Le garçon claqua des mains autoritairement et les deux bagarreuses se séparèrent immédiatement.
Des délégués ? Non.
Le garçon et la fille attrapèrent chacun sans aucun ménagement le bras d'une fille et partirent rapidement à l'extérieur.
Ils étaient des maîtres dont les chiens se battaient.
Je détachai mon regard de cette scène aberrante, et regardai devant moi : Ophélia n'avait même pas jeté un coup d'œil à ce qui venait de se passer. Était-ce si commun comme incident ?
Ce qui me choquait le plus n'était pas tant dans le fait que deux élèves se disputent et en viennent aux mains, non. Ce qui me choquait était que ce soit leur maître qui « règle » la situation, et non un professeur ou autre. Quelle autorité et pouvoir avaient réellement les maîtres sur leur chien dans cette école ?
Si Ophélia ne faisait rien de particulier et dégustait tranquillement son repas, Chokola et Arora, en revanche, étaient en pleine discussion. Cette dernière ne se retenait d'ailleurs plus : sourires, clins d'œil, mordillements de la lèvre inférieure et main qui s'approche lentement de celles de son vis-à-vis ; tout y était. S'il ne s'en rendait pas compte, Nikolas, en plus d'être borgne, était irrémédiablement aveugle.
Ce dernier riait à intervalles réguliers et parlait presque autant que sa groupie.
Je secouai la tête. C'était dans son personnage d'être aussi sociable et bavard, et – malheureusement- dans le mien aussi. Peut-être qu'il parvient à piocher entre les compliments et les flatteries quelques informations utiles.
— Ophélia, commençai-je, sais-tu quand est-ce que le ruban des Nyfødt et le blason de l'école nous seront remis ?
Elle sourit, dévoilant ses dents blanches parfaitement alignées :
— Oui, au début d'un cours. (elle posa la main sur son cœur) Il faudra qu'il couse les blasons du côté gauche, sur le cœur. Et pour le ruban bois, c'est un ruban cravate pour toi et une cravate pour lui.
Je pense que si le dédain était un liquide, j'aurai pu le voir s'écouler en une flaque à ses pieds.