Prologue

21 4 1
                                    

Nous étions encerclés par les gardes, armés de pistolets. Même si je savais que leur arme la plus redoutable n'était pas ces flingues.

Les cinq hommes nous fixaient intensément, Dune et moi. Leurs visages brillaient sous la lumière de la Lune, à la lueur de laquelle nous apercevions les tatouages couleurs braises qu'ils avaient autour du cou.

L'une d'entre eux s'avança vers nous et ricana :

- Je n'aurais jamais pensé me trouver un jour dans cette position.

Elle fit tomber sa cape, ce qui me permit de la voir. Taaris...

- Que veux-tu de nous, Taaris ?

- Je te croyais plus perspicace, Dune...

        Déjà, je ne souhaite rien de toi, pauvre Terrâme... La Vaâme me suffit.

Je grimaçai. Elle parlait évidemment de moi.

Je savais ce que Taaris voulait, mais je ne pouvais me résoudre à le lui donner.
Pas après les sacrifices que j'avais fait pour l'obtenir.

Je connaissais Taaris par cœur pour l'avoir fréquentée pendant longtemps, et je connaissais ses tactiques. Elle n'aimait pas quand tout était trop long.

L'impatience. C'était son Défaut.

Alors, laissant Dune s'en sortir tout seul avec cette psychopathe, je préparais un plan. La seul arme que je possédais était un revolver six coup, caché dans la doublure de mon blouson. Cinq gardes, six balles. Je ne devais pas rater mon coup. Surtout que le ton commençait à chauffer.

- Trouvez la pierre, ordonna Taaris.

Un des gardes s'approchait dangereusement de moi. Je passai soudain à l'acte. Sortant le flingue de ma poche, je pointai le garde, et sans hésitation tirai.

Le garde s'écroula, et sans que les autres n'aient le temps de réagir, je leur tirai dessus.

Pas des coups mortel,  mais assez fort pour les tenir à distance. Profitant de la pagaille ambiante, Dune donna un coup de poing de le ventre de Taaris, qui se plia en deux, le souffle coupé.

Alors, empoignant Dune, je me mis à courir. Je courrais sans m'arrêter, quand j'entendis des coup de feu. Puis une douleur fulgurante dans la cheville. Je tombais plusieurs fois, mais me relevais aussitôt.

On avait réussi. Les gardes étaient derrière nous. Devant moi, je voyais la rivière des Âmes, sinueuse, impétueuse. Plus que quelques mètres !

Trois mètres... Je revoyais le visage cruel de Taaris.

Deux mètres... Des coups de feu  résonnaient, ma vision devenait de plus en plus floue...

Un mètre... Les gardes couraient vers nous, étaient-ce une hallucination ? Non, leur corps semblait être faits de feu, leur peau rougeoyait et ils crachaient de la fumée.

Dans un dernier effort, je me jetai dans la rivière, et la dernière pensée qui me vient avant de m'évanouir fut : « Qu'avons-nous fait pour en arriver là... ? »

La Rivière des ÂmesWhere stories live. Discover now