Lunaire

_--Moonchild--_ द्वारा

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Walter et Liesel Eisenmann. Le frère et la sœur, deux gamins détestables qui passent leur temps à se disputer... अधिक

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32

Chapitre 22

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_--Moonchild--_ द्वारा

Le retour du Bataillon d'Exploration fut loin d'être glorieux. Chacun tentait de garder la face lors de la traversée du district de Karanes, devant les civils qui murmuraient sur l'incompétence de l'état-major. Liesel savait que cette étape aurait du mal à passer. Son grand-père lui avait souvent raconté comment les retours d'expéditions se passaient, et encore : lorsqu'il faisait partie du bataillon, ce dernier était bien moins critiqué. Peut-être parce que lorsqu'il y était entré, plus de cinquante ans auparavant, les gens avaient encore l'espoir de battre un jour les titans. Après un second demi-siècle de massacres inutiles, malgré les avancées techniques impressionnantes, les victimes avaient continué à pleuvoir, augmentant inévitablement le nombre de détracteurs de cette unité.

Liesel s'était, une fois de plus, détachée de ce qu'il se passait autour d'elle. Comme lors de la seconde apparition d'Eren à Trost, elle avait refermé sa bulle pour se concentrer sur l'essentiel. En l'occurrence, ce qu'elle avait compris à la lisière de la forêt des arbres géants, avant que l'escouade tactique soit massacrée et le retour chaotique des survivants dans l'enceinte des murs. Il y avait un ennemi au sein des troupes. Elle ne savait pas qui il était, ce qu'il voulait ou pour qui il se battait. Mais il y en avait un. Enfin, pour être honnête, le Major pensait qu'il y en avait un, ce qui suffisait aux yeux de Liesel à rendre l'hypothèse plausible. Et puis, maintenant qu'elle y réfléchissait bien, ça lui apparaissait comme évident. Le titan cuirassé, et le titan colossal, étaient forcément humains, tout comme Eren, capables de prendre la forme de titans. Ils avaient, après tout, disparu immédiatement une fois leur crime accompli. Quoi de plus facile pour eux que se mêler ensuite à la population ? Il suffisait que l'un d'entre eux, ou un complice, ait pu intégrer l'armée, saper ses efforts de l'intérieur, pour tuer la menace dans l'œuf. Car à présent, Liesel en était certaine. Ils étaient une menace. Elle avait beau ne pas savoir pourquoi, il fallait bien une raison à tout ce massacre. S'ils n'étaient pas dangereux d'une manière ou d'une autre, des êtres humains ne tenteraient pas de les éliminer. On ne tuait pas pour le plaisir, on tuait pour se protéger, ou pour se nourrir. La seconde hypothèse était hors jeu d'office. Alors de quoi avaient-ils peur ? C'était ce qu'il faudrait découvrir. 

Une autre question la taraudait. Si, comme elle le pressentait, les titans qui avaient mené l'attaque sur Shiganshina étaient bien humains, d'où venaient-ils ? Pas de l'enceinte des murs, c'était impossible. Pourquoi détruire les terres qui les avaient vu naître ? Pourquoi risquer de tuer ses proches en lançant une attaque massive ? À moins que ces gens aient connaissance d'éléments qu'ils ne connaissaient pas, et se soient retournés contre l'humanité pour une raison qu'elle ignorait. C'était plus plausible, personne ne pouvait survivre en territoire titan. Elle soupira imperceptiblement tout en se passant un peu d'eau sur le visage, une fois descendue de cheval. Il y avait trop de zones d'ombre pour qu'elle puisse avoir la moindre piste consistante à se mettre sous la dent. Tout ce dont elle était sûre, c'était qu'à présent, il lui faudrait se méfier de tout le monde.

Elle resta dehors, ce soir-là, et se percha dans les branches hautes d'un hêtre, les jambes dans le vide pour les soulager de son poids. Elle sentait déjà les courbatures venir... Et son ventre, n'en parlons pas. Le côté droit de son abdomen virait lentement au violet. Elle aurait l'air d'une myrtille mûre avant la fin de la nuit.

« Je me doutais que tu étais là. » fit une voix en bas.

