je t'aime.

Fin.

NDA :
Voilà voilà, bon ce n'est pas parfait vu que je reprends à peine l'écriture mais j'espère que la mise en bouche vous plaira :)
Gros bisous à vous
Inès