Chapitre 2

1.6K 156 8
                                    

Au début, j'ai voulu retrouver les personnes qui avaient eu la chance d'avoir ce qu'il restait de lui. Cependant, les autorités ne me laissèrent pas faire. Soit disant, il fallait garder l'anonymat des personnes pour ne pas s'immiscer dans leurs vies.

N'importe quoi, comme si j'étais capable de les harceler... Bon, d'accord je l'admets...Je peux parfois me montrer un peu intrusive mais je n'ai pas de mauvaises intentions...Je voulais juste voir si une partie de lui existait toujours, j'avais besoin de me raccrocher à ça puisqu'à l'entoure de moi, peu à peu les souvenirs disparaissaient. 

Je l'appelais pour écouter le son de sa voix sur le répondeur, je ne changeais pas les draps pour capturer son odeur, j'entrais dans sa fameuse Impala de 1967 qui sentait bon son parfum boisé.

A contre cœur, je dû admettre que la voix de son répondeur ne me suffisait plus, que mon odeur finit par remplacer la sienne, qu'ouvrir régulièrement la portière de sa voiture de collection finit par dissipé l'odeur, que ce qui me le rappelait finit par disparaître. Et ça me terrifiait.

Je ne voulais pas oublier ces sept longues et merveilleuses années. Beaucoup m'ont dit qu'on n'oublie pas mais qu'on vit avec,... mais c'est faux. Archi faux. Notre cerveau finit par oublier naturellement de lui-même, qu'on le veuille ou non.

Que me restera-t-il lorsque tout ne sera plus qu'un flou ? Qu'une partie de ma vie sera classée dans les dossiers de mon inconscient ? Je n'aurais plus que les photos et la douleur qui m'oppresse la poitrine.

Je savais qu'il n'aurait pas voulu que je me morfonde, lui qui aimait tant la vie à l'inverse de moi! C'est grâce à lui que j'avais retrouvé le goût de vivre, de la croquer à pleine dents. Et maintenant qu'il n'était plus là, j'en cherchais désespérément un sens.

Au fil des mois, je pris des décisions très dures. Je déménageai, j'offris certains de ses vêtements à des œuvres caritatives, je rangeai dans des cartons nos souvenirs. Cependant, je ne pu me résoudre à vendre sa voiture, lui qui la chérissait tant. Il l'appelait « ma deuxième femme », il la bichonnait, lui parlait, la réparait quand elle en avait besoin. Il l'aimait vraiment.

Son ami, Gavin, me remercia des millions de fois d'avoir accepté que je lui donne les organes pour qu'il ait la vie sauve. D'ailleurs, j'étais invité à son mariage. Ce fut trop dur pour moi de voir leur bonheur exposé aux yeux de tous or que moi j'étais morte ce soir-là avec lui.

Ils criaient à qui voulait entendre leur amour. Pour ma part, j'avais envie de les étrangler avec cette joie qui les animait. Pouvaient-ils seulement comprendre ma douleur de les voir en vie et en pleine santé ? De les voir réaliser leurs rêves de mariage et de vie de famille ? Ils les vivaient pour moi car on m'en avait privé en me l'arrachant.

Après une bonne année, je sortis de nouveau. Le goût de m'amuser ne m'animait plus, je ressentais un vide sidérale puisque nous avions construit tous nos souvenirs ensemble. Que ce soit ma première cuite, le premier baiser sous le gui ou encore la première bagarre pour protéger ce qui était mien.

Il n'y avait pas un seul jour où je ne pensais pas à lui. Devant les autres, j'essayais de faire bonne figure mais quand la porte est fermée, je laisse le flot de larmes m'emporter.

J'ai beau me maudire d'être aussi faible mais rien n'y fais, je l'ai dans la peau peut importe où qu'il soit. Je sais que de son petit nuage, il relooke mon fessier rebondit.

J'ai finis par rencontrer un garçon, une oreille pour m'écouter, une épaule pour me reposer. Mais ce ne sera jamais aussi merveilleux qu'avec lui et d'une façon je pense que c'est mieux ainsi. Au moins, Elyas aura toujours une partie de mon cœur.

HeartbeatWhere stories live. Discover now