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Pendant plusieurs jours je ne dors presque pas. La nuit dernière je me suis couché tôt; j’étais déjà couché à dix heures. N’ayant rien d’intéressant pour lire, je suis resté longtemps les yeux fixés sur le plafond, et la pensée sur le contrôle du médecin. Le dos me faisait mal, et je ne pouvais pas rester immobile plus de quelques minutes; ainsi donc, même si j’essayais de dormir il ne m’était pas toujours possible de le faire. Le bruit du réveille-matin résonnait dans toute la chambre. De temps à autre je regardais le vieux réveille-matin en plastic de couleur orange, voyant comment les heures passaient et je ne m’endormais pas. Ce n’était pas une affaire de nerfs, malgré que j’étais fort préoccupé par ce que le médecin allait me communiquer. En réalité, il s’agit d’un problème physique. Ici, dans ce maudit village, les hivers son très humides, ce qui fait que, au cours des années, mes os se trouvent défaits. J’éprouve de grandes douleurs des cervicales, et les articulations s’enflent. Je prends une grande quantité de médicaments, mais le rhumatisme semble gagner la bataille. J’ai passé une des nuits les plus dures; je sentais comme si l’on me donnait des coups de pied sur tout le corps. En réalité, seulement pendant quelques minutes je réussis à concilier le sommeil d’une manière discontinue. Lorsque, finalement, à cause de la fatigue, je me suis endormi, le maudit réveille-matin commença à sonner.

—Tais-toi, misérable! —crié-je en lui lançant un coup de poing.

Ensuite, je me suis levé, mais, en m’asseyant au bord du lit, toutes les vertèbres crièrent comme une crécelle. Je pris de l’air en supportant la douleur: j’étais en train de me mentaliser pour le pire. J’avais les médecines dans la cuisine; ainsi, je devais nécessairement me lever pour aller les chercher; sans ce faire, je les prendrais sur le lit sans essayer de me mettre debout. Je pris appui sur la table de nuit d’une main, et de l’autre sur le lit. J’ai pu ainsi étirer les jambes.

Bon, ça n’a pas été trop dur —me dis-je. Mais à peine ai-je donné le premier pas qu’une douleur intense m’a blessé comme une décharge électrique et a remonté depuis le talon au corps tout entier jusque dans la nuque. La douleur me fit presque couler les larmes des yeux; mais, avant d’y penser encore une fois, je me suis mis en marche jusqu’à la cuisine.

Je fis alors du café avec quelques gouttes de lait; chauffé jusqu’à le faire bouillir je le pris ensuite à la fois qu’une collection de pilules de toutes les couleurs. J’attendis les quinze minutes de rigueur tout en contemplant l’horloge numérique du four jusqu’à ce que les médicaments commencent à faire leur effet. Une fois terminé le rituel de tous les matins, et après que les articulations se soient bien chauffées, je pouvais réaliser une vie normale. Je m’habillais alors tranquillement et je sortais à sept heures moins cinq. Les quelques minutes qui restaient pour que l’heure soit complète étaient suffisants pour monter en voiture et parcourir les deux rues qui me séparaient de l’intendance.

Il s’agit d’une petite localité; d’un extrême à l’autre, on peut aller à pied en quelques minutes; et malgré tout, nous allons tous en voiture. En ce qui me concerne, mon âge et mes problèmes justifient cette façon d’agir; en ce qui concerne les autres, ça n’a pas de sens. Je suppose qu’en agissant ainsi, nous nous sentons des personnes plus civilisées. Pourquoi disposer d’une voiture et ne pas l’utiliser? Quoique celle-ci ne soit pas la question correcte, il faudrait dire plutôt: pourquoi acheter une voiture si tu n’en as pas besoin?

À peine sorti par la porte de chez moi, me reçoit la peu agréable et intense pluie qui me fait venir à la mémoire les problèmes dont nous souffrons ces derniers temps. De nombreuses fermes étaient inondées par l’eau, et nous devions y aller personnellement pour prendre l’information des dommages afin que, ensuite, les assurances ou le gouvernement s’en responsabilisent. Le ciel noir filtrait la lumière du soleil qui semblait illuminer tout de couleurs de tonalités grises. C’est ce temps humide que mes os ne pouvaient pas supporter; je devrais peut-être solliciter mon déplacement à une zone plus chaude pour pouvoir jouir de ma retraite. Les jours comme celui-ci me causent beaucoup de souffrances. Je ne me souviens même plus depuis quand nous souffrons ce mauvais temps; on dirait qu’il pleut depuis toujours; il m’était impossible de me souvenir d’un jour ensoleillé.

LA MACHINE À FLAIRER « El Olfateador »Där berättelser lever. Upptäck nu