Pétales de Rose et rameau d'O...

De Susi-Petruchka

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« Jamais Rose Phorbe-Nascorie n'avait connu situation plus insolite que celle dans laquelle elle se retrouva... Mais

I. Damoiselle Rose, sur un muret perchée
II. Damoiselle Rose, au bal égarée
III. Damoiselle Rose, en un saule incarnée
IV. Damoiselle Rose, en pirogue embarquée
V. Damoiselle Rose, par les remous malmenée
VI. Damoiselle Rose, dans les combles réfugiée
VII. Damoiselle Rose, dans des plans très foireux impliquée
VIII. Damoiselle Rose, plusieurs fois abusée
IX. Damoiselle Rose, par la chaleur incommodée
X. Damoiselle Rose, en territoire ennemi infiltrée
XI. Damoiselle Rose, abondamment frustrée
XIII. Damoiselle Rose, par la vérité assomée
XIV. Damoiselle Rose, à la franchise résignée
XV. Damoiselle Rose, en contre-attaque avancée
XVI. Damoiselle Rose, b(a)isouillant dans les bois
XVII. Damoiselle Rose, par la réalité - et le manque de sommeil - rattrapée
XVIII. Damoiselle Rose, à de très légers problèmes relationnels confrontée
XIX. Damoiselle Rose, en un si sacré sanctuaire emmenée
XX. Damoiselle Rose, à bien des périls exposée
XXI. Damoiselle Rose, par les événements dépassée
XXII. Damoiselle Rose, entre des feux croisés piégée
XXIII. Damoiselle Rose, par de menus détails intriguée
XXIV. Damoiselle Rose, par une licorne secourue
XXV. Damoiselle Rose, sacrifiée
Épilogue : Juste Rose

XII. Damoiselle Rose, en un duel engagée

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De Susi-Petruchka

Donatien de Tantale les rejoignit avec un peu de retard, s'attirant un regard outré de la part de sa cuisinière – une femme d'une trentaine d'années au visage sévère et aux petites lunettes carrées, ne correspondant en rien à l'image que Rose se faisait d'une matrone passant ses journées à préparer de bons petits plats ; pour correspondre à l'imaginaire de Rose, la femme aurait dû s'avérer mieux en chair.

Le père d'Olivier prit place au bout de la table, tandis que son fils faisait face à leur invitée. Rose n'avait ainsi qu'à étendre la jambe pour que son pied frôle le mollet du jeune homme ; mais si la pensée lui traversa la tête, elle s'en abstint néanmoins, craignant de se tromper de cible, et viser – fort maladroitement – Donatien de Tantale.

– Pouvons-nous commencer, Monsieur ? s'enquit la cuisinière, visiblement pressée de servir ses plats – sans doute pour éviter que ceux-ci ne refroidissent.

– Nous attendons encore Janvier ! l'arrêta le maître de maison. Il finissait de taper un courrier pour moi, il devrait arriver d'une seconde à l'autre. Puisque nous avons déjà une invitée pour ce soir, je lui ai proposé de se joindre à nous. Tu ne m'en veux pas, n'est-ce pas Oli ?

Le jeune homme se composa une mine indifférente.

– Pas le moins du monde, Père, murmura-t-il.

Ce qui ne l'empêcha pas de couver sa jeune amie d'un regard inquiet. Cette dernière se força à sourire pour le rassurer, et se permit même de céder à son impulsion et de caresser son mollet du bout des orteils – s'étant auparavant débarrassée de sa sandale droite. Olivier manqua de sursauter, mais l'apparence détachée qu'il avait adoptée l'aida à demeurer serein. Il hocha la tête de gauche à droite en signe d'incrédulité, ne pouvant cependant dissimuler son expression amusée.

– Pardonnez mon retard, me voilà ! s'exclama soudain la détestable voix suave de Janvier, tandis que le personnage faisait irruption dans la salle à manger, sans guère de manières – ou du moins Rose l'estima-t-elle.

Il balaya la pièce du regard, adressa un signe de tête narquois à la cuisinière, qui attendait toujours sur lui, puis se dirigea enfin vers la table. Il passa à côté d'Olivier sans s'arrêter, contourna la chaise de Monsieur de Tantale, pour finalement s'octroyer celle qui se trouvait juste à côté de Rose. À cet instant-là, la jeune femme sentit la sève qui parcourait ses veines se glacer comme de l'eau, et elle perdit toute envie de flirter ou de s'amuser. Seule demeurait sa mission, comme une lumière vive au bout d'un tunnel, seule justification au fait qu'elle se ne lève pas de suite en exigeant qu'on la raccompagne chez elle. Oui, assez joué. Rose entrait en guerre.

La guerre en question débuta par un plat de fruits de mer, où Rose dut batailler ferme pour décortiquer ses langoustines. Elle y parvint tant bien que mal – et ce sans tacher sa jolie robe, qui plus est – et essuya fièrement les regards des hommes de la tablée, lesquels s'essayaient à la tâche avec plus de discrétion.

– C'est vraiment délicieux, commenta-t-elle lorsqu'elle put porter à sa bouche le premier morceau de crustacé qui lui paraissait plus ou moins mangeable.

La conversation démarra réellement à l'arrivée du plat principal – du canard à l'orange, mais à l'assaisonnement duquel Olivier n'avait pris aucune part, puisqu'il se trouvait alors occupé à pimenter autre chose – à savoir sa relation avec une certaine jeune femme aux charmantes boucles rousses.

– Comment avancent les préparatifs pour la mise en chantier de la mine, Père ? questionna Olivier, d'une voix égale qui laissa planer le doute sur l'innocence de sa question.

– Oh, nous avons toutes les autorisations, soupira Donatien de Tantale. En revanche, les indigènes nous posent problème. Ils affirment que la portion de territoire sur laquelle nous allons implanter la mine à ciel ouvert est occupée par une tribu ancestrale, qui vivrait en communion avec la nature ou je ne sais quelle autre bêtise mystique. J'ai reçu deux de leurs émissaires aujourd'hui. Une dénommée Inga accompagnée de son fils – Aguaje si je me souviens bien, ou je ne sais quel autre nom à coucher dehors.

Rose s'étouffa avec un morceau de carotte en entendant le prénom d'Aguaje, et dut avaler un grand verre d'eau en catastrophe pour ne pas mourir à table, ou pire – et comble de l'humiliation – recracher le tout sur son voisin. Olivier lui demanda si tout allait bien, les sourcils froncés, mais Rose le rassura d'un signe de la main, gênée, et Monsieur de Tantale reprit ses explications :

– Les émissaires indigènes ont exposé leurs arguments... et je dois reconnaître qu'il est déplorable que l'implantation de la mine les pousse à se déplacer. Mais quel autre choix avons-nous ? Les divers États du continent menacent sans cesse l'indépendance de l'Île. Si nous ne bâtissons pas notre puissance sur des ressources économiques tangibles, rien ne les empêchera de nous engloutir. Et ces indiens du bayou ne verraient sans doute pas la chose d'un œil plus positif que la situation actuelle. Une mine, c'est tout ce dont nous avons besoin pour survivre en ce moment. Les États qui nous envahiraient ne s'en contenteraient pas, eux. Ils transformeraient l'Île tout entière en une gigantesque houillère ; ils industrialiseraient tout, et nous pourrions dire adieux à la faune et à la flore si riches de notre belle Île.

Le discours avait eu le don de refroidir Rose. Elle sentait des frissons parcourir sa colonne vertébrale, et se demandait si la situation était réellement aussi noire que la dépeignait l'industriel. Ne s'évertuait-il pas plutôt à défendre ses propres intérêts ?

– Vous semblez troublée, Mademoiselle Phorbe-Nascorie. Mes propos vous auraient-ils choquée ?

Donatien de Tantale avait tourné un visage compatissant vers la jeune femme, qui le rassura d'un signe de tête.

– Non, pas choquée, murmura-t-elle. Surprise seulement. Je ne pensais pas que la création de cette fameuse mine de charbon à ciel ouvert pesait tant sur notre situation sur le plan international. L'avenir que vous dépeignez pour l'Île semble s'annoncer... plutôt gris.

– La mine réglera nos problèmes, chère enfant, déclara Monsieur de Tantale, paternaliste.

– N'y aurait-il pas d'autre solution ? Une qui ne laisse pas de cicatrice si horrible dans notre patrimoine naturel ?

– Non.

Janvier venait d'ouvrir la bouche pour la première fois du repas, et comme toujours, sa voix révulsait Rose. Sous la table, sa main se crispa sur la cuisse de la jeune femme, comme pour bien lui prouver qu'il la tenait en son pouvoir. Il tourna son regard vers elle, et Rose se sentit forcée à faire de même. Une fois passée la révulsion due à la cicatrice en croissant de lune, elle plongea ainsi dans deux prunelles pénétrantes, qu'elle découvrit vertes. Vertes, si vertes, comme les rais de soleil qui perçaient la forêt vierge ou les mousses éclatantes du bayou. Comme la lueur émeraude qui émanait des licornes. Vertes, comme celles qui brillaient au fond des petits yeux vifs de Gaïa.

– Non Rose, murmura-t-il – à moins que ce ne fut elle. Il n'existe aucune autre solution.

Rose termina le repas comme prise dans un rêve, ailleurs. Elle se sentait soudain extérieure à cette réalité qui défilait sous ses yeux, comme assommée, engourdie. Olivier sembla s'en inquiéter, mais la rouquine ne parvint pas à se reprendre en main pour le rassurer. Seul compter désormais Janvier, juste à côté d'elle, dont elle frôlait parfois le coude par inadvertance. Janvier ; Gaïa. Tout s'embrouillait, et les certitudes d'hier devenaient les doutes d'aujourd'hui, les terreurs de demain, vrillant les tempes de la jeune femme d'un vertige étourdissant.

Vivant elle-même une sorte de conte de fées depuis son enfance, dans lequel elle incarnait une créature qui n'aurait pas dû exister, Rose était conditionnée à accepter le surnaturel bien plus facilement que ses congénères humains. Après tout, elle avait grandi dans un manoir où l'on se contentait d'étendre la main pour faire mûrir les tomates que l'on devait manger au dîner, où sa demi-sœur pouvait manipuler à volonté les planchers, et dans les combles duquel veillait une ancêtre pluricentenaire. Le fait de réaliser que Gaïa possédait la capacité de modeler son apparence à volonté n'avait en soit rien d'inacceptable pour un esprit aussi malléable que celui de la jeune femme. Car pour elle, le fait s'imposait comme une évidence : Janvier et Gaïa n'étaient qu'une seule et même personne ; les yeux extraordinaires du vieil esprit des plantes le démontraient aisément. Il ne pouvait en être autrement.

Demeurait une question, une question primordiale. Et elle tournait comme une toupie dans la tête de Rose, à tel point que cette dernière sentait peu à peu poindre une migraine. Oui, une question la tenaillait, une seule : pourquoi ? Pourquoi Gaïa semblait-elle œuvrer à la destruction de l'Île, main dans la main avec Monsieur de Tantale ?

Le repas se termina ainsi sur une exquise Charlotte aux fraises, à laquelle Rose ne fit cependant pas honneur – s'attirant un regard noir de la part de la cuisinière. Elle mordilla le bout de sa cuillère, n'attendant qu'un seul instant : celui où elle rentrerait enfin chez elle, éviterait les questions d'Edelweiss, Chardon et Valerian – et celles, plus embarrassantes sans doute, de sa mère – et grimperait en quatrième vitesse jusqu'aux combles, pour confronter Gaïa. Elle voulait savoir ! Elle devait savoir !

Une fois le café terminé, Olivier insista pour la raccompagner, croyant sans doute que son mutisme de la fin du repas lui était destiné, et déterminé à tirer les choses au clair. Rose se sentit coupable de l'avoir si mal traité, mais elle ne pouvait s'empêcher de demeurer obnubilée par ces yeux, ces yeux verts, si verts... À quoi jouait Gaïa ?

– Vous paraissez contrariée, lui souffla Olivier, lorsqu'il prit place à côté d'elle sur la banquette arrière de la voiture de son père, tandis que le chauffeur mettait le moteur en route.

Rose leva les mains comme pour montrer son impuissance, réellement désolée. Le jeune homme s'était montré si gentil avec elle ; il ne méritait certainement pas un tel traitement.

– C'est à cause de Janvier ? hasarda-t-il encore. Je suis vraiment navré, je ne pensais pas que mon père l'inviterait à se joindre à nous – je m'y serais opposé, s'il m'en avait laissé le temps ou l'occasion.

– Je ne sais pas comment vous l'expliquer, Olivier, répondit doucement Rose, la voix teintée d'une étrange détresse. Oui, c'est à cause de Janvier, mais pas pour les raisons que vous croyez. Je ne peux rien dire. Je...

Le jeune homme hocha la tête avec sérieux, respectant la volonté de ne pas s'exprimer plus franchement de son invitée.

– Tâchons de penser à autre chose ! la réconforta-t-il. À combien de temps d'ici se trouve votre maison ?

– En pirogue, facilement trois heures, grommela Rose. Et à condition de ne croiser aucun alligator. En voiture, dans les vingt minutes, je dirais. Mais il faut toujours faire attention aux alligators.

– Ah.

Olivier hocha la tête avec application, cherchant sans doute à déterminer si sa compagne tâchait de se montrer spirituelle ou si elle parlait sérieusement – auquel cas il lui faudrait se poser de cruelles questions concernant sa santé mentale.

Le trajet fut silencieux, Rose ne parvenant toujours pas à se tirer de sa transe. Elle se força certes à balbutier quelques banalités, mais le cœur n'y était pas. Et Olivier semblait s'inquiéter d'autant plus, lui qui s'était sans doute figuré qu'elle retrouverait la parole une fois éloignée de Janvier ; il sous-estimait la puissance du choc que venait de vivre sa jolie rouquine.

– Et vous, que pensez-vous du projet de votre père ? reprit soudain Rose, que la question venait de frapper en plein fouet.

Elle réalisa simultanément que cette demande était sans doute un peu cruelle, car elle forçait Olivier à se positionner, à choisir entre Donatien de Tantale, son père, sa seule famille, et elle, qui désapprouvait assez visiblement le projet de mine à ciel ouvert. Elle, simple Rose qu'il ne connaissait que depuis quelques jours, et qui l'ignorait soigneusement depuis plus d'une heure. La jeune femme se mit soudain à redouter la réponse que lui livrerait son vis-à-vis. Elle ne voulait pas le pousser à choisir.

– C'est une question difficile, maugréa Olivier après un moment de réflexion. Pas dans le sens où je serais incapable de choisir un camp, non ; je connais ma position. Mais il est impossible de la résumer en un mot.

– Alors développez, lui sourit Rose, déterminée à se rendre aimable. Vous disposez d'un peu de temps, et de mon oreille attentive.

Le jeune homme lui rendit son sourire, et se permit même de lui prendre la main, profitant de la vitre teintée qui les séparait du chauffeur pour se rapprocher d'elle.

– Vous ne m'en voulez pas, n'est-ce pas ? lui souffla-t-il dans le cou. J'aime chuchoter à votre oreille.

Rose laissa échapper un rire enfantin qui sonnait faux, pas vraiment d'humeur à badiner, mais ne se dégagea pas pour autant – bien au contraire. Elle posa sa tête sur l'épaule du jeune homme, tandis que celui-ci lui expliquait ce qu'il pensait de la mine que son père allait entreprendre de construire.

– Il s'agit d'une situation déplorable, débuta-t-il. Installer quelque chose d'aussi polluant sur notre Île... Ce n'est certainement pas la bonne solution. Mais vu les menaces que font peser sur nous les pays du continent, il semblerait qu'il s'agisse de la moins mauvaise. Je ne suis toutefois pas entièrement convaincu par cette argumentation. Sans doute ne suis-je qu'un pauvre idéaliste, mais j'aimerais continuer à croire qu'il existe une autre alternative ; il n'incombe qu'à nous de la trouver.

– Voici une position qui me plaît, articula vaguement Rose, toujours bien installée au sein des bras de son charmant accompagnateur, lequel se permettait même de laisser glisser ses mains puissantes sur le creux de ses hanches.

Elle voyait défiler la route qui menait jusque chez elle, craignant finalement l'instant où il lui faudrait quitter Olivier. Leur deuxième soirée ensemble s'était avérée à l'image de la première : beaucoup, beaucoup de problèmes, d'épreuves désagréables et de déboires. Mais en fin de compte, seul restait le souvenir de leurs moments de complicité partagée, comme une étoile vive au sein d'un ciel de plomb.

– Je n'ai pas très envie d'arriver, murmura-t-elle.

L'affirmation la surprit elle-même, mais la rouquine réalisa bientôt qu'elle ne constituait que la pure vérité. Elle se raccrocha plus encore à Olivier, lequel resserra son étreinte comme pour bien lui prouver que leur séparation prochaine ne lui plaisait pas plus qu'à lui. Rose sentait son souffle sur sa nuque, comme lors de leur promenade solitaire au sein du jardin de la demeure des de Tantale. Cela faisait naître en elle le même sentiment de frustration qu'auparavant – à cela près qu'elle se sentait de moins en moins capable d'y résister. La soirée s'était avérée trop intense, trop chargée en émotions et en révélations. Le sens moral de Rose fondait comme neige au soleil, de même que sa résistance.

Elle se dégagea soudain, cessant de prendre appui sur Olivier pour se retourner vers lui et le fixer droit dans les yeux, le visage si proche du sien que leurs fronts se touchaient presque, et qu'elle pouvait sentir sa lente respiration s'évader de ses lèvres pour chatouiller son visage. Rose sentait son cœur s'envoler en une nuée de battements, et son corps s'enflammer, lui dictant les actes qu'il lui restait à accomplir.

– Olivier... chuchota-t-elle.

– Rose ?

– Je vais vous embrasser maintenant.

Elle joignit le geste à la parole et brisa lentement toute la distance qui demeurait entre eux, frôlant de ses lèvres celles du jeune homme, qui répondit aussitôt en s'avançant à son tour et en refermant ses bras sur la mince silhouette de Rose. Mais avant qu'ils puissent réellement laisser libre court au désir qui les empoignait tous deux, la voiture s'arrêta. Rose, un peu secouée, recula aussitôt. Olivier la laissa s'éloigner à regret, mais n'arrêta pas pour autant de laisser courir ses mains sur les hanches de la jeune femme, comme pour mieux dessiner les contours de celle qu'il brûlait de posséder.

– Il fallait que l'on arrive maintenant... pesta-t-il doucement.

Rose le consola en recoiffant sa tignasse brune d'une main tendre – si tant est qu'il était possible de faire quelque chose de cet amas de mèches désordonné. Elle posa un dernier baiser sur le front du jeune homme, frissonna lorsque le pouce de ce dernier caressa brièvement la courbe de son sein, et enfin, s'éloigna. Elle se mit aussitôt à haïr soigneusement son sens des responsabilités ; mais ses questionnements concernant Gaïa n'auraient su attendre une seule seconde supplémentaire. Elle devait confronter l'ancêtre immédiatement.

– Promettez-moi que je vous reverrai bientôt, la supplia Olivier, s'efforçant de faire bonne figure malgré son déchirement évident.

– Demain, lui souffla Rose, joueuse. Demain, à midi. Rejoignez-moi ici.

Le jeune homme esquissa une légère grimace à l'idée de devoir affronter les parents de sa bien-aimée avant même d'avoir pu embrasser cette dernière, mais ne protesta pas, trop heureux que l'entrevue ne soit pas repoussée à plus tard.

– Demain sera une très longue journée, reconnut-il.

– Mais la nuit qui précédera sera plus longue encore !

Décidée à ne pas éterniser leurs adieux, Rose sauta prestement hors de la voiture et prit le petit chemin pavé qui menait jusqu'au manoir. Elle redoutait d'ores et déjà sa confrontation avec les membres de sa famille ; mais pas autant qu'elle redoutait Gaïa.

***

Nda : La « véritable identité » de Janvier relève de l'un de mes rares moments de lucidité à l'écriture de cette histoire. J'étais partie pour le schéma classique – grand méchant très méchant avec comportement vicieux et cicatrice bizarre à la clé – quand une idée merveilleuse s'est imposée dans mon petit schéma pas très défini, sous la forme d'un « oh pis merde, le méchant ce sera la grand-mère ! » ; du coup, modification conséquente de l'intrigue. Mais comme il n'y en avait pas vraiment à la base, on ne peut pas dire que ça ait été un problème...

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