[R]. Prologue

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Arizona

NYC. Un soir banal.

          Les cours viennent à peine de se terminer et ma fatigue de s'installer que je n'en peux déjà plus. Pourtant, je sais que ma soirée n'est pas finie. Il me reste encore quelques heures avant de pouvoir rejoindre mon lit douillet. Ce soir, les McBerry ont besoin de moi pour garder leurs deux enfants, Carter et Eléonore. En vérifiant ma montre par réflexe, je me rends compte que si je ne me dépêche pas et que je n'ai pas rejoint leur maison des quartiers chics d'ici une demie-heure, je peux dire au revoir à mon salaire de ce soir. Monsieur McBerry ne rigole pas avec l'heure et il a été clair en disant que si je suis en retard, mes heures seront comptées comme du bénévolat puisqu'il « ne me paie pas pour faire du tourisme ».

          Il fait froid. Nous arrivons sur l'hiver et l'écart de température entre les bâtiments de l'Université et dehors est frigorifiant. De quoi devenir malade. En plus, l'idiote que je suis a oublié sa veste à l'appartement. Super. Je cours alors à travers le parking de l'Université pour rejoindre au plus vite ma vieille voiture. C'est la meilleure que j'ai pu m'offrir avec le maigre salaire que je gagne pour le moment. Une fois à l'intérieure de mon carrosse, je m'empresse d'allumer mon moteur et de monter le chauffage à fond. Je ne sens déjà plus mes doigts. Une fois que je me suis réchauffée, je me dépêche de sortir du parking pour rejoindre l'autoroute qui relie le campus à la ville pour gagner du temps. Je n'aime pas spécialement prendre ce chemin, je croise toujours des fous du volant qui risquent la vie des autres plus qu'ils ne risquent la leur.

           Arrivée sans encombre sur la route principale, je passe, comme chaque jour de babysitting, devant Scott Buildings. Je n'arrête pas d'imaginer quelle peut être la vie des gens qui décrochent, par chance ou grâce à leur sueur et à leur sang, un emploi dans une des entreprises les mieux côtés en bourse de notre pays. Je me suis cent fois imaginée, travaillant ici, avec un salaire mirobolant à quatre chiffres, me permettant ainsi de m'offrir toutes ces petites choses qui me font rêver. Je soupir. Malheureusement, ce n'est qu'un rêve. J'ai entendu dire que la DRH de cette magnifique entreprise lucrative était une vraie vipère. Il parait qu'elle n'hésite pas à employer des moyens à la limite de la légalité afin de trouver la petite bête qui pourrait lui donner une raison valable de ne pas vous embaucher. Oh et accessoirement, qu'elle fricote avec le grand patron.

           A vrai dire, je n'ai jamais vu à quoi ressemblait Monsieur Scott, le P-DG. Il est très rare de l'apercevoir hors des bureaux. Il arrive même à se faire discret lors des événements mondains et aucune photo de lui n'a jamais été publié dans la presse à scandales, les journaux économiques ou bien sur internet. Ma colocataire, et accessoirement meilleure amie depuis mon arrivée ici, m'a dit un jour que, s'il se cache autant, c'est parce qu'il serait terriblement laid. Je crois surtout qu'il sait très bien gérer sa vie privée, à la limite du maniaque du contrôle. Franchement, qui a envie de voir ces moindres faits et gestes être le sujet de ragots, de théories plus farfelues les unes que les autres et être jugés sans aucun contexte ? Certainement pas moi.

          Enfin, il est temps d'arrêter de rêver et de se concentrer sur le réel. Et il faut que j'arrête de me focaliser sur cet homme mystérieux et son entreprise florissante. Il s'agit seulement d'un rêve. Et ma mère m'a bien fait comprendre que les rêves n'étaient pas le reflet de la réalité mais des affabulations qui nous permettent, pour seulement quelques instants, de nous échapper de notre réalité si déprimante. Le seul moyen pour se faire une place au soleil, comme elle aime bien dire aussi, est de travailler. Et mon travail, jusqu'à l'obtention de mon diplôme, est de garder deux adorables enfants.

The Man Behind The Suit. [Réécriture en cours.]Where stories live. Discover now