• Chapitre 22 •

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 Si je me sentais déjà à contre courant de la petite bande qui m'entoure et des jeunes de mon âge en général, voilà que je le suis bien plus. Le jeu « je n'ai jamais » est un créateur de complexe et je ne suis même pas sûre de réellement pouvoir qualifier ça de jeu. Je ne comprends pas comment l'on peut étaler sa vie privée dans le simple but de finir ivre. J'ai déjà un peu de mal à comprendre le principe de l'alcool tout court. Ou, peut-être que je suis simplement rabat-joie ou, justement, complètement à contre courant. J'ai l'impression de passer à côté d'un truc, du moins, de ne pas le saisir correctement.

Autour de la table basse, les verres sont presque tous vides, contrairement aux personnes qui, elles, sont bien trop « pleines ». Seul Chana et Edgar ne me paraissent pas aussi alcoolisé que les autres. Marjorie et ses amies, elles, en revanche, m'ont l'air d'avoir passer un nouveau stade de l'ébriété. Elles tanguent, rient pour rien, articulent comme si ceux-là leur demandait un effort surhumain. Elles sont rigolotes, mais rien qu'en les regardant, j'ai mal à la tête.

– A mon tour !

Depuis le pouffe que son frère lui a laissé, Marjorie crie. À sa gauche, il grimace et a un mouvement de recule, comme si elle venait de lui percer un tympan. Pourtant, son air blasé me laisse deviner qu'Edgar doit avoir l'habitude de ce genre de soirée.

– Je n'ai jamais dragué un prof !

Les mots de Marjo se bousculent sur ses lèvres et finissent par se perdre dans son rire. Ses yeux se posent sur moi, insistants. Je les fuie, portant mon attention sur Chana qui fusille déjà la jolie blonde du regard. Il est évident que je suis visée par ce « je n'ai jamais », pourtant Marjorie s'enquit :

– Néné ?

Je serre les poings et me mords la langue pour éviter de lui crier dessus. En tant normal, sans toute cette stimulation, je suis quelqu'un qui encaisse et qui se tait, malgré les mots blessants. Ce soir, je ne suis pas sûre de réussir à tenir ma langue bien longtemps. Je sens déjà les mots cinglants me brûler la gorge et bientôt la langue et les lèvres. Je ne dois pas me donner en spectacle. Je dois rester discrète, faire profiler bas. Néra, garde tout en toi !

InconcevableWhere stories live. Discover now