Elle se pencha et écarta le rideau de cheveux qui tombait devant son visage. Reiner. Bien évidemment. Un sourire lui échappa. Après une journée aussi éprouvante, aussi bien pour ses muscles que pour ses nerfs, le voir lui faisait du bien. Ne plus faire confiance à personne, s'était-elle dit en rentrant au quartier général. Une sage décision qui lui sortit immédiatement de la tête. 

« Je pensais que tu dormais. Dit-elle simplement.

- Il est à peine vingt-trois heures, tu me sous-estimes, petite tête.

- Tu veux grimper un moment ? Il fait bon, là-haut. Proposa-t-elle.

- Ne cherche pas d'occasions de te moquer de moi, tu sais bien que je risque de m'écraser lamentablement. »

Elle sourit doucement et descendit de son perchoir, venant s'asseoir sur une branche basse pour rester tout de même un peu plus grande que lui. Elle avait rarement ce genre d'occasions, autant en profiter.

« Complexe d'infériorité ? Ironisa son camarade.

- T'es toujours plus fort que moi, accorde-moi au moins cette petite satisfaction. Répliqua la jeune femme d'un air amusé.

- Tu es affreusement mesquine.

- Je sais. Mais j'ai une excuse. Après ce qu'il s'est passé, j'ai bien besoin d'une petite victoire. Ou d'une cuite. Mais je suis mineure, donc je fais avec ce que j'ai. »

En effet, le système était plutôt absurde. À seize ans, elle était considérée comme capable de sortir affronter les titans, mais pas de boire quelques verres. La logique juridique lui échappait complètement, par moments. L'alcool régulait la population d'une manière certes un peu plus lente que les titans, mais tout aussi efficacement pour peu qu'on prenne le temps d'attendre. Au moins, ce serait une manière un peu moins violente de réduire le nombre de bouches à nourrir...

« Je comprends, t'en fais pas. On a tous besoin de se remonter le moral. Soupira-t-il.

- C'est pour ça que je suis là, c'est la déprime dans les dortoirs. Il y en a une qui a fait une crise de nerfs, elle était roulée en boule dans un coin depuis une heure quand je suis sortie. Même Christa n'a pas réussi à la calmer.

- Ce n'était pas une de notre brigade d'entraînement, si ?

- Non, une fille du Nord de l'enceinte du mur Rose. On voit bien la différence entre ceux qui étaient à Trost et ceux qui n'avaient quasiment jamais vu de titans avant aujourd'hui.

- Comme au début de l'entraînement...

- M'en parle pas, je m'en souviens encore. » dit-elle en roulant des yeux.

En effet, leur instructeur avait humilié les recrues une par une, n'épargnant que celles qui semblaient en avoir déjà beaucoup vu. La plupart de ceux qui avaient survécu au massacre de Shiganshina, en l'occurrence. Mais pas Liesel. Pourtant, elle avait bel et bien vu des titans. Immobiles certes, mais des titans tout de même, et ils n'en étaient pas moins effrayants. Elle avait dû sembler si peu à sa place qu'il avait essayé de la faire dégager, se disant qu'une gamine comme elle ne survivrait jamais. Quelque part, il n'avait pas eu tort. Si elle n'avait pas réussi à se blinder, elle n'aurait jamais tenu le choc.

« Ces trois années n'étaient pas si terribles que ça, en y repensant. Soupira Reiner.

- S'il n'y avait pas eu les seaux d'eau dans la tête au réveil, je dirais que c'était parmi les meilleures années de ma vie...

- À ce point ?

- Je ne suis jamais allée à l'école, alors... Ça m'a fait du bien, pour une fois, d'être avec des gens de mon âge. Avoua-t-elle. Même si je ne suis pas des plus sociables, ça m'a fait du bien de ne plus être toute seule. »

Elle passa une main sur son visage fatigué et baissa les yeux.

« Je crois que, de tout ça, c'est Marco qui me manque le plus. » Murmura-t-elle dans un souffle.

Liesel sentait qu'elle avait atteint un point où elle avait besoin de parler de ce qu'elle avait le cœur. Si elle continuait à garder son chagrin pour elle, elle finirait par exploser au nez de quelqu'un qui n'avait rien demandé, comme lorsqu'elle s'était montrée désagréable avec Reiner, longtemps auparavant. Sauf que là, ce serait certainement pire que quelques piques et des soupirs agacés.

