2 mois plus tard.
Les vacances d'été avaient pris fin 2 semaines auparavant. Je ne travaillais plus au kebab.
Je ne savais pas qu'est que j'avais ses derniers temps, mais j'étais triste.
J'étais en train de réaliser que j'avais perdu ma meilleure amie parce qu'on était trop différentes. J'avais perdu Ahmed même si je n'étais pas amoureuse, j'étais habituée à lui. L'atmosphère à la maison était bizarre. Seif avait grave changé, il était devenu silencieux et Aymen étudiait tout le temps parce qu'il voulait rentrer en pharmacie à l'université alors il était rongé par le stress.
Je gardais toutes ses émotions tout à l'intérieur.
Mais comme on dit, plus le ciel est sombre, plus les étoiles sont brillantes...
On était un vendredi soir il était 18 h 30 et je devais aller en cours. J'avais un cours du soir qui finissait à 21 h 30.
J'ai pris la voiture de ma mère et je suis arrivé à l'université.
J'ai assisté à la première partie du cours, mais quand le prof a donné la pause, je suis partie.
Je suis allé au super marché et j'ai pris un pote de crème glacée.
Je ne voulais pas aller chez moi alors je suis allé au parc proche du kebab où j'avais travaillé.
Me voilà comme une grosse batata (patate) avec mon pot de glace et ma tête de déprimée à 20 h 30 dans le noir sur une balançoire.
J'entends des pas derrière moi.
Je me retourne et je vois.....
CHEMS.
-Tu pleurait ?
-Non c'est de la sueur
-MDRRRRR tu as tes trucs de filles ?
Il est sérieux de me demander si j'ai mes règles ?!
-Non
Il s'assoit à côté de moi.
-Alors pourquoi tu pleurais ?
Il allume la cigarette qu'il a à la bouche.
- Depuis quand tu sais que j'existe ?
Chems sourit.
-C'est dur de ne pas remarquer quelqu'un de bizarre comme toi
-...
-Mais c'est bien, tu fais ce que tu veux et tu t'en fous de ce que les gens pensent... tu es une des personnes qui m'a le moins cassé les couilles dans ma vie
-Mdrr je prends ça comme un compliment
Il a commencé à sourire.
-Alors pourquoi tu pleurais ?
- Juste une accumulation de trucs, je me sens seule
-Mais tu as des potes et tu as ta famille non ?
-Ahh tu parles des fous autour de moi
-Explique je suis curieux
Alors pour la première fois, je me suis ouverte spontanément sur ma vie dans ma maison culte. Il souriait pendant mon récit et riait fort à toutes mes histoires embarrassantes.
Il était 21 h du soir et on avait l'air de fous dans un parc avec mon pot de crème glacée et lui qui n'arrêtait de rire en fumant, mais je n'aurais rien changé de ce moment parce qu'il était parfait.
-Toi au moins tu sais c'est quoi se faire aimer... Ma mère je sais même pas c'est qui elle a pris la fuite et mon père, il sait pas c'est quoi être un père. Il m'a appris comment me battre, comment répondre aux gens, comment draguer les filles, comment être un salaud enfaite, mais il ne m'a pas appris à profiter de la vie... comment être heureux, comment donner au suivant, comment relaxer...
- Peut-être ton père est triste parce qu'il a perdu ta mère.
Il a commencé sourire.
-Mon père n'a jamais aimé ma mère. J'étais le résultat d'un coup d'une nuit ou peux être deux. Je suis qu'un bâtard.
-Arrête ne dit pas ça... toi même tu sais que tu es beaucoup plus que ça. Il doit avoir un truc qui a fait en sorte que ton père pendant toutes ses années était froid avec toi
-J'ai entendu des trucs en me promenant dans le quartier où il a grandi.
Il me regarde droit dans les yeux.
-On dit que quand il avait 24 ans qu'il aimait une fille qui était quelqu'un de bien, même de très bien. Apparemment, c'était une belle femme et il a fait son salaud avec elle. Il l'a perdu et elle s'est mariée avec quelqu'un d'autre.
- Tu penses qu'elle est vraie cette histoire ?
Il prend une bouffée de sa cigarette.
-J'ai l'impression que oui et ma belle mère, ça parrait qu'il avec elle juste pour le cul
- T'as déjà essayé de retrouver cette femme ?
-Non, elle a déjà eu sa dose avec mon père, elle n'a pas besoin de voir une autre version de son ex des années plus tard
On est resté 15 minutes à discuter un peu plus. Il m'a raccompagné jusqu'à chez moi.
Arrivé à une rue de chez moi, il arrête sa moto.
Je le remercie et je me dirige vers chez moi.
-Leïla !
Je regarde mes mains et je n'ai pas un de ses casques !
Je me retourne.
-C'est quoi ton numéro ?
Je me suis approché de lui et je lui ai donné mon numéro. J'essayais de pas trop sourire comme une conne.
J'ai repris mon chemin vers chez moi, je sentais son regard sur moi et évidemment il fallait que je trébuche.
Je suis tombé tête sur le sol comme une merde.
-CA VA CA VA JE VAIS BIEN
-MDRRRRR même pas arrivée à la porte, elle se fait déjà mal
J'ai réussi à me relever et le regarder avec un air piteux, lui qui n'était même pas à 5 mètres de moi.
Il riait encore.
Je suis rentré chez moi, j'aurais couru jusque dans ma chambre si je pouvais.
20 minutes plus tard.
Je vois un nouveau message d'un numéro que je ne connais pas. Sûrement Chems.
: Alors ça va la blessée de guerre ?
Oh la honte.
-Pff c'est même pas drôle
-Si si c'était trop drôle
J'allais répondre quand je vois mon père rentrer dans ma chambre.
-Ah c'est là que tu te caches
Je me lève lui faire un bisou.
Il avait son petit sourire.
- J'ai une mission pour toi
- C'est quoi ?
Mon père ferme la porte de ma chambre.
- J'ai acheté des billets d'avion pour ta mère.
-Wahhh pour aller où ?
-Dubaï, je l'ai acheté pour juin prochain.
- Elle va y aller seule, sans toi ?
-Juste pour une semaine, après je vais la rejoindre. Sa copine Inès et un de mes anciens collègues sont mariés, ils habitent là-bas depuis 6 ans. J'ai déjà tout planifié.
- Elle est chanceuse, c'est quand mon tour à moi ?
- Quand tu vas avoir ton diplôme Inch'Allah ma fille
-Ca marche !
-Je veux que tu les caches et que tu gardes ça entre toi et moi !
-Je te promet, donne-moi tout ça.
Souvenez-vous de ce moment parce que c'est une pièce très importante de l'histoire.
1 semaine plus tard.
J'étais chez Myriam, elle m'avait proposé de dormir chez elle.
Il était 20 h et j'entends mon phone vibrer.
📲Chems:Tu fais quoi ?
OUHHH CRISE CARDIAQUE.
- Je suis chez ma cousine, pourquoi ?
-On peut se voir ?
CRISE CARDIAQUE NUMÉRO 2.
-Euhh comment ?
-Passe par la fenêtre
Je me tourne vers Myriam.
Elle ressemblait à rien avec son masque jaune pour le visage et son vieux pyjama à l'eau de javel.
- Myriam, j'ai besoin de toi
Elle mangeait comme une haloufa (cochonne) en plus.
-Quoi?
- Comme ça je trouve que tu formerais un beau couple avec Youness
Myriam me lance un coussin.
- Il faut que je sorte d'ici je dois voir quelqu'un
-QUI ? UN MEC ? IL A UN COPAIN MÉDECIN ?
-Ahhh c'est pas possible cette meuf, non c'est Chems...
- C'est qui lui ?
Alors je lui raconte.
Je lui montre des photos.
-Ahh sa tête me dit quelque chose, c'est une bombe, regarde ses yeux verts !
- Je fais quoi ?
- Donne-lui mon adresse tu passes par la porte de derrière.
Ses parents habitaient au Maroc.Myriam n'a jamais fait de connerie et comme elle avait 23 ans, ses parents lui faisaient confiance.
J'envoie un message à Chems et tout.
- Mais on va arranger un peu ton look
Elle m'a donné des vêtements simples, mais beaux. Elle m'a maquillée légèrement.
-Je suis là
Je sors de la maison et il m'attend sur sa moto.
Il me dit qu'il allait m'amener à un endroit secret.
Après 30 minutes de route, on arrive dans une sorte de colline dans un parc nature/forêt.
