02. JOUR DE PLUIE

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Ces deux derniers jours, Bokuto n'avait cessé de chercher des informations sur l'achromatopsie, il se retrouvait comme passionné par ce sujet si peu connu, mais son cœur se brisait à chaque fois qu'il s'imaginait une vie en noir et blanc.

Il ne le vivait pas, il ne pouvait pas savoir, mais il se doutait d'à quel point la vie devait être fade, sans saveur.
Les couleurs étaient la source même de la beauté de ce monde et il en prenait doucement conscience pendant qu'il imaginait la vie des achromates comme un calvaire.
Et dans chaque cas, congénitale ou cérébrale, ça devait être horrible. Il imaginait, car il ne pouvait faire que ça, le bel inconnu dans ces deux cas.

Dans le premier cas, naître sans avoir jamais vu ne serait ce qu'une couleur devait être terrible, mais ce qui devait faire le plus mal était sans doute la désillusion d'apprendre que tout le monde n'était pas comme ça, que ce n'était pas normal. Allez expliquer à un enfant que tout le monde voit les couleurs, et qu'il est le seul dans cette incapacité. Cela devait être une torture, autant à apprendre pour l'enfant, qu'à devoir avouer pour les parents.

Et dans le deuxième cas, c'était tout un monde qui devait s'écrouler. Voir le monde en noir, blanc et gris du jour au lendemain, alors que la veille tout allait bien, c'était quelque chose qu'il ne souhaitait à personne. Dans ce deuxième cas, les personnages avaient déjà goûté à un monde parfait, avant de tomber dans ces abysses profondes et sans issues.

Il frissona, et son attention se porta sur la pluie battante à l'extérieur. Bokuto détestait les jours de pluie, c'était ces jours où toute sa motivation s'évaporait, et où ses respirations n'étaient que soupires lasses.
De plus, le vent puissant qui soufflait dehors n'arrangeait rien à la situation, et il se maudissait intérieurement d'être venu sans veste au lycée, croyant qu'il ferait beau aujourd'hui. Les aléas du printemps.

Son regard se tourna ensuite vers son meilleur ami, qui, quelques tables plus loin, était absorbé par le travail que leur avait donné leur professeur de philosophie, pour cette heure de colle bien méritée : une série de questions sur un discours d'un philosophe grec donc il ne retenait même pas le nom.
C'était ennuyant, mais ils n'avaient pas le choix car ce travail serait noté sévèrement et rajouté à leurs moyennes, donc il était impératif qu'ils se concentrent. Un nouveau soupir franchissa ses lèvres alors que Bokuto observa la question sur laquelle il était resté, et décida d'ignorer ses pensées mouvantes pour espérer décrocher la moyenne, malgré les quelques minutes restantes.

Il venait de sonner dix-huit heure, lorsque le professeur annonça la fin de l'heure de colle pour le plus grand plaisir des deux adolescents.
Rester aussi tard un mercredi après-midi n'avait rien d'amusant, et il n'avait tout deux qu'une seule hâte : retrouver leurs chez eux. Ils se saluèrent rapidement avant que Kuroo, qui avait la chance d'être raccompagné, ne monte dans la voiture de ses parents. Bokuto devait quant à lui rentrer à pieds, sous cette pluie infernale qui n'avait pas cesser.

Il essaya d'analyser un peu sa situation, pour savoir ce qui était le mieux à faire ; il n'avait pas le droit de rester au lycée à cette heure, et ses parents rentraient bien plus tard que lui pour pouvoir venir le chercher, donc au final il ne lui restait qu'une solution : courir pour rester le moins longtemps possible sous la pluie.
Certes il habitait en centre ville et donc pas si loin du lycée que ça, mais sous ce temps maudit il lui était impossible d'espérer faire le trajet sans tomber malade par la suite, si ce n'était déjà pas trop tard, alors il espérait pouvoir s'abriter quelque part en chemin.

Ses cheveux habituellement hérissés lui retombaient légèrement sur les yeux, désormais plaqués par la pluie. Ses vêtements était bien trempés, et il avait cette désagréable impression de nager dans ses chaussures, trempées elles aussi de l'intérieur. Au final, courir ne lui avait servi à rien, si ce n'était de risquer de s'étaler par terre, sur le goudron glissant.
Il jura, désespéré, mais heureux de voir qu'il pouvait enfin se protéger de la pluie : en effet, il était arrivé à une petite supérette qu'il connaissait bien et dont le toit était assez large pour le garder au sec, ou du moins pour l'empêcher d'être encore plus mouillé.

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