LA PLANÈTE BLEUE

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Chaque naissance était singulière.

Pour un système solaire, cela commençait par des matières errantes passant par là, dont les origines étaient variées.

Certaines venaient du temps éloigné où Lumière-Tout avait éclaté en milliards de milliards de Lumières-Moi, d'autres de lointaines galaxies toboggans qui, tournant trop vite sur elles-mêmes, avaient expulsé des centaines de milliards de particules. D'autres encore avaient voyagé en compagnie des baleines blanches, profondément enfouies dans leur tête noire avant d'être semées dans les panaches de vapeur d'eau.

Toutes ces particules flottaient tranquillement et se regardaient. Elles se connaissaient et se reconnaissaient puisqu'elles appartenaient à un futur commun. Cette certitude les invitait à se rapprocher les unes des autres, mues par la force invisible qui contribuait à former les galaxies, les systèmes solaires, les planètes et les mondes.

Chacune, minuscule ou grosse comme un grain de sable, avait son identité, son rôle à jouer dans la formation d'un gigantesque nuage noir et gris flottant dans l'espace.

Le plus dense du nuage formait une sphère brillante en forme de soleil tandis que s'assemblaient autour des boules de matière qui deviendraient des planètes.

Ce système solaire en construction, petit à l'échelle de l'Univers, grand à celle des êtres et des animaux qui le peupleraient, tournait sur lui-même dans un équilibre parfait.

Ticouac se laissait glisser vers ce système planétaire scintillant. Quel âge avait-il ? Pour notre ami, apparu depuis des temps immémoriaux, il lui semblait jeune, mais il avait plusieurs milliards d'années et avait déjà consumé la moitié de sa vie stellaire.

« Le temps est bien étrange, pensa Ticouac, une seconde ici paraît une éternité là. »

Chaque planète était unique par sa forme, sa taille et ses couleurs. Il y avait plusieurs boules jaunes orangées, une élégante toupie à collerette, de gros cailloux gris, un imposant amas gazeux rougeoyant, de petites sphères blanches et, enfin, le diamant bleu que Ticouac avait vu en pensée.

C'était l'éclat du soleil, dont les rayons se réfléchissaient à la surface des planètes qui leur prêtait leurs couleurs. Quand elles étaient couvertes de sable, les reflets étaient rouges et jaunes. Quand elles baignaient dans une atmosphère épaisse, les reflets étaient pâles et laiteux. Quand elles accueillaient de l'eau, les reflets étaient bleus et blancs.

Il y avait beaucoup d'eau sur la petite planète bleue vers laquelle se dirigeait Ticouac, mais, étrangement, les créatures qui y vivaient l'appelaient « Terre ».

Le spectacle était grandiose. Le bleu des océans qui la recouvraient entièrement réfléchissait les rayons du soleil, qui enflammaient la fine atmosphère et créaient des cascades de couleurs dans le ciel.

Il s'approcha jusqu'à toucher la pellicule qui protégeait ce monde des rayons cosmiques et froids provenant de l'Univers. Des milliards de particules transparentes ondoyaient en se tenant la main au-dessus de la surface et semblaient attendre un événement. Ticouac se joignit à elles et attendit.

Plusieurs millions d'années passèrent, mais il ne s'ennuyait pas car la planète ne cessait de se transformer. Les milliers de levers et de couchers de soleil étaient un régal pour ses yeux.

De mystérieux courants marins sillonnaient les océans primitifs, et de redoutables colères atmosphériques projetaient, à partir de gros nuages gris et noirs, des éclairs gigantesques.

Un beau matin, de vastes étendues solides apparurent çà et là sur les océans tandis que de gros blocs immaculés et glacés se formaient aux deux extrémités de la planète.

De nouvelles odeurs flottaient dans l'atmosphère. Des gaz se constituaient et permettraient bientôt à des êtres vivants de respirer.

Le voyage cosmique de TicouacWhere stories live. Discover now