Virginia Beach, 24 décembre 2017
La gorge serrée, Lori regardait par la fenêtre de la Camaro. Les flocons voletaient de partout, venant épaissir le tapis immaculé qui recouvrait déjà les trottoirs et les jardins. Les maisons, magnifiquement apprêtées pour Noël, défilaient derrière la vitre. Les décorations et les guirlandes lumineuses qui scintillaient le long des façades et entre les arbres jetaient des halos colorés et invitaient à la gaieté et à la fête mais Lori avait le cœur lourd. Une fois de plus elle était confrontée à la déception. Pourtant, elle était heureuse d'avoir pu passer les fêtes de Noël avec sa famille au grand complet. Pendant un temps, elle avait craint que ses frères soient en déploiement mais ils étaient revenus la veille de Syrie. Et elle avait eu la magnifique surprise de découvrir que Christopher avait invité Alexander au traditionnel réveillon de Noël chez leurs parents. Ses frères refusaient que leur meilleur ami passe les fêtes seul, sa famille étant en voyage en Europe.
Fébrile, elle s'était habillée, coiffée et maquillée avec soin en espérant qu'il remarque enfin la femme qu'elle était devenue. La soirée avait bien commencé et avait paru prometteuse à Lori. Quand il l'avait complimentée sur sa tenue, il lui avait semblé avoir décelé une lueur de désir dans son regard. Mais à sa grande déception, le Seal avait ensuite agi avec elle de la même manière que d'habitude. Il s'était comporté comme un grand frère.
À la fin du repas, son frère aîné et sa femme étaient rentrés chez eux précipitamment avec leurs enfants en oubliant qu'ils étaient censés ramener Lori chez elle. Joshua restant dormir chez leurs parents, la jeune femme s'était retrouvée sans véhicule pour rentrer à son nouvel appartement. Alexander avait alors offert de la raccompagner chez elle et elle avait accepté avec empressement. Lori y avait vu une occasion de se rapprocher de celui dont elle était secrètement amoureuse depuis presque cinq ans. Mais depuis qu'ils étaient dans la voiture, Alexander regardait la route, droit devant lui, et ne faisait aucun effort pour entretenir la conversation. Il avait juste allumé le poste et cherché une station de radio qui diffusait des chansons de Noël et se contentait de donner des réponses anodines aux questions que Lori lui posait de temps en temps. La jeune femme avait la désagréable impression d'être invisible. Il n'avait même pas jeté un coup d'œil à ses jambes alors qu'elle avait pris soin de s'asseoir de façon à ce que la fente de sa jupe longue s'ouvre haut sur sa cuisse. Installée comme elle l'était, sa jambe dénudée juste à côté du levier de vitesse, elle avait espéré que par « inadvertance » sa main glisse du pommeau et s'aventure sur sa cuisse. Mais le Seal avait conduit sans faire attention à elle.
Quand la Camaro se gara devant le petit immeuble, Lori avait le moral en berne.
« Il faut que je me fasse une raison. Il n'en a rien à foutre de moi ! Il ne me voit même pas ! Pour lui je ne suis que la petite sœur de ses potes ! »
La jeune femme avait la gorge tellement serrée qu'elle n'était pas sûre de pouvoir lui dire au revoir sans fondre en larmes. Elle avait misé tellement d'espoirs sur cette soirée du réveillon ! Avant qu'elle puisse esquisser un geste, Alexander sortit de la voiture et vint lui ouvrir la portière.
— Je te raccompagne chez toi.
— Nous sommes chez moi, rétorqua presque agressivement Lori qui ne pensait qu'à rentrer chez elle pour pouvoir pleurer ton son saoul sans témoin.
— Je te raccompagne à ton appartement. Je ne vais quand même pas laisser la petite sœur de mes potes dans la rue en pleine nuit.
Sans lui laisser l'opportunité de protester, Alexander la prit par le bras pour l'aider à marcher jusqu'à l'escalier permettant d'accéder à la galerie extérieure qui desservait les appartements. Mais Lori n'eut que le temps de faire trois pas avant de glisser sur le trottoir enneigé à cause de ses talons hauts. Le Seal la rattrapa par la taille, puis sans hésiter il glissa un bras derrière ses genoux et l'autre derrière ses épaules et la souleva pour la porter et lui éviter de tomber. Il ne la reposa que lorsqu'ils arrivèrent devant la porte de l'appartement. Electrisée par le contact du corps du Seal contre le sien lorsqu'il l'avait portée, Lori avait les mains tremblantes et peinait à trouver ses clés. Tout en les cherchant dans son sac, elle essayait de surmonter son trouble. Quand elle y parvint enfin, elle ouvrit la porte et se tourna vers son chevalier servant pour lui proposer de boire quelque chose avant de reprendre la route.
— Merci Alex. Tu m'as évité une mauvaise chute. Je te dois bien un café. À moins que tu préfères quelque chose de plus fort ?
— Un café, ça m'ira très bien.
Tandis que Lori préparait un plateau avec le café dans la cuisine, Alexander musardait dans le salon inspectant l'aménagement du nouvel appartement. Comme le silence s'éternisait, il demanda avec curiosité :
— Tu n'as pas répondu quand Chris t'a demandé quel serait pour toi le plus beau cadeau de Noël.
— Tout simplement parce que je ne peux pas avoir ce que j'aimerais, répondit la jeune femme depuis la cuisine.
— Qu'est-ce que tu en sais ? Si tu ne demandes pas, tu ne peux avoir aucune certitude. Je te connais tu n'as pas des goûts de luxe, je suis sûr que tu ne ruineras pas tes frères.
Lori revint dans le salon avec un plateau qu'elle posa sur la table basse avant de répondre :
— Ils ne peuvent pas m'offrir ce que je veux.
— Pourquoi ? Qu'est-ce que c'est ? Un bijou ?
— Non.
— Une voiture ? Ne me dis pas que tu as encore embouti ta Pontiac ? ironisa le Seal.
— Ah ah très drôle ! Arrête de te foutre de moi avec cette histoire !
— Ok j'arrête ! Promis ! Allez sérieusement, dis-moi ce que c'est.
— Un mec.
Interloqué le Seal la regarda les yeux écarquillés.
— Tu te fous de moi là ?
— Non.
Alexander resta quelques secondes songeur, les sourcils froncés avant d'acquiescer :
— Finalement tu as raison, il ne vaut mieux pas que tu dises ça à tes frères sinon le pauvre gars est mort. J'espère que tu lui as recommandé d'être discret... ou alors de souscrire une assurance vie...
Lori poussa un soupir à fendre l'âme en se laissant choir dans le canapé, une jambe repliée sous ses fesses.
— Aucun risque, il n'en a rien à foutre de moi donc il n'y a aucune chance qu'il se passe un jour quelque chose avec lui.
— Comment ça ? Il est con ou quoi ?
Lori haussa les épaules machinalement.
— Il n'est apparemment pas au courant qu'il m'intéresse. Soit il est trop aveugle pour s'en rendre compte soit il fait exprès de ne pas le voir.
— Alors c'est vraiment un crétin !
— J'avoue que je suis assez d'accord !
— Pourquoi tu ne lui mets pas les points sur les « i » ? Si tu veux vraiment un truc n'attends pas que ça te tombe tout cuit dans le bec, va le chercher.
À cette suggestion, le regard de Lori se fit moins pensif, plus acéré et une étincelle nouvelle fit briller ses yeux.
— Tu as raison, je vais me servir moi-même !
Lori se leva du canapé, alla cueillir une guirlande rouge sur le sapin puis se rapprocha du Seal avec un grand sourire et lui passa la guirlande autour du cou.
— A quoi tu joues Lori ? demanda-t-il en riant.
— Je te donne un aspect plus « Noël ».
Avant qu'Alexander puisse esquisser le moindre geste, elle le plaqua dos au mur et se jeta sur ses lèvres. Surpris par l'attaque, il ne lui opposa aucune résistance et pas davantage quand elle voulut approfondir leur baiser. Bien au contraire, il la serra contre lui presque instinctivement et lui rendit son baiser. Leur étreinte devint de plus en plus enflammée mais le Seal reprit pied dans la réalité quand il sentit une main mutine presser son érection par-dessus le tissu de son pantalon. Sa respiration devint plus heurtée sous la caresse mais il trouva la force d'éloigner la jeune femme de lui.
— Bordel Lori, qu'est-ce que tu fous ?
Avec fébrilité, elle fit courir ses doigts sur son torse et déboutonna sa chemise.
— Ça ne se voit pas ?
— Mais qu'est-ce qu'il te prend ?
— Tu es vraiment con à ce point ? Tu viens de me dire de prendre ce que je voulais. C'est ce que je fais ! Je déballe mon cadeau de Noël !
— Mais... mais je ne suis pas un cadeau !
— Si, tu es le mien ! asséna-t-elle en jetant sa chemise sur le sol.
Comme Lori posait ses doigts sur la boucle de sa ceinture, il lui bloqua les mains.
— Ce n'est pas possible Lori ! On ne peut pas faire ça !
— Pourquoi ?
— Mais... parce que Chris et Josh vont me faire la peau ! On ne touche pas aux femmes, aux filles ou aux frangines de ses frères d'armes ! C'est la règle. Et en plus j'ai six ans de plus que toi je te rappelle.
— Rien à foutre. Tu as dit toi-même que si je voulais mon cadeau, je n'avais qu'à aller le prendre. Eh bien c'est ce que je fais ! Dans ma lettre au Père Noël, il n'y a qu'une chose : une nuit avec toi ! Ça fait presque cinq ans que je fantasme pour rien parce que tu ne me vois pas. J'en ai marre d'être transparente à tes yeux.
— Putain Lori, je te garantis que je te vois. Tu es loin d'être transparente à mes yeux !
— Eh bien c'est pas l'impression que j'ai !
— Mais tu ne comprends pas !
— Non, effectivement ! Qu'est ce qu'il y a à comprendre ?
— Tu es la sœur de mon meilleur pote et de mon commandant d'unité, ce n'est pas correct.
— Justement je suis SA sœur, pas la tienne alors arrête de me traiter comme si c'était le cas.
Lori se pressa contre lui avant de murmurer d'une voix rauque :
— Un mec ne bande pas pour une fille comme tu le fais en ce moment s'il la considère comme sa sœur ! Alors, assume ce dont tu as envie aussi !
— Tu ne sais pas à quoi tu t'exposes si je me lâche, l'avertit Alexander d'une voix rauque.
— J'ai envie de savoir ! Je ne demande pas mieux depuis des années !
— Ne me pousse pas dans cette direction Lori ! On risque de le regretter demain.
— Demain est un autre jour. On verra plus tard pour les regrets.
— Je ne veux pas d'embrouille avec Chris et Josh, tenta encore le Seal.
— Il n'y en aura pas. Promis, on laisse mes frangins en dehors.
Alexander l'écarta un peu de lui et la fixa de ses yeux bleus assombris par un désir qu'il ne pouvait plus cacher.
— Tu es sûre de toi ?
— Certaine. Lâche-toi !
Le regard du Seal devint encore plus trouble, ses narines se pincèrent imperceptiblement. Il hésita un court instant puis se jeta sur la sœur de son chef en grognant :
— Tu l'auras voulu ! Où es ton lit ?
— Dernière porte à droite.
Quand Alexander passa ses mains sous ses fesses et la souleva contre lui, Lori noua instinctivement ses jambes autour de sa taille.
— Chouette c'est enfin Noël pour moi ! murmura Lori contre sa bouche tandis qu'il l'emportait au pas de charge vers la chambre.
Et pendant que les cafés refroidissaient lentement sur la table basse, l'atmosphère devint brûlante dans la pièce au bout du couloir.
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Il y a quelques temps des chroniqueuses sont venues me demander de participer à un calendrier de l'Avent d'un genre particulier basé sur le principe d'un jour, une histoire courte d'un auteur différent à chaque fois.
Pour celles qui ont lu la version éditée du tome 2 d'Unité d'Elite, vous savez que Noël a une importance particulier pour nos Seals. J'avais déjà cette scène en tête quand on m'a demandé d'écrire une mini histoire pour le calendrier de l'Avent. Le seul hic c'est que je devais faire entre 500 et 800 mots environ et bien évidemment comme je suis incapable de faire court, je me suis retrouvée à écrire un chapitre. Chapitre qui a encore été légèrement étoffé avant d'atterrir sur wattpad.
Cette scène a été mis à l'honneur aujourd'hui même par les chroniqueuses sur leur groupe FB donc je peux maintenant vous la révéler.
J'espère que ce petit bonus avec Hurricane et Lori vous aura plu !