– On pourra faire des recherches pour voir ce qu'ils sont devenus.

– Ouais, mais d'abord je veux voir ce dossier-là : X. Je ne me souviens pas d'avoir fait des pornos.


Nous allons regarder ce dossier, puisqu'il nous concerne tous les deux, je n'ai rien à cacher à Antonin. En revoyant ces images, il semble reprendre vie légèrement, c'est peut-être une bonne technique pour lui insuffler un peu de positivité.

– Qu'est-ce que c'est que ces horreurs !

– Les années de la puberté. Nous avions l'obsession des poils.

– Ouais, on voulait tellement en avoir, comme les grands, pour devenir des hommes. Mince, j'avais presque oublié ce rituel.

Nous avions hâte de devenir des « vrais mâles » et le symbole de cette virilité étaient les poils. Comme toujours, dans une classe, il y a eu des garçons bien plus précoces. On essayait de se comparer sous les douches et dans les vestiaires, après les cours de sport. Mais bien sûr, Antonin et moi sommes allés beaucoup plus loin. Nous avons instauré un rituel : tous les samedis, on s'examinait mutuellement le corps, pour constater l'évolution de la pilosité. Et donc, on prenait des photos pour voir la progression.

– Pourquoi t'as gardé ça ? Il n'y a aucun intérêt à voir nos poils pousser sous les aisselles et ailleurs.

– C'est drôle d'y repenser. On était complètement hystériques avec cette histoire. C'est un peu étrange de conserver ces photos, mais on y a passé tellement de temps, ça fait partie de notre passé commun.

– On allait très loin.

– Ouais, ce dossier ne doit pas tomber entre de mauvaises mains.

Bien évidemment la partie qui nous intéressait le plus se situait sous la ceinture. Et nous avons des dizaines de photos de cet endroit. Au départ, l'obsession étaient nos testicules. On voulait y voir pousser des poils.

– Donc toi, mec, tu gardes des photos de mes bourses.

– T'inquiète, c'est la première fois que je les regarde depuis des années, rien de pervers.

Il n'y a jamais eu de perversité dans ces photos. Nous ne faisions pas ça pour nous exciter mutuellement. À cette époque, c'était un sujet très sérieux pour nous, presque une étude scientifique !

– Merde, mais on s'est photographiés dans tous les états.

Au moment de nos premières érections, notre attention s'est focalisée sur le pénis. Là encore il y a des dizaines de photos : au repos, bien droit et même nous en train de nous comparer en les collant l'un contre l'autre.

– On était en compétition même à ce niveau.

– On voulait tellement que ça s'allonge.

– On peut dire que la nature n'a pas été trop avare pour nous.

Les photos de ce type se sont arrêtées quand nous avons considéré que l'analyse était terminée. C'est-à-dire quand nous avions tous nos poils et avons estimé que la longueur de nos pénis ne varierait plus. Nous avons continué à nous observer, sous les douches collectives, mais sans prendre de photos. Celles que je conserve ne sont, à nos yeux, pas pornographiques. Si nous avions continué, ce serait devenu plus ambigu.


Nous continuons la redécouverte du passé avec le dossier consacré à nos années d'études supérieures. D'abord, il y a plein de photos de notre appartement, celui que nous avons partagé pendant quatre ans. Et puis, les images partent à la dérive.

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