Chapitre 9 : Bouquet de muses

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Finalement, je ne le suis pas.

Mes propos s'accrochent aux murs. Je vais subir l'un des plus grands déversements de reproches, ou, pire, l'une de ses innombrables tentatives de chantage affectif. Le regret me gagne, Victor fronce les sourcils, sa mâchoire se contracte.

Je tremble.

J'en ai plus que marre de toi, Rose. Tu vois, mon ex Alice ne faisait pas comme toi. Tu me fais tourner en bourrique. Je suis au bout du rouleau, quand tu quitteras l'hôtel, crois-moi que c'est à la gare que tu me retrouveras, sous un train. Tu ne pourras t'en prendre qu'à toi-même, avec ton caractère de chienne.

Tu, tu, tu. À l'entendre, je suis la pire créature. Sans doute a-t-il raison. Qui suis-je pour refuser ? Et en tant qu'épouse, qu'en sera-t-il ? Par ma faute, la rupture est imminente. Je vois dans ces yeux qu'il m'aime vraiment. J'ai beau chercher dans ma mémoire les caractéristiques d'une relation toxique, la nôtre ne coche aucune case. Ce n'est qu'une phase, ça lui passera.

Je sais, je suis vraiment désolée mon chéri. On peut y aller, c'est bon, je suis prête.

Un sourire étire ses lèvres. Je n'ai le temps de prendre une grande inspiration, qu'une douleur saisissante me trouble. Je serre les dents. Je ne peux plus reculer. À dix-sept ans – seulement – je sers les désirs profonds de mon petit ami. Une part de mon être se contente de cette satisfaction, mais je n'ai pas le temps de penser. Le moment est sérieux.

Et pendant près de deux heures, j'ai serré les dents.

***

Le chiffon en microfibres se transforme en papier de verre. Ce mug pour enfant, je ne l'essuie plus, je le ponce. M'emmêler les pinceaux dans ce flot de pensées négatives est une chose que je déteste, mais je ne peux rien y faire. Je suis victime de tous ces mauvais souvenirs, nuisibles aux actions que j'entreprends. Tout dure plus longtemps. Les remords me rongent.

Julie s'étant absentée pour chercher à manger, je suis seule dans la boutique. Francesco n'est pas venu. « Il n'est pas en forme, je lui ai conseillé de rester au chaud et de se reposer, me confiait son amie. Je m'inquiète pour lui. J'avais espoir que ce concours d'éloquence l'aide à se changer les idées. Tu sais ce qui a pu le contrarier ? Il avait si hâte. » Je lui ai menti droit dans les yeux, pensant que ce n'était pas à moi de lui conter les détails de ce fameux retournement de situation. Il en va de deux amitiés.

Je suis encore en pleine rêverie quand on toque, à la porte. Une voix grave m'interpelle. Je ne réagis pas directement.

On m'interpelle une seconde fois.

— Rose, ouvre, c'est moi !

La dernière personne que je souhaitais voir se présente, une main derrière le dos, le cou couvert d'une écharpe Burberry. Je déverrouille la porte par dépit, et l'ouvre sans grand emballement.

— Bonjour Rose, il entre et manque de taper mon épaule. Julie n'est pas là ?

Armand pousse son mensonge jusqu'au bout. Il fait mine chercher la concernée, et s'arrête au milieu de la pièce, faussement vaincu. Je croise mes bras sous ma poitrine.

— J'ai comme l'impression que ce n'est pas elle que tu cherches réellement.

Qu'est-ce qu'il a l'air con, avec son sourire niais. Cet homme me prend ouvertement pour une imbécile, ou une gamine, et se pense profondément intéressant. Il me répugne. Mes mains me démangent – je meurs d'envie de lui jeter une poupée à la figure. Je me retiens. Julie ne mérite pas que l'on abîme sa marchandise. La marchandise ne mérite pas d'être en contact avec un tel détritus.

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