Partie 1: Chapitre 4

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Cet homme avait une voix rauque et froide qui la pétrifia sur le coup. Il avait dit ces paroles sur un ton lassé. Et s'il était des leurs ? Elyn se crispa, la peur dans l'âme.

Tout à coup, l'étranger laissa tomber la jeune femme au sol comme une vulgaire poupée de chiffon. Toujours et de plus en plus oppressée, Elyn encaissa le coup en poussant un cri de douleur. Elle n'avait pas de corde autour d'elle, mais elle ne pouvait bouger ne ce serait-ce qu'un seul de ses membres. Quelque chose se resserrait sur elle. Quelque chose de fort et pesant. Tout en débattant contre ce mirage, Elyn tourna la tête et aperçut l'étranger au loin. Celui-ci se déplaçait telle l'agilité d'un chat en faisant valdinguer autour de lui une épée dont la lame brillait dans le noir. Au vu de son apparence, il devait avoir entre dix-sept et vingt ans. Le jeune homme paraissait tellement sûr de lui. Chaque déplacement, chaque frappe étaient mesurés à la seconde prés. Elyn en était fascinée malgré son état instantané.

L'homme se jeta furtivement sur le banc pour prendre appui et sauter au-dessus de l'ombre. Après cela, il fit volteface et planta son épée dans la chance ombrée. La lame sembla avoir une du mal à rentrer remarqua Elyn en voyant les muscles du jeune homme se contracter en même temps. Son sauveur la retira avant de la faire tournoyer et de décapiter une seconde ombre qui venait derrière lui. Elyn se surprit à le contempler. Comment a-t-il pu acquérir une telle maitrise avec cet objet? Elle ne connaissait personne doté de ce savoir-faire dans le village. Peut-être est-ce un vacancier?

Elyn poussa un nouveau gémissement d'angoisse et de douleur inaudible lorsqu'elle sentit que la chose se refermait de plus en plus sur elle. Elle voyait de plus en plus mal la scène, clouée au sol et avec sa vue qui se brouillait de plus en plus. Elle voulut crier pour l'appeler pour qu'il vienne l'aider, mais, encore une fois, rien ne sortit. Elle ne savait ni comment se mettre ni quoi faire pour soulager sa douleur.

Après avoir éliminé toutes les ombres dans les parages, Elyn apercevait vaguement le jeune homme ranger tranquillement son épée. La haine la prit. Il était en train de ranger soigneusement son arme pendant qu'elle était au bord de l'hystérie voire même de la mort.

Lorsqu'elle s'aperçut qu'il se tourna et s'avança enfin vers elle, un sentiment d'apaisement la prit, mais, une odeur nauséabonde de moisie et de mort qu'elle reconnaissait, lui prit les narines. Elle tourna la tête en levant les yeux et aperçut vaguement une quatrième ombre, penchait sur elle. Il n'avait ni yeux, ni nez, ni bouche, ni même de traits de visage. Non, c'était quelque chose de sombre et Elyn voyait presque à travers. Totalement immobilisée, elle ne pouvait que l'affronter du regard et lui faire face. Elle se sentait mourir à petit feu, comme si son corps l'abandonnait. L'homme paraissait mettre une éternité à venir vers elle. Peut-être l'avait-il abandonnée finalement? Une étrange sensation de corps sec s'empara d'elle. Comme si elle se vidait de toute son eau. Et puis, vint le sentiment de ne plus sentir ses membres. Elyn avait de plus en plus de mal à respirer. Elle était en train de mourir et elle n'arrivait plus à se battre pour respirer étant si fatiguée et mal en point. Au moment où elle allait inspirer pour la dernière fois, Elyn se sentit se surélever, comme un renouveau qui s'emparait d'elle. Une puissante force se dégagea d'elle projetant l'ombre en arrière. Une force invisible qu'Elyn n'avait jamais ressentie auparavant. Cette nouvelle sensation lui était plus que tout agréable. Comme si tous ses malheurs, toutes ses peines avaient disparu avec cette force. La jeune fille se sentait puissante plus que jamais. À ce moment-là, elle aurait pu conquérir le monde entier. Avait-elle déchargé une source d'énergie sous l'adrénaline comme certains l'affirment? Une puissance surhumaine sous l'effet de peur, de colère ou de chagrin. Elyn voulait y croire à tout prix. C'était en fait la seule explication plausible à tout ceci.

La jeune femme se redressa alors brusquement, apercevant vaguement la silhouette de son sauveur encore prêt à attaquer. Il se rapprochait au pas de course l'air surpris, le visage tourné vers elle. Elyn tourna sur elle-même cherchant de vue une quelconque ombre, mais rien. La dernière s'était volatilisée. Un sentiment de délassement la prit. Elle était sauvée. La jeune femme, toujours prise de cette force soudaine, se releva. Mais au moment où elle voulut faire un pas, sa vue se brouilla et elle chancela comme si toute sa force s'était épuisée en une seule seconde. Ses jambes se dérobèrent sous son poids et la dernière image qui lui resta fut celle de cet homme qui accourait vers elle.

Elyn se réveilla soudainement en sentant le sol dur sous son corps. Elle reconnut alors l'entrée de sa maison. Elle était à l'extérieur et il faisait encore nuit. La jeune femme se souvint alors des ombres, de cette seringue, de cette sensation d'étouffement et de cet homme. Tout lui revint en un violent tourbillon dans sa tête. Mais pourquoi se retrouvait-elle là dehors à l'entrée de sa maison en pleine nuit ? Elyn serra les dents, peut-être avait-elle trop bu la veille ? Non, elle ne se serait pas mise dans ces états-là... Enfin, elle ne l'espérait pas.

Elle décida de se relever en s'accrochant à la boîte à la lettre qui était juste à côté d'elle. Un redressement péniblement dût à ses courbatures. Dormir à même le sol ne lui avait pas fait du bien. Elle jeta un regard aux alentours priant pour que personne ne s'aperçoive de son état.

Si sa mère la voyait là, à ce moment même, elle lui piquerait une de ses crises qui en ferait frémir plus d'un. Si elle arrivait à se faufiler dans sa chambre à temps avant que sa mère ne la réveille pour partir, elle n'en saurait rien. Elyn entreprit de rejoindre la fenêtre de sa chambre lorsqu'elle entendit un bruit de porte. La jeune femme se décomposa directement. Son visage se raidit lorsqu'elle comprit que sa mère la regardait d'un air mi-énervé mi-inquiet. Ynora accourut vers sa fille et la serra fort. Elyn savait très bien comme cela allait se passer. Pour l'instant, c'était le câlin de retrouvailles, ensuite, suivrait la colère et enfin les explications.

— Tu étais où bon sang ? cria sa mère. Tu vas bien ?

— Je... Je suis allée chez Lola et Charly, balbutia Elyn.

Sur ses paroles, elle se rendit compte qu'elle avait retrouvé sa voix. Elle était restée trop longtemps sans voix dans son cauchemar qu'elle était surprise d'en entendre le son à présent.

— Mais tu te rends compte de ce qui aurait pu t'arriver ? Comment j'aurais fait moi ?

— Je vais bien maman, ne t'inquiète pas. Qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive dans ce village ?

— Si je t'avais dit de ne pas sortir, c'est qu'il y avait une raison, Elyn ! cria-t-elle.

Soudainement, Ynora dut se rendre compte du ton qu'elle avait pris. Elle regarda paisiblement sa fille montrant un visage un peu plus adouci et inquiet.

— J'ai cru que je t'avais perdu, termina-t-elle.

— Mais je suis là, la rassura Elyn en souriant timidement.

— Tu ne me refais plus jamais un coup comme cela ! reprit sa mère en se redressant. Vient manger un bout, on part dans une heure.

Elyn entra suivant sa mère de près. Elle pensait qu'elle crierait plus, mais elle s'était trompée.

— Et puis tu iras prendre une douche, termina sa mère rentrant dans le couloir.

Elyn resta bouche bée. Et si sa mère avait senti l'odeur de l'alcool ? La jeune femme renifla son t-shirt, mais cela ne servit à rien. Elle était trop habituée à son odeur. Aussi, pria-t-elle intérieurement pour que sa mère, n'ait pas senti l'alcool de la veille au soir.

 A suivre...

PandoreWhere stories live. Discover now