Coma 7

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Trois jours, c'est le temps qu'il m'a fallu pour sortir de ce fichu hôpital ! Angelina me conduit vers la maison dans sa Clio bleue. J'ai tout fait pour sortir le plus rapidement possible mais maintenant, j'avoue que je stresse. D'après le médecin, le fait de me retrouver dans un décor familier peut, petit à petit, faire émerger mes souvenirs. Je suis portée par cet espoir mais aussi plombée par une double angoisse. Et si ma mémoire refuse de reprendre du service ? Et si je n'aime ce que je vais découvrir ? 

Angelina est restée tellement évasive que je me pose vraiment beaucoup de questions. Le fait-elle pour respecter la volonté du médecin ou pour me cacher certaines choses ? Je vois bien qu'elle est tendue aussi. Ses mains sont crispées sur le volant, ses phalanges sont blanches, plus qu'elles ne le devraient en tout cas. Nous sommes sorties de la ville depuis un bon moment. Elle traverse les villages les uns après les autres depuis dix minutes. Je m'efforce de regarder le paysage mais rien ne me parle. Je me rends compte quand même que je préfère la campagne à la ville.

Perdue dans mes réflexions, je n'ai pas senti la voiture s'arrêter. Je sors de la voiture pour rejoindre Angie. Nous sommes devant une belle maison, à vue d'œil, plus de deux cents mètres carrés, deux étages, un porche monumental avec des poutres. Le jardin devant la maison a l'air grand aussi. Il est clôturé par un mur assez haut et un portail que je n'avais même pas remarqué. Angie m'attend devant la porte. Alors que j'arrive à sa hauteur, elle me tend les clés :

– Bienvenue chez toi, Jordan.

J'essaie de lui rendre son sourire mais le mien doit être bien maigre. Je mets la clé dans la serrure et j'ouvre. Je suis dans une petite entrée, une commode à gauche, un portemanteau mural à droite, une porte en face, une porte à droite après le portemanteau, une à gauche après la commode. Angelina me regarde bizarrement.

– Comment as-tu su quelle était la bonne clé ?

Je ne sais pas. Je regarde le trousseau toujours dans ma main et effectivement, il y en a plusieurs. Pourquoi celle-là ? Coup de chance ? J'imite Angie quand elle se débarrasse de sa veste. Et d'un coup, je suis impatiente. J'ouvre la porte à droite et je débarque dans une pièce à vivre à la fois moderne et chaleureuse : un grand canapé d'angle en cuir, une cheminée, une table de bonne taille en verre avec ses chaises assorties. Au fond, on voit une cuisine derrière une large fenêtre coulissante.

J'ai une impression familière. Je découvre mais c'est comme si j'avais déjà rêvé de cet endroit. Angie me fait visiter le reste. La porte face à l'entrée donne sur un escalier. Un cellier a été aménagé sous l'escalier et on peut accéder à la cuisine directement. À l'étage, quatre chambres et un bureau se partagent l'espace. Je dirais que chaque pièce à l'étage fait dans les vingt mètres carrés. Chaque chambre dispose d'une salle de bain ou d'eau et d'un dressing. Le grand luxe, quoi !

Je me retourne incrédule vers Angelina :

– Pourquoi on a pris aussi grand ?

– Ça ne te plaît pas ?

– Si, j'aime beaucoup. Mais une location pareille, ça doit coûter cher ?

– La maison t'appartient, Jordan.

– À moi ?

– Oui.

– Mais comment j'ai payé ça ?

– Tu l'avais avant qu'on se rencontre. Mais de ce que tu m'as dit, tu y as mis l'héritage de ton père. Et tu avais un gros apport personnel. Je n'en sais pas plus.

Mine de rien, elle vient de me confirmer que je n'ai plus de paternel. Je m'en doutais un peu, vu son absence... ou plutôt, vu le sentiment de solitude qui ne m'a pas quittée ces derniers jours. Seule Angie a été présente.

Je l'écoute distraitement m'indiquer que ma chambre est la première à gauche, la sienne la première à droite...

– Attends ! On fait chambre à part ?

– Dès le départ, tu as voulu que j'aie un endroit à moi. J'ai donc investi cette chambre et le bureau à côté. Ton bureau est en bas, à gauche en rentrant.

– Mais... on dort ensemble ?

Elle hésite à me répondre. Avec un sourire embarrassé, elle reprend néanmoins :

– Avant oui. Mais vu les circonstances, je ne suis pas sûre que tu sois très à l'aise pour partager une chambre.

Son regard est malicieux. Elle pense... Mais elle a tort. Les derniers jours, je me suis concentrée sur l'objectif « sorti » et j'ai laissé dans un coin de ma tête le côté « petite amie ». La vérité, c'est que je me sens super à l'aise avec elle. Je décide de la provoquer un peu.

La roue du destin - Coma !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant