Un peu de patience

Regulus (Harry Potter)

Voilà des heures qu'il était planté là, devant ce miroir brisé, uniquement les plus gros morceaux s'accrochaient encore au cadre, le reste s'éparpillait sur le sol..

Pourquoi en était-il arrivé là ? Pourquoi avait-il fallu que ça arrive ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?...

Regulus retira son poing du centre de l'impact, quelques morceaux de verres restèrent incrustés dans sa main.

Il s'effondra au sol, la tête contre le mur de sa salle de bain. Il était plus de minuit, le manoir entier était endormi et pourtant il était plus réveillé que jamais, mais il était aussi vidé de toute énergie. Il ne comprenait pas comment il pouvait être dans ces deux états à la fois...

Un flash, ce sourire, cette femme si pleine de vie, ce regard transperçant...

POURQUOI ?!...

Ce rire emplit son esprit tandis que les larmes montaient... Les débris du miroirs s'enfonçaient dans ses jambes mais il n'en avait rien à faire tant la douleur émotionnelle surpassait sa douleur physique. Il attrapa le plus gros bout dans sa main et le fit miroiter à la lumière de l'unique chandelle qui avait survécu à son déchaînement récent. Tantôt il voyait ses propres yeux, d'un vert émeraude désormais vide de tout bonheur, ne subsistait que la douleur, la tristesse et la haine qu'il ressentait envers lui-même et tous ces Sang-Purs qui ne faisaient que les empoisonner... Par d'autres moments, bien que très brefs, il voyait ses yeux à Elle... Des yeux d'un bleu plus profond que la mer, si profond qu'on s'y noierait...

Il cligna des yeux et une larme roula sur sa joue avant de tomber sur le miroir, il serra la main, de plus en plus fort, ignorant la douleur des blessures qu'il s'infligeait, laissant les bords effilés lui entailler la main jusqu'à ne plus avoir la force de le tenir. Il laissa tomber son bras, le bout de verre rebondit sur le sol, recouvert de sang.

Il regarda sa main comme s'il la découvrait, elle était plus rouge qu'autre chose, les entailles étaient profondes, mais qu'était-ce que la douleur quand le trou béant qui s'était formé dans sa poitrine ne faisait que s'ouvrir encore plus à chaque inspiration ?...

On frappa légèrement à la porte. Il redressa la tête, ses cheveux trempés de sueurs et de larmes lui collaient au visage.

-Quoi ?!

-Regulus ? Tout va bien ?

-Dégage Sirius, va te coucher !

N'entendant pas de réponses il attendit de voir si son frère était bien parti, puis en ayant cette certitude il soupira. Comment pouvait-il l'expliquer à Sirius ? Et que serait sa réaction ? Il savait que d'une part il le comprendrait, mais pour le côté sombre et triste de cette histoire, il aurait sans doute plus de mal.

Il posa un regard douloureux sur la lettre qui tenait miraculeusement sur le rebord du lavabo encore intact. Cette lettre venant de Larya Thombs, cette femme si chère à son cœur, cette femme qui malheureusement, selon les points de vue n'était pas pure mais une « Sang-de-Bourbe », une sorcière issue d'une famille Moldue, cette femme qui savait qu'elle ne pourrait jamais faire sa vie avec Regulus qui lui venait d'une famille de « Sang-Purs » qui haïssaient plus que tout, les sorciers qu'ils décrivaient comme impurs... Cette femme qui lui avait envoyé cette dernière lettre, déclarant tout son amour, avant de se donner la mort en sautant de la plus haute falaise d'Angleterre... Cette femme qu'il aimait tant, et qui était définitivement partie...

Regulus se releva, attrapa une feuille et une plume, utilisant son sang qui maculait le sol il se mit à écrire quelques mots, quelques larmes coulèrent lorsqu'il pensa à la réaction du seul membre de sa famille auquel il tenait vraiment, qu'allait penser Sirius ? Allait-il se dire que Regulus avait été lâche ou justement, courageux ?...

Puis il attrapa la bouteille de Whisky Pur Feu qu'il mélangea à un flacon de diverses potions qui, il le savait, pourraient l'aider à parvenir à ses fins, il avala le tout, pris la lettre de Larya et tomba au sol.

De ses dernières forces il sourit et murmura « Je viens te retrouver mon amour... »

Quand Sirius le trouva au matin, il tomba à genoux aux côtés du corps de son frère, il vit son mot d'adieu et le lu à travers ses larmes.

« Mon cher frère, ne m'en veut pas de partir par amour, mais vivre sans elle ne signifierait rien à mes yeux. Je t'aime »

Puis il aperçut, plus bas, en plus petit « Dommage que l'Avada Kedavra ne fonctionne pas sur moi-même, ça aurait été plus rapide, je crois »

Quelques minutes plus tard, Sirius se tenait dans le jardin, devant un tas de cendres fumantes, il avait préféré brûler le mot ainsi que la lettre, il voulait que ce dernier secret reste entre lui et son frère, à tout jamais.