Elementum {Tome 5}

De Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... Mais

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XVI
XVII
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XIX
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XXXI
XXXII
XXXIII
XXXIV
Annonce et remerciements

XII

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De Alice_univers

  Tout en me refaisant du thé noir au citron, j'écoute d'une oreille distraite Ron disputer un jeu d'échec avec Amy. Les deux sont pourtant encore en pyjamas, mais ils ont décidé d'y jouer dès le réveil. Je sens alors l'une des grandes mains de George passer autour de ma taille, tandis que l'autre relève mon menton vers lui, son pouce et son index traçant la forme de ma mâchoire dans une douceur qui n'est pas déplaisante. Je souris en rougissant un peu à son contact, sentant son souffle se saccader quand il se met à ricaner avant qu'il pose doucement ses lèvres sur les miennes. Mon sourire s'étire à travers le baisé et je passe mes doigts dans les pointes de ses cheveux, me jurant de rester constamment en hauts talons pour pouvoir l'embrasser comme bon me semble parce que, décidément, j'adore sa façon de faire.

- Beurk, mais prenez une chambre ! gémit Fred en arrivant dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner.

  Je sépare mes lèvres de celles de George et me tourne vers mon meilleur ami, arborant un sourire exaspéré alors que Ginny arrive à son tour. Ses parents doivent sûrement être en train de discuter avec Éléona comme d'habitude.

- Pourtant, ton esprit fragile devrait se souvenir qu'il a passé une nuit entière dans la chambre de Angelina en troisième année, ironise Ginny.

- Quoi ? s'égosille aussitôt Amy, décollant subitement ses yeux de l'échiquier pour les poser sur Fred.

- C'est vrai qu'il avait les cheveux tout ébouriffés, dit George.

- Oui, il a même dit que ça avait été très sportif, renchéris-je.

- Même plus, il avait oublié de reboutonner un bouton, s'amuse Ginny.

- Sérieusement ? dit Amy, les yeux exorbités, les yeux assombrit.

  Fred a un sourire malicieux et pose ses mains sur le dossier de Amy en se penchant vers elle, la regardant dans les yeux.

- Serais-tu jalouse, par hasard ?

- Sûrement pas, j'ai déjà embrassé Ron, je ne suis pas prête à le refaire avec son frère aîné.

  J'en lâche mon citron que j'étais en train de presser et écarquille des yeux en fixant Ron, qui vire soudain au rouge écrevisse.

- Ce... C'était un accident ! Elle est tombée des escaliers, j'ai voulu la rattraper et on... on s'est embrassés. Mais par accident !

  L'air offusqué de Fred se voit à des kilomètres. Sa jalousie, aussi, mais il n'en montre pas. Au contraire, car il dit en regardant Amy dans les yeux, toujours penché au-dessus d'elle :

- Ça veut dire que je peux aussi t'embrasser là, accidentellement, alors ?

- Ne cherche même pas à essayer, Fred Weasley, ou je te coupe la langue et la façonne en salami !

  Il déglutit et fière de son coup, ma meilleure amie a un rictus joueur et se concentre à nouveau sur la partie des noirs et blancs. George, Ginny et moi nous regardons et ne pouvons nous empêcher de pouffer de rire.

- C'était du grand art, chuchote George à son frère jumeau quand celui-ci revient vers nous.

- Tu te débrouilles bien, affirmai-je ironiquement.

- J'aurai essayé au moins, soupire-t-il.

  Je lui tapote l'épaule d'un geste conciliant, tandis que George ricane moqueusement. Hier soir, après que j'ai raconté ma dispute avec Éléona et que les jumeaux m'ont remonté le moral, Fred nous a avoué qu'il se mettrait dorénavant au défi de faire chavirer le cœur de notre belle Samouraï du Japon. George et moi avons parié cinq Gallion qu'il y arriverait avant Noël.

- Tu es vraiment amoureux de Amy, alors ? s'étonne Ginny à voix basse.

- Non, c'est juste pour essayer de séduire la seule fille qui n'est jamais tombée amoureuse de moi, réplique Fred.

  George toussote.

- Tu oublies Blondie. Elle, elle a toujours été folle amoureuse de moi.

- Tu étais seulement mon dernier choix.

  Il hausse un sourcil, comme si qu'il ne croit pas à ma vacherie. Fred et Ginny gloussent de rire alors que j'étire un sourire malicieux. Mais cette atmosphère est vite gâchée par l'arrivée de Sirius et de Mrs Weasley qui brandit un journal.

- Je n'y crois pas que tu aies fait une chose pareille ! me lance-t-elle avec une certaine irrabilité remplie de déception.

  Je ferme un instant mes yeux en soupirant, les lèvres pincées, et les rouvre en arborant un sourire forcé, me tournant vers Mrs Weasley, toujours dans les bras de George.

- Plait-il ?

- Ne fais pas l'innocente avec nous, Mélody, tu sais très bien de quoi Molly veut parler, réplique Sirius.

  Mrs Weasley ouvre le journal Moldu en deux et l'affiche sous mes yeux. En grand est inscrit « LA NOUVELLE BRUCE LEE ». Ma bouche s'ouvre seule malgré mon immense sourire fier.

- Hey, je suis passée dans le journal, les gars !

- Sérieux ? disent les jumeaux en même temps, prenant le journal des mains de leur mère.

- Il n'y a pas de quoi être fière, tu étais sensée surveiller Harry, et simplement le surveiller, pas te faire remarquer ! me réprimande Mrs Weasley.

- J'espère que tu n'es pas allée le voir, tout de même ? ajoute Sirius.

  Je pouffe d'un rire méprisant et me détache sèchement de George, recouvrant à l'instanté mon cœur dur comme de la roche qui m'a été laissé depuis mon séjour au ministère. Mon petit ami regarde d'ailleurs sa mère avec exaspération et agacement, n'aimant pas qu'elle me dispute (pour les rares fois où elle le fait).

- Léo vous a déjà parlé de ce qui s'est passé, non ? répliquai-je avec dédain en versant mon jus de citron dans ma bouteille au thé noir, la secouant comme un shocker à cocktails.

- C'est très sérieux, intervient Remus en entrant, tu nous avais donné ta promesse.

- Bonjour à toi aussi, Lunard, ironisai-je.

  Ils commencent à me réprimander, mais je fais mine de ne pas entendre et ajoute quelques feuilles de menthe verte avant de porter le goulot à ma bouteille, buvant une gorgée. J'ai un hochement de tête confirmatif ; il est parfait. Je referme le goulot et finis par soupirer quand je commence à en avoir assez de leurs remarques comme quoi j'étais inconsciente et qu'ils ne peuvent donc pas me faire confiance, ce qui me fait lever les yeux au ciel par l'exaspération qui tend sur la colère.

- Si vous êtes venus jusqu'à la cuisine seulement pour me faire part, dès le matin, de ce qui pourrait composer le CV Moldue de Skye Walker - jeune fille qui fait le tour du monde en skate et dont les parents sont militaires - je l'ai déjà gonflé à bloc en parlant aux Dursley, merci, les coupai-je avec sarcasme.

  Amy, George et Fred me regardent en fronçant les sourcils et je le vois bien qu'ils aimeraient interrompre cette discussion, me défendre, mais je leur indique de mon seul regard que c'est inutile. Les adultes sont tous, sans exception, toujours dans l'idéologie de nous réprimander pour un rien. Et même si j'adore Mrs Weasley, je ne peux retenir mon amertume quant à sa façon de faire comme si que j'étais sa fille ; c'est gentil, mais seuls Daniel et Éléona sont mes parents (adoptifs).

- Et pour mon information, je n'ai pas volontairement voulu aller le voir, c'est Dudley qui m'a invité à manger chez ses parents dès que j'ai altéré sa mémoire, ajoutai-je. Piètre essaie de gentillesse, quand j'y pense.

- Tu as altéré sa mémoire ? répète Mrs Weasley, le regard peint de stupéfaction.

- Te rends-tu compte de ce que tu as fait ? dit Remus.

- Évidemment, je ne suis pas idiote. Et je l'ai même aidé à se sentir mieux dans sa peau juste après que lui et ses parents aient bu mon somnifère maison.

- Tu veux dire, le somnifère que tu m'as volé l'après-midi même ? intervient Éléona en entrant dans la cuisine.

  Mon regard s'assombrit et je la fusille des yeux. Je n'ai toujours pas digéré notre dispute d'hier et même si je vois bien la culpabilité qu'elle a, la tristesse et le remord que cela lui vaut, je n'en ai aucun regret : ce sera à elle de venir me voir et s'excuser, pas l'inverse.

- Je crois que ça va devenir une habitude que je fasse votre boulot d'adultes, dis-je avec sarcasme. Après tout, Harry et moi avons bien sauvé le cul de tout Poudlard pendant deux années consécutives, et pourtant, on n'a même pas reçu l'Ordre de Merlin pour ça comme Dumbledore l'a eu, alors qu'il n'a strictement rien fait pour nous aider à part se barrer à l'autre bout de l'Angleterre.

  Je bouscule avec conscience Sirius et Remus à l'épaule, foudroyant Mrs Weasley du regard, m'en fichant considérablement de ce qu'ils peuvent penser de moi.

- Tu fuis encore ? dit Sirius en me voyant m'apprêter à sortir de la cuisine, sans que Éléona me retienne.

  Je me retourne vers lui et sens un feu bouillir en moi malgré que je tente de garder mon calme. Mais ne peux m'empêcher d'avoir un rictus en voyant qu'il a remarqué mes pupilles bordées de rouge par ma colère.

- Je n'ai jamais fuis, répliquai-je. Par contre, les adultes, si. Ça cause toujours, ça cause toujours, mais ça agit peu et ça laisse volontairement le boulot aux enfants qu'on dit après qu'ils sont trop impulsifs, pas assez matures, pas assez adultes. Qu'ils n'ont aussi pas assez fait leurs preuves. Mais qu'est-ce qu'on vous doit ? Qu'est-ce qu'on doit vous montrer pour vous prouver qu'on est assez grands pour pouvoir vivre selon nos propres règles ? Moi, en tout cas, je n'obéis à personne, et surtout pas à vos pulsions d'inquiétude que je ne vous ai jamais demandé ! Mon comportement vous parait égoïste, complètement immature, j'en suis sûre, mais je n'en ai rien à faire. Parce que moi, je sais ce que je fais. Je sais qui je suis et je sais ce que Harry peut penser en ce moment même. Je sais qu'il n'était pas bien, je le sentais comme j'entends vos pensées. Il déprimait, merde ! Il déprimait et ça ne dérangeait personne tant que ça vous permettait à tous de vous décharger de vos responsabilités ! Mais moi, je ne suis pas comme ça. Je ne laisse pas couler le temps de recevoir des ordres inutiles, j'agis. Et si le fait que je pense par moi-même vous dérange, si le fait que j'ai couru tous les risques pour mon meilleur ami vous donne l'impression que je suis totalement inconsciente, ne pensez même plus à me demander d'être de partie pour l'Ordre du Phénix. Ni même à utiliser mes pouvoirs pour faire peur à l'ennemi, parce que je me ferais un plaisir de vous enfoncer le crâne dans le mur.

  Je me retourne sèchement et évite soigneusement le regard impuissant et coupable de Tantine. Avant d'ajouter au dernier moment :

- Et ne pensez même plus à m'interdir de sortir, je n'ai ni cinq ans, ni peur de Kristine !

  Je remonte les escaliers de la cuisine, ne prenant pas en compte le fait qu'ils viennent de m'interpeller et marche jusqu'au hall d'entrée où j'enfile mon blouson en cuir.

- Non, Mélody ! s'écrie Sirius.

- Pourquoi pas ? Je peux l'accompagner, si vous voulez, dit George.

- Laisse nous gérer ça ! réplique sa mère. Et retourne avec les autres.

- Sûrement pas !

- Mélody, n'y pense même pas ! me dit Éléona en pressant le pas.

- Trop tard, c'est déjà en tête !

  J'ouvre la porte brusquement, avant de sursauter et d'avoir un mouvement de recule par la surprise.
  Imposant, majestueux, d'une grandeur surnaturelle, le lion me regarde fixement de ses magnifiques yeux ambrés. Sa majestueuse crinière voltige dans le vent, alors que j'aperçois un étrange halo de lumière blanchâtre autour de lui.

- Par Merlin... murmurai-je, soudain immobile.

  Mais qu'est-ce qu'un lion de cette taille peut-il bien faire là ?
  Mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine. Ma respiration s'accélère.

- Mélody ? dit Éléona, d'un ton beaucoup plus calme.

  Je continue de fixer l'animal qui se met subitement à rugir, me faisant plaquer mes mains aux oreilles par la puissance de son cri. À l'intérieur de mon esprit résonne soudain une voix grave et ferme.

- Reste à l'intérieur, tu y es en sécurité, petite guerrière.

- Quoi ?

  Je relève ma tête, décollant mes mains de mes oreilles, et fronce mes sourcils en remarquant que le lion n'est plus là, laissant à la place des pétales de pivoine et de rose se faire emmener par le vent. Mais... qu'est-ce que...
  Je vois l'ombre d'Éléona passer pour fermer la porte, mais je n'en tiens pas compte, encore perturbée par l'apparition de ce lion que personne à part moi ne semble avoir vu.

- Mais qu'est-ce qui t'a pris, voyons ? dit ma tante. Tu sais ce qui aurait pu se passer si tu te serais retrouvée dehors, tu n'imagines pas...

- Bien sûr que si, j'imagine très bien et je m'en fiche royalement ! m'emportai-je en repoussant ses mains qui me prenaient aux biceps. Mais évidemment, j'ai été la seule à le voir, ce lion.

- Ce lion ? répète-t-elle, confuse. Quel lion ?

  J'ai un rire méprisant.

- Ouais, je suis la seule à l'avoir vu, constatai-je.

  J'évite leurs regards à tous, ne préférant m'attarder sur le sujet, et remonte quatre par quatre les escaliers avant de fermer la porte de ma chambre dans un claquement sonore. Hermione, qui lisait un de ses livres scolaires, sursaute en me voyant entrer comme une furie.

- Mélody ? Tu es sûre que ça va ?

  Je me tourne vers elle, la respiration rapide, tapissant ma fureur pour ne pas qu'elle sorte. Je sens soudain une puissante douleur à ma nuque et mes tempes, comme si qu'on me les perçait avec des aiguilles de fer. Je gémis de douleur en me tenant la tête avec les mains, percevant des milliers de chuchotements en même temps.

- Non, pas encore ! murmurai-je, des sueurs froides me coulant dans le dos. Non, non, non !

  Les murmures s'amplifient, alors que je vois Hermione accourir vers moi.

- Mélody, qu'est-ce qui se passe ? Mélody ! Mélody, réponds-moi !

  Mais je n'y arrive pas. Les Voix me tourmentent comme le jour où j'ai failli tous les tuer, lorsque j'ai été Conditionné juste après mon réveil. Or, cette fois-ci, il n'y a pas Daniel pour m'aider, je suis seule à devoir lutter contre tous ces murmures qui me percent les oreilles et les tempes.

- Arrêtez, je vous en supplie ! m'écriai-je en me recroquevillant sur moi-même, tordue de douleurs.

- Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Mélody ! Mélody, qu'est-ce qu'il y a ?

  Hermione continue de me demander ce qui ne va pas, et les seules choses que j'arrive à crier ce sont des supplications pour que ça cesse. Les Voix sont de plus en plus nombreuses, parlant toutes en même temps, m'assaillant de chuchotements incompréhensibles. J'en perçois une plus puissante que les autres.

- Elle arrive ! Elle arrive !

  Elle ne cesse de répéter ça, me donnant un vertige qui fait tanguer le sol et des larmes par ces atroces douleurs. Je n'arrive plus à comprendre le reste, plus à savoir où je suis. Les décors changent, comme si que je transplanais dans des milliers d'endroits en même temps. Un avion passe au-dessus de moi, me faisant hurler de peur. La seconde qui suit, je traverse un champ de poussières qui se métamorphose en étoiles. Elles tombent, chutent du ciel comme si que la gravité les attire à terre. Cette dernière tremble et j'hurle à nouveau lorsqu'une gigantesque boule de feu explose à mes pieds. Des lianes les emprisonnent brusquement, remplacées par des mains sortant du sol et plantant leurs griffes acérées de noirceur et de puanteur dans mes jambes. Un autre hurlement de souffrance veut sortir, mais cela m'est impossible ; je me sens tirée vers l'arrière, comme si que des doigts invisibles m'attrapaient les cheveux. Des doigts parsemés d'écailles blanches et de croûtes qui me font me débattre quand elles se plantent dans mes tempes. Non ! Je ne dois pas les laisser m'emmener, pas une nouvelle fois ! Pas dans ces tunnels ! Je me retourne mais mon bras traverse un miroir qui s'éclate en plusieurs morceaux. Je titube par la surprise, avant de traverser subitement un vide dans lequel je tombe sans m'arrêter, perturbée par d'entiers décors étranges d'Énergies et de Temps. Le vent n'agite pas mes cheveux, mais je me sens balancée de tous les côtés. Je traverse une phase ressemblant aux atomes qu'on peut observer au microscope, se dissolvant en énergie pure et en ondes, puis dans une réalité fractale où je rencontre un nombre infini d'images miroir de moi-même, agressées de voix plus nombreuses les unes que les autres que j'essaie d'arrêter en plaquant de toutes mes forces mes mains contre mes oreilles, en vain.

- Mélody !... Mélody !

- Elle n'est plus là. Il ne sert à rien de l'appeler, elle ne nous répondra pas. Mélody, tout autour de toi te semble vague, étrange, mais ne t'inquiète pas, ça va aller...

  Un brusque silence m'est alors imposé, éteignant la voix de Éléona. Difficilement, prise de violents frissons de froid, je papillonne des yeux, me découvrant dans un vide sombre en apesanteur, dans un monde au-delà de celui terrestre. Les couleurs sont nombreuses, vacillant entre le violet et l'indigo, le vert et le rose, appuyant les pulsions émises par les étoiles alors qu'il y a diverses poches de lumière tamisée. J'ai alors un sentiment étrange... Comme si que plus rien ne compte. Comme si que la paix m'a enfin gagné... avant d'être brusquement tirée en arrière. Je vois passer nombres de tunnels rempli de couleurs chaudes et froides, et entends soudain une voix qui me semble être celle de Daniel. Elle résonne dans des échos interminables, me donnant une migraine intense.

- Les secrets sont faits pour te protéger de ce que tu ne pourrais supporter... Ta famille est là pour te guider. Et la colère n'est qu'un des plus entiers éléments que ta barrière Mentale met en place pour obstruer ton Esprit... Tu peux la contrôler, tout comme tu peux l'arrêter pour Écouter...

  De multiples « Tic-tac » emplissent mes oreilles alors que je traverse à la vitesse lumière des ondes énergétiques. Puis, brusquement, je me retrouve à trembler de froid et sentir que l'arrière de ma tête repose sur des oreillers. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux, ni même à bouger, prise d'une incroyable fatigue. Tout me semble lourd, pesant. Mon cœur bat la chamade, mon corps est parcouru de douleurs dont j'ignore l'explication rationnelle - tout comme ma vie, en général.
  J'ai soif. Ma gorge sèche me fait autant mal que ma migraine.
  Je ne sais pas ce qui vient de se passer. C'est comme si que j'avais été transportée dans diverses Univers juste après avoir voulu sortir du 12, Squard Grimmaurd, avant d'être empêché par la vision d'un lion que j'ai été la seule à voir. Je me rappelle de toute ma fureur que j'ai ressenti sur le moment, et quand je suis montée dans ma chambre, j'ai tout de suite entendu d'innombrables voix qui parlaient en même temps... Pourquoi ? Je n'ai pourtant rien cherché à faire, si ce ne serait-ce que trouver un moyen d'échapper à toutes les réprimandes exaspérantes des adultes. Étrangement, je n'arrive pas à leur en vouloir, ils sont persuadés de faire ce qui est juste. Et encore une fois, avec mon tempérament de feu et mon oublie d'écoute ainsi que de compassion, je me suis mise à nouveau en colère. Honnêtement, je n'en ai aucun remord. C'est pleinement justifié. Mais ce n'est pas juste car je ne leur rends tout de même pas la vie facile malgré tout ce qu'ils ont déjà fait pour moi - à savoir me sortir du ministère et dans un sens, accepter celle que je suis devenue. J'ai aussi été très méprisante envers Tantine. La situation de Daniel ne lui est déjà pas facile à vivre, et j'en rajoute une couche en me disputant avec elle, alors qu'elle s'inquiète pour moi, même si je ne le lui ai jamais demandé. C'est humain. Mais égoïste de ma part ; je suis sensée justement l'aider à surmonter ça. Or, comme d'habitude, le Conditionnement prend sur moi et me laisse des choses que je n'aurai jamais pensé avant, bien que j'ai toujours eu une colère dévastatrice en moi à cause de tout ce que j'ai fait par le passé, dans mon enfance.
  Mes doigts se contractent de leurs propres chefs, et je trouve la force de froncer mes sourcils en sentant une main enserrer la mienne qui est au-dessus de ma couverture. Je sais que c'est George. Sans l'ombre d'un doute, malgré mes yeux clos, je sais que c'est lui. Aux nombres de fois où il a veillé sur moi lorsque j'avais un accident grave et qu'il voulait rester à mes côtés à l'infirmerie.
  Une porte s'ouvre puis se ferme doucement.
  Des pas marchent vers moi, je les reconnais comme ceux de Éléona. Elle s'arrête à côté de mon lit.

- George ?

  Il se met à grogner, sortant de son sommeil.

- C'est moi... dit-il avec sarcasme en baillant.

- Fred m'a dit de te dire qu'il t'attendait pour les essaies des farces et attrapes. J'ai voulu l'aider, mais je crains ne pas être compétente en matière ; c'est James et Daniel qui étaient fans de ce genre de choses, et je dois avouer que je n'ai jamais comprise comment ils s'y prenaient. Et pourtant, je suis douée en Quantique, pouffe-t-elle doucement.

  George a un rire.

- C'est vrai que ça fait une belle jambe, mais je crois que je vais passer mon tour pour cette fois. Je préfère être là quand elle se réveillera.

  Je sens son pouce caresser ma paume et me déteste de ne pas pouvoir bouger pour ouvrir les yeux.

- Ne t'en fais, je te préviendrais quand elle sera réveillée. Je vais prendre le relais.

- Vous êtes sûre ? Parce que Maman nous a dit qu'il y aurait bientôt une autre réunion.

- Oui, c'est moi qui l'ai demandé, elle ne débutera donc que quand je redescenderais.

  George émet un petit rire mais fini par soupirer d'inquiétude.

- Je te promets que ça ira mieux en s'améliorant. Elle a simplement fait une excursion au pays du Royaume Quantique, rien de bien grave, ça nous arrive plus souvent qu'on puisse le penser. Surtout à son âge.

- Sérieusement ? Vous... Vous réagissiez comme ça aussi ou c'est simplement sa réaction... allergique ?

- C'est difficile à dire, à vrai dire. Seuls Daniel et Lucius, ainsi que mes parents, étaient présents lorsque ça m'arrivait, je n'ai donc aucune réponse potentielle à te donner. Mais je pense que David pourrait le savoir s'il plonge dans ses souvenirs. Or, j'aimerai éviter qu'il le fasse ; il est encore très jeune, et il a eu assez d'inquiètudes aujourd'hui pour se retrouver épuisé de magie. Mélody seule nous le dira quand elle sera réveillée.

  Je sens que George retire doucement sa main en me caressant la joue, avant de rompre le contact en commençant à marcher vers la sortie.

- George ? dit Éléona. Je ne te l'ai pas encore dit, et je devais le faire plus tôt, mais merci d'avoir veillé sur Mélody à Poudlard, d'avoir été là quand Daniel et moi ne le pouvions pas. De l'avoir accepté telle qu'elle était.

- C'est normal, tout le monde aurait fait la même chose.

- Non, pas tout le monde. Ta présence l'a aidé mieux que quiconque, même celle de Daniel, David et moi. C'est à toi qu'elle s'est ouverte sur son manque de confiance en elle. C'est de toi qu'elle est tombée amoureuse et je t'assure que avec ce qu'elle ressent, avec ses peurs et son enfance, c'est un magnifique exploit.

  Le parfum d'un silence apaisant se fait ressentir, et George le transperce en demandant :

- Quand vous parlez de son enfance... Vous sauriez pourquoi elle évite le sujet à chaque fois ?

  Je sens le regard de Éléona fondre sur moi, mais ne peux encore une fois rien faire ; la fatigue de mon corps m'est plus puissante que la force de mon esprit.

- Elle n'a jamais voulu te la raconter, n'est-ce pas ?

- Une fois, c'est arrivé. Elle... elle m'a parlé d'un incendie, qu'elle avait tué des personnes dans ses propres flammes et j'ai vu ses yeux... Ça a dû être douloureux. Elle m'a dit qu'elle avait tenté de se suicider en faisant tomber une poutre sur elle, mais à part ça, rien d'autre.

- Je la comprends. Moi aussi, j'évitais de parler de mon enfance. Ça a mis du temps, mais j'y suis parvenue. Si elle n'estime pas devoir te raconter ce qu'elle a vécu, c'est tout simplement parce qu'elle n'est pas encore prête et qu'elle ne veut pas y faire face. Pour éviter de devoir briser sa carapace et que l'on joue avec son passé.

- Jamais je ne ferai une telle chose.

- Oh, ça, j'en suis sûre. Mais Mélody a toujours été méfiante. Envers elle et principalement envers les autres. Et ce serait une bien belle erreur de dire que nous la connaissons car même moi, je la découvre encore jour après jour. Son cœur recèle de secrets inavoués, des douleurs et un passé rejoignant des centaines d'autres qu'on ne peut imaginer... Car elle refuse tout bonnement l'aide qu'on pourrait lui offrir.

- Pour quelle raison ? C'est vrai, après tout... Les sentiments sont humains.

  Tantine a un rire malicieux.

- Si elle t'entendrait, je suis persuadée qu'elle te dirait qu'elle n'est pas humaine - et ça se comprend. À l'inverse de la plupart d'entre vous, comme Sirius ou Remus, elle ne veut ni s'adapter, ni changer ; pour elle, c'est aux autres de plier et d'accepter qu'elle créé son propre monde. Comme l'incroyable Guerrière qu'elle est.

  George pouffe, affirmant qu'il a bien vu ce côté là chez moi et fini par sortir, promettant de revenir quand même me voir. Je souris intérieurement, ne pouvant esquisser un sourire extérieur à cause de mon corps séparé de mes pensées. Je sens que Tantine s'asseoit à mon chevet, à la place de George.

- Ne crains rien, ma Chérie, et ne sois pas en colère contre toi ; c'est normal de ne pas pouvoir bouger après ce que tu as vécu, me dit-elle.

  Alors elle est au courant ? Elle sait que je suis réveillée depuis tout à l'heure, sans même l'avoir dit à George ? Ça ne m'étonne pas d'elle.

- Et je suppose que tu te demandes comment ça se fait, et pourquoi tu es dans cet état. Je vais prendre ce temps pour te l'expliquer, car je sais que tu m'écoutes même si tu ne peux pas réagir...

  Sa main me caresse la joue délicatement, dans un geste maternel qui me fait soudain culpabiliser pour ces derniers jours.

- Pendant seulement dix petites secondes, ton corps Astral a été projeté par delà ton corps Matériel. Je sais que tu as été effrayé mais ta colère a poussée ta propre Conscience à se dissocier de ton enveloppe corporelle, pour éviter de souffrir de cette émotion dévastatrice. C'était comme si que tu dirais... un moyen de protection. Elle t'a envoyée à travers le Royaume Quantique, puis dans une suite de Réalités et de Dimensions pour te faire voir au-delà de ce qui poussait ta colère à se développer. Tout cela dans un lapse de temps qui n'a existé pour toi qu'à travers ta Conscience Terrestre, mais qui, pourtant, n'était qu'une particule comparée à ce que tu as vécu. Tandis que nous autres, coincés ici et maintenant, dans notre Dimension, te voyions te tordre de douleurs en ne pouvant rien faire que t'accompagner. Les autres ont paniqué en remarquant que tu convulsais, mais David et moi avons réussi à calmer ton rythme cardiaque en te parlant, et en t'accompagnant dans ces plans diverses du Multivers. Nous avons par la suite réussi à t'allonger dans ton lit et ce, il y a deux jours.

  Je n'arrive pas à y croire. Deux jours ? Mais c'est impossible, pourtant, je n'ai pas pu passer deux jours dans le Multivers !

- Ça va te sembler long, je le sais, poursuit Tantine. Mais le temps n'existe pas dans le Multivers. Ici, tu as passé deux jours, mais là-bas, tu n'as eu que quelques millièmes de secondes d'élapsitude qui t'ont semblé durer dix minutes. Le Temps... est d'une infinie possibilité, qu'il peut être rejoué n'importe quand, n'importe où et dans n'importe quelle circonstance. C'est même fascinant quand on se plonge dans le sujet. Mais pour l'heure, le plus important, c'est que tu saches que ton immobilisation n'est que temporaire. Comme le fait que tu aies aussi froid malgré les nombreuses couches de couverture que nous t'avons mise. Car le voyage Astral incontrôlé t'a projeté dans différentes Dimensions et que celles-ci sont bien plus éloignées de la nôtre. C'est... hum... le retour à notre réalité, si je puis dire. La pesanteur y est particulièrement intense, et ton corps Astral a dû mal à se réaligner avec celui matériel. C'est tout à fait normal.

  Je suis rassurée à ses paroles et ces dernières semblent agir sur la matière ; je parviens difficilement à ouvrir les yeux. Ma vue est d'abord floue mais j'arrive à voir son sourire.

- Laisse à ton corps le temps de se réhabituer...

  J'ouvre mes lèvres pour parler mais aucun son n'arrive à y sortir si ce ne serait-ce qu'un fin murmure.

- J'ai froid...

  Éléona se met à sourire, avalant un petit rire, et touche le milieu de mon front avec sa main. Aussitôt, une vague de chaleur se propage, m'aidant davantage à faire bouger mes membres engourdis qui deviennent lentement fonctionnels.

- Doucement... Ne te presse pas trop, sinon tu risques une migraine plus forte, dit-elle en me voyant commencer à me forcer pour me redresser. Je suis étonnée que tu n'aies pas vomi, la première fois qu'on traverse le Multivers, en générale, c'est ce qui arrive bien souvent.

- Je ne fais pas partie de la généralité... murmurai-je avant de grimacer par toutes les douleurs.

  Mais à peine ai-je dit ça que mon estomac se tord soudain. Au même moment, elle me tend un saladier en verre dans lequel je vomi brusquement.

- Je me disais aussi... grimace-t-elle en me caressant doucement le dos.

  Je me mets à tousser, régurgitant mon estomac entier qui fait perler des larmes aux coins de mes yeux par la douleur.

- Ça fait la deuxième fois en une semaine... gémis-je.

- Comment ça, la deuxième fois en une semaine ?

  Je me redresse alors qu'elle fait disparaître le saladier avec la magie et je me laisse tomber contre la tête du lit, accablée par de puissantes courbatures.

- Après que les Dursley soient allés se coucher, j'ai vomi tout leur repas dans le lavabo de la cuisine... répondis-je faiblement alors que je prends le mouchoir qu'elle me tend pour m'essuyer la bouche. Merci...

  Elle me sourit et rétorque :

- À mon avis, ce n'était pas des bonnes choses à manger comme Daniel et moi savons le faire.

- Ça, c'est sûr, c'était indigeste chez les Dursley...

  Je souffle pour calmer ma respiration et vois son sourire s'agrandir, le soulagement se lisant dans ses yeux quand elle remarque qu'on vient de se parler après trois jours de silence complet.

- Je n'aime pas quand on se dispute, me dit-elle, sa main sur les miennes, l'autre me recoiffant un peu.

- Moi non plus... soupirai-je alors que je bois une gorgée de l'eau savoureuse qu'elle me donne. Et... je suis désolée... d'avoir utilisé l'état de Daniel pour le mettre dans mes mensonges de nouvelle identité. Je n'ai pas le droit de te faire ça, sachant que tu es celle qui souffre le plus de sa situation.

  Mes larmes me montent aux yeux à la vue des siennes qui menacent de couler. À la place de pleurer, elle inspire profondément et me fait un sourire épuisé.

- Tu es vraiment une petite peste quand tu t'y mets... dit-elle.

  Je me mets à pouffer de rire, voyant bien qu'elle est heureuse que je lui adresse à nouveau la parole.

- Surtout ces derniers temps, approuvai-je. J'ai vraiment été quelqu'un d'insupportable.

- Je n'aurai pas dit insupportable, mais compliquée à gérer. Et c'est compréhensible. Tu as toutes tes raisons de nous en vouloir. De m'en vouloir. Et je ne peux pas t'interdire d'avoir des secrets pour moi sachant que j'ai aussi mes torts de ce côté-là.

- Je n'aime pas entendre les excuses des autres... soupirai-je.

- Tu les entendras quand même.

  Je la regarde, désabusée, ce qui la fait pouffer de rire.

- Je m'excuse de te cacher certaines choses, mais si je ne te les dis pas, c'est simplement pour ne pas t'exposer au danger où tu fonceras tête baissée.

  Je lève les yeux au ciel. Voilà pourquoi je déteste les excuses, car c'est toujours un problème de protection.

- Ne lève pas les yeux au ciel, je te connais suffisamment pour savoir que si je te disais tout, tu serais prête à foncer sans réfléchir.

- Je tiens d'une famille de Serpentards, je crois que la ruse, c'est bien mon domaine.

- Je le croyais aussi à ton âge, et j'ai eu encore plus de problèmes. Alors voilà... Je m'excuse pour toutes ces cachotteries mais mes raisons sont toutes pour ta protection.

- Ma protection ou la tienne ?

- Les deux.

  Elle me fait un sourire auquel je réponds malgré moi.

- Dans ce cas, ne t'attends pas à ce que je te dise quoique ce soit me concernant quand je juge nécessaire de le garder pour moi, dis-je quand même.

- D'accord, accepte-t-elle de sa voix éternellement douce. Mais si ça concerne Kristine, tu dois me le dire.

  J'ai un rire amer.

- Là, tu en demandes trop. Tu sais toi-même que je ne parle que quand je le veux.

  Elle m'observe un instant, semblant s'en culpabiliser.

- Justement. Si ça concerne Kristine, je n'ai pas envie d'attendre une dispute de plus pour que tu m'annonces ce qu'elle t'a fait subir.

- J'ai dit ça sous le coup de l'émotion, répondis-je en détournant le regard.

  Je regarde la fenêtre ouverte et les rideaux voltiger par la brise d'été, commençant à avoir les larmes aux yeux. Évidemment que ce que j'ai dit était la vérité. Évidemment que Kristine et ses larbins, le jour de l'incendie, m'ont réellement violé à tour de rôle. Mais je n'ai pas envie qu'elle s'en tienne responsable. Pas avec ce qui est arrivé à Daniel.

- Mélody... soupire gentiment Tantine.

  Je fronce mes sourcils.

- Je t'ai dit que ça ne servait à rien, je ne dirais rien que ce qui me semble nécessaire, tranchai-je froidement en rapprochant mes jambes pliées à ma poitrine, les entourant de mes bras.

  Je suis le tracée de mes veines qui partent de mes orteils cyanosés au début de mes chevilles, le sentiment d'amertume montant dans mon cœur. Pas pour Tantine, mais bien pour moi. J'avais mon don. Et même si j'avais six ans, je devais me défendre. Je devais me battre. Mais je ne l'ai pas fait et voilà ce qui est arrivé !
  Les doigts de Éléona passe sous mon menton pour venir se poser sur ma joue. Elle tourne délicatement mon visage vers elle et m'observe avec ce même regard qui me donne envie de tout lâcher. Je me retiens en serrant ma mâchoire et refoulant mes sentiments en moi. L'avantage d'avoir été torturé au ministère et qu'on m'ait interdit de ressentir quoique ce soit, c'est que ça aide à se répéter de ne pas avoir d'émotion lors de ce genre de moments.

- Mélody, ne t'enferme pas, s'il te plait... me supplie Tantine. Parle-moi... Dis-moi quelque chose...

- Et que veux-tu que je te dise ? Que je m'en veux de ne pas avoir agit ? Que je ne te dis rien pour ne pas t'infliger de culpabilité ? Je suis comme ça, je ne parle pas, qu'est-ce que tu veux d'autre ?

  Plusieurs lueurs passent dans son regard.

- Ce n'est pas ne pas parler, c'est que taire ses émotions n'est pas bon pour toi.

- Écoute, à chaque fois que je laisse mes émotions faire, quelqu'un en paie le prix, sifflai-je en dégageant mon visage de sa main. D'abord Angyalita car j'ai préféré me soucier de David, ensuite Cedric, puis Daniel... Qui sera le prochain sur la liste ? George ? Harry ? Sirius ? Ou même pire, toi ? Non... C'est sans moi.

  Je me rallonge et rabats la couverture sur mes épaules jusqu'à mon nez, me couchant sur le côté, dos à elle. Une larme silencieuse me coule sur la joue quand je me répète mes derniers mots, et le froid entre davantage dans la pièce. Je l'ai déjà vu mourir dans mes cauchemars... Tout comme Daniel, Harry, Sirius et Cedric. Et je n'ai pas envie que ça arrive à nouveau. Je n'ai pas envie de les faire courir à leurs pertes par ma faute. Par des cauchemars qui n'ont aucun sens.
  Éléona pose une main réconfortante sur mon épaule dans l'espoir que je parle, mais je reste interdite. Dans un soupir difficile, elle se penche et m'embrasse doucement sur la tête.

- Sache que je serais toujours là pour t'écouter, me murmure-t-elle dans l'oreille. Je t'aime tellement, ma Chérie, si tu savais... Je ferais tout pour te protéger, je te le promets.

  Elle me fait un dernier bisou maternel sur la tempe et se lève en commençant à marcher jusqu'à l'entrée de ma chambre. Je me mords la lèvre d'impuissance et lâche aussitôt :

- Daniel.

  Elle s'arrête aussitôt.

- Comment ?

  Je souffle et me tourne vers elle.

- Daniel... Je l'ai entendu. Pendant que je voyageais à travers le Multivers.

  Elle fronce les sourcils alors que son souffle se coupe un instant et que sa lèvre se mette à trembler, amenant de l'humidité dans ses yeux.

- Tu... Tu as entendu Daniel ? murmure-elle d'une voix remplie d'espoir, en se rasseyant à mon chevet.

- Il... Il m'a dit que les secrets étaient faits pour me protéger de ce que je ne pourrais pas supporter, que ma famille était là pour me guider. Il a aussi dit que je pouvais contrôler ma colère et l'arrêter pour mieux Écouter... J'ignore ce qu'il a voulu dire et encore plus comment on a pu communiquer alors qu'il est dans le coma. Mais je me suis dit que tu aurais peut-être une petite idée ? hasardai-je.

  Elle me regarde un moment et efface d'un revers de main ses yeux humides pour la passer ensuite dans ses cheveux, se remettant les idées en place.

- Quand tu étais devant la porte d'entrée, et que je l'ai refermé, tu m'as dit juste après que tu avais vu un lion, n'est-ce pas ?

- Euh... Oui... Il m'a dit : « Reste à l'intérieur, tu y es en sécurité, petite guerrière ». Puis il...

- Il a disparu, comprend-elle. Et aucun de nous ne l'a vu à part toi, puis tu as entendu Daniel à travers le Multivers...

- Quoi ? À quoi tu penses, Maman ?

  Elle sourit en m'entendant la surnommer de cette façon, et me prend les mains, le sourire de plus en plus grand, le regard enthousiaste.

- Tu sais, il y a une chose que j'ai toujours comprise avec Daniel, c'est qu'il était quelqu'un de très puissant au niveau magie...

- Oui, et toi et lui faisiez le Ying et le Yang, c'est lui qui me l'a dit.

  Elle hoche de la tête.

- Je crois - je... je ne sais pas comment ! - mais je pense que... Daniel et toi avez eu une Interconnection Spirituelle.

- Comme... de la télépathie ? Ça, nous savons déjà le faire.

- Oui, mais c'est différent avec l'Interconnection Spirituelle. Celle-ci est comme... une gigantesque toile d'araignée, si tu veux... (Je fais une grimace.) je sais, tu n'aimes pas ça, mais c'est juste un exemple. Dans l'Interconneciton Spirituelle, tu n'as nul besoin de fragment physique ou matériel - ta seule pensée suffit. Si tu es arrivée à te connecter à Daniel par l'intermédiaire du Multivers, c'est que son esprit à lui, même dans le coma, est capable d'agir, de vagabonder et dans un certain sens, trouver une faille dans le Multivers, une des branches de la toile d'araignée, pour communiquer avec ton esprit à toi. Il est apparu devant toi en une forme de lion parce que c'est l'un de tes animaux totems qu'il partage avec toi. Puis, il t'a parlé pour t'aider à sortir de ta transe Quantique.

- Donc ça veut dire qu'il est encore capable d'agir et donc, de sortir de son coma ? dis-je, pleins d'espoirs.

- C'est exactement ça.

  On sourit toutes les deux et elle me prend dans ses bras au moment où je trouve la force de m'y jeter. Des larmes de joie menacent de s'écouler mais je les retiens assez bien. Daniel va s'en sortir. Je le sais maintenant. J'en suis sûre et certaine.
  On se détache toutes les deux et j'essuie les quelques larmes qui ont coulée sur les joues de Tantine. Elle rigole légèrement et hoche de la tête.

- On va pouvoir le revoir.

- Oui, il va se réveiller. Et sinon, je demande à David et on lui bottera le cul tous les deux pour le faire bouger, plaisantai-je.

  On pouffe toutes les deux de rire avant qu'un bâillement me vienne.

- Il est temps pour toi de te reposer, me dit doucement Tantine.

- Je crois aussi, soufflai-je en me recouchant.

  Elle écarquille des yeux, stupéfaite.

- Tu... Tu viens de dire que tu voulais te reposer ?

- Quoi ? Une Guerrière aussi a le droit de dormir, j'ai un bottage de fesses en perspective, je te signale.

  Éléona rigole, ne pouvant s'empêcher de sourire et se met à me border, de quoi me faire lever les yeux au ciel.

- Tu sais, je n'ai plus cinq ans.

- Mais tu seras toujours mon bébé, que tu le veuilles ou non.

  Je souris en l'entendant dire ça. Parfois, tout comme moi, elle a tendance à l'oublier, mais elle reste quand même ma tante paternelle, qu'elle le veuille ou non.

- Aller, dors, Petite marmotte, je viendrais te voir tout à l'heure après la réunion pour voir si tout va bien, me dit-elle en me caressant la joue.

  Elle m'embrasse sur le front et je ferme les yeux, l'entendant fermer délicatement la porte. Savoir que Daniel a une chance de sortir du coma m'a donné plus d'espoir que je ne l'aurai imaginé ; finalement, tout n'est pas perdu. Et même si j'ai eu et continu d'avoir beaucoup de douleurs, je suis positive sur l'avenir concernant mon père adoptif.
  C'est avec un sourire rassuré que je serre contre moi le doudou que m'a offert George et me recroqueville sur moi-même, enveloppée dans mes chaudes couvertures, jusqu'à m'endormir sur le coup de toutes ces émotions... mais je sursaute en entendant un soudain grognement tout près de mon oreille.

Point de vue Extérieur (au passé)


  Alors qu'une nouvelle réunion commençait à se mettre en place, un hurlement strident résonna dans toute l'habitation, alertant tout le monde. Chacun se précipita vers la chambre où d'autres cris retentirent, accompagnés de lourds objets qui tomberaient à terre : la chambre des filles. Mais celles-ci, lorsque les adultes arrivèrent, étaient toutes là... sauf Mélody, dont les cris de douleur se faisaient entendre.

- Mélody ! criaient les jumeaux.

  Ils ne cessaient, à deux, de tambouriner à la porte, l'enfonçaient, la percutaient, mais rien n'y faisait.

- Poussez vous ! s'écria Éléona, sentant une énergie malsaine émanée de la chambre.

  Par un acte de magie surpuissant, la porte se retira de ses gonds et elle entra en furie dans la chambre. Une immonde et écœurante odeur de souffre fouetta aussitôt l'air, et d'épais traits de fumée noire comme les abysses passèrent dans l'entrée. Mais ils n'étaient pas conditionnés à se partager ; la brume angoissante emplissait la pièce, formant une gigantesque toile d'araignée qui donnait l'impression de se balader partout, grimpant aux murs où, contre l'un d'eux, Mélody était plaquée, à une hauteur qui la rapprochait plus du plafond que du sol. Elle se débattait de toutes ses forces, les larmes striants ses joues porcelaines tâchées de veines noires, les mains autour de sa gorge comme si que quelque chose d'invisible essayait de l'étrangler. Quelque chose, ou plutôt... quelqu'un. Car la seule chose qu'on pouvait voir était cette ombre informe, aux contours imposants et démoniaques. Trois langues d'une taille surhumaine sortaient de ce qui semblait être sa bouche aux dents pointues, tranchantes comme des lames d'acier. Elles bougeaient comme des tentacules, leur seule cible : s'attaquer aux yeux de Mélody qui faisait l'effort incommensurable de les garder fermer.

- Mélody ! hurlèrent les autres, tentant d'entrer.

  Mais une force invisible les retenait à l'extérieur de la chambre, les empêchant d'y pénétrer. Sauf pour Éléona, qui se mit aussitôt à courir.

- LÂCHE-LA !

  Une lumière éblouissante de couleur blanche éclaira l'entièreté de la pièce. On n'aurait pu dire pourquoi, mais Éléona semblait avoir disparu pour laisser place à une silhouette de femme à la peau bleue. Mais difficile à dire. Car la porte se flanqua soudainement au nez des autres. Ils tambourinèrent aussitôt qu'ils entendirent un rugissement démoniaque, leurs dressant des frissons d'horreur.

- Putain, mais qu'est ce qu'il se passe ?! jura George, le cœur battant la chamade.

  Il tournait et retournait la poignée pour ouvrir la porte, utilisait sa magie, mais celle-ci refusait catégoriquement. De l'autre côté, ils entendirent des coups brutaux, des hurlements strident qui déchiraient l'air. Ginny et Hermione se mirent à sangloter, David haletait de terreur. Il savait ce qui se passait. Il savait ce qui allait se passer. Il le sentait.

- Il faut faire quelque chose ! supplia-t-il.

  Sa voix tremblait.

- Reste avec Molly ! ordonna Sirius à Arthur.

  Soudain, un vent glacial pénétra dans le couloir, éteignant toutes les bougies et lampes à huile. Les filles sursautèrent dès qu'ils furent plongés dans une obscurité d'abysse. On n'entendait que les respirations saccadées, preuve de sueurs froides leur coulant dans le dos... Les hurlements dans la chambre continuaient, mais plus forts, comme si qu'une attaque venait de surgir. Des craquements, comme si que la maison ne tenait plus debout, se firent entendre. Lointains, rauques, angoissants... Puis des lourds pas firent grincer le bois. Des pas lents, pesants. Les hommes mirent instinctivement Molly et les enfants derrière eux, alors que l'atmosphère apaisante et délicate avait laissé place à un froid mordant, pénétrant. Comme ensorcelé. Ils étaient entourés à présent d'une obscurité totale, impénétrable, silencieuse. Fred sentait les doigts de Amy se resserrer à son bras. Elle avait laissé son katana en bas, et peinait à garder une respiration saine.
  La voix terrifiée de Hermione retentit dans un souffle fébrile :

- Mais... Que... Qu'est-ce qu-qui se p-passe ?

- Je n'en sais rien, répondit Ron, qui avait dorénavant les mains moites.

- Tout va bien, les enfants, c'est peut-être une fenêtre qui a été laissé ouverte, leur dit Mrs Weasley.

  Mais si cela aurait été une fenêtre, il ne ferait pas un noir d'encre.
  Sirius fut le premier à prononcer, dans un murmure :

- Lumos !

  Une petite boule de lumière éclaira brusquement le long couloir obscure qui était recouvert de fumées sombres, comme dans la chambre de Mélody. Plus aucun son n'était perceptible. Il n'y avait que l'odeur... Une odeur de souffre et d'os en décompositions, comme un corps mort mais déterré de sa tombe qui avait été oublié à proximité. De toute évidence, il y avait une présence malsaine dont le seul but était de les voir trembler. De les voir blêmir, à en devenir fou de terreur. Ce n'était pas le cas des jumeaux, ni de Amy, ni de Sirius et encore moins de Fol Oeil. Lui, il avait vu pire. Mais cela n'empêchait pas à leurs cœurs réunis de battre à cent à l'heure.
  On entendit un souffle dans la brume qui leur glaçait les pieds ; on vit une forme étrange flotter à quelques centimètres du sol. Puis, la forme se démultiplia en une dizaine d'ombres terrifiantes qui voltigèrent bientôt sur la façade des murs. Un cri étouffé résonna parmi la troupe d'enfants tremblants de la tête aux pieds.

- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? blêmit Mr Weasley.

- Arthur, je n'aime pas ça, chuchota sa femme, les mains crispées sur une épaule de Ginny, l'autre au bras de Ron.

  Tellement crispées que cela faisait mal à ses deux enfants.

- C'est bon, tout va aller, dit Remus.

- Ne vous en faîtes pas, on est là, ajouta Fol Oeil. Et ce n'est certainement pas des Ombres qui vont me paralyser de peur !

  Il tapa au sol avec son bâton et tout le couloir fut éclairé. Mais c'était plus effrayant qu'auparavant.
  Des ombres d'une taille surhumaine, émanant des souffles rauques, grognaient. Elles flottaient sur les murs et grimpaient au plafond.
  À peine la lumière les éclaira qu'elles tournèrent des yeux rouges coulant de sang sur les Sorciers en contre-bas. Deux des filles eurent un cri aigu, transpirant de terreur et d'anxiété incontrôlable.
  Un cri rauque, le plus effrayant de tous, le plus démoniaque, résonna dans toute la bâtisse, comme si qu'une fille venait de se faire torturer en se faisant planter un couteau dans la gorge. Les Ombres se dressèrent au-dessus d'eux, leur faisant couler des sueurs froides dans le dos. Hermione et Ginny étouffèrent un sanglot. George et Fred, qui resserra instinctivement Amy contre lui, dégainèrent leurs baguettes magiques, la respiration courte. Ron eut du mal à reprendre ses esprits, paralysé par la terreur. David était le seul des six à calmer ses dents qui claquaient, mais il restait ses cheveux qui se hérissaient. S'il n'aurait pas su à quoi ressemblait ces monstres des ténèbres, ses jambes l'auraient lâché, combien même ses genoux s'entrechoquaient largement pour qu'on les entende. Sirius avait sa main sur son épaule et avait du mal à en croire ses yeux ; les Détraqueurs étaient humains comparés à ces choses sorties des films d'horreur Moldus. Remus sentait sa gorge se nouer, et son sang se figer. Mrs Weasley faisait tout pour garder la face, mais elle sentait qu'elle pouvait défaillir à tout moment. Son mari tremblait, et n'avait qu'une seule idée en tête : protéger les enfants. Les yeux de Tonks étaient aussi tremblotant que ses mains étaient moites, trempées par la sueur, risquant d'en faire tomber sa baguette magique qu'elle s'efforçait de garder en mains. Fol Oeil en eut assez d'attendre que ces Ombres viennent les chercher. Il attaqua. D'un sort pouvant rivaliser contre un Mangemort.
  L'éclair toucha l'une des créatures et la transperça. Mais il n'avait pas prévu qu'elle se reforme juste après, tel un morceau de chewing-gum.

- C'est une plaisanterie ? grogna l'Auror.

  Remus essaya un sortilège du Patronus, mais ce fut le même résultat : aucune des Ombres ne fut touchée. Au contraire, ça ne fit que renforcer leurs obscurités. Elles commencèrent à attaquer, lorsque soudainement, la porte de la chambre de Mélody s'éjecta à nouveau de ses gonds. Ils en sursautèrent, hurlant de surprise. Une intense lumière blanche les éblouit puissamment et sembla aussi brûler la rétine rouge des monstres. Ces derniers hurlèrent à s'en déchirer les cordes vocales ; ils prirent aussitôt la fuite, terrorisés, essayant d'échapper du mieux qu'ils pouvaient.
  L'instant d'après, ils avaient tous disparu. Et la brume aussi. Tout comme l'odeur nauséabonde.
Tout était silencieux, redevenu apaisant. La lumière était devenue plus faible, jusqu'à disparaître dans un bruit de scintillement.
  Tout le monde haletait encore de peur, les respirations saccadées, et ils se tournèrent en même temps vers la porte de chambre où une personne se tenait dans l'entrebaillement. Très grand et mince, Dumbledore baissa doucement son bras dont la main tenait sa baguette magique, la légendaire baguette de Sureau. Il était vêtu d'une longue robe bleu nuit, l'air très grave mais pourtant parfaitement calme, avec une once d'inquiétude qu'on ne lui voyait jamais. Sa longue barbe et ses cheveux argentés brillèrent à la lueur des lampes et des torches qui se rallumèrent soudain, sous le sursaut de tous.

- Je crois qu'il était moins une, dit-il.

  On vit le soulagement chez les adultes qui rangeaient leurs baguettes magiques. Tout le monde se permit alors de reprendre son souffle, mais ce ne fut pas terminé pour autant car de faibles gémissements de douleur s'entendaient dans la chambre des filles. George fut le premier à s'y ruer, manquant de peu de bousculer Dumbledore. Les autres entrèrent tout aussi précipitamment, et le spectacle leur donna des sueurs froides.
  La chambre était sens dessus-dessous, les meubles en bois étaient brisés, d'autres tenaient par quelques brindilles tout au plus, tanguant dangereusement. Des éclats de verre étaient éparpillés parmi des tâches de sang. Éléona, qui habituellement irradiait de force magique et d'énergie, gisait parmi eux, se tenant le cou ensanglanté avec la main dans l'espoir d'en arrêter le sang, les avants-bras lacérés et la cheville tourné dans un sens tout sauf naturel. Elle semblait à bout de force et se trainait lentement, douloureusement au sol pour rejoindre Mélody, qui se trouvait à quelques mètres, dans un état davantage critique.

- Léo ! s'écrièrent Remus et Sirius en se précipitant vers elle.

- Mélody... dit-elle difficilement, avec une gorge obstruée de douleurs. Mélody... il faut aider... Mélody...

  Elle toussa et Remus s'agenouilla à sa taille pour la prendre dans ses bras, lui intimant dans une voix douce remplie d'inquiétude que ça irait dorénavant, alors que George était déjà en train de secouer Mélody. Remus emmena Éléona près d'elle, alors que David s'écriait :

- Mélody ! Mélody, réveille-toi, je t'en supplie !

- Kristine... murmura faiblement sa sœur adoptive.

  Si faiblement que seul David l'entendit.

- Elle est partie, dit-il. Heureusement, Dumbledore était là.

  Le concerné, en un coup de baguette, avait déjà arrangé tous les dégâts. Il se pencha ensuite vers Mélody, qui était entourée de tout le monde. Ils étaient pétrifiés par la peur, l'inquiétude, et Éléona essaya de tendre une main pour la toucher, mais ça ne fit que renforcer la souffrance à sa gorge. Elle étouffa un cri en toussant, se tenant la carotide, pliée en deux dans les bras de son ami d'enfance.

- Il faut qu'on vous soigne, dit Mr Weasley.

- Je peux... la soigner... rétorqua fébrilement Éléona.

  Son corps était parcouru de douleurs et de fatigue qui ne faisaient qu'empirer de minute en minute. Sa migraine tambourinait dans ses tempes et elle crut un instant que son cerveau allait exploser, mais elle ne s'en préoccupait pas : sa seule angoisse était sa fille adoptive.

- Pas tant que tu seras dans cet état, répliqua Remus qui la serra un peu plus contre elle pour mieux la tenir.

- Il le faut... Il faut que je... la soigne...

  Elle fut prise d'une quinte de toux qui la fit gémir de douleurs, mais Sirius, d'une voix tremblante d'inquiètude, s'offusqua :

- Ne dis pas n'importe quoi ! Si tu utilises ta magie dans cet état, tu pourrais t'évanouir !

- Voire même atteindre un stade beaucoup plus pire, ajouta Remus. Et c'est hors de question.

  Mais Éléona secoua négativement la tête.

- Mieux vaut elle que moi...

  Elle tenta de tendre la main mais Remus attrapa son poignet et la retint avec force contre son torse, sans pour autant perdre de sa douceur naturelle. Remarquant que sa cheville était tout sauf fonctionnelle, il passa un bras sous ses genoux, l'autre autour de son dos, et la souleva aisément du sol.

- Emmène-la se soigner avec Molly, Arthur et Tonks, je vais rester là avec Dumbledore et Fol Oeil, ordonna Sirius.

- Non, Patmol, je dois essayer... réitéra Éléona en essayant de se défaire de l'étreinte de Remus. Lunard, je te jure que si tu ne me poses pas tout de suite à terre, je...

- Ne cherche pas, tu n'as pas assez de force pour quoique ce soit, répondit-il avec une lueur amusée dans le regard.

- Mais il s'agit de Mélody !...

  Ses poumons enflammés la firent tousser, de quoi faire soupirer l'homme d'inquiètude qui resserra davantage ses bras sur son corps frêle, combien même il savait qu'elle détestait se retrouver de la sorte. L'ennui était qu'elle était trop épuisée pour utiliser sa magie et donc incapable de contrer sa force.

- Arrête de faire ta têtue, tu n'es pas dans ton état ! répliqua Sirius en ne cillant pas à son regard noir.

  Il fit un hochement de tête vers son meilleur ami qui conduisit la jeune femme hors de la chambre. Il leva les yeux au ciel en l'entendant essayer de persuader le lycanthrope ; ce qui était bien, c'est qu'avec l'âge, le concerné avait réussi à lui dire « non » quand c'était nécessaire. Des années auparavant, il en aurait été incapable.
  Sirius se reconcentra sur ce qui était en train de se passer et s'agenouilla auprès de sa petite-cousine qui était dans les bras de George, les jambes pantelant à terre, se tenant faiblement l'œil droit dont une grande balafre le scindait en deux. Son cou avait une trace d'étranglement très visible et son épaule était lacérée de griffures épaisses qui ne faisaient que tâcher de sang son vêtement blanc. Ses avants-bras étaient scarifiés de marques étranges, comme des runes maudites, et sa lèvre inférieure, comme sa tempe et son nez, saignait abondamment.

- Il faut faire quelque chose ! s'écria Amy d'une voix aiguë en compressant ses plaies avec l'aide de David et de George.

  La voyant au bord des larmes car elle n'arrivait plus à contrôler son mental, Fred la releva de force pour la prendre dans ses bras, faisant de même avec Ginny qui était terriblement inquiète. Ron, quant à lui, étreintait une Hermione tremblante.
  Dumbledore, qui avait d'abord préféré regarder les dégâts, frôla l'épaule de Mélody avec sa main. Le sang rentra dans les blessures qui se refermèrent aussitôt. Sa balafre à l'œil disparu, mais les autres cicatrices restèrent visibles. Le manque d'énergie la fit vite sombrer dans l'inconscience, et George la serra davantage contre lui en sentant ses bras tomber mollement.

- Monsieur Weasley, elle aurait besoin de repos maintenant, dit Dumbledore. Et je crois bien qu'une bonne tasse de chocolat serait d'un grand réconfort pour tout le monde, ajouta-t-il à Fred.

  Il hocha de la tête mais demanda :

- Et pour Mélody ? Il faut que quelqu'un reste à ses côtés, qui sait ce que ces... ces démons de tout à l'heure puisse encore faire ?

- Ne t'en fais pas, ton frère restera avec elle et nous préviendra s'il y a quoique ce soit, dit Sirius, ce qui fit acquiescer vivement George. Quant à nous, nous devrions aller voir comment va Éléona, elle pourra peut-être nous expliqué ce qu'étaient ces démons. Car vous n'en avez aucune idée, Dumbledore ?

- Non, malheureusement, c'est bien la première fois que je vois ce genre de choses, affirma ce dernier.

  Quelques instants plus tard, Mélody était couchée dans son lit ; George l'avait débarrassé de son haut tâché de sang et recouverte de son propre tee-shirt - heureusement que Fred était reparti en bas, il se saurait moqué de son rougissement quant à la vue du corps de la jeune fille. Il resta là, assis à côté d'elle. Ayant mis au préalable sa tête sur ses cuisses, il lui caressait doucement les cheveux tout en lisant un livre sur le Quidditch. Mais il avait du mal à se concentrer. Il y avait beaucoup trop d'évènements en si peu de temps qui touchait sa petite-amie que des moments passés, il ressentait l'envie que tout cela cesse pour la garder en sureté et en paix pour le restant de ses jours. Il s'en voulait qu'elle vive tant de choses si difficiles, si douloureuses. Et était en colère contre Kristine Astor. C'était elle qui lui causait tous ces problèmes, et il ignorait comment remédier à ça.
  De son côté, Éléona, elle, se culpabilisait tout en en voulant à Remus et Sirius de ne pas l'avoir laissé soigner Mélody.

- Arrête d'être têtue et laisse-nous te soigner ! tempêta Arthur.

- Je peux très bien le faire avec ma magie... rétorqua Éléona qui avait récupéré un peu d'énergie grâce au métabolisme de son don. Comme je pourrais très bien soigner Mélody.

- Dumbledore l'a fait, intervient Sirius en entrant dans la pièce, les bras chargés d'une boite médicale.

- Oh, Sirius, te voilà ! s'exclama la mère des Weasley. Elle ne veut pas qu'on la soigne, elle refuse totalement !

- Ne vous en faites pas, on va s'en charger, répondit Remus en arrivant à son tour.

  Il était allé donner à tous les enfants du chocolat pour remédier à leurs divers malaises mentaux face aux derniers incidents. Et pour cause, car Hermione était encore sous le choc, Ginny était silencieuse (un exploit, elle qui était bavarde !) tandis que Tonks essayait de leur remonter le moral, Ron était blanc comme un linge et Amy restait interdite, les yeux fixés sur un point invisible, Fred tentant de la rassurer. Lui-même n'était pas vraiment dans son assiette mais il avait quand même l'air mieux que tous les autres. Son père alla parler avec Dumbledore, bientôt rejoint par Molly, laissant donc les trois amis d'enfance dans la salle à manger.

- Arrête d'être têtue, soupira Sirius en remarquant que Éléona ne voulait aucun soin.

- Je ne suis pas têtue, simplement inquiète pour ma fille...

- On le sait, mais elle ne risque plus rien maintenant, rétorqua Remus en lui ébouriffant les cheveux. Allez, laisse-nous te soigner, au moins...

- Ça irait plus vite avec ma magie.

- Sauf que tu es épuisée, et tu le sais.

  Éléona baissa les yeux en soufflant d'impuissance face à la réplique de Sirius. Ils avaient raison ; si elle utilisait ses pouvoirs de guérison, elle souffrirait plus qu'elle ne guérirait.

- Je n'aime pas ça, dit-elle après quelques secondes de silence.

- Moi, tu sais ce que j'aime bien, Ballerina ? lança Sirius en s'asseyant face à elle. C'est voir que pour la première fois, tu avoues enfin qu'il y a des choses auxquelles tu es impuissante.

  Il la regarda avec un large sourire amusé qui fit pouffer légèrement Remus, et prit son mollet galbé délicatement pour le poser sur sa cuisse. Éléona grimaça quand il apposa une poche de glace sur sa cheville aussi gonflée qu'une balle de tennis.

- Ce n'est pas drôle, Ryu ! répliqua-t-elle. Si les Ombres ont réussi à pénétrer le champ de force, alors Mélody n'est plus en sûreté nul part.

  Sirius releva ses yeux marrons vers les siens cristallins, puis échangea un regard avec Remus, qui avait commencé à désinfecter sa blessure au cou.

- Comment ça ? demanda-t-il, les sourcils froncés.

- Les Ombres n'étaient pas là par hasard. Et ce n'est encore moins une coïncidence qu'elles interviennent juste après que Mélody se soit mise en colère avant d'être envoyée dans le Multivers par une simple pensée involontaire.

- Dans le Multivers ? répéta Remus, effaré.

- Qu'est-ce que c'est que ça encore... souffla Sirius, malgré qu'il soit habitué aux étrangetés de Éléona.

- Le Multivers désigne simplement l'agrégat de toutes les dimensions et réalités parallèles existantes. Il existe aussi des Univers parallèles au nôtre qui co-existent les uns et les autres. Ils sont tous basés, à ma connaissance, sur plusieurs dizaines de modèle d'inflation cosmique qui sont un peu comme... hum... une gigantesque toile d'araignée - exactement comme nos esprits à tous.

  Les deux hommes échangèrent un regard déconcerté. Éléona parlait du Multivers avec une certaine passion qui leur était complètement incompréhensible.

- Donc... Tu es en train de nous dire que Mélody, avant que les Ombres nous attaquent, a été envoyé dans plusieurs Dimensions ? dit lentement Sirius, essayant de comprendre.

  Il savait pour les Ombres mais le reste lui était parfaitement étranger.

- Pas physiquement, seulement mentalement !... Aïe ! Mais ça fait mal ! s'écria-t-elle en repoussant la main de Remus.

- Si tu arrêtais aussi de bouger, ça n'arriverait pas, argua-t-il dans les yeux.

  Elle soupira et relâcha doucement sa main, lui laissant le champ libre pour qu'il applique un pansement carré qui la fit grimacer.

- Suite à ça, et suite à ce que Daniel l'ait aidé à sortir du Multivers, reprit-elle, Mélody est parvenu à revenir dans notre Dimension, mais extrêmement fatiguée de cette densité-ci. Les Ombres ont sans doute cru qu'elles pourraient venir l'achever en voyant l'état dans lequel elle était.

- Attends, intervint Remus ; comment ça, « Daniel l'a aidé » ?

  Elle soupira difficilement et expliqua ce qu'elle avait dit plus tôt à Mélody. Leurs réactions furent donc exactement ce qu'elle avait prévu ; un sourire naquit sur leurs lèvres, respirant l'espoir de revoir Daniel parmi eux.
  Au moment où Éléona voulut reprendre la parole, Dumbledore entra dans la salle à manger avec Fol Oeil.

- Alors, comment va notre brebis galeuse ? dit celui-ci en s'avançant d'un pas bourru. Toujours capable de marcher ou on doit lui couper la jambe ?

- Non merci, je n'ai pas très envie de partager la tienne métallique, répondit la jeune femme sur le coup de la plaisanterie, faisant briller une lueur d'amusement dans le regard de Dumbledore.

  Elle commença à vouloir retirer son pied de la cuisse de Sirius, mais celui-ci retint son mollet, lui procurant une vive douleur qui la fit serrer les dents.

- Merci pour ton aide, Patmol, mais au nombre de mes expériences de danse, je suis toujours capable de m'occuper d'un problème de cheville, informa-t-elle en voyant son regard réprobateur.

- Permettez-moi de vous dire que votre cheville est tournée dans un sens non favorable, commenta Dumbledore.

  Sirius eut un haussement de sourcil vainqueur et Éléona s'en pinça les lèvres avant de retirer brusquement sa cheville de sa cuisse, le faisant souffler d'exaspération. Sans perdre une seconde de plus, elle replia sa jambe sur elle-même, vers sa cuisse et prit ses orteils en mains, ce qui fit écarquiller les yeux aux autres.

- Euh... Léo... commença Remus.

- Tu sais ce que tu t'apprêtes à faire ? dit Sirius.

  Sans répondre, Éléona tourna d'un coup sec sa cheville vers elle et échappa un cri de douleur au même moment avant de souffler bruyamment pour reprendre son souffle qui s'était coupé sous la douleur. Doucement, elle inspira et expira profondément, éloignant déjà sa souffrance alors que les hommes venaient tous de grimacer - même Dumbledore.

- Comme ça c'est fait, lâcha Fol Oeil.

  C'était rare, mais il était stupéfait qu'elle eut assez de cran pour remettre son os correctement sans l'aide de personne. La main un peu tremblante, le cœur battant la chamade et les larmes aux yeux, Éléona prit la poche de glace que lui tendait Remus et la maintint en place par la force de pensée avant de se faire soi-même son bandage. Elle sentait déjà son pouvoir interne de guérison soigner sa cheville qui dégonfla la minute qui suivit malgré la douleur encore présente.

- Où est Arthur ? demanda-t-elle.

- Parti au ministère avec Tonks, répondit Fol Oeil.

- Kingsley était déjà là-bas, ajouta Sirius.

- Et les enfants ? Comment vont-ils ?

- Comme Mélody, ils se reposent tous - ce qui est surprenant quant on connait la nature de certains, dit Dumbledore avec un sourire amusé avant de reprendre une mine plus grave.

  Éléona comprit et hocha de la tête en fermant la porte d'un coup d'air sorti de sa main.

- On les appelle les Néfilim, expliqua-t-elle après plusieurs questions de la part de Dumbledore et une tasse de tisane brûlante entre les mains. Et c'est tout à fait normal que vous n'en aviez entendu parlé nul part ailleurs. Il existe une version déformée d'eux dans la Bible - ceux croyants ces écrits ont tous les droits d'y croire, mais ça n'a jamais été mon cas comme vous le savez. Car avec ce que je vois, c'est important de faire autant de différences que possible...

- Une seconde, l'interrompit Remus qui continuait de la soigner (il l'avait exigé) ; de quoi vas-tu nous parler au juste ?

- C'est vrai que ça nous largue un peu, approuva Sirius.

- Vous vous souvenez de notre gage étant jeunes, quand Daniel et moi vous avons raconté notre enfance, ainsi que l'histoire avec l'Orbe ? Aujourd'hui, je vais pousser votre connaissance sur le sujet « Entités des Ténèbres », qui sont assoiffés de sang et de satanismes occultes.

  Sirius et Remus échangèrent un regard lourd, mais ne dirent mots et lui firent signe de continuer.

- Alors... Hum.... Les Néfilim ne sont qu'un peuple reptilien parmi trois autres ; les Gris, les Nordiques et les Sépulcreux. Et à part les Gris, les autres sont des Entités métamorphes capable de prendre l'apparence humaine à volonté s'ils atteignent un nombre suffisant de victimes...

  En voyant ses amis d'enfance choqués, elle leur assura :

- Tout comme pour les loups-garous, il y a différents cas de Métamorphes. Le leur les oblige à faire des choses horribles.

  Ils soufflèrent un peu de soulagement, ne croyant au départ par ses mots.

- Reprenez où vous en étiez, s'il vous plait, dit Dumbledore.

- Du côté des Néfilim, continua donc Éléona ; dont Kristine Astor fait partie, de ce que je sais, peuvent apparaître et disparaître autant qu'ils veulent, user de magie comme de technologie qui surpasse celle humaine, et s'intéressent principalement aux yeux des Êtres vivants puisque ce sont le reflet de l'Âme.

- C'est pour ça que l'Ombre a voulu avaler le globe oculaire de la p'tite blonde, comprit Fol Oeil au sujet de Mélody.

- Exactement. Et si les Néfilim ne s'intéressent pas aux yeux, ils vont s'intéresser à notre Énergie négative et l'aspirer. C'est leur source première de nourriture avant l'ADN qu'on a en chacun de nous. On parle de tout ça principalement sur les tablettes d'argile sumériennes, ainsi que dans beaucoup de légendes Moldue. Il y a même l'un d'eux, un certain David Icke, qui a commencé à écrire vers 1980, d'incroyables livres sur le sujet. Il a... assez bien résumé dans les grandes lignes.

  Dumbledore hochait de la tête, semblant penser à quelque chose, alors que Fol Oeil approuvait qu'il aimerait toucher deux mots à ce Moldu pour le féliciter de son travail. Sirius et Remus étaient mitigés, mais ne pouvaient que penser qu'avec ce qu'il venait de se passer (tel que Mélody attaquée par une Ombre démoniaque), Éléona avait totalement raison. Et dans ce cas, ils la plaignaient sérieusement ; même eux qui n'avaient peur de rien, ou presque, elle était la seule à avoir assez de courage pour supporter ce genre d'horreurs car les Détraqueurs, à côté de ces choses, ressemblaient à des nounours.

- Encore un David, dit seulement Sirius avec sarcasme.

  Éléona pouffa légèrement et soudain, dans un cri mélodieux, un magnifique phénix passa par la fenêtre pour se poser sur les épaules de Dumbledore.

- Fumseck, dit ce dernier, comment vas-tu, mon cher ami ?

  Il émit un cri qui fit froncer les sourcils de Éléona. Elle semblait la seule à avoir compris ce qu'il voulait dire et en parut sidéré car elle se massa le front avec ses doigts.

- Déjà des Ombres qui apparaissent ici, et maintenant, des Détraqueurs... Ces enfants vont finir par se faire tuer ! marmonna-t-elle alors que le phénix vola jusqu'à elle pour lui soigner ses blessures aux bras à l'aide de ses larmes.

- De quoi tu parles ? demanda Sirius.

  Elle releva sa tête vers eux et soupira d'épuisement.

- Fumseck a su par Sieur Pompon, le chat de Arabella - autrement dit Mrs Figg -, que Mondingus a filé pour un trafique de chaudrons en fin de journée. Il a donc laissé Harry sans surveillance, ce qui a permis à deux Détraqueurs - probablement envoyés par des Corrompus - d'attaquer ce pauvre garçon il y a de ça cinq minutes. Et comme inconscient qu'il est, Harry a utilisé le charme du Patronus pour se sauver, lui et son cousin Dudley...

- Ce qui se résume à la Restriction de la magie pour les Sorciers de premier cycle, comprit Sirius.

  Dumbledore, qui fut soudain furieux, se hâta précipitamment de leur informer qu'il allait de ce pas au ministère de la Magie, pour tenter de minimiser l'accident. Au dernier moment, il dit :

- Envoyez une garde rapprochée au 4, Privet Drive dès que vous aurez reçu mon Patronus. Et prévenez les enfants ; Harry sera ici ce soir !

- Ce sera fait, confirmèrent Éléona et Sirius d'une même voix.

  Dumbledore disparu par transplanage et Remus dit aussitôt :

- Il va falloir s'organiser et prévenir l'Ordre au complet.

- Ça aussi, on peut compter que s'est déjà fait, répondit Éléona en faisant apparaître dans le creux de sa main un filament argenté qui s'épaissit jusqu'à devenir un faucon aux ailes de dragon.

  Son Patronus s'agrandit en passant par la fenêtre, filant à travers la fin de soirée.

- Comme ça c'est fait, grogna Fol Oeil.

- Allons chercher les enfants, dit Remus. Ils seront ravis de savoir pour Harry.

- Ravis... Il va tout de même avoir des problèmes avec le ministère, rétorqua la jeune femme. Si déjà ce n'était pas suffisant avec Mélody, il faut aussi qu'il y ait Harry...

- En parlant de ça... dit Sirius alors que Remus et Fol Oeil partirent en haut. Vous vous êtes réconciliés, toutes les deux ?

  Éléona acquiesça avec un sourire.

- Oui. L'ennui est qu'après ce que j'ai appris lors de notre dispute, de ce que lui a fait Kristine et ses autres larbins de pourriture le jour de l'incendie, j'ai espéré savoir s'il y avait autre chose... Mélody n'a rien voulu me dire, jugeant que ce n'était pas la peine de me surcharger d'inquiétude... Elle a prétexté que c'était tout à fait normal, étant donné que j'avais aussi des secrets pour elle.

  Sirius soupira difficilement, n'aimant pas la voir se culpabiliser. Mais il vit un message caché derrière ses paroles. Il comprit alors rien qu'en voyant son regard.

- Tu ne lui as pas dit, n'est-ce pas ? dit-il en remettant de l'ordre dans ses cheveux blancs avec un sort. Elle l'ignore encore ?

- Tu sais autant que moi que si je lui disais ça, elle réagirait mal.

- Mais plus tu vas attendre, plus sa réaction sera démultipliée. Elle t'en voudra et je suis même sûr, la connaissant, qu'elle ne te le pardonnera jamais.

  Éléona voulut répondre quelque chose, mais ses mots s'arrêtèrent à sa gorge alors que Sirius s'assit devant elle.

- Je...

  Son regard fuyant était assez descriptif de son désarroi.

- Pourquoi ne lui dis-tu pas maintenant ? dit Sirius avec une pointe d'exaspération.

- Je... Je crois que pour la première fois, j'ai peur de ce qu'elle pourrait faire si jamais elle le saurait et je... je préfère attendre que Daniel soit sorti du coma pour le lui annoncer.

- Tu recules toujours le moment où il faut lui dire, de toute façon.

- Et qu'est-ce que tu aurais fait à ma place ? dit-elle d'une voix désespérée. Je n'avais pas le choix !

- On a toujours le choix, Léo, c'est toi-même qui le dis à chaque fois.

  Elle soupira, les larmes aux yeux, mais reprit son masque de bienveillance et de zénitude en voyant les enfants arriver. Même George. Elle laissa donc Sirius, Remus et Fol Oeil leur annoncer pour Harry, et monta difficilement les escaliers pour aller voir Mélody avec l'unique pensée qu'elle ne découvre jamais la vérité.

Point de vue Mélody (au présent)


  Un grondement d'orage me fait ouvrir les yeux. Et je sais que je suis dans un rêve rien qu'en remarquant mes mains. Ce ne sont pas les miennes. Je les bouge, je les secoue, mais je sais que j'incarne la vie de quelqu'un d'autre.
  Harry.
  Alors il voit comme ça, à sa hauteur ?
  Je sens que mes pieds tapent avec enfrain le sol et que ma respiration est haletante. Je cours comme si que ma vie en dépendait, alors que le paysage défile sous mes yeux donnés par ceux de Harry. De grands champs de blé et de hautes herbes sèches, brûlés par la chaleur d'été, m'entourent, signe que je suis bien près de Magnolia Crescent. J'entends une autre personne haletée et d'un regard vers celle-ci, je le reconnais : Dudley. Cette fois-ci, je n'ai plus de doute sur ce que je vis.
  Les champs continuent de passer à une vitesse fulgurante puisque nous courrons assez rapidement. De toutes nos forces, je dois dire. La pluie ne tarde par à faire son apparition, dégringolant le ciel orageux et donnant force au vent qui se met à souffler doucement, éloignant la température de sécherresse.
  Après cinq bonnes minutes de course effrénée, on trouve refuge dans un long tunnel qui se trouve sous l'autoroute. Les lampadaires grésillent faiblement, alors qu'on peine à reprendre un souffle convenable, tremblant de froid par l'averse.
  Soudain, c'est comme si que le grondement lointain de l'orage, de la circulation, se sont tuts. L'atmosphère parfumée de la pluie a laissé place à un froid mordant, pénétrant, comme si une main géante a laissé tomber dans tout le tunnel un épais manteau de glace qui givre les lampadaires. À l'intérieur de Harry, je remarque qu'on reste parfaitement immobile tous les deux, tournant nos yeux à droite et à gauche. Je me rends compte que j'ai la chair de poule et que mes cheveux masculins se sont hérissés sur ma nuque. Mais c'est impossible... Ils ne peuvent pas être là... Pas à Little Whinging... Je tends l'oreille en même temps que Harry, ne pouvant de toute façon que refaire les mêmes gestes que lui... On les entendrait avant de les voir...
  Quelque chose d'autre est tout à coup présent dans le tunnel, quelque chpse qui pousse de longs soupirs rauques comme des râles. Debout dans le froid glacial, tremblant et tremblante des pieds à la tête, j'éprouve à cause des émotions de Harry une horrible sensation de terreur. Mon regard dérive lentement derrière mon épaule et je sursaute en voyant un Détraqueur juste dans mon dos. L'une de ses mains grisâtres, visqueuses, couvertes de croûtes, glisse entre les plis de la robe et me prend soudain à la gorge, me soulevant en me plaquant contre le mur dans le but de m'étrangler. Un crépitement semblable à une chute d'eau retenti à mes oreilles.

- Dudley... cours... m'entendis-je dire difficilement.

  Dudley commence à courir, apeuré, mais se mélange les pieds et fini par s'étaler sur le sol un peu plus loin dans un bruit de glissement bruyant. Quel balourd ! Un autre Détraqueur arrive alors au-dessus de lui et commence à aspirer son Âme. Le spectre qui me maintient fait également de même à mon esprit. Je ne ressens soudain plus aucun bonheur en moi... Les doigts glacés du Détraqueur se referment sur ma gorge - un rire aigu résonne à mes oreilles de plus en plus sonore et une voix dans ma tête me dit : « Incline-toi devant la mort, Harry... peut-être même que tu ne souffriras pas... Je n'en sais rien... Je ne suis jamais mort... ».
  Voldemort.
  Je me sens soudain angoissée et j'essaie de faire un mouvement, mais je ne peux rien faire si Harry ne le décide pas. Je ne peux pas l'aider ! Soudain, il a l'excellente idée de récolter sa force pour parvenir à sortir sa baguette magique de sa poche et crever l'œil de mon adversaire
  Je retombe aussitôt brutalement à terre en laissant échapper ma baguette. Dans une respiration haletante, je tâtonne frénétiquement le sol dans l'espoir de la retrouver. J'entends le râle du Détraqueur commencer à s'occuper de Dudley, et le second revient à la charge. Par un élan de chance, je mets enfin la main sur ma baguette magique, alors que les visages de Ron, Hermione et (étrangement) le mien surgissent dans l'esprit de Harry, me le partageant au même moment alors qu'on s'efforce de reprendre notre souffle.

- EXPECTO PATRONUM !

  Un immense cerf argenté jailli de la baguette magique ; la ramure de l'animal frappe le Détraqueur là où son cœur devrait être et la créature est aussitôt rejetée en arrière, aussi dénuée de pesanteur que l'obscurité elle-même. Tandis que le cerf et sa lumière chargent, le Détraqueur s'envole, semblable à une chauve-souris. Il est vaincu. Je me tourne vers Dudley en brandissant ma baguette lumineuse, et la seconde d'après, le Détraqueur s'attaquant au jeune homme disparait dans la nuit avant d'être absorbée par les ténèbres. Le cerf se volatilise dans une brume argentée. Alors que je commence à m'asseoir à terre, je me sens happée dans le vide...

  ... et sursaute en ouvrant les yeux lorsque je sens mon dos percuter matériellement le matelas d'un lit. Le temps de me remettre de ce j'ai vu, je fini par comprendre que c'est le mien et que je me trouve dans ma chambre. Mais avant même de pouvoir réfléchir au comment du pourquoi je suis ici, une puissante migraine vient cogner dans mes tempes. Je me tiens instinctivement le front avec ma main, ne pouvant que serrer les dents en grimaçant, et m'assoie difficilement, haletant encore par mon rêve. Mon regard se pose sur mon bras et je remarque que les traces que Kristine m'a faite en étant une Reptilienne ont pratiquement disparu, tout comme mes autres douleurs. Ma robe bohémienne a été remplacée par un tee-shirt que je reconnaîtrais à la douce odeur étant celui de George. J'en déduis alors qu'après que Dumbledore nous ait aidé à combattre les Ombres, je me suis évanouie et qu'on m'a porté jusque dans mon lit... Ma respiration devient plus rapide quand je me rappelle de tout ce qu'il s'est passé et surtout de l'état de Éléona. Kristine a failli la tuer et si Tantine n'aurait pas eu son Double-Anneau, je crois bien qu'elle aurait réussi. Un frisson me parcoure à cette pensée.
  J'entends soudain la porte s'ouvrir et dans un second sursaut, je tourne ma tête vers celle-ci. C'est avec soulagement que je vois que ce n'est que Tantine. À l'instant où elle me voit, elle s'arrête une seconde, le temps pour elle d'observer de loin si je vais bien. Elle finit par sourire tendrement.

- Enfin. Te voilà réveillée, petite marmotte. 

  Elle s'approche difficilement de moi, boitant à chaque pas, avant d'arriver à mon chevet et de s'y asseoir. J'ai aussitôt une grimace en voyant sa cheville blessée.

- Est-ce que ça va ? me demande-t-elle.

- C'est plutôt à toi que je devrais demander ça, Maman.

- Oh... Je crois qu'aucune de nous deux ne marque le plus de points, répond-elle avec amusement.

  J'ai un léger rire en lui notant un point et d'un regard inquiet, elle pose sa main sur mon front.

- Hmm... Tu as de la fièvre... (Elle recouvre mes doigts avec les siens.) Ce n'est pas étonnant, avec ce qu'il s'est passé.

  Je soupire difficilement, me rappelant la peur aux entrailles que m'a valu Kristine en apparaissant soudain devant moi avec ses yeux rouges coulant de sang. Évidemment, la peur a vite laissé place à la rage mais je n'ai pas pu me défendre comme d'habitude ; étant en Ombre et d'apparence Sépulcreuse, sa puissance a été décuplée de façon à m'empêcher de lui coller une raclée. C'est alors que je me souviens d'un détail. Un détail qui fait assombrir mon regard.

- Il faut que je te dise quelque chose, dis-je. Quand Kristine a essayé de... de...

- De s'attaquer à tes yeux ? grimace Tantine, elle-même dégoûtée d'une chose pareille.

- Ouais, quand elle a voulu me les gober, tranchai-je d'une traite - la faisant frissonner de répugnance ; elle... elle m'a dit de te transmettre un message.

- Lequel ?

  Je la regarde puissamment dans les yeux, la mine plus sombre.

- Que tu devais lui donner l'Orbe du Faucon avant que tu n'en paies le prix.

  Un autre frisson la parcoure alors que sa respiration s'accélère légèrement. Son regard se perd dans le vide, comme si qu'elle redoutait ce moment. 

- Je vais te le redemander, mais qu'est-ce que c'est que l'Orbe ? demandai-je.

- C'est une histoire qui nous concerne, Daniel et moi...

- Non, tu ne m'auras pas à ce jeu-là. 

- Mélody...

- Il n'y a pas de Mélody qui tienne ! Elle a parlé de l'Orbe juste avant de mettre Daniel dans le coma, et là, elle cherche à nouveau à l'obtenir en te menaçant toi ! De toute évidence, ce n'est pas quelque chose d'anodin alors qu'est-ce que tu ne m'as pas dit ?

  Éléona me regarde longuement dans les yeux et secoue négativement la tête en faisant apparaître un tissu humide qu'elle pose sur le haut de ma tête.

- C'est une vieille légende, rien de plus, et Kristine a toujours été très naïve à ce sujet.

  Je fronce mes sourcils et pouffe d'un rire jaune.

- Kristine ? Naïve ? On est sûres de parler de la même Kristine ?

- Oui, on est sûres, dit-elle plus froidement, ne voulant pas rentrer dans les détails. 

  Elle se lève et ajoute :

- Je vais aller prévenir les autres que tu es réveillée, et principalement George. Il a veillé sur toi depuis que tu t'es endormie.

  Son sourire rempli de compassion et de bienveillance refait son apparition mais je vois bien que le message de Kristine l'a rendue distante. Aussi, je me hâte de lui dire :

- Tôt ou tard, je saurais ce que tu me caches.

  Elle se raidit un instant, me fixant d'un air interdit, la bouche entrouverte. Sa réaction me fait froncer les sourcils, or, elle se reprend bien vite en arborant son sourire de toujours.

- Je te dirais tout au moment voulu, je te le promets, me jure-t-elle.

  Puis elle m'embrasse sur le front d'un geste maternel et repart en fermant la porte, boitant toujours. 
  Je me permets de soupirer de frustration, sortant un juron. Combien de secrets me cache-t-elle ? Et pourquoi ? Je croyais qu'elle voulait qu'on soit sincères l'une envers l'autre ?
  La porte se rouvre cette fois-ci sur George. Ses cheveux roux courts sont comme d'habitude dans un beau bordel organisé et ce même sourire craquant refait surface dès qu'il me voit réveillée.

- Je me disais aussi que ce n'était pas possible de dormir autant, ricane-t-il.

  Je pouffe de rire, remarquant seulement maintenant qu'il dit vrai...

- C'est bien la première de mes véritables nuits, approuvai-je alors qu'il entre dans la chambre.

  Mon commentaire lui fait froncer les sourcils malgré qu'il pouffe de rire et il s'asseoit sur le fauteuil qui se trouve à mon chevet. Il ouvre ses bras dans lesquels je me blottie, un sourire aux lèvres.

- Comment tu vas ? me demande-t-il.

- Toi d'abord.

- Je dirais que Fred et moi nous en sortons mieux que les autres ; Hermione est encore un peu bouleversé, Ron essaie de se changer les idées en bataillant avec Ginny aux échecs. Il n'y a que David qui est redevenu comme avant, bien que angoissé à ton sujet. Mais il se débrouille comme un chef pour faire comme si de rien n'est et est avec Amy et Fred, en train de refaire la réplique du château de Disney en Lego.

  Je pouffe de rire en entendant ça. Depuis que Daniel et Éléona lui ont offert des Lego, des espèces de minis briques de différentes couleurs et de longueurs qu'on peut assembler à volonté, David ne cesse de faire jouer son imagination en se donnant des défis plus incroyables les uns que les autres. La dernière fois, c'était l'Empire State Building aux couleurs de l'Amérique et le Colisée.

- Au moins, ils s'occupent l'esprit, dis-je.

- Ça, c'est sûr.

  On rigole tous les deux avant qu'il me demande plus sérieusement :

- Et toi ? Ça va ? 

- Oh, très bien, avouai-je avec indifférence. J'ai encore une fois failli me faire tuer par Kristine qui est venue sous sa forme de Sépulcreuse en voulant me gober les yeux, tout en essayant de mettre fin à la vie de ma mère adoptive en vous balançant à vous tous son attirail de fête foraine des ténèbres, puis je me réveille avec une sacrée migraine juste après un rêve sur les Détraqueurs, alors, décidément, rien ne pourrait aller mieux ! terminai-je avec sarcasme. Ah ! Et n'oublions pas non plus les magnifiques secrets que Tantine ne veut pas m'avouer.

  Je l'entends rire légèrement à travers un baisé sur ma tempe et sens son pouce me caresser doucement la joue dans des gestes réguliers, sa grande main ayant pris délicatement ma tête en coupe, ma pommette contre son torse. Mais je l'entends tout de même souffler d'inquiétude.

- Quoi comme secret ? me demande-t-il.

- Kristine m'a demandé de lui transmettre un message : si elle ne veut pas mourir, elle a intérêt à lui donner l'Orbe du Faucon avant le Solstice d'été. 

- L'Orbe du Faucon ? C'est quoi ça ?

- C'est justement ce que j'ai demandé à Tantine, mais elle refuse de m'en dire quoique ce soit si ce ne serait-ce que c'est une histoire entre Daniel et elle.

  Je soupire de frustration et sens sa main me caresser délicatement les cheveux. Un geste qui a le don de m'apaiser alors que je laisse ma tête se reposer mollement contre son torse.

- Tu crois que c'est une arme ? Ou quelque chose dans le genre qu'elle aurait demandé à Dumbledore de cacher à Poudlard ? - non, parce qu'aux dernières nouvelles, c'est là qu'ils cachent tous leurs machins.

- Ça, je n'en sais rien mais elle me cache des choses. Et ça m'énerve.

- Ne t'énerve pas trop, sinon je vais finir par être un chamallow grillé au barbecue.

  Je ne peux m'empêcher de rire à sa référence mais finis bien vite par perdre mon sourire quand je me rappelle ma vision.

- Avant que je me réveille, j'ai fait un cauchemar - ce qui est habituel les trois quarts du temps, mais là, c'était différent...

- Attends, m'arrête-t-il, qu'est-ce que tu veux dire par les trois quarts du temps ? 

  Je me raidis.

- Je... j'ai dit ça ? dis-je innocentement. 

- Non, ne commence pas sur ce ton, tu l'as vraiment dit.

- Je me souviens pourtant que je n'ai rien dit de plus que nécessaire...

- Tu ne m'auras pas comme ça... Je connais ce timbre de voix, dit-il avec amusement.

- Je n'y crois pas ! m'offusquai-je en me redressant pour le regarder. Tu as carrément mis au point un... un...

- Un radar pour conneries à la Mélody.

- Au moins, je suis unique, plaisantai-je en levant les yeux au ciel. Et dois-je te rappeler que toi et Fred êtes les spécialistes aux âneries ?

  Il me regarde avec un petit sourire, avant de me dire sérieusement :

- Alors ?

  Son regard intense me fait soupirer.

- D'accord... Je fais souvent des cauchemars, si tu veux tout savoir.

  Son regard amusé devient inquiet en un instant.

- Ne me dis pas que tu en fais toutes les nuits ?

- Seulement quand je trouve le sommeil - c'est à dire, après le genre d'incidents comme avec Kristine. Sinon... je reste éveillée toute la nuit, à boire mon thé noir pour tenir.

- Mais qu'est-ce qui te prend de ne pas vouloir dormir ? dit-il avec une certaine colère montrant son inquiétude.

- Déjà, je n'en ressens plus le besoin et ensuite... disons que ça m'évite des cauchemars.

- Quels genres de cauchemars ?

  Je me pince les lèvres en baissant ma tête et lâche un soupir. J'aurai aimé que les mots ne m'échappent pas.

- Si ce ne sont pas les tortures au ministère, ni les Ombres qui m'attaquent... Ce sont diverses choses horribles. La dernière fois, j'ai vu Éléona mourir...

  Ma voix tremble malgré moi et j'inspire profondément. Pleurer, c'est faible.

- Ouais... soufflai-je avec amertume. Je l'ai vu mourir... Et le pire, c'est que c'était de ma faute.

  Je remonte mon regard dans le sien et le vois peiner alors qu'il prend mon visage en coupe.

- Jamais ça ne pourrait être de ta faute, me dit-il.

- Bien sûr que si. Elle veut toujours se sacrifier pour me sauver et ça, ça va à un moment lui coûter sa vie. Parce qu'elle aura décidé de me protéger. Tout comme toi et les autres... Vous voulez constamment m'aider mais c'est au périple de vos vies et je ne suis pas prête de vous perdre.

- Tu ne nous empêcheras pas de vouloir te sauver la vie, ma Belle.

- Qu'est-ce que ma vie a de si précieuse pour que toi et les autres décidiez d'une si importante chose à ma place ? m'emportai-je. Ce n'est pas à vous de vous sacrifier pour une cause perdue !

  George fronce gravement ses sourcils.

- Une cause perdue ? s'exclame-t-il. Mais tu n'es pas une cause perdue !

  Je le regarde avec exaspération, ma colère augmentant en l'entendant me dire ça, et il reprend aussitôt en me regardant puissamment dans les yeux :

- Ça ne t'est jamais venu à l'idée qu'on fasse tout ça uniquement parce qu'on tient à toi ?! Ça ne t'est jamais arrivé d'avoir assez confiance en celle que tu es pour comprendre qu'on pourrait mourir seulement pour garantir ta vie ?

- Mais je ne veux pas de ça, et encore moins de votre envie suicidaire qui me fait encore plus culpabilisé !

- Mais culpabilisé de quoi ?

- C'est ta vie et celles des autres qui sont en danger uniquement parce que vous voulez garantir la mienne, alors que je préférais mille fois donner ma vie pour la vôtre !

  On se regarde longuement dans les yeux, chacun décidé à démontrer à l'autre notre façon de pensée, jusqu'à ce que George a un léger rire nerveux.

- Tu sais quoi ? On t'aime, voilà notre seule raison pour nous de te protéger. 

- Et c'est la seule raison ?

- Ne cherche pas, tu n'as plus rien à revendre, ça se voit, rétorque-t-il avec un sourire malicieux.

  Je le foudroie du regard et croise mes bras sur ma poitrine en baissant la tête, les lèvres pincées par tout l'agacement que je ressens. Savoir que je suis aimée à ce point me fait à la fois plaisir et à la fois culpabiliser ; s'ils ne m'aimeraient pas, jamais ils ne seraient tentés à chaque fois de préférer ma vie à la leur. Et évidemment, je n'ai aucun mot à dire là-dessus !
  George passe ses bras autour de moi pour me serrer contre lui :

- Tu ne pourras jamais nous empêcher de t'aimer, Love, et encore moins de nous sacrifier pour toi s'il t'arrive quelque chose.

- Je ne vous ai rien demandé, c'est ça, le truc.

- Tu te plains d'être aimée, tu es vraiment idiote, Mélody ! s'exaspère-t-il.

- Non, je tiens à vous, tout simplement !

- Tu sais quoi ? On va faire comme si que personne ne mourra à la fin du scénario. Je préfère ça que nous imaginer un accident qui, ça se trouve, n'est là que pour te faire peur !

  Je fronce mes sourcils en l'entendant dire ça. A-t-il raison, au final ? Est-ce que ces cauchemars ne sont justement là que pour me faire douter ou me faire peur ?
  Je soupire seulement en hochant de la tête, les larmes aux yeux, la joue posée contre son torse.

- Tu as raison... Je suis désolée... dis-je.

- Ne sois pas désolée, c'est normal. Mais je te le dis, et te le redis juste par simple plaisir : tu ne te débarrasseras pas de nous aussi facilement.

  Je pouffe de rire et il ajoute :

- On sera toujours là, et on ne te quittera jamais, je te le garantie. Et puis... moi, principalement, je te promets de rester ton pot de colle jusqu'à la fin de mes jours, qu'est-ce que tu en dis ?

- Ce n'est pas une bête idée, répondis-je seulement avec un sourire aux lèvres.

  Il rigole en continuant de me caresser les cheveux, me berçant presque. C'est dingue à quel point, quand je suis dans son étreinte ou même juste à côté de lui, je me sens dans une parfaite sérénité. 
  Je lève mon visage vers lui et pose mes lèvres contre les siennes. Je le sens sourire alors qu'il approfondit le baisé en liant nos langues ensembles. La façon dont il m'embrasse fait sonner un message très clair : il sera toujours là avec moi et me protégera quoi qu'il lui en coûte. On se sépare par manque de souffle, et je plonge mon regard bleu circassien dans le sien marron noisette. Je suis si longuement absorbée par ses yeux que je me surprends à ne plus penser à rien l'instant de quelques secondes. George finit par sourire et m'embrasser délicatement le front. Son bisou me donne des frissons sans savoir pourquoi.

- C'est dingue qu'un seul bisou sur le front te procure tant d'effet, me souffle-t-il dans l'oreille.

  Je me sens aussitôt rougir, ce qui le fait ricaner malicieusement.

- J'ai gagné~ chantonne-t-il. Allez repose-toi, ma Belle...

  Je fais la grimace en entendant ça, avant de trouver un compromis qu'il ne refusera pas.

- À une seule condition : tu restes avec moi.

  Son sourire s'agrandit et une étrange lueur apparaît dans ses yeux.

- Mais bien sûr, avec plaisir ! Par contre décale-toi sinon je vais me casser la figure.

  Je pouffe de rire en me reculant sur le côté et il s'allonge à côté de moi, sur la couette. Je me glisse dans ses bras, ma tête posée sur son torse tandis qu'il me serre contre lui, sa main à ma taille. Il prend avec l'autre l'une des miennes, et me dit en me caressant l'épaule de son pouce :

- Ça te va bien mes tee-shirts.

- Ça me fait une robe.

- Justement, tu es trop mignonne avec.

  Je rougis à son commentaire et préfère enfouir mon nez dans son cou au lieu qu'il voit mes joues rouges. Mais évidemment, il connait mon geste habituel ; il en rigole alors aussitôt.

- Tu ne changeras jamais... murmure-t-il.

- Pourtant, si, j'ai changé.

- Tu pourras croire tout ce que tu veux : le Conditionnement n'aura jamais d'effet sur ce qu'on ressent mutuellement. Je t'aime, ma Belle, et ça, pour toujours.

  Je souris mais perds vite mon sourire en me rappelant de mon rêve.

- Dis... J'ai rêvé de quelque chose à propos de Harry et... je me demandais, à tout hasard, lui et son cousin Dudley ne se seraient pas fait attaqués par des Détraqueurs ?

  Je me redresse un peu pour le regarder dans les yeux et le vois qu'il me fixe avec des yeux effarés.

- Si, c'est justement de ça que nous a parlé Sirius, dit-il d'une voix blanche. Donc... tu as vu l'attaque ?

  J'hoche de la tête en souriant avant de soudain froncer les sourcils. Si Sirius leur a parlé de ça, l'Ordre a sûrement été prévenu. En me voyant me lever précipitamment, George dit :

- Mais qu'est-ce que-

  Je ne le laisse pas finir :

- L'Ordre va être réuni au complet, je ne veux surtout pas manquer ça ! dis-je joyeusement. Par contre, si tu peux juste fermer les yeux le temps que je m'habille, s'il te plait ?

  Il me fait des yeux de chiens battus mais j'appuie avec mon regard, lui faisant comprendre que sinon, je le mets à la porte avec ma magie.

- Tu sais que je t'ai vu en sous-vêtements pour te mettre mon haut, au moins ? dit-il avec un sourire goguenard, rougissant à peine.

  J'écarquille des yeux en blêmissant soudain, le visage écrevisse, perdant mon sourire.

- Si tu as pris une photo, tu es un homme mort, dis-je, les yeux noirs, en allant prendre un de mes jeans cargo.

- Qu'est-ce qui te dérange dans le fait que je t'ai vu en sous-vêtements de sport ? Et puis, j'étais plus préoccupé par ton état.

- Heureusement, répondis-je seulement. Mais tu dois quand même fermer les yeux ou je te les couds ! menaçai-je.

- O.K, O.K... Pas la peine de s'énerver, ce n'est pas bon pour la santé !

  Il pouffe de rire en se retournant alors que j'enfile vivement mon jeans, gardant son tee-shirt sur moi. Mais je vois du coin de l'œil qu'il a laissé son regard dérivé légèrement sur moi, de quoi m'agacer.

- Tu sais que je suis douée à la couture, au moins ? lançai-je.

  Il grimace et se cache les yeux avec ses mains, tel un enfant. Je rigole et souffle pour m'épargner une floppée de souvenirs horribles. Puis me hâte à lasser mes Doc Martens de combat.

- C'est bon ? dit George. 

- Oui, répondis-je en revenant vers lui.

  Même assis, il me dépasse encore un peu. De quoi sérieusement le faire rire.

- C'est dingue, tu restes toujours plus petite que moi, pouffe-t-il en me détaillant du regard.

  Je lui tire la langue et il entoure ses bras à ma taille pour me serrer contre lui, posant sa joue contre mon buste alors que je passe mes mains dans ses cheveux.

- Aller, il faut que tu me lâches, rigolai-je.

  Il rigole avec moi avant de relever son visage pour m'embrasser aux lèvres.

- De toute façon, on entendra tout avec les Oreilles à Rallonge.

- Je sais.

  Je lui fais un clin d'œil et on sort tous les deux de la chambre avant de se séparer. Je descends les marches, remarquant seulement maintenant que mon œil droit a une moins bonne vue que l'autre. Je soupire à ça, voulant éternellement tuer Kristine pour tout ce qu'elle continue à me faire subir à moi et les autres, et une fois arrivée devant la porte qui est étrangement ouverte, y toque en arborant un grand sourire. Je passe ma tête dans l'entrebaillement, faisant taire la discussion qui s'animait.

- Dites, c'est ici le mouvement Rebelle ?

  Sirius, Remus et Éléona ne peuvent contenir un rire et je remarque avec joie que le reste de l'Ordre est ici. J'avais hâte d'enfin tous les rencontrer !

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