Le départ

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La famille Maric était réunie, à son grand complet, devant la demeure familiale. Enfin, au grand complet, ou presque. Il y avait Père, Mère, Mileva, l'aînée, et Zorka, la cadette. Grand absent à l'appel : Milos, le fils. Ils s'étaient réunis pour un dernier au revoir, une ultime rencontre tous ensembles, avant le départ de Zorka au Burghözli.

Mon départ est prévu dans peu de temps. D'ailleurs, je vois la voiture qui m'emmènera dans mon nouveau chez moi sur la colline au loin, devant le soleil couchant. Même si le terme « nouveau » sous-entends que j'ai déjà eu une demeure. Mais non, j'ai toujours eu une gêne à vivre chez les Maric. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je partais souvent en forêt. J'aime la forêt, car elle est calme, et vide de monde. J'ai besoin de calme, c'est quelque chose de nécessaire à l'âme, n'est-ce pas ? Oh, et oui, je n'aime pas les gens. Ils sont bruyants, indisciplinés, dans la plupart des cas mauvais ou au minimum mal intentionnés, et surtout ils sont étranges. Je veux dire, vous ne trouvez pas cela étrange que des personnes se mettent à vieillir, à changer de taille et de forme, en plein milieu de la rue, alors que l'on ne leur a rien demander ? Depuis toute petite, quand je vais dans les rues, le même phénomène. Pas une fois ils étaient décidés à me laisser en paix. Non pas que je leur ai fait quoi que ce soit, mais j'ai appris au fil de mes existences que les gens ont une nature profondément mauvaise. J'ai pu le vérifier, ceux qui se disent de ma famille n'échappent pas à la règle. Une fois, lorsque j'ai fait part de ma peur à la personne me servant de substitut à une figure maternelle, elle s'est mise à rigoler et se moquer. Je ne comprenais pas, et donc j'insistais. L'amusement passer, elle s'est mise à me gronder en me disant d'arrêter mes bêtises. J'en ai déduis qu'elle était de mèche avec eux, ce qui est logique, avec du recul, vous ne trouvez pas ?

Donc, en les appelant par leur faux noms, Maman et Papa nous encadraient. J'ai une vraie famille, composée uniquement de moi, ma sœur Mileva et mon frère Milos. Je les aime beaucoup tout les deux, on a vécu notre enfance ensemble. Milos et Mileva sont devenu physiciens, vous vous rendez compte ? D'ailleurs, Mileva fût la première femme à être admise à l'école polytechnique de Zurich, à ce que l'on m'a dit. Je ne sais pas si je dois le croire, ce sont peut être encore des mensonges. Mileva ne me l'a jamais confirmer, en tout cas.

J'aime beaucoup ma soeur. On était inséparable, plus jeune. Mais il faut croire que l'âge est une force incroyable capable de briser les liens familiaux, car depuis quelques années, elle m'évite. Je le sais, je la vois moins. Et à qui la faute ? Je vous le demande.

J'aime aussi mon frère, bien sûr, que croyez vous ? J'adorais l'écouter, et discuter avec lui. C'était une des seules personnes qui me comprenait un tant soit peu. Autant dire que la Terre entière est stupide.

J'adore courir en forêt. J'ai d'ailleurs organisé un rituel que je pratiquais souvent. Car, je vous fait une confidence, par rapport à l'alignement de la lune, je suis capable de parler avec les animaux. Mais c'est un secret. Je sortais en forêt, pour me tenir au courant du Monde. Et j'attendais. Ce que j'attendais ? Les gendarmes, prétendûment homme de loi. C'était toujours eux qui venait me chercher. Ce que je n'ai jamais compris, c'est que « Papamaman » n'étaient jamais heureux de me voir revenir. A croire qu'ils se portaient mieux sans moi. C'était réciproque, d'ailleurs. En fouillant dans mes souvenirs, je me demande s'ils étaient fâchés car je n'utilisais pas la porte, mais la fenêtre pour sortir. Les gens et leur morale, ce que cela peut être stupide. Ce sont tous des moutons, bien droits dans leur moule, dont la principale fonction est de me surveiller et de faire de ma vie une déception constante. Et à la solde de qui ? Je vous le donne en mille, les Allemands ! Car oui, ce sont les Allemands qui ont enlevés Milos, et l'ont forcés à devenir un soldat. Ce sont bien les hommes du gouvernement, ça. Privilégier la force, et gâcher un cerveau tel que le sien ! Tous stupides. Je déteste les Allemands.

Tiens, la cariole est arrivée. Je dois aller quelque part ? Je ne m'en souvenais pas. On dirait qu'ils attendent que j'y monte. Et bien, c'est raté, je ne vous satisferait pas ! J'en fait le tour. A bien y regarder, les chevaux sont épuisés, comme en témoigne leur tête constituée uniquement d'os apparents, sans chair ni cerveau. On m'avait dit que tous les êtres vivants avaient un cerveau. Encore un mensonge. Deux personnes descendent de la cariole, et me forcent à monter. J'ai beau contrôler la roche, en terme de force pure, je ne fais pas le poids. On prends de la vitesse. Je me demande encore une fois comment vont les chevaux. Il faut dire qu'ils faisaient peine à voir.

Si j'y réfléchis bien, je me rends compte du sentiments de révolte qui montait en moi. Apparement, je n'avais pas envie de suivre ces gens. C'était sans doute le temps de revenir en forêt. Tiens, nous levons les bras pour ouvrir la portière. Mince, j'ai oublier de vous dire que nous sommes plusieurs. C'est un concept, mais nous sommes certains que cela va se développer. C'est une économie de corps, de mettre plusieurs âmes dans un seul. Mince, elle est fermée. Je commence à donner des coups sur la vitre, lorsque les deux autres m'arrêtent et me ceinture les bras, me les tenant fermement le long du corps. Je m'écrie, j'essaye de fuir, mais rien n'y fait, je suis bloquée. C'est donc l'heure de faire appel à mes capacités. Je me concentre, et je le ressens, la terre se soulève devant nous. J'espère que ça suffira pour qu'ils me laisse partir. Je n'aurais pas envie de voir des Allemands. Ils m'ont voler mon seul frère. Je déteste les Allemands. Tiens ? Ça marche, on s'arrête ! Je sors rapidement, toujours encadrée, et je contemple mon oeuvre. Une immense masse sombre et effrayante, juste devant, sans doute appelée des enfers pour mon utilisation. Maintenant, c'est sûr, ils n'auront d'autre choix que de nous laisser partir.

Un infirmier ouvre la porte, et, s'adressant à Zorka : « Bienvenue au Burghözli ! »...


BBLLLBLBLBLLBLBLBLL... J'espère que ça vous aura plu ! See ya~ c:

Zorka EinsteinWhere stories live. Discover now