Le blond la regarda un moment, un pli attristé au coin des lèvres. Il aurait aimé faire un autre choix, ce jour-là, mais il n'avait pas vraiment eu beaucoup d'autres options. Après les premiers échecs de sa mission, il était de son devoir de protéger les autres. À tout prix.

Il vint s'asseoir à côté d'elle. Les branches basses étaient heureusement suffisamment solides pour cela.

« Ça ne changera rien, mais je suis désolé. Je sais ce que ça fait, de perdre un ami. »

Où avait-il trouvé les nerfs de demander pardon ? Il n'en avait aucun droit, il le savait. Qu'est-ce qui lui avait pris d'évoquer son ami disparu ? Depuis cinq ans, il n'y avait jamais fait allusion, pas même avec Bertholdt. Pourquoi maintenant ? Et plus que tout, pourquoi avec Liesel ? Si il commençait à laisser échapper tout et n'importe quoi en sa présence, ça ne pouvait que mal finir. C'était simplement sorti tout seul, sans qu'il se rende compte qu'il était une fois de plus en train de déraper. Mais c'était une bascule étrange. Différente. Comme s'il était entre deux, sur le fil, vacillant au moindre coup de vent. Funambule incertain, oscillant de gauche à droite au fil de ses pas, et pourtant, étrangement stable. 

« Comment tu as fait pour surmonter ça ? » Demanda-t-elle d'une petite voix, les yeux rivés sur le bout de ses bottes.

J'ai essayé de combler son absence. De devenir comme lui. Non, de devenir lui tout court. C'est ce que je leur ai dit, pas vrai  ? Reiner est mort. Je serai Marcel. C'est de lui qu'ils avaient besoin, alors, il fallait que j'essaie d'être lui. D'être aussi courageux et admirable qu'il l'avait été, de devenir un modèle pour les autres. Altruiste. Dévoué. Fiable. De rendre aux autres une partie de ce que je leur avais enlevé en le laissant mourir. De les guider à travers ce vaste merdier, pour qu'on puisse enfin quitter cet endroit de malheur et rentrer chez nous sains et saufs.

« Je n'ai... Pas réussi. » Soupira-t-il simplement.

Liesel posa une main douce sur son épaule, sans un mot. Ce simple contact le brûla, pourtant, il ne bougea pas. Quelle ironie. Lui et les autres étaient venus détruire les gens comme elle, et ils étaient là, tous deux, à pleurer les disparus. Bien sûr, il manquait des éléments à sa camarade pour comprendre pleinement la situation, mais jamais il n'aurait imaginé une telle chose possible avant d'arriver ici. Il ne savait pas ce qu'il s'imaginait, au juste. Des êtres froids, cruels, avides de sang. Lâches, paradoxalement, abandonnant les leurs et se terrant derrière leurs murs minuscules lorsque leur propre monstruosité les frappait. Différents. Dénués du moindre scrupule, de la moindre empathie, centrés sur eux-mêmes, puant la peur. Si seulement ils avaient pu être ainsi... Les choses n'auraient pas été si difficiles.

« Pardonne-moi, c'était une question stupide. » finit par murmurer la jeune femme, après un long silence.

Elle réalisait bien qu'elle ne savait pas grand-chose de lui. Il ne parlait jamais de sa famille, de son enfance, de son foyer. Et elle n'avait jamais osé poser la moindre question, malgré sa curiosité à ce sujet. Comme si elle avait senti, d'instinct, que ce n'était pas une bonne idée. D'après ce qu'elle avait appris à l'instant, elle avait eu raison. A l'avenir, elle ferait de son mieux pour éviter les faux pas. 

« C'est rien, t'en fais pas. Si j'avais eu peur que tu poses des questions, je n'aurais pas parlé de ça. » La rassura-t-il, ébouriffant ses cheveux d'une main distraite.

Autant faire abstraction du fait que c'était totalement involontaire. Que ça le soit ou non, elle aurait de toute manière été intriguée, et il ne voulait pas la faire culpabiliser pour quelque chose qui relevait de sa propre responsabilité.

