Chapitre 2

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Tess releva la tête pour bien regarder celui qui la menaçait depuis le début et elle rencontra deux iris bleu lagon. La jeune femme écarquilla les yeux de surprise. C'était la première fois qu'elle croisait quelqu'un avec des yeux aussi magnifiques. En réalité, elle avait l'impression qu'ils la transperçaient d'un simple regard, qu'ils sondaient son âme et la mettaient à nu. Ses cheveux châtain étaient courts et sa petite barbe de trois jours lui donnait un aspect viril, tandis que sa mâchoire carrée, plutôt crispée en ce moment, exprimait le danger, ce qui fit reculer Tess. Du moins, elle essaya, mais il la retint de sa poigne de fer, l'empêchant ainsi de bouger.

- Alors ? fit-il.

Tess avait de la difficulté à se rappeler la question, mais savait que sa vie était en jeu.

- Je crois que ta petite voleuse a perdu sa langue devant ton charme dévastateur, rigola quelqu'un.

D'autres rires fusèrent devant les paroles de l'inconnu. La beauté, ça oui ! Le charme, on repassera, car, en ce moment cet abruti était tout sauf charmant !

- Peut-être que ceci va l'aider à retrouver la parole, fit l'officier en pointant à nouveau son flingue sur elle.

Cette fois-ci, il visa son cœur. La jeune femme sentit une perle de sueur rouler sur son front et se mit à trembler.

- Tu lui fais peur, Miles, dit une voix féminine juste dans son dos.

- C'est le but, répliqua ce dernier avec un sourire cruel. Je veux savoir qui est cette stupide humaine qui a osé s'infiltrer sur mon domaine.

- Ils l'ont peut-être envoyée pour nous espionner, lança une autre voix.

Les voix fusaient de partout. Combien y avait-il de vampires ? Tess les distinguait à travers les halos des lampadaires, mais était incapable de savoir leur nombre. Hélas, même s'ils n'avaient été que deux ou trois, elle savait qu'ils étaient trop rapides pour elle, extrêmement forts et qu'on ne pouvait pas les tuer, à moins de leur planter un pieux d'acier trempé dans du poison en plein cœur. Le soleil pouvait également les faire griller, alors ils ne sortaient que le soir, c'est pour cette raison que la jeune humaine avait cru que la maison était vide puisque les lumières étaient éteintes. Tess avait toutefois oublié que les vampires voyaient dans l'obscurité et n'avaient pas besoin d'éclairage pour s'orienter. Vivre seule à l'écart lui avait fait oublier certains points très importants. Elle avait envie de s'envoyer une baffe en y songeant.

Lorsque le vampire qui portait le nom de Miles commença à la secouer comme un prunier, elle lâcha :

- Tess.

Il cessa de la malmener et se mit à la fixer, ou plutôt à fixer une de ses mains.

- Il ne manquait plus que ça, grogna-t-il.

Elle baissa également les yeux et se rendit compte que la blessure à sa main s'était mise à saigner et dégoûtait par terre. Elle ne s'était pas ratée ! C'est lorsque que des grognements fusèrent derrière elle que son cœur manqua un battement. Saigner devant des vampires était le pire fléau qui pouvait lui arriver !

Tout en jurant, Miles la tira sans ménagement derrière lui et la fit pénétrer dans la maison, où il prit soin de verrouiller la porte. Il la conduisit vers un salon spacieux, alluma les lampes et lui fit signe de s'installer sur un fauteuil couleur crème.

- Ne tache surtout pas mon tapis persan sinon je laisse mes collègues ne faire qu'une bouchée de toi, la menaça le policier en sortant avec empressement.

Charmant, ce mec ! se dit Tess. Il l'avait menacée trois fois en cinq minutes. Il revint quelques minutes plus tard avec une trousse de premier soin. Il versa un antiseptique sur sa blessure, ce qui la fit gémir de douleur, mais il y porta à peine attention et enroula rapidement un bandage autour de sa main.

- Pourquoi le sang ne vous affecte pas ? demanda alors Tess.

- Parce que je ne suis pas vampire à cent pourcent, répondit l'homme.

- Vous êtes à-demi vampire ?

- Mes parents sont des demis.

- Ce qui fait de vous un...quart de vampire. Ça vous rapproche pas mal d'un humain, vous qui semblez les détester...

- Contente-toi de te taire, l'humaine, et ouvre grand tes oreilles. J'ai les mêmes caractéristiques que mes parents, ce qui veut dire que je ne vieillis pas et que je ne bois pas de sang, je suis plus fort et plus rapide qu'un humain ordinaire et je guéris très vite, alors cela fait de moi un mi-vampire, c'est clair ?

- Comme de l'eau de roche, grommela Tess.

Miles se redressa et l'empoigna une nouvelle fois par le bras.

- Arrêtez de me traiter ainsi, cria la jeune femme. Je ne suis pas un animal.

- Pourtant, tu fouilles dans les poubelles, alors tu te comportes comme eux.

- Je n'avais pas le choix...

- Dans ce cas, ne viens pas te plaindre si je traite ainsi une voleuse comme toi. Tu t'es infiltrée chez moi en catimini. C'est une chance que je laisse mes lumières fermées la plupart du temps. Mes collègues et moi étions en pleine réunion lorsque nous avons entendu du bruit. Tu n'es pas très discrète pour une voleuse.

Tess resta silencieuse pendant qu'il l'entraînait à travers les somptueux couloirs de sa demeure. Ils étaient décorés avec goût. Les murs étaient de couleur claire, souvent blanc teintés d'un soupçon de gris et agrémentés de tableaux aux motifs abstraits. Le mi-vampire semblait avoir un goût prononcé pour les moquettes qui recouvraient le parquet de luxe. D'immenses fenêtres partout dans la maison donnaient la vue sur le jardin arrière et c'est là que Tess se rendit compte de sa gaffe. On avait dû la repérer aussitôt qu'elle avait enjambé la grille.

Miles la poussa soudain à l'intérieur d'une grande pièce uniquement pourvu d'une table et de deux chaises.

- Reste sage, je reviens, lui dit-il avant de fermer la porte à clé.

Tess se mit à examiner les lieux, faute de ne pouvoir s'enfuir. Il n'y avait aucune fenêtre ; seulement une ampoule au plafond éclairait les lieux. Les murs blancs donnaient à l'endroit un air froid et austère. Un grand miroir sur le mur face à la table reflétait l'allure épouvantable de la jeune femme. Elle qui n'avait pas vu son reflet depuis fort longtemps remarqua avec horreur à quel point elle était sale et repoussante. Elle avait vraiment l'air d'une clocharde avec ses joues et son cou maculés de terre et sa chevelure ébouriffée. Ses vêtements étaient crasseux et ses bottines toutes trouées.

Tess poussa un long soupir en détournant les yeux. Elle devait vraiment donner une mauvaise impression à tous ces vampires mais, après tout, elle s'en fichait. Tout ce qu'elle voulait, c'était sortir de cet endroit. Qu'avaient-ils l'intention de lui faire subir en l'enfermant ici ?

Ce n'est qu'après quelques minutes à y réfléchir que le déclic se fit ; elle se trouvait dans une salle d'interrogatoire. Qui pouvait garder une pièce de ce genre chez lui ?

Chute Nocturne ( SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant