𝟒.𝐄𝐱𝐞𝐜𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧

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Amara avait pris l'habitude de faire son footing assez tard lorsqu'elle savait qu'elle ne risquait pas de croiser quelqu'un.

Mais ce soir-là alors qu'elle était sur le chemin du retour, un bruit venant du garage de l'immeuble de la société de sa famille jouxtant sa maison l'interpella.

Plus elle se rapprochait de la source du bruit plus le son se précisait. Une personne était en train de gémir de douleur.

Elle se cacha derrière un poteau assez large pour la cacher et vit un homme de la vingtaine, le visage en sang en train de ramper par terre.

Elle se couvrit la bouche d'effroi, glacée par la scène qui se déroulait sous ses yeux.

L'homme en question, traînait son corps dont la jambe manquait et avait le bras déboîté.

Elle fut prise d'un vertige et dut s'appuyer contre le poteau.

- Il finira... par découvrir la vérité.Dit l'homme en agonie

Un rire retentit alors entre les murs.

- Il saura jamais ce qui s'est passé ce soir-là. Il ne découvrira jamais la vérité derrière la mort de ses parents, enfoiré.

Tout à coup, un homme âgé de la cinquantaine s'approcha de l'homme en train de ramper et lui tira une balle dans la tête à bout portant.

Le cœur battant sur ses tempes, Amara s'éloigna en titubant et heurta un objet qui se fracassa en un bruit aigu.

Sans prendre le temps de se retourner, Amara prit ses jambes à son cou et s'enfuit de la scène.

Elle entendit l'homme ordonnait à ces hommes de la poursuivre et accéléra.

Elle savait que s'ils l'attrapaient, elle finirait comme ce pauvre homme.

Les larmes coulaient le long de ses joues et elle sentait une boule se former dans sa gorge.

Elle franchit son portail et accourut dans sa chambre s'enfermer.

Adossée contre sa porte, son cœur mit du temps à reprendre un rythme régulier.

Les images de la scène d'horreur dont elle venait d'être témoin tournaient en boucle dans sa tête.

Qui étaient donc ces hommes ? Et que faisaient-ils dans le garage de sa famille ?

Étaient-ils des membres de l'organisation de sa famille ?

Un sentiment de honte naquit en elle en pensant qu'elle appartenait à une telle famille.

Pire encore, elle désirait n'avoir jamais fait partie de celle-ci.

Elle ne pouvait trouver aucune excuse pour la scène ignoble dont elle avait été témoin.

Aucun être humain ne méritait un tel traitement.

Enfermée dans sa chambre comme à son habitude, le silence accompagnait sa respiration saccadée.

Le sentiment familier de solitude et de souffrance s'installa de nouveau en elle plus ancrés que jamais.

Après une nuit épouvantable à ressasser la scène dont elle avait été témoin, Amara se sentait vide.

Elle pensait être immunisée contre ce genre de douleur au fil des années, mais ce n'était pas du tout le cas.

Elle avait déjà affronté la mort de ses proches, d'inconnus, mais cette fois elle semblait avoir atteint la limite de son organisme.

Sa résilience avait atteint sa limite. Elle se sentais souillé et responsable de la mort de ces pauvres gens que sa famille assassinait sans remords.

Décidée à tenir tête à sa mère pour tenter de la raisonner, elle se dirigea à son bureau.

Lorsqu'elle s'apprêtait à frapper à la porte, la poignée s'actionna et la porte s'ouvrit à sa tante.

Leur regard se croisa et Amara dut se contenir pour garder un visage neutre.

Sa tante l'avait toujours effrayé, ses yeux noirs étaient glaçants. Elle sentait comme une animosité en cette dernière pire que celle de sa mère.

C'était ce sentiment au fond de soi quand on sait que quelque chose cloche, mais qu'on ne sait pas vraiment quoi.

- Quel plaisir de te voir, Amara. Dit cette dernière avec un rictus

- Le plaisir est partagé ma tante. Dit-elle en forçant un sourire

- Ton visage m'avait manqué, j'avais presque oublié à quoi tu ressemblais. Ajouta cette dernière

- Je ne sors pas beaucoup, ça doit être pour cette raison.Répondit-elle simplement

- Tu sais, j'ai vu une fille qui te ressemblait beaucoup hier soir. Elle faisait un footing, mais elle s'était...égarée la pauvre.Dit sa tante avec un sourire

Son cœur rata un battement à la phrase de sa tante. Elle n'osait plus lever ses yeux et sentait le regard de sa tante sur elle comme deux radars.

Elle inspira profondément et reprit contenance.

- Ah bon ? J'ai un visage assez banal ça doit être ça.. Dit elle avec un sourire pincé

- Peut-être... C'était un plaisir de voir ta mère et toi, pleine de vie. J'espère te revoir bientôt. Dit-elle avec un regard plein de sous-entendus.

Amara sentit son cœur s'accélérer et peina à rester de marbre face à ces sous-entendus.

Sa tante poursuivit son chemin laissant le tintement de ses talons comme seul témoin de sa présence.

Elle s'appuya contre le mur et reprit une inspiration.

Elle se savait en danger maintenant que sa tante la savait témoin. Amara savait que sa tante n'hésiterait pas à la tuer si elle représentait une menace.

Abattue, elle perdit toute envie de se battre avec sa mère.

C'était leur habitude, prendre la vie d'autrui.

Fermant les yeux, elle examinait les différentes options s'offrant à elle et prit la décision de partir avant qu'il ne soit trop tard, elle ne pouvait faire confiance à personne de sa famille.

Son instinct la poussait à s'enfuir, à partir loin de tout ces meurtres et de cette violence.

Cette fois, elle ne reviendrait pas sur sa décision.

𝕊𝕠𝕦𝕤 𝕝'𝕖𝕞𝕡𝕣𝕚𝕤𝕖 𝕕𝕖 𝕤𝕠𝕟 𝕣𝕖𝕘𝕒𝕣𝕕Where stories live. Discover now