« Merci de l'avoir fait... Je suis contente que tu aies assez confiance en moi pour ça. »

Parfois, elle avait l'impression que la confiance allait en sens unique entre eux. Avoir la preuve du contraire la rassurait. Elle lui sourit doucement, relevant enfin les yeux. Et contre toute attente, ce sourire suffit à alléger quelque peu la chape de plomb qui écrasait les épaules du soldat.

« Et dire que j'étais venu là pour me remonter le moral. soupira-t-il d'un air fatigué, forçant un sourire.

- Tu sais que je ne suis pas douée pour l'optimisme, fallait aller voir Christa. Ironisa-t-elle, profitant de l'occasion pour enchaîner sur un sujet plus léger.

- Je te parie qu'elle dort déjà, à l'heure qu'il est. Et puis, c'est avec toi que j'avais envie de discuter.

- Pourquoi diable délaisses-tu l'amour de ta vie, avec qui tu vas te marier, avoir quatre enfants et adopter un labrador, pour passer du temps avec ma tête de croque-mort ? Je suis sûre qu'après quelques heures loin de toi, elle va mourir de chagrin. Le taquina-t-elle.

- Lizzie, tu es insupportable. Rit-il doucement.

- Pourquoi ? Je me suis trompée quelque part ? Tu préfères les caniches aux labradors, peut-être? S'enquit-elle avec un sourire narquois.

- Je vais adopter une perruche, tu verras, ça me rappellera tes bavardages.

- Au moins, ça remonte le moral, les perruches.

- Peut-être, mais ça chie partout et ça piaille tout le temps.

- Je me suis toujours dit que mes parents avaient dû se foirer quelque part pour me donner naissance, tout s'explique à présent. Ricana-t-elle.

- Dis pas ce genre de choses, par pitié, j'ai les images en tête. » Dit-il en passant une main sur son visage fatigué, réprimant un sourire amusé.

Il réalisa que c'était peine perdue au moment où Liesel se mit à rire. La pression de cette journée atroce et les émotions soulevées par leur discussion avaient fini par avoir raison d'elle. Elle avait besoin de se laisser aller un peu, mieux valait que ce soit par un fou rire que par une crise de larmes. Il finit par laisser échapper un sourire indulgent et tapota son dos pour l'aider à se calmer.

« La vache... Il faut vraiment que j'évite de rire, j'ai cru que mon ventre allait craquer. murmura-t-elle finalement.

- Tu devrais peut-être aller dormir, tu as sans doute déjà trop forcé aujourd'hui.

- Tu n'as pas tort... Mais je crois que je vais rester dormir dehors, les nuits sont encore douces et le dortoir me plombe le moral. Dit-elle en retrouvant un semblant de sérieux, entreprenant de descendre de sa branche.

- Je peux rester ? » Demanda-t-il sans vraiment réfléchir.

Depuis quelques minutes et pour la première fois depuis des mois, il se sentait à sa place, pleinement. La culpabilité qui l'assaillait habituellement en sa présence s'était estompée, jusqu'à presque s'évanouir. Oh, en cherchant bien, elle était sûrement là, comme toujours. Tout comme la crainte qu'elle le déteste, ou qu'il la perde d'une manière ou d'une autre. Les angoisses du guerrier, celles du soldat, s'entremêlaient quelque peu, voilées d'un brouillard confus qu'il refoulait dans un coin de sa tête. Envolés, le Mur et les titans, sa famille, son foyer, son devoir ou plutôt les injonctions contradictoires qu'il considérait comme tels. Comme si le monde avait suspendu son cours, un instant.

« Évidemment que tu peux, pourquoi tu me demandes ? L'herbe est à tout le monde. » sourit son amie en s'asseyant contre l'arbre, gigotant quelques secondes pour trouver une position confortable.

Le visage du blond s'éclaira d'un sourire fugace, et il s'allongea tranquillement dans l'herbe, les bras croisés derrière la tête.

« Bonne nuit, Lizzie. »

Elle ne répondit pas, s'étant pour une fois assoupie en un temps record. Et lorsqu'il leva les yeux sur son visage endormi, une seule pensée traversa son esprit.

Je suis déjà chez moi.


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