The Slytherin Champion

By lucasbww

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Et si, au lieu de Cedric Diggory, Cassius Warrington avait été choisi pour participer au Tournoi des Trois So... More

PARTIE I : Cassius
Chapitre 1 : Le Champion
Chapitre 2 : Le Jeu des Souterrains
Chapitre 3 : Le Blizzard
Chapitre 4 : La Première Tâche
Chapitre 5 : Lune de minuit
Chapitre 6 : L'Œuf d'Or
Chapitre 7 : Le Lac
Chapitre 9 : Tempête sur Pré-au-Lard

Chapitre 8 : Le Bal de Noël

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By lucasbww

Les vacances arrivèrent avant même que Cassius ne s'en rende compte. Il avait accumulé un tel retard dans ses devoirs qu'il avait dû se laisser plonger dans une ambiance studieuse durant les dernières semaines. Les heures et les jours avaient défilé sous ses yeux dans une danse tout aussi monotone que celle des flocons qu'il regardait tomber à travers la fenêtre. La neige était en train de recouvrir de son manteau tous les endroits du château qu'elle pouvait atteindre.

C'est alors que des grognements de mécontentement accueillirent les devoirs du professeur McGonagall et tirèrent Cassius de ses pensées.

— Et je ne tolère aucune plainte, s'exclama la professeure. Vous avez choisi ces matières pour vos ASPIC, il s'agit désormais de votre avenir dans le monde extérieur.

Il y avait trois parchemins à rédiger sur les limites et dangers de la métamorphose humaine. Cassius se plaignit d'une même voix avec toute la classe puis se dirigea vers la salle commune et, comme à son habitude, commença ses devoirs. Il passa la soirée et même une partie de la nuit à griffonner ses parchemins et à feuilleter ses livres à la recherche d'informations, tandis que la pièce se vidait petit à petit de ses occupants. Ce fut au moment d'aller se coucher que Cassius réalisa, seul au milieu de la salle vide, que venait de s'écouler la dernière journée de la dernière semaine avant les vacances.

La routine que Cassius s'était imposée avait effacé de son esprit ses problèmes récents mais, lorsqu'il eut monté les marches de marbre jusqu'au dortoir et se fut allongé sous ses couvertures, l'un d'eux revint à lui. Il ne restait qu'une semaine avant le bal de noël. Et il n'avait pas de cavalière pour ouvrir le bal avec lui. Il s'endormit en s'imaginant danser seul au milieu des couples des autres champions. Il se demanda si Harry Potter avait trouvé une cavalière avant lui.

Cassius était en train de tomber au-dessus d'un océan infini mais il ne pensait qu'au fait qu'il se sentait si seul. Quelque chose se brisa alors bruyamment sur sa gauche. Il tourna la tête et vit, sur l'eau qui était devenue solide, une statue de lui-même en morceaux dont la tête, qui seule avait été épargnée, lui faisait face, et il réalisa alors qu'il avait lui aussi heurté l'eau si violemment, et il avait si mal, et son corps décapité était éparpillé sous lui. Puis l'eau retrouva sa nature liquide et l'enveloppa d'une étreinte si forte que Cassius se réveilla, essoufflé, et sa première pensée fut qu'il ne voulait pas avoir à retourner dans un lac. À quelques centimètres de lui, les morceaux d'une lampe cassée se recollaient par magie.

— Alfy est terriblement navrée, maître ! surgit alors une voix au centre de la pièce. Alfy est tellement maladroite, elle ne voulait pas vous réveiller !

La tête d'une elfe de maison dépassait derrière le bout du lit de Cassius. Sans prendre la peine de réagir, il se résigna à se lever et à aller prendre son petit déjeuner.

Juste avant de pénétrer dans la Grande Salle, Cassius s'arrêta au beau milieu du hall d'entrée. Cette pièce qu'il avait traversée quasiment tous les jours depuis des années et qu'il connaissait par cœur lui sembla, à cet instant-là, différente. Complètement désertée, si haute, si large, elle lui donna comme une sensation de vertige écrasante. Il frissonna. Il ne voulait pas avoir de doutes.

Pourtant, il n'entra dans la Grande Salle que pour trouver Potter assis à la table des Gryffondor. Et c'est alors que, après des semaines évaporées où il n'avait ni fait savoir au jeune champion pour l'œuf d'or, ni réfléchi au problème de l'épreuve du lac, les pensées l'assaillirent contre son gré et tous ses problèmes revinrent à lui.

Cassius s'installa à la table des Serpentard et tartina machinalement ses toasts tandis qu'il songeait à toutes ces choses qu'il avait tenté d'effacer de son esprit mais qui n'avaient été au final que repoussées. Le poids de ses responsabilités lui retombait dessus. Adrian s'installa à côté de lui à ce moment-là.

— Salut, Cass !

— Je n'ai toujours pas de tenue pour le bal, pensa Cassius à voix haute, n'évoquant par là que le plus simple de ses soucis.

Adrian avait évidemment déjà reçu un costume de son père et Cassius ne s'était même pas embêté à prévenir ses parents de l'organisation d'un bal mais aucun des deux ne tenait à mentionner tout cela.

— L'école prête des costumes pour ceux qui n'en ont pas.

— Comment fais-tu pour être au courant de tout dans cet école ? s'interrogea Cassius.

— C'est ma vocation ratée de préfet qui se révèle encore ! dit Adrian avec un sourire trop grand.

