J'avais l'habitude d'avoir des petits crushs sur des profs ou des minis obsessions, des fixettes de quelques mois. Parfois j'avais même des obsessions sur des profs que je trouvais laids ou que je n'aimais pas.

Je montais les escaliers pour aller jusqu'à la salle cent quarante-cinq, pour la deuxième fois en moins de vingtaine-quatre heures, ce qui était trop à mon goût.

Tout le monde attendait devant la salle.
Maintenant que ma prof d'anglais me détestait je regrettais de plus en plus d'avoir pris une spécialité en anglais.
J'enlevai les AirPods de mes oreilles pour les remettre dans la boîte.
Madame Davies ouvrit la porte et laissait entrer les élèves.
Quand vint mon tour d'entrer dans la salle elle me bloqua.

-Vous n'avez pas oublié j'espère .

-Bien sûr que non madame.

-Bien, entrez alors.
Je me dépêchais de prendre la place restante à côté de la fenêtre, j'étais le plus loin possible de madame Davies.
Elle se dépêchait d'aller à son bureau quand elle se tourna dans ma direction.

-Non, non et non. Toi tu viens devant.

J'ai pris mes affaires en tentant d'éviter les regards sur moi et j'allais m'asseoir à l'endroit qu'elle m'a indiqué avec son doigt.

Ma bonne humeur venait tout simplement de s'envoler, j'avais envie de soulever ma table, hurler et qu'on me pardonne pour cette pensée mais j'avais envie de lui faire goûter mon poing. Je fis de mon mieux pour ne pas laisser ma colère paraître parce que dieu sait ce qu'elle serait en mesure de faire si j'avais la malchance de serrer le poing un peu trop fort ou de respirer trop bruyamment.
Je n'avais jamais eu de problème avec un seul professeur dans ma vie, j'étais vu comme la bonne élève, elle me donnait l'impression de ne plus l'être comme si elle m'enlevait mon titre d'élève disciplinée et rien ne pouvait me rentre plus triste et en colère que de me montrer que je suis bonne à rien dans une discipline que je pensais maîtriser.
Des larmes montaient peu à peu, je serrais les dents pour les empêcher de monter.
Je fis de mon mieux pour suivre son cours jusqu'à la fin sans m'effondrer.
Je me hâtais de ranger mes affaires dans mon sac.

-Alice ?

-Oui ?

-vous pouvez venir s'il vous plaît ?
"S'il vous plaît" c'est étrange mais c'est la première fois que j'entendis quelque chose de sa part que ne paraissait pas autoritaire.

-Pour votre heure de colle nous serons dans la salle juste à côté de celle ci, à droite. J'espère que vous serez à l'heure.

-Oui madame.
Répondis-je avec un semblant de respect.

Je ne savais pas si c'était ma tête, mon style, ma manière de parler, mais elle en avait après moi.

Je retrouvais Zya qui m'avait envoyé un message pour me dire qu'elle était devant le self.

Nous étions assises sur un banc non loin du lycée.

J'ai toujours ressenti une certaine solitude même en étant assez entourée, j'ai toujours eu cette sensation d'être différente, d'être incomprise, de ne pas réussir à m'intégrer totalement de ne pas réussir à parler de la même manière que les autres, d'avoir un décalage ou de ne pas être assez. Je ne sais pas réellement d'où cela provient mais en arrivant au lycée je me suis rendue compte que c'était peut-être parce que j'étais lesbienne peut-être que mon décalage vient que j'ai passé mon enfance à essayer de comprendre ce qui était différent chez moi au lieu de juste m'amuser et que tout ça à influencer ma manière de parler et de réfléchir. Parfois je m'en veux de penser que si je parlais avec des gens de la même orientation je me sentirais peut-être mieux comprise.

Je me levais et me dirigeais vers la prof.

-Nous allons attendre que tout le monde sorte de la salle.

Je ne me posais pas de question et je m'asseyai sur une table, pour attendre que tout le monde sorte, comme elle m'avait indiqué de le faire.

Je marchais vers la salle qu'elle m'avait indiqué ce matin avant de sortir de cours.
Des élèves étaient toujours à l'intérieur.
Elle ouvrit la porte et dit :

- Nous allons attendre que tout le monde sorte

-Asseyez-vous mademoiselle.

Je m'assis.

-Je n'aime pas votre comportement.

-pardon.

-Je préfère les élèves qui se contentent d'écouter mon cours sans broncher, je vous ai prévenu, si mon cours ne vous plaît pas, vous pouvez toujours partir et ça vaut aussi pour vous Alice.

-Oui madame.
Dis-je en la regardant dans le blanc des yeux.

Sans savoir pourquoi, j'aimais la manière dont elle me parlait, ça me plaisait.

-Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous pendant ces deux heures de colle.

Elle se leva de sa chaise puis fit le tour de son bureau afin de s'approcher de moi.

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Comme on se retrouve, on dirait que le premier chapitre vous a assez plu pour que je vous surprenne ici au deuxième chapitre :)

J'adore lire vos commentaires sur mes chapitres, vous êtes très drôles.

Madame La Professeur Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz