Chapitre 36 : Le début de la guerre

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Rordian se trouvait dans un couloir exigu qui menait au sous-sol, où se trouvait les cellules. Il avait fait le tour des bureaux administratifs. Il avait tenté d'écouter les conversations, mais les soldats ici n'étaient que des pions, il n'avait donc rien appris à part que la femme de machin se portait bien tandis que truc avait pu revoir sa famille...

Deux hommes marchaient dans sa direction. L'un des deux avait un sabre dans la main et il l'essuyait avec un mouchoir blanc. Lorsque la couleur blanche du tissu vira au rouge, Rordian eu un frisson d'effroi. Il se plaqua contre un mur pour que les hommes puissent passer sans le repérer, et il se retint de les frapper. Il n'était pas là pour ça, malheureusement. Il prenait son mal en patience, mais viendrait ce jour où il vengerait toutes ces pauvres âmes.

« Ces vermines ne méritent pas mieux.

— Clairement. Ils sont la faute de nos malheurs, ils sont l'héritage de notre oppression. Et encore, j'ai été clément. »

Un rire gras s'échappa des lèvres de l'homme et s'estompa au fur et à mesure que lui et son compagnon s'éloignaient.

Rordian avait peur. Peur de voir l'état des prisonniers. Peur de ne pouvoir rien faire. Il suivit ce couloir jusqu'à arriver à un unique escalier. Il arriva dans une pièce simple, sans porte, sans moyen de s'enfuir la téléportation ayant été bloquée. Une grande pièce remplie de dizaine de cellules, pleines. L'odeur qui émanait des lieux brûla la gorge de Rordian et lui offrit un haut-le-cœur. Les émanations de sueur, de renfermé, de sang et d'excréments embaumaient les lieux.

Dans les cellules étaient entassés principalement des Kayoliens et des Hyacinthois. Les autres espèces ayant leur propre spécificité, elles étaient principalement enfermés dans des prisons que les Ombres avaient produites pour elles... Ils étaient tous debout, collés les uns aux autres. Ils avaient à peine la place pour se déplacer vers le saut qui leur permettait de faire leur besoin. Ils devaient dormir assis, et s'assoupir à tour de rôle, la place étant largement limitée.

Dans l'ambiance horrifiée, des sanglots qui tentaient d'être étouffés brisait le silence. Rordian les suivit et s'approcha d'une des cellules au fond de la pièce. Face à lui, dans la cellule de neuf mettre carré, des Hyacinthois entassés pour lasser la place à leur camarade agonisant au sol. Agonisant, voire mort... Le soldat qui était sorti quelques minutes plutôt avait massacré cet homme. Pourquoi ? Quelle raison suffisante avait-il pour passer à tabacs une personne déjà dans un état critique ? Une enfant était accroupie à ses côtés. C'était elle qui tentait de faire taire ses pleurs, probablement terrorisée par ce qu'on pourrait lui faire si on l'entendait.

Rordian murmura une excuse sans même sans rendre compte. Il était honteux. Honteux que sa propre espèce puisse être à ce point cruelle. Honteux d'être lui-même un Kayolien. Honteux de ne rien pouvoir faire pour les aider. Mais lorsque l'enfant tourna la tête vers lui il se rendit compte de sa bêtise. Il eut un mouvement de recule avant de se figer, jusqu'à couper sa respiration. Quand elle détourna son attention, Rordian fit demi-tour et partit.

Il serra les poings de rage. Il voulait faire quelque chose. Il devait faire quelque chose. Mais il était totalement sans pouvoir face à la situation. Il ne pouvait pas intervenir... Non seulement les prisonniers étaient trop nombreux pour qu'il puisse les aider seul, mais en plus sa tête était mise à prix. S'il se faisait attraper il serait pendu sur le champ. Il n'avait donc pas d'autre choix que partir et exiger une intervention rapide de la part des Papillons.

La gorge serrée et la honte ancrée dans la peau, Rordian remonta pour sortir. Mais lorsqu'il passa devant l'un des bureaux ouverts, une phrase attira son attention :

« Dans quelques semaines, l'unité de Reconquête est censée s'attaquer à une ville pas loin. J'ai entendu dire que là-bas les gens n'avaient pas eu envie de se soumettre et méritait une bonne correction. Ils vont moins faire les fiers quand on les mettra à genoux et qu'on dominera leurs femmes.

Kilidohanas Tome 2 : Les Papillons [FIN]Where stories live. Discover now