La vérité sort de la bouche des enfants...

Séance 2 : le monde des grands

Cette journée là n'était pas comme les autres.
Elle le savait.
Et elle avait peur.

Cette rentrée là n'était pas du tout comme celle d'il y a quelques années déjà.

Là un nouveau monde s'offrait à elle, le monde des grands comme l'appelait les adultes.

Mais elle avait pas envie de grandir elle ! Est ce qu'au moins on allait lui demander son avis ? Et puis grandir c'est nul, on a pleins de responsabilités qu'on ne comprend pas à son âge et qui nous paraissent compliquées.

Cette fois ci elle avait encore lâché une larme en voyant sa maman s'éloignée.

Il y avait des enfants beaucoup plus grands qu'elle. L'année précédente c'était elle la plus grande et voilà qu'elle se retrouve au rang des petits. De plus, les grands enfants ne lui inspiraient pas confiance. Ils avaient l'air fourbes. Elle ne voulait pas se retrouver avec eux.

Elle était rangée à la queue-leu-leu avec ce qui semblait être sa future classe. Elle n'était pas avec sa meilleure amie, et oui la noiraude les avait pourtant prévenue...

FLASHBACK :

La dame aux cheveux noirs parlait depuis un bon bout de temps. Et qu'est ce que la petite pouvait trouver ça ennuyeux... alors elle décida d'engager la conversation avec sa voisine qui n'était autre que sa meilleure amie.

Depuis les trois ans qu'elles se trouvaient dans cet établissement elles s'étaient beaucoup rapprochées toutes les deux, évidement d'autres petites s'étaient joints au minuscule groupe de deux qu'elles formaient.

Elles parlaient donc entre elles, ne se souciant pas plus du bruit qu'elles engendraient. Elles s'amusaient c'est tout.

Simplement la grande dame qui servait de tuteur lorsque leurs parents n'étaient pas présents, avait finit par cesser leurs bavardages incessants. Elle parlait fort et faisait de grand geste comme ci un meurtre venait d'être commis sous ses yeux.

Sa maman aussi faisait ça quand elle faisait une bêtise... est ce qu'elle avait fait une bêtise ? Parler n'était pas une bêtise, si ?

Prise dans ses pensées seulement la fin de la phrase était parvenue jusqu'à ses oreilles :

« Vous deux je m'arrangerai pour que vous ne soyez pas dans la même classe l'année prochaine ! Vous êtes bien trop bavardes !»

Les deux petites baissèrent la tête, gênées de tous les regards qui se portaient sur elles.

Simplement elles ne s'en faisaient pas plus que ça, c'est vrai après tout, la dame disait ça mais rien ne dit qu'elle le fera vraiment. C'est toujours comme ça les adultes, ça parle ça parle mais ça fait jamais rien.

FIN FLASHBACK

Lorsque ces paroles lui revinrent à l'esprit, elle se demanda si c'était pour ça qu'elle n'était pas avec sa meilleure amie...

Mais le temps des questions était finis. Les enfants devant elle commençaient à s'avancer vers une énorme porte.

Après avoir marché dans les couloirs en queue-leu-leu, les bout-de-chou attendaient sagement les instructions de la dame.

Elle les fit rentrer un à un en leur disant à tous bonjour. Quand se fut son tour la petite avança et regarda l'adulte.

La dame avait de long cheveux noirs lui arrivant aux fesses, ils avaient l'air d'avoir une texture de paille. Elle fut impressionnée de leur longueur. Ses joues étaient légèrement rosées, elle avait le regard doux d'une mère, ses lèvres étaient fines. Elle était marquée par l'âge, on pouvait le constater de par ses rides.

La petite lui trouvait un air fort sympathique.

Une fois à son tour entrée dans la salle de classe, elle choisit sa place à côté d'une fille qu'elle connaissait de vue, elle avait elle aussi des cheveux noirs... mais ils étaient coupés en carré et sa peau était très pâle et lisse. On aurait dit de la porcelaine.

Le brouhaha qui régnait dans la classe s'était peu à peu tasser pour laisser place à un silence de plomb, rempli de curiosité enfantine.

Les petites têtes regardaient attentivement le tableau vert, où venait d'être inscrit des lettres.

Pour elle c'était tout simplement indéchiffrable, elle se demandait même comment les grandes personnes pouvaient comprendre un charabia pareil !

Puis la dame aux cheveux de paille prit la parole sous les yeux curieux des enfants se présentant à elle :

«- Bonjour les enfants, bienvenue dans votre nouvelle école, votre première année de primaire, je m'appelle madame Giroudon. » Sur ses paroles elle se tourna vers le mot écrit sur le tableau.

Tous les enfants étaient concentrés à déchiffrer le mot qui avait été écrit. Certains sortaient leur langue en se pinçant les lèvres signe de leur conviction pour trouver le sens de ce mystérieux langage.

L'adulte, voyant les enfants se regarder entre eux signe de leur incompréhension recommença à parler :

«- C'est mon prénom que j'ai marqué ici.»

Tous les enfants hochèrent alors la tête en ouvrant légèrement la bouche comme s'ils venaient de trouver la réponse à toutes les question de la vie.

«- Mais comme on a sûrement du vous dire à la maternelle, ici on appelle les adultes maître ou maîtresse pour plus de politesse. Vous devrez donc m'appeler maîtresse.»

"Maîtresse" ? C'est un mot étrange pensa la petite ayant peur de ne pas retenir ce nouveau mot.

Une fois toutes les nouvelles explications faites, la maîtresse se tourna alors vers le tableau, prit une craie, et y écrivit une nouvelle phrase.

Elle se retourna alors vers les élèves et leur énoncèrent leur toute première consigne :

«- Je vais passer vers chacun de vous et vous allez me dire ce que vous lisez histoire de voir où vous en êtes !»

Une fois la phrase terminée, la petite se mit à stresser, elle n'avait aucune idée du sens de la phrase et elle ne voulait pas que la maîtresse pense qu'elle était une bonne à rien.

Alors qu'elle se torturait l'esprit à essayer de trouver la signification que pouvait avoir les lettres, la maîtresse s'approcha de sa voisine et lui tendit l'oreille pour qu'elle puisse murmurer ce qu'elle pensait voir écrit.

La petite fille put entendre quelques mots, et s'en sortie pas trop mal. En tout cas elle avait donné une réponse, cela voulait dire qu'elle avait essayé, non ?

En sortant de l'école, elle fut si heureuse de revoir sa maman qu'elle lui sauta dans les bras pour la serrer aussi fort que ses petits muscles d'enfant le lui permettaient !

Elle avait tant de choses à raconter à sa maman.