Je pourrais te parler de ce gros barbu vêtu de nippes rubicondes. Ou de la naissance de cet enfant-dieu joufflu. Mais je suis un rebelle, tu le sais bien. Voguant vers l'inconnu, le front lourd, le regard perdu dans les nuages de ses pensées, et blablablou. Je te parlerai plutôt du tougelouïk. Tu ne le connais pas, et pour cause, il s'agit d'un animal que je viens d'inventer, mi-chèvre, mi-lézard, avec la particularité étonnante, comme toute particularité à vrai dire, de n'avoir qu'une seule patte. Ça, doublé de son incapacité à ouvrir le bec sur plus deux millimètres, triplé de son absence de véritable membre, hormis cette patte plus ou moins inutile, sur laquelle il sautille de façon comique.
Bref, à peu près nul dans tous les domaines, et incapable de surcroît de digérer quoi que ce soit, excepté une petite limace des marais, éteinte depuis des millénaires... Tu te récries ? Tu cries à l'invraisemblance ? Eh bien apprends-le, note-le, ne l'oublie jamais et prépare-toi à le ressortir à la moindre conversation : le tougelouïk, que l'on ne retrouve plus aujourd'hui que dans les climats les plus humides, les plus marécageux, ne doit sa survie qu'à une espèce bien indigeste de têtards et surtout, tiens-toi bien aux branches du sapin, à son incroyable capacité de reproduction. Quelques minutes suffisent à un individu pour se retrouver en capacité de procréer (à supposer qu'il trouve la force de sautiller vers un partenaire sexuel compatible : les tougelouïk ont en effet non pas deux, mais huit sexes possibles, dont les combinaisons se trouvent ainsi particulièrement délicates (enfant maudit de la nature, te dis-je) et nombreux sont ceux qui s'écroulent exténués après avoir sautillé en vain vers un partenaire inadapté. Triste destin ; pourtant l'espèce, malgré tous les mots qui la frappent, subsiste, grâce à l'ardeur immédiate et sans tabou qui animent les tougelouïks dès les premiers instants. S'ils ont traversé les millénaires, c'est qu'ils se reproduisaient plus vite qu'ils ne mouraient de faim. C'est sans doute ce qu'on pourrait appeler la magie de Noël.
CITEȘTI
Exercices de style
UmorL'écriture n'est pas pour moi que la poursuite d'un long projet coûteux en énergie, en sueur, en cheveux, et en tension nerveuse. Parfois, j'écris simplement comme ça, plus ou moins légèrement... pour occuper mon temps, ma volonté, ma paresse. Le ré...
