Rose des sables

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22.

C'est enfin la pause de seize heures. Ça fait du bien de se reposer pendant quinze minutes.En même temps après deux heures d'histoire ... il faut aller prendre l'air.

Je suis dans la cour et je remarque Nat, un peu plus loin, parler avec une fille plutôt jolie. Elle a de longs cheveux bruns qu'elle balance de gauche à droite en riant et ses yeux bleus pétillants. Nat, quant à lui, il rit et semble sous le charme. Il parle avec de grands gestes avec son plus beau sourire. Ça me vexe terriblement à vrai dire. Je suis très possessive donc très jalouse. Je décide donc de les ignorer et de m'éloigner d'eux. Je sais que sinon, je me rajouterai à la discussion en me serrant contre Nat mais je sais qu'il ne le prendrai pas forcément super bien. Donc autant rien faire. mais si il me fait une crise de jalousie, je lui répliquerai qu'il n'est pas innocent non plus.

Je marche tranquillement vers les toilettes quand soudain Kian me plaque contre un mur. Ma colonne vertébrale prend de plein fouet le béton armé provoquant ainsi une terrible douleur dans tout mon corps. Ses brasse placent d'une part et d'autres de ma frêle silhouette tandis que je peine à reprendre mon souffle coupé par le choc violent. Ses yeux sont remplis de haine à en faire peur. Pourtant je reste calme,pour ne pas empirer les choses. Il pose sa main sur ma joue mais je me débats. Il s'énerve et me claque. Ma tête se cogne violemment contre le mur et mon front se met à saigner. Même Kian a l'air choqué par son geste mais se reprend très vite. Il me caresse la joue sur laquelle j'ai la trace de sa mère et je n'ose plus riposter. J'ai des vertiges. Il se rapproche un peu plus de moi et passe son autre main sur ma taille. Je suis complètement gêné parce geste. J'ai une envie folle de lui cracher à la figure mais il pose ses lèvres sur les miennes. Quel psychopathe ! Cette fois je lui donne un coup de genoux dans les parties. Il se tort de douleur mais il me bloque le chemin. J'essaie de le pousser pour pouvoir le fuir. Cependant, il attrape mon poignet fermement et me tire vers lui. Je tombe sur son torse et il se penche à mon oreille pour me dire de le suivre sans essayer de se défendre si je ne veux pas souffrir. Pourquoi personne n'intervient ? Des surveillants sont censés surveiller la cour ! Je le regarde et lui fait bien comprendre d'aller se faire.

J'entends soudain des pas rapides s'approcher de nous tandis que des larmes me montent aux yeux que je ferme. Kian est soulevé par le col et il rugit qu'on le lâche. Il s'enfuit ensuite en courant. Des bras s'enroulent autour de moi et me serrent dans une étreinte rassurante. Je pleure mais n'ose par regarder qui est mon mystérieux sauveur. Je me moque qu'il voit mes larmes, je ne me sens pas bien, comme vidée de toute dignité. Certes je ne me suis pas fait violé mais c'est quand même horrible. Alors je l'entends me demander si je veux rentrer chez moi.Je hoche la tête et ouvre enfin les yeux. Paul, c'est Paul qui m'a aidé. Je remarque par dessus son épaule que Nat est encerclé de filles et semble ravi. Sérieux ? Il ne m'a même pas remarqué.Alors je pleure plus fort dans les bras de Paul. Je ne veux pas le voir avec ces filles, qu'il aille au diable !

Je suis Paul qui m'entraîne vers la sortie en me tenant la main. Heureusement qu'il est là, lui, sinon je ne sais ce qui se serait produit. Mes larmes ne cessent de couler même quand il me désinfecte ma plaie du front,ou quand il m'installe dans mon lit et qu'il me couvre. D'ailleurs, je suis bien amochée mais heureusement je n'ai pas besoin de points sinon Kian aurait ramassé grave.

Il me demande ensuite d'arrêter de pleurer en me caressant les cheveux. Après, il amène une chaise près de moi et s'assoit. Il m'observe en silence,l'air de réfléchir. Moi je regarde le plafond, un peu gênée.

« Mi, je peux te dire quelque chose ?

- Bien sûr, vas-y.

- Ne t'en prends pas à Nat pour ce qui est arrivé, s'il te plaît.

- Oui oui (je réponds peu convaincue)

- Merci. »

Je m'attends à ce qu'il se lève et qu'il me dise qu'il doit partir mais il n'en fait rien. Il ne bouge pas. J'entends plus que sa respiration saccadée,je ne comprends pas. Cette fois c'est lui qui n'a pas l'air bien.Échangeons nos rôles alors.

« Qu'est ce qui ne va pas Paul ?

- C'est ... je ne veux pas t'embêter avec mes histoires mais j'ai besoin d'en parler.

- Tu ne me dérages absolument pas ! Vas-y, je t'écoute.

- N'en parle pas alors.

- Oki.

-Mon frère a fugué.

- Pardon ?!

- Mon frère a fugué.

-Non mais j'ai entendu, je voulais dire ... sérieux ?

- Oui. Il a disparu depuis jeudi dernier. Il s'est envolé. Mais tu sais quoi ? Mes parents ne l'ont mêmes pas remarqués.

- Mais ... pourquoi ? Comment est-ce possible ? Comment ne le remarquent-ils pas ?

- Ils ne se préoccupent seulement de leur petite personne et de leurs histoires de couple.

- Mais, le collège ne les a pas prévenu. Il ne les a pas appelé pour signaler son absence ?

- Si si bien sûr. Mais sur l'ancien téléphone donc le mien à présent.

- Mais tu leur as dit ?

- Ils ne m'écoutent pas Mi. Je ne sais pas quoi faire. Vraiment pas. J'ai essayé de l'appeler mais il ne répond pas et ses amis me disent qu'ils ne savent pas. D'ailleurs, leur soit disant ignorance m'étonne beaucoup.

- Peut-être que si c'est moi qui leur parle ...

-Tu ferais ça ?

- Bien sûr. C'est fait pour ça les amis. »

Je lui fais un clin d'œil et il se met à rougir. Je prends sa main dans la mienne et lui assure qu'on va le retrouver et qu'il n'a pas à s'inquiéter. Je le vois se détendre et je suis heureuse. Je l'aime vraiment beaucoup, c'est un merveilleux ami alors si je peux l'aider, je le fais. Nat a parfois l'air jaloux quand on est ensemble mais c'est seulement de la pure amitié. Je commence vraiment à considérer Paul comme mon frère mais c'est dur à croire. Je baille fatiguée par cette journée et ces « embrouilles ». j'aimerai tellement pouvoir parler à Nat et qu'il me rassure mais il en a visiblement rien à faire de moi. Il préfère être avec ces filles stupides qui s'intéressent à lui juste parce qu'il est en couple et que c'est un challenge à relever.

Paul me laisse pour que je puisse me reposer. Avant qu'il sorte je lui rattrape la main et déclare :

« Tu sais que je t'aime ! »

Il sourit bizarrement à ces mots et je l'entends murmurer « Je t'aime aussi, bien plus que tu ne le crois » avant de fermer la porte.

Miss macaronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant