Chapitre 1

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J'étais exténuée et trempée jusqu'aux os lorsque j'arrivai enfin en ville. Mon voyage avait duré trois jours durant lesquels mes rencontres s'étaient limitées à quelques vagabonds. Cela n'avait toutefois rien d'étonnant, puisque le vent et la pluie amenés par le nouvel hiver n'attiraient dehors que les plus courageux, ou nécessiteux. À cette heure-ci, toutes les portes étaient closes, bien qu'il fut encore trop tôt pour dormir, et, si l'on était attentif, on pouvait entendre les bruits des foyers qui s'estompaient peu à peu. Ce soir, la lune resta cachée derrière de vastes nuages et ne me fournit aucune aide contre l'obscurité, à mon grand désespoir, puisque je me cognai plusieurs fois avant de trouver un abri où dormir un peu.

Plongée dans un demi-sommeil, des cris me parvinrent, mais je ne les comprenais pas, des cris de femme, ils s'adressaient à moi, j'ouvris les yeux pour me rendre compte de la situation, en effet, une vieille femme me criait de déguerpir, un balai à la main :

- Va-t'en du devant de mon magasin, ou je t'en mets un coup ! Me menaça-t-elle, en brandissant son bout de bois.

Je me relevai et reculai doucement, jusqu'à apercevoir l'ensemble de la façade d'une petite boutique où un écriteau indiquait : « Flasg, élixirs et recettes ». Flasg, ce nom m'était parfaitement inconnu, mais malgré cela j'étais quasiment sûre que c'était encore un de ces vendeurs de potions bons marchés, endormi derrière le comptoir de sa boutique. Je me remis en marche, l'emplacement du soleil indiquait environ 7h et le réveil de la ville commençait. Je ne reconnaissais pas les rues que j'avais dû emprunter la veille, difficulté dont je me serais bien passée. Après m'être égarée maintes fois, je finis tout de même par arriver devant la plus grande bâtisse de la ville, une vieille maison entièrement faite de briques brunes, et dont la porte en chêne faisait au moins deux fois ma taille. Après quelques minutes, la porte s'ouvrit sur un homme qui me parut étonnamment grand. Celui-ci était habillé d'un long manteau en tweed gris et portait un chapeau noir à petit bord qui lui tombait sur les yeux, comme par volonté de rester anonyme. Toutefois, j'étais persuadée d'avoir trouver la personne que je cherchais.

Je n'avais donc pas le choix, je devais aller à sa rencontre maintenant, alors sans trop réfléchir, je commençai à le suivre.

AlchymiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant