Chapitre 5 : Un double et des phases

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— Ouais ? Entrez ! Gueule l'homme.

J'ouvre timidement.

— Bonjour, fis-je.

— C'est pourquoi ?

Son crâne chauve est luisant, je crois, même, qu'il transpire à grosse goutes sous son pull. Le grassouillet n'est pas des plus aimables.

— Le bâtiment F n'est pas ouvert...

Il roule des yeux.

— Il faudrait surveiller vos mails, mademoiselle, annonce-t-il en arquant un sourcil. Vous n'avez donc rien reçu ?

— Pardon ?

— La peinture est en train d'être refaite, notamment dans l'amphithéâtre principal. Le bâtiment est, de ce fait, fermé aujourd'hui. Regardez bien vos mails, au cas où la situation serait amenée à se prolonger.

J'ai l'air stupide. Mes mails, je les avais sous les yeux, quelques heures auparavant. Soupirant, je remercie le concierge et referme. La journée commence bien. Je contourne le cabanon et longe le parking. J'ai fait mon sport de la journée. Je remarque que les vitres teintées du SUV se sont abaissées. Les phares sont allumés. Forcément, je marque un arrêt, à un mètre du coffre, pensant que le conducteur s'apprête à faire une marche arrière.

La voiture reste immobile.

J'avance, lentement. C'est un corps surgissant de nulle part qui me fait pousser un cri d'étonnement. Par instinct, je fais un pas en arrière. L'individu qui se tient face à moi, ce monstre prêt à m'avaler, je ne le connais que trop bien. Je serre les dents. Lui, placarde un sourire faux sur ses lèvres.

— Qu'est-ce que tu fous là, Victor ? Balancé-je, les poings fermés.

Calmement, il replace son bonnet, me toisant. Son regard vert-jaune me terrifie, et, il s'en amuse.

— Ma Rose, je suis si heureux de te voir. Pourquoi tu recules ? Je te fais peur ?

— Arrête de te vouloir être sympathique, Victor. Je répète, qu'est-ce que tu me veux ?

J'ai la voix qui tremblote.

— Je voulais te voir, tout simplement. J'étais sûr que tu viendrais à la fac, tu ne regardes jamais tes mails avec attention.

— Tu es déscolarisé, articulé-je.

— Mais je reçois toujours les mails de la fac, il termine dans un sourire encore plus tiré.

Mon esprit est brouillé par les souvenirs traumatisants, les rancœurs. À chaque pas fait en avant, je recule. Je recule de terreur. Victor est capable de tout et, il fallait que le campus soit désert. Tant bien que mal, j'essaie d'écourter la conversation, de contourner mon ancien petit-ami. Lui, n'étant pas de cet avis, me barre le passage.

— Laisse-moi passer ! Gueulé-je en le poussant avec force. Putain, Victor, laisse-moi passer !

— Je t'ai connu plus chaleureuse...

Je crois rêver lorsqu'il ouvre grand ses bras, dans l'espoir que mon corps secoué par les idées folles s'y range. Grave, la répugnance monte, flambe mes veines. Je me revois alors nue, dans ce lit. Et puis lui, je le revois aussi. Victor et moi sommes enfermés, sous une cloche d'immondice, où les senteurs nauséabondes sont palpables. Par senteurs nauséabondes j'entends l'odeur de son corps manipulé par ses pulsions, empestant l'obsession.

Rose n'est plus sous contrôle.

Victor avance, je recule, le bras droit engourdi par les picotements. Son sourire, j'aimerai le détruire. Les larmes montent, et, possédée par l'horreur du passé, je lui assène une gifle féroce. Sa tête bascule totalement sur le côté – il apporte sa main à sa mâchoire. Du sang coule de sa narine. S'il avait pu me tuer, il l'aurait fait. Peu m'importe. Je suis en position de commandement, lui, de soumission. Qu'il se souvienne que l'ascendant ne lui appartient plus.

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