◾9•Dans l'œil du cyclone◾

4 0 0
                                    

Un paysage étrange s'épanouissait devant ses yeux. Autour d'elle, une plaine immense semblait s'étendre à perte de vue. Un soleil bas dispensait une luminosité chaude de fin de journée. L'herbe rase faisait à peine de l'ombre sur le sol boueux. Comment était-elle arrivée là ? Elle n'en avait aucune idée. Il semblait n'y avoir aucun souffle de vie. Aucun bruit. Elle ne sentait pas le vent, qui faisait pourtant onduler les brins d'herbe.
Un croassement la fit sursauter. Un mouvement dans sa vision périphérique l'alerta et elle tourner la tête. Entre elle et une forêt, se dressaient deux silhouettes indistinctes.

Elle s'approcha. Plus elle avançait et plus leurs traits se précisaient. Puis elles se tinrent face à face.
À première vue, leurs visages semblaient semblables. Mais plus elle les observait, et plus elle était perplexe. Leurs apparences étaient un parfait mélange de caractéristiques masculines et féminines. Un visage fin et des pommettes hautes faisaient ressortir des sourcils épais et une bouche fine. Iels étaient... parfaitement androgynes. Et anonymes. Le premier individu avait les cheveux et les yeux rouge sang. L'autre avait les yeux et les cheveux d'un blanc immaculé. Maintenant qu'elle était proche, il lui semblait que l'air qui les entourait semblait trembler. Soudain, une voix s'éleva. Mais personne n'avait ouvert la bouche.

― Enfin te voilà.

Une voix connue. Le déclic se fit enfin.

― Laëdre ? Demanda-t-elle.

La silhouette aux cheveux rouges sourit.

― Nous avons bien cru que tu ne viendrais jamais.

― Cela fait des semaines que nous t'attendons.

― Que vous m'attendiez ? Vous saviez que j'allais venir ?

― Oui. Lorsqu'un Rayazalt apparaît, il finit tôt ou tard par nous rencontrer.

― Vous ?

Leurs silhouettes se firent floues, puis se dédoublèrent en centaines d'exemplaires.

― Nous sommes un tout, répondirent les voix en formant un cercle. Nous ne formons qu'un esprit.

Iels disparurent, jusqu'à ne plus laisser que les Larïnts.

― Nous sommes là pour te protéger, pour te guider au mieux.

― Mais pour te guider, nous avons besoin que tu nous écoutes. Et pas seulement quand tu as besoin de nous ou que nous prenons le contrôle.

― Nous sommes une partie de toi maintenant, pour le meilleur...

― Comme pour le pire.

Silence. Le vent semblait forcir. À présent, les feuilles au bout des branches oscillaient. Le ciel s'assombrissait et une légère odeur de pluie était apparue.

― Mais le problème, c'est que tu bloques systématiquement ton esprit lorsque nous essayons de prendre contact. Regarde autour de toi ! Même maintenant ton inconscient se débat. Il essaie de nous chasser.

Elle leva les yeux. Le vent faisait plier les branches de la forêt. Des grincements retentissaient de partout. À leurs pieds, l'herbe était couchée. Certaines mottes de terre se décrochaient et s'envolaient. Le ciel prenait une teinte rouge menaçante. Au loin, un déluge se déversait sur la terre. Un battement régulier lourd retentissait autour de leurs corps. Il y a un instant, il était encore infime, mais il s'intensifiait de plus en plus. Pourtant, elle se sentait calme, comme détachée de tout. Aucun souffle de vent ne les effleurait. Comme l'œil d'un cyclone, iels se tenaient là, immobiles.

― Tu dois nous écouter ! La silhouette aux cheveux écarlates haussa la voix. Il en va de ta survie. Tu ne nous fais pas confiance ? Pourquoi ? Parce qu'on te fait peur ? Parce qu'on représente ce que tu crains de devenir ? Parce que tu veux nous haïr ? Nous haïr pour ce qu'il est devenu ?

Lastia recula d'un pas, surprise.

― Nous sommes dans ta tête Lastia.

La silhouette pâle s'avança.

― Ne l'oublie pas. Tu auras toujours besoin de nous.

La bulle de paix éclata, et la tempête se déchaîna. Les battements devinrent frénétiques. Les cheveux volant autour de sa tête, elle vit les arbres devant elle s'écrouler. Des éclats de bois lui tailladèrent les bras et le visage. Ses vêtements claquaient. Des éclairs s'abattirent dans la plaine. La tempête était enfin arrivée. Des litres d'eau tombaient du ciel, cinglant sa peau. Puis le monde s'écroula.

Chaque lumière a sa part d'ombreNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