Chapitre 2 - Partie II

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Lorsqu'ils arrivèrent à la morgue, Jenna et Barnes furent surpris d'être accueillis  comme s'ils rentraient d'un long voyage. Il était vrai que la jeune femme avait été suspendue quelques semaines pour non respect des consignes de son supérieur, mais à ses yeux, ça n'avait pas semblé aussi long qu'il puisse paraître. 

<< Aaaaah ! Monsieur Barnes et Jenna Mac Miller ! Comment allez vous ? lançait-il, euphorique, les bras tendus vers eux. 

Il avait le sourire jusqu'aux oreilles et attendait qu'ils viennent dans ses bras pour le saluer. Cela n'inquiéta pas les deux coéquipiers qui s'étaient habitués à l'extravagance du docteur, qui manquait cruellement d'affection, n'ayant jamais pu avoir d'enfants. Il avait toujours ce comportement paternel avec les gens qu'il côtoyait régulièrement.

- Mhh ... ça va, ça va ... garantit Barnes, pensif, tandis que Jenna s'empressait de raconter ses périples.

- Alors, que donne l'autopsie ? s'intéressa la belle blonde.

- Eh bien, vous voyez, ce trou au centre du front de la demoiselle, c'est le coup fatal.L'enfant a des hématomes sur les genoux et la cuisse droite, je ne pense pas que ce soit dû à une lutte contre son agresseur, l'emplacement des bleus de ramène plus vers l'idée qu'elle soit tombée, en tentant de prendre la fuite,  sur les innombrables pierres qui entourent l'église délabrée et qu'elle se soit ainsi fait mal. Ensuite, sa souffrance fus longue car la personne qui lui a fait subir ce triste sort lui a d'abord cousu les lèvres, ensuite les pieds puis environs quatre heures plus tard, il lui a enfoncé ce morceau de bois - il tendit l'objet dans un sac en plastique vers les enquêteurs - dans le crâne, qui a directement touché le centre du lobe frontal, ce qui l'a immédiatement tuée. Cette pauvre petite a vécu, on peut le dire, un véritable martyr ... 

- C'est répugnant, révoltant ! Comment peut-on faire ça à un enfant ! s'indigna Jenna.

- Je suis tout à fait d'accord, c'est abominable ... répondit le second agent. Mais, dîtes moi, Mr Lenoy, à quand remonte le décès ? 

- Elle a été tuée environs onze heures avant sa découverte, qui, selon le dossier était aux alentours de neuf heures. Je dirais donc qu'elle a été assassinée vers vingt deux heures, jeudi vingt et un Février. >>

Le corps sans vie d'Alice était étendu là, sur cette longue table métal froide et sombre, cette table qui avait vu passer déjà tant de défunts. Elle avait les lèvres violacées et la peau pâle, virant par endroits au bleu, voir violet. Ses ongles avaient commencé à noircir un peu, pas beaucoup encore, mais cela commençait à se voir. << Cette fillette n'a même pas eu le temps de vivre, de connaître l'amour ... elle ne passera jamais son bac, n'aura jamais sa première voiture, pas d'enfants, pas d'avenir. C'est une enfant, et elle est ... morte. >> pensait tristement Barnes. Il comprenait le profond désarroi que devaient éprouver les parents d'Alice.


Sur la scène du crime, le malfaiteur n'avait laissé aucun indice, si ce n'est un cheveux brun sur les vêtements de la petite fille. La mère de celle-ci était rousse et le père châtain clair. Dans tout l'entourage de la famille, ils avaient déjà vérifié si les ADN de toutes les personnes brunes ne correspondaient pas avec le cheveux retrouvé, vainement. C'était un véritable casse-tête, une impasse. Comment pouvait-il y avoir si peu de preuves ? Ils n'allaient tout de même pas interroger tous les habitants de Carmile capillairement compatibles !

Il était déjà quatorze heures lorsque Barnes se rendait compte qu'il n'avait pas encore mangé. Au volant de son Audi, son ventre cria famine en gargouillant toutes les dix secondes  et l'homme grimaçait. Par manque de temps, celui-ci opta pour un fast-food. Après avoir déjeuné, il retourna au bureau, rangeait le rapport d'autopsie dans le dossier puis il relisait. Il relisait tout, du début jusqu'à la fin, à la quête d'une piste. Alice était sortie dans la nuit lorsque son père dormait d'après lui.           << Mais qui pourrait avaler ça ? Une enfant de neuf ans n'a aucune raison de fuguer et de plus, il n'y avait aucun conflit au sein de l'habitation. Tous ceux qui les connaissent assurent que tout allait normalement chez eux. Alors, que s'est-il réellement passé ? Si elle n'a pas fugué, ça signifie que quelqu'un l'a enlevée. Alors, ce qu'il y a de mieux à faire, c'est d'aller jeter sur un coup d'œil à sa chambre et à la maison. Partons du point de départ, et appuyons la théorie de l'enlèvement, puisqu'il n'y en a aucune autre possible ! >> pensa-t'il à voix haute. Il frottait sa barbe de trois jours, se demandant ou pouvait bien être Jenna a cette heure-ci, puis après mûre réflexion, il lui téléphona et lui demanda de le rejoindre. Il lui expliqua son idée, qu'elle approuva pleinement. 

Ils se rendirent au bureau du commissaire et toquèrent à la porte. Celui-ci ouvrit.

<< Que me vaut votre visite ? s'enquit-il en tripotant sa moustache grisonnante. 

Jenna prit les devants et déclara :

- Bonjour monsieur le commissaire ! Nous travaillons sur le dossier 607, le meurtre d'Alice Eclymbes et niveau preuves, c'est le néant. 

Il hocha la tête, toujours en train de gratter sa moustache, et Jenna continua.

- Mais voyez-vous, il est vraiment très peu probable qu'une petite fille de son âge prenne la fuite en pleine nuit, malgré que son père affirme qu'il ne peut s'agir que de ça. Il s'agirait donc de la première fois, de quelque chose qu'elle n'a jamais fait auparavant et qui, par conséquent, ne lui ressemblerait pas. Et c'est là que nous devons voir le premier indice !  Nous soutenons la théorie de l'enlèvement. Et pour ne rien louper, nous avons évidemment besoin d'une perquisition afin de fouiller la demeure de monsieur Eclymbes. Si la victime a été kidnappée dans la nuit, je ne vois pas d'endroit plus réaliste  pour une enfant que de se trouver dans sa maison, dans sa chambre quand il est l'heure de dormir. Dîtes moi si je me trompe, monsieur le commissaire, mais il m'est d'avis de croire que nous tenons là quelque chose qui pourrait nous faire avancer. 

Il se leva, claqua des mains en l'air et s'écria :

- Eh bien, qu'attendez vous, donnez moi une feuille et un stylo, j'imprime, et je signe tout ! >>

Jenna se retourna, le sourire au lèvres et fit un clin d'œil à Barnes qui la regardait les bras croisés, l'air de dire << Bravo ! >>. 

Le supérieur remplissait le papier quand brusquement, quelqu'un entra dans la pièce. 

<< Chef ! Un corps a été retrouvé ! Dans l'abbaye aussi ... Nous avons envoyé une équipe. >>

Les deux coéquipiers se redressèrent, échangèrent un regard puis se tournèrent vers le commissaire qui leur répondit : 

<< Allez voir, si c'est un meurtre similaire à celui sur lequel vous travaillez, vous êtes sur le coup. >> 

Danse avec les ombresWhere stories live. Discover now