𝙈𝙤𝙧𝙩𝙚𝙡 𝙖𝙢𝙖𝙣𝙩

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Depuis ses lèvres froides contre les miennes. Depuis son souffle dans ma bouche. Un goût de cendre, un goût de sang. Depuis qu'il m'a embrassé. J'ai son agonie sur la langue.

Un poison. Poison immortel, sans vaccin, sans rien qui puisse l'arrêter. Poison immortel mais mortel pour moi. Depuis qu'il m'a embrassé. J'ai son agonie sur le coeur.

Refiler ta mort, non mais t'as pas honte ? Refiler la mort comme une grippe, comme un rhume. Refiler ta mort dans un baiser, tu m'as condamné. J'ai ton agonie sur les os.

Mortel ami, tu m'as entraîné dans ta danse, tête contre tête et c'était naturel. Lèvres contre lèvres, ''amour scellé''. Mort certaine, oui. Je hais ton amour et je te hais. Mortel amant.


Et puis tes mains voltigeuses, mains baladeuses, "instinctif", mon cul, oui. Tu savais, tu savais et tu l'as fait. Tu savais, et tu m'a donné ton mal, cadeau du diable. Toucher fatal.

Et puis rapidement, j'étais à toi. Rapidement ton désir était apparent, rapidement je devais t'obéir, rapidement. Rapidement c'était rapide et nous étions nus. Romance fatale.

Et puis les hommes sont des hommes et t'en étais un et moi aussi. Et puis l'homme est animal et c'est vrai, l'homme est sauvage. Et tu m'as pris fort. Espèce fatale.

Et puis encore et encore comme si ça suffisait pas jour après jour, douleur dans le ventre, douleur dans le cul, dans les jambes, et partout. Tu me cassais. Emprise fatale.

Des chaînes invisibles, un chien pour toi, oui je n'étais rien d'autre, rien de pire, rien de mieux. Soumis à toi comme le premier esclave. Je t'ai maudit. Espoir fatal.

Maîtres du monde, des uns des autres, attachés à nos bûchers dès le départ. C'est humain. De se tuer entre nous, de désirer se tordre le cou. Plus que tout. Mortels amants.


Il pleuvait, je te suivais, et il pleuvait fort ce jour-là. J'espérais de l'attention, quelques mots doux, une caresse, rien de bien méchant. Je t'ai suivi comme un amoureux, jusqu'au bout du monde. Jusqu'au bord de mon monde. Je t'ai suivi et tu m'as fait sauter. Tu m'as abandonné. Et je sais qu'il pleuvait. Parce que mes yeux étaient mouillés. De ton foutre et de mes larmes.

les amants se cachent. Les amants s'amourachent, ce ne sont jamais que quelques nuits. Jamais que quelques non-dits. Jamais qu'une attirance, quelques fois une défiance, parfois même une carence. Poison de toi, poison en moi. Poison me tua. Et c'est comme ça. Mortel amour.


Tu m'as dit qu'il n'y avait que moi, que c'était beau, que c'était éternel. Jamais un mensonge ne m'avait fait autant sourire. Autant pleurer. Autant crever.

Nuit, jour, nuit, jour, nuit, nuit.

J'ai fermé les yeux sur les cris de ces filles qui sortaient de ta chambre, après moi, avant moi, avec moi.

J'ai fermé les yeux sur les griffures qui parsemaient mon corps, après le passage de tes griffes.

J'ai fermé les yeux quand tu m'as fait avaler ces pilules, soi-disant pour que ce soit mieux, soi-disant.

J'ai fermé les yeux quand tu as dit que tu m'aimais.

Peut-être que je ne voulais pas accepter que tout ce que tu racontais était faux.

J'ai fermé les yeux avant ta maladie dans mon ventre.

J'ai ouvert les yeux quand tu m'as laissé pourrir au fond du lit, le nez en sang, les jambes cassées, les mains glacées.

J'ai ouvert les yeux mais c'était trop tard. Mortel déni.


Ma mère disait que tu étais parfait, je l'ai crue, comme un con. Mon père parlait avec toi  de foot et de politique, j'étais dépassé.

Ils t'aimaient bien, je t'aimais tout court, j'y croyais, j'étais sûr. Mortelle cécité.


Et quand j'ai réussi à me relever, je sentais la mort couler dans mes veines, lentement, lentement, elle me tuait. J'étais seul dans la rue, je ne pouvais pas rentrer à la maison, pas avec les bras de mes parents déçus qui m'attendaient. Alors j'ai erré, en ayant froid, en ayant chaud.

Et les lumières rouges sur le trottoir faisaient des ombres chinoises. Un loup, toujours un loup, toujours toi, même dans l'amertume, même dans le désespoir, même dans la nuit où tu me tuais sans être là, comme toujours.

Et quand un autre a pris mon bras, m'a emporté dans une chambre, puis a jeté une liasse de billets sur mon corps souillé, je n'y pensais pas, brûlant de fièvre, brûlant du fantôme de tes lèvres, du poison, brûlant des vautours qui passaient. Mortelles flammes.


Depuis ses bras autour de moi, prison de chair. Depuis ses yeux trouant mon corps, frissons. Depuis les promesses qui n'ont jamais existé. Son agonie sur ma peau, son agonie en un baiser, son agonie dans mes poumons, son agonie sur mes rêves.

Mortel amant, tue nos souvenirs. Mortel amant, mois de soupirs. Mortel amant, mortel toi, amant de mes insomnies, amant de mes écrits, amant de mes cris, amant d'un jour, amant d'une vie, amant mortel. Mort fidèle. Est mort fidèle. Amant mortel.


Que j'aime encore quand je le noie. Que je veux encore quand je le tord. Que je désire quand je respire. Que j'aime toujours quand je l'égorge.


Mortel amant des enfants qui ne savaient pas.

Mortel amant de mes jours à demi-moi.

Mortel amant, bougie empoisonnée, maladie encensée. Mortel poison qui en mon âme s'est répandu. Mortel amant, salope des inconnus.

Mortelles rêveries qui m'ont poussées ici.


Médisant un homme malade qui n'est autre que moi.


Mortel amant. Mortel calmant.



Mourant, doucement.


S ' i l - t e - p l a î tWhere stories live. Discover now