12.

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Another flashback ?

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On ne choisit pas sa famille, dit-on. Nous sommes attachés à elle, et ce éternellement. Les liens du sang sont indéfectibles, inaltérables et impérissables. Le cordon qui nous lie à elle est immarcescible et nous sommes attachés à elle de la plus sempiternelle des façons. Nous pouvons briser nos amitiés et affirmer qu'un tel n'est plus notre ami, parce qu'on ne le souhaite plus. On peut quitter un amour, parce qu'il nous a trahi, parce qu'il n'est plus digne de nous, et même si le cœur en souffre, ce n'est scientifiquement pas inconcevable.

Par une simple lettre de démission, on peut effacer le mot collègue vis-à-vis de celui avec qui on partageait le même bureau de huit à huit heures, cinq jours sur sept.

Mais peut-on dire de notre père qu'il n'est plus notre père et de notre sœur, qu'elle n'est plus notre sœur, peu importe la raison ? La fierté et la douleur de la trahison peuvent peut-être nous en éloigner, mais jamais on ne pourra laver ou remplacer le sang qui coule dans nos veines. Dou eau de javel, dou désinfectant, dara mounoul dindi déréte biy daw seu yaram, li leu Yalla dogal. Nite mbokam la am té kou baa sa mbok dem tchi diambour, sou diambour diakhlé dem tchi ay mbokkam baa la.

D'ailleurs, la famille est le premier édifice de notre vie. Elle nous forme et nous forge, elle nous prépare aux réalités sociales qui nous attendent.

On a tous en commun au moins cette tante trop bavarde ou trop commère, cette cousine hypocrite, cet oncle ou cousin pingre ou cette grand-mère problématique qu'on aurait voulu échanger, pour un petit rien de ce monde. Mais ne sont-ils pas la juste réflexion de ce monde ? N'avons-nous pas appris à contrôler nos émotions, à s'exprimer et ne pas se laisser faire, à défendre nos opinions grâce aux coups bas reçus de cette famille ?

On a tous en commun au moins cette tante pieuse et sage, cette cousine bonne conseillère et aimante, cet oncle ou cousin taquin et toujours de bonne humeur, cette grand-mère bienveillante et généreuse qu'on n'aurait pas échangée pour rien au monde, pour tout l'or du monde. Ils nous ont appris les valeurs et les principes qu'il faut pour s'en sortir dans cette vie, la force et le courage de ne jamais abandonner et de toujours se battre.

Soraya n'aurait échangé sa famille pour rien au monde. Peut-être aurait-elle prié le bon Dieu de rendre sa mère plus calme et son père moins protecteur, de faire de son frère un homme plus sérieux et plus responsable, d'ajouter un peu plus de bonne foi dans le cocktail qu'était sa badiène Rama, que le papa de Diarra soit moins influençable par sa femme, mais n'étaient-ils pas ce qu'ils sont justement à cause de ce caractère bien défini ?

Elle était à ce stade de ses pensées en observant la violente discussion que sa badiène Rama, la maman de Diarra avait avec son homonyme et maman de Binetou, et qui pourtant n'avait commencé que par une toute simple discussion.

- Ton's, rene fi ng feulé ? Blonde aux yeux bleu bi ma done lire tchi harlequins yi ? demanda Khadija au cousin de son père, Ousmane Gaye. (Tonton cette année tu t'es ramené avec la blonde aux yeux bleus que je ne croyais exister que dans les harlequins ?)

Il était le plus jeune des oncles, mais aussi le plus farfelu. Il avait passé les vingt dernières années à voyager entre les cinq continents. Il était, disait-il, souffrant du syndrome de Wanderlust, qui avait fait naître en lui une obsession pour le voyage. Il vivait pour la découverte de nouvelles cultures et lieux, et décidait sur un coup de tête, en feuilletant un livre, en surfant sur le net ou en regardant la télé, de ses prochaines destinations. Il revenait au bercail pendant les fêtes religieuses ou de temps en temps lorsqu'un besoin imminent de se ressourcer se faisait ressentir, toujours avec une nouvelle femme de différente origine cramponnée à son bras.

Soraya.Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt