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J'ai survécu.

Sauf ma CLA coupé qui s'est retrouvée fauchée contre un arbre. J'ai presque plus de peine pour elle que pour mon nez cassé. Je me vois perdre le contrôle, faucher la barrière, et dévaler des mètres et des mètres de terre jusqu'à percuter ce pauvre pin. J'ai mal, je suffoque, mon cœur cogne dans mon crâne. Je me retourne pour voir si tout va bien derrière.

Mais il n'y a personne.

Je suis désespérément seul dans l'habitacle qui abritait dans ma mémoire, ma copine, mon meilleur pote et ma belle sœur.

Qu'est-ce qui m'a pris de boire autant...

Je me sens tourner de l'œil, il faut absolument que je les retrouve. Je sors de la voiture et retire ma cravate qui m'étrangle, avant de la jeter dans l'herbe. J'ai le souffle saccadé, dans la nuit noire, on ne voit absolument rien. Mes phares, restés allumés malgré le choc éclairent trente mètres de troncs d'arbres à chaînes, absolument rien de rassurant. Isis, me semble d'un coup bien loin.

- Isis ? Seb ?

Mon téléphone dans ma poche a pris cher aussi. Il est complètement plié et inutilisable, je le jette à son tour, dans un soupir long et fastidieux. J'ai l'impression de mourir. Où-est-ce qu'ils sont ? Pourquoi ils m'ont laissé ?

Je tente de garder mon calme, sachant pertinemment que m'énerver ne me sera d'aucune aide. Je reste immobile, ferme les yeux et écoute le vrombissement des voitures au loin...

La route.

J'ouvre à nouveau les yeux et marche en direction du lointain brouhaha. La pente est raide, il me faut m'accrocher au racines d'arbres dans la terre tellement je n'ai pas d'équilibre.

Après quelques instants de dur labeur, je rejoins la civilisation. Je longe la glissière près de la bande d'arrêt d'urgence jusqu'à trouver une borne d'appel. La balise rouge que je croise en route m'indique « A9 E15 E80 ».

Je reconnais l'autoroute que j'emprunte pour me rendre au Perthus, c'est d'ailleurs là qu'on se rendait, pour l'anniversaire des parents d'Isis.

Je trottine lorsque j'aperçois le poste orangé rectangulaire, puis attrape le téléphone de ma main ensanglantée et enclenche l'appel.

- Poste de secours de Narbonne, j'écoute.

- Bonsoir, je m'appelle Neil Roy je viens d'avoir un accident.

- Donnez-moi votre position et l'état des blessés s'il vous plait.

- Je suis seul sur l'A9, y a des falaises... Je... J'ai perdu les gens qui étaient avec moi... S'il vous plait, aidez-moi !

- Vous avez perdu vos passagers ?

À ces mots, une violente décharge de terreur me paralyse tout entier. Je raccroche précipitamment sans donner suite et passe mes deux mains tremblantes sur mon visage.

Est-ce possible que je les ai tués ?

About Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant