Jardin Secret

4 0 0
                                    

Par le hublot, le ciel se dégrade dans les tons océans, au ciel d'étoiles encré de la nuit. Le soleil pointe le bout de son nez petit à petit, et l'éclairage s'éclaircit.
Je bat de mes cils cendrés tout en apportant à mes lèvres, le verre d'eau glacé, mis à ma disposition.

Quand je me décide à clore mes paupières mats, l'image d'Isi vient surprendre mes pensées. Ses boucles blondes mis-longue, son installées sur le bord de son épaule pâle. Elle a un petit nez curieux, et de jolies pommettes roses, bien remontées au rabats de ses cils. Son corps est bien dessiné, recopiant à la perfection, la couleur du lait.

J'ai honte de revenir dans mon village d'enfance, après tant de temps passé à roder dans les rues d'Amérique. Retourner en France, deux années plus tard, après avoir coupée les ponts avec mon entourage, c'est odieux.
Mais si j'avais pris compte, de l'importance que mon père impliquait à son travail, je serais certainement rester, et rien de tout ça ne me serais arrivé.
Cependant, ce n'est pas le cas. Dans 30 minutes, je serais à Jovers. Dans 30 minutes, je me ferais lamentablement rejeter, par ceux que j'ai éjectée de ma vie, quelques années plus tôt.

Je tente de visionner mon apparition aux yeux de tous.
Ma meilleure-amie va certainement être choquée. Elle ne me pardonnera pas d'être revenue. Elle ne me pardonnera pas, tout court, d'être partis. Elle aura refais sa vie, elle aura de nouvelles amies bien mieux, et elle ne se gênera pas, pour me faire vivre la misère.
Eden, son frère, tiendra toujours autant à moi. Du moins, c'est ce que mon cœur désire. Il aura toujours cette attitude protectrice qui le hantait, et cette confiance, inestimable envers ma personne. Nous étions amoureux. Et je crois... Que pas un jour c'est écoulé sans que je n'ai, vraiment, cessé de l'aimer. Mais jamais nos lèvres ne se sont rencontrer. Jamais ses doigts ont glissés une mèche dorée derrière mon oreille. Jamais, il ne m'a dit : "Je t'aime". Le mot Jamais définissait notre relation à la perfection.
Bien, que je n'ai jamais su, si ce soit sa soeur, Isi, qui nous empêchait d'atteindre ce que nous souhaitions en secret.
Je me demande ce qu'il en sera, quand mes pieds auront effleurés, le sol de la France. Je me demande, comment mon ex, Austin, réagira lui aussi. Je me demande, si Austin et moi... Sommes encore ensemble.

Une voie raisonne dans l'avion.
-Mesdames et Messieurs, veuillez attacher vos ceintures, pour des questions de sécurité. L'avion prépare son atterrissage. Je vous prierai de ranger vos tables de bords. Merci.
La voie se répète en boucle. De l'Allemand, de l'Anglais, de l'Espagnol, de l'Italien..
J'appuie mon cou sur le coussin en billes, et relâche un long soupire.
Je tourne mes pupilles sur les visages voisins et les inspectes de haut en bas.
Aucuns adolescents à portés de vus. Seulement des adultes.
Je les imagines se rendre en France pour des affaires, des missions. Comme mon père.
Costumes cravates, mallettes, lunettes à verres teintées, et montres en argent massif, intériorisés par des aiguilles en or jaune. C'est le monde des hommes et femmes d'affaires. Le monde qui oublie sa famille aussi vite que son premier stylos. Un univers de dérangé.
C'est mon opinion.
Les turbulences dotés de hautes fréquences commencent à se sentir. Les chemins se tracent sous la vue nette que mes yeux fournissent, et les roues atteignent le sol en moins de deux.
Ça y'est. Je suis arrivé.

Après avoir réglé chaque détail, comme du papier à musique, je rejoins ma mère.
Son visage est illuminé, et je perçois beaucoup de changement en elle.
Elle a teint ses cheveux caramel en réglisse, et a troqué son jean azur et sa tunique jaune moutarde, pour une robe indigo aux reflets argentés.
C'est typiquement le style de robe, que je ne supporte pas. Mais sur elle, sous sa longue chevelure et sa magnifique peau chocolatée, elle est belle.
Comparé à ma peau mat, la sienne à bronzé.
Je devais en venir à l'évidence. Ma mère a changé. Durant mon départ, elle s'était métamorphosée.
J'avais eu l'occasion de l'appeler. Et je l'avais fais. Mais la voir, en face de moi, ses yeux plantés dans les miens et ses bras écartés... C'est une tout autre sensation.
Je m'avance en la dévisageant, puis lui saute dans les bras. C'est immédiatement le réconfort qui m'envahit. Ses paumes sont chaudes et ses cheveux sont doux.
Je prends du recule avant de balancer:
-Tu as changée.
-Toi aussi, ma puce..
Elle me distingue avec prudence, et attrape ma valise en souriant de ses lèvres mauve.
-Alors, dis-moi. C'était comment chez ton père ?
-Oh, pas mal, pas mal..
Je mens. Rien ne s'est déroulé comme je l'avais imaginé, et les retrouvailles avaient étés froides. En résumé: Je m'étais fais chiée, pendant 2 ans.
-Tu sais chérie, je voudrais que tu sache qu'il vaudrait mieux que tu vois Isi en dernière. C'est toujours préférable de voir, ceux qui ont le plus d'importance à la fin..
Je lui lance un regard remplie de sous-entendus.
-C'est le contraire maman.
Elle s'approche de sa voiture munit d'un sourire sur le côté.
-Crois en mes expériences ! Dit-elle en ajoutant un clin d'œil. Bon, bouge toi ! J'aimerais que tu puisse t'installer rapidement.
En ressentant sa tape dans mon dos, je m'empresse d'ajouter:
-Ah et pourquoi ça..? Madame a un rencard ?
Ses joues s'empourpre.
-Absolument pas ! Il faut que j'emmène ta soeur à la campagne vers 12h.
Elle m'ouvre la portière, toujours apparemment gênée.
-C'est loin ?! Je demande en attachant ma ceinture brûlante.
-À quelques heures.. Ne m'attends pas pour souper.
À cette instant, je me suis demandée, d'où lui venait ce mot : "Souper".
Quand elle attrape le volant, j'en profite pour saisir mon portable.
"Je rentre à la maison, si j'ai bien saisis tu vas à la campagne après ?"
Une confirmation d'envoie me parvient.
Lyson me répond aussi vite :
"Tu fais la flic maintenant ?"
Je lève péniblement les yeux à la fenêtre avant de rétorquer :
"Rectification. Je vérifie."
L'écran brille aussitôt :
"J'ai 15 ans et non 3"
Ma main frappait mon genou avec tempo. Si je l'avais en face de moi, je suis certaine que l'envie irrésistible de la gifle aurait succombé.
"Apprends à compter junior, t'en as encore 14"
Cette fois-ci, j'éteint mon téléphone sans attendre d'insultes. Faire confiance à ma mère n'est peut-être pas finalement, une si mauvaise idée..

Jardin SecretWhere stories live. Discover now