L'incroyable histoire d'Ali

3

Les semaines passaient, et Ali se consacrait corps et âme à son travail. Chaque jour, il s'affairait à laver les babouches sales, se salissant les mains et les genoux pour rendre à ses clients des chaussures propres et brillantes. Son visage était souvent sale de crasse, et ses mains portaient les traces de l'effort constant.

Pourtant, malgré son labeur acharné, les gens dans les rues de Bagdad semblaient rarement remarquer l'effort d'Ali. Ils passaient devant lui, absorbés par leurs propres préoccupations, à peine un regard ou un "merci" ne lui étaient adressés. Il était comme un fantôme parmi la foule, un homme humble et invisible, dont le travail acharné passait souvent inaperçu.

Mais Ali ne se laissait pas abattre. Chaque paire de babouches propre qu'il remettait à un client lui procurait un sentiment de satisfaction et de fierté personnelle. Il savait que son travail avait de la valeur, même s'il n'était pas toujours reconnu à sa juste mesure. Sa générosité envers les plus démunis se poursuivait également. Chaque fois qu'il pouvait aider quelqu'un dans le besoin, il le faisait sans hésitation. Sa compassion était devenue contagieuse, et d'autres commençaient à suivre son exemple.

Un jour, alors qu'Ali était occupé à laver les babouches d'un riche client vêtu de soie et de bijoux scintillants, la scène se transforma en une situation humiliante. L'homme observait Ali avec un mépris évident, et un sourire condescendant se dessina sur son visage.

"Regardez-moi ça !" s'exclama-t-il en montrant Ali à un groupe d'amis qui l'accompagnait. "Ce misérable laveur de babouches ressemble à un mendiant. Comment oses-tu toucher mes précieuses babouches avec tes mains sales ?"

Les amis de l'homme riche éclatèrent de rire, tandis qu'Ali, le visage rougissant de honte, baissait la tête. Il se sentait impuissant face à l'arrogance du client.

"Écoutez, monsieur," répondit Ali d'une voix calme malgré son humiliation, "je m'excuse si mon apparence ne vous convient pas, mais je fais de mon mieux pour vous servir avec dignité."

Le client riche, au lieu de se montrer compréhensif, continua de le ridiculiser. "Dignité, tu dis ? Un laveur de babouches ne mérite aucune dignité. Tu es né pour être dans la saleté, vaurien."

Les paroles cinglantes de l'homme ricochèrent dans l'esprit d'Ali. Il sentit la colère monter en lui, mais il résista à l'envie de répondre par des mots blessants. Au lieu de cela, il se concentra sur son travail, déterminé à ne pas laisser les paroles méchantes de l'homme l'atteindre. Il prit le pied de l'homme et lava sa babouche. 

Finalement, les babouches du client riche étaient propres et étincelantes. Ali les lui remit avec le même respect qu'il offrait à tous ses clients. Le client, satisfait de son travail, paya Ali sans un mot de gratitude et partit avec ses amis en riant de plus belle.

Après le départ du client arrogant, Ali regarda ses mains sales et ses vêtements usés. Il avait été humilié, mais il savait que son travail était honnête et qu'il méritait le respect. La rencontre avec ce client odieux renforça sa détermination à persévérer et à continuer à laver des babouches avec dignité, en dépit de l'ingratitude et de la cruauté de certains. Son rêve d'un avenir meilleur restait inchangé, et il était prêt à affronter tous les obstacles sur son chemin.