LE MUTANT ET LE MONSTRE

16. L'Institut Xavier

Les yeux de Charles se posèrent sur Bucky et Natasha, qui avançaient d'un pas incertain dans leur direction, vraisemblablement désireux de rester en retrait de la conversation. Tony ne semblait pas du tout éprouver la même gêne, à le voir aller à la rencontre de la jolie rousse et du type aux étranges lunettes pour se présenter et leur serrer la main comme si l'endroit lui appartenait. Peter restait dans son ombre, mais il jetait de fréquents coups d'œil plein d'admiration en direction de Charles Xavier. Dean ne savait pas par quel sortilège le professeur était parvenu à deviner le lien qui l'unissait à Bucky et à Natasha, et l'espace d'un instant il craignit que le télépathe ait finalement réussi à entrer dans sa tête, mais à vrai dire, il se trouva trop choqué pour réellement s'en soucier. Choqué parce que le professeur s'était rappelé cette minime information qu'il avait laissé échapper trois semaines auparavant, soit son désir de retrouver sa famille depuis longtemps perdue, et qu'il prenait maintenant la peine de s'informer à ce sujet, comme si son bonheur lui importait sincèrement.

Il ne méritait pas une telle attention, il ne l'avait jamais mérité auparavant. Il ne méritait pas le regard chaleureux et protecteur que ce vieil homme dardait sur lui, lui qui n'était qu'une abomination, qu'un rat de laboratoire, qu'une machine à tuer sans scrupule...

Dean se secoua vivement la tête pour se libérer du tourbillon de mauvaises pensées qui l'assaillait, et il réalisa en rencontrant les regards soucieux et interrogateurs de Logan et de Charles qu'ils attendaient toujours sa réponse à la question du professeur.

-Oui, vous n'aurez jamais vu de retrouvailles plus émouvantes, répondit-il en forçant un sourire pour les rassurer. Après que je les aie convaincus que je n'étais pas un assassin à la solde d'HYDRA, c'est-à-dire.

-Alors quoi, les X-Men ne te suffisaient pas, il fallait que tu ailles faire de l'œil aux Avengers ? grogna Logan, et Dean lui fut reconnaissant de ne pas le questionner sur les raisons de cet égarement passager, même s'il paraissait en mourir d'envie.

-Ça me fera plaisir de vous le laisser si vous désirez le garder, lança Tony en s'insérant tout bonnement dans la conversation. Nous avons assez d'agents affiliés à HYDRA dans nos rangs pour partager, je vous assure.

-Je suis d'avis que ce sera à Dean de décider à quelle équipe il souhaite se joindre, et j'ai la certitude qu'il s'avèrera être un atout essentiel dans l'une comme dans l'autre, répondit Charles de son ton toujours posé, mais dans lequel Dean, à son plus grand bonheur, crut entendre une pointe d'agacement. Mais pour l'heure, vous agréerez avec moi monsieur Stark que la question n'importe pas, puisqu'il semblerait que nous soyons tous dans le même camp.

Le professeur ne porta pas plus longtemps attention aux remarques sarcastiques de Tony et se concentra plutôt sur l'adolescent dissimulé derrière lui qui l'observait d'un regard à la fois émerveillé et appréhensif. Le vieil homme lui sourit doucement en lui tendant la main, et la réaction de Peter face à ce seul geste redonna espoir en l'humanité à Dean. Ses yeux s'arrondirent démesurément sous le coup de l'excitation et ses joues rougirent au point où le chasseur craignit, l'espace d'un instant, qu'il avait oublié comment respirer. Il n'y avait bien que des monstres comme HYDRA pour vouloir faire du mal à un être aussi pur que Peter Parker.

-Tu dois être ce jeune mutant dont Dean m'a parlé, celui qu'HYDRA importune. Comment t'appelles-tu, mon garçon ?

« Pff, comme si vous ne le saviez pas déjà », songea Dean en se retenant pour ne pas rouler les yeux. À l'heure qu'il était, Charles avait probablement déjà dû fouiller l'esprit de chacun des nouveaux arrivants – excepté le sien, bien entendu – pour connaître leur identité, leurs facultés et les raisons ayant motivé leur présence sur les lieux. C'est ce que lui aurait fait s'il avait possédé un tel pouvoir télépathique, en tout cas.