Il me dit de le suivre.
On marche 5 minutes et on arrive dans un coin qui avait une belle vue sur la ville.
Il sort une couverture de son sac à dos et la place sur le sol.
Il s'allonge d'un côté et moi de l'autre. On regardait les étoiles dans le silence.
-Chems
-Mhmm
- Tu crois que dans 100 ans les gens parleront de nous ?
-Si c'est pas la fin du monde d'ici là, oui... si on leur donne quelque chose de quoi parler
- Comment tu veux qu'on laisse une trace dans ce monde avec tous ses milliards et milliards de personnes
-Tu réfléchit trop loin Leïla, tu peux laisser une trace dans la vie d'une seule personne et ça c'est déjà bien.
-...
-Tu peux aider quelqu'un qu'une fois et ça peut lui changer la vie. Tu peux faire beaucoup avec peu.
- Au faire, tu n'es pas un batard du tout
Il commence à sourire.
-Je suis juste pas con c'est tout
Il allume une cigarette.
- Tu as déjà essayé d'arrêter de fumer ?
Il prend une longue bouffée de sa cigarette.
-Oui j'ai essayé, mais j'y arrive pas. J'arrête, je veux péter les plombs et je recommence. C'est un cercle vicieux tout ça.
- Et tu prends autre chose ?
Il commence à rire.
-Non, c'est déjà beaucoup
- Mon frère Seif il s'est fait prendre par mon père à fumer un joint quand il avait 15 ans. Mon père l'a massacré.
-Mdrrr ton daron il rigole pas
-Mdrr moi il m'a jamais frappé, il croit pas que la violence peut régler quoi que ce soit, mais disons que Seif ne fait que prendre les mauvaises décisions...
-Maintenant, il est tranquille ton frère ?
-Je sais pas, cet été il s'est fait chopper par ma mère à vendre de la mari
-Mais il se fait toujours prendre celui-là
-Mdrr ouais et toi tu as déjà fait du deal ou de la fraude ?
-Une fois quand j'avais 17 ans, je voulais juste un peu d'argent pour m'acheter une moto, mais après ça khlass (c'est finis)
-...
-Je suis pas con, je sais qu'on va m'attraper... J'ai déjà un dossier criminel, le nombre de fois que je me suis battu pouah... si je vendais de la drogue, je serais directe en cellule pendant au moins 2-3 ans.
Il me regarde.
-Je suis déjà fou Leïla alors imagine coincé dans entre 4 murs
Il me regarde et je le regarde. Je pense 3 centimètres me séparaient de lui. De proche, je pouvais voir à quel point il avait des yeux de malade. Un mélange de vert clair et foncé et de brun noisette.
On a parlé beaucoup cette nuit-là. On s'est échangé beaucoup d'anecdotes.
Myriam m'avait envoyé un message pour savoir si tout allait bien et pour me dire qu'elle avait laissé la porte ouverte.
Sans m'en rendre compte, le temps passait tellement vite que je me suis endormie. Sûrement, pendant qu'on regardait le sombre de la nuit se transformer en lumière du matin.
Vers 10 h du matin, j'ai ouvert les yeux comme une vraie folle. Vous savez quand vous êtes en retard le matin et que vous vous réveillez avec les yeux grands ouverts et le souffle coupé ? C'était moi.
Mon premier réflexe c'était de voir où était Chems. Il dormait et il ressemblait à un vrai bébé.
J'ai pris mon petit sec et j'ai pris un chewing-gum.
Y'A PERSONNE QUI SE RÉVEILLE AVEC UNE HALÈNE FRAÎCHE MENTE AVEC SOUPÇON DE FLEUR, FAITES PAS GENRE !
Je pense que je faisais beaucoup de bruit avec mon chewing-gum, car Chems s'est réveillé.
Quand je suis stressée, je mâche très fort.
Il ouvre les yeux et il sourit automatiquement.
Il tend sa main et j'ai compris direct qu'il voulait aussi du chewing-gum !
Je lui donne et on prend la route vers chez Myriam.
Arrivé devant chez Myriam, il arrête sa moto.
Il enlève son casque, moi aussi et je descends de sa moto.
Il se lève aussi et se dirige vers moi. Il s'approche de moi de plus en plus de mon visage.