L'année passée, Adrian avait été nommé préfet. Puis, en novembre, il avait rendu une visite à Dumbledore et s'était fait retirer cette responsabilité. C'était juste après ça que ses absences avaient commencé. Cassius en avait conclu que Dumbledore était au courant de ses sorties et qu'il était la raison pour laquelle aucun professeur ne lui en tenait jamais compte.

Après avoir mangé, Cassius suivit Adrian hors de la Grande Salle et vers les souterrains. Ce dernier, comme à son habitude, promenait ses doigts sur la pierre. Et puis, contrairement à son habitude, il les posa sur un tableau, chatouillant une poire au milieu d'une coupe de fruits. Celle-ci se transforma en une poignée qu'Adrian activa et le tableau s'ouvrit sur toute une myriade d'odeurs alléchantes et gourmandes qui s'en échappèrent. Leur origine apparut bientôt sous les yeux de Cassius : il y avait derrière la peinture une cuisine aux proportions immenses, dont chaque mur scintillait, sur des dizaines de mètres, du cuivre des centaines et centaines de casseroles, poêles, marmites et autres ustensiles qui l'affublaient et, malgré la taille de la pièce, il y avait en tout endroit des elfes qui s'agitaient, s'affairaient bruyamment, faisant s'élever d'épaisses volutes de fumée vers le haut plafond.

Face à la grandeur de cette cuisine, Cassius se sentit bête de ne s'être jamais demandé d'où venaient leurs plats. Il se mit à douter que sept années dans ce château étaient suffisantes pour en découvrir tous les secrets.

Des elfes à l'air préoccupé n'avaient cessé de leur passer devant d'un pas pressé sans leur prêter la moindre attention. Et puis un visage fripé et grincheux se tourna vers eux.

— Que voulez-vous, maître ? s'enquérit-il d'une voix grinçante.

— La couturière, prononça simplement Adrian.

L'elfe détourna alors sa tête, sans faire preuve de la moindre réaction à l'égard de ce que venait de dire Adrian.

— La couturière, grommela-t-il à une autre elfe, sur un ton tel qu'on ne pouvait savoir si c'était une affirmation ou une requête.

Cependant, la deuxième elfe eut l'air de comprendre et sautilla vers un autre de ses voisins pour lui demander la couturière, tandis que le premier attrapait le torchon sur son épaule et se mit à frotter des casseroles avec une énergie qu'on ne lui soupçonnerait pas. Enfin, de bouche en bouche, la couturière fut trouvée.

— C'est moi, c'est moi ! couina une petite elfe qui se précipita à travers la foule de ses collègues, laissant tomber derrière elle son tablier et sa louche.

Elle se dandina ainsi jusqu'à eux mais, à l'instant où ses yeux croisèrent ceux de Cassius, une grimace horrifiée traversa son visage et elle se laissa tomber sur le sol poussiéreux.

— Mon maître est toujours fâché contre moi ! sanglota-t-elle désespérément. Oh maître, Alfy est terriblement désolée...

Tous les elfes semblaient s'être figés dans leur tâche pour la regarder. Elle était allongée sur le ventre, levant seulement sa tête inondée de larmes et ses mains enlacées.

— Fâché ? s'interrogea Adrian.

— Je ne suis pas fâché ! tonna en même temps Cassius à l'elfe.

Au son de leur voix, tous les elfes semblèrent réaliser ce qu'ils étaient en train de faire et ils se remirent au travail.

— Fâché pour quoi ? insista Adrian.

— Alfy est tellement navrée ! bégaya-t-elle entre ses pleurs.

— Je ne suis pas fâché, ce n'est rien, répondit Cassius à Adrian.

— Ce n'est rien ?

— Alfy ne voulait pas, maître, Alfy ne l'a pas fait exprès ! continua-t-elle à se lamenter.

— Non, ce n'est rien, répéta Cassius.

— Ce n'est rien, Alfy, Cassius n'est pas fâché, susurra Adrian. Nous sommes là pour autre chose.

— Oh, vraiment ? renifla Alfy.

— Oui, nous sommes là pour les costumes, expliqua Adrian.

Avant qu'il ne finisse sa phrase, Alfy avait sorti un mouchoir en tissu d'une de ses nombreuses poches et soufflé bruyamment à l'intérieur dans un bruit ridicule qui couvrit totalement la voix d'Adrian.

— Excusez-moi, maître, je ne vous ai pas entendu, dit-elle après avoir fini, comme si cela n'était pas évident.

— Nous sommes là pour les costumes, répéta-t-il.

Alfy émit un cri de joie strident et son visage s'illumina d'un grand sourire, ce qui avait l'air très étrange sur ce corps encore allongé à plat ventre sur le sol. D'un bond, elle se remit sur pied et courut hors de la cuisine. Les deux garçons durent trottiner pour la suivre dans les escaliers et les couloirs qu'elle traversait. Elle s'arrêta finalement à côté d'une petite porte du quatrième étage, baissant la tête humblement pour les laisser passer en premier.

Cassius ouvrit la porte, dans un mélange de grincements et de craquements, et se retrouva dans une pièce extrêmement exiguë, avec un mur de pierre sur sa droite et quelques vêtements qui lui chatouillaient le bras sur sa gauche, pendus là comme seule décoration. À peine avait-il fait un pas qu'Alfy se précipita entre ses jambes et disparut entre les habits, hors de leur vue.

Cassius se demandait où elle avait bien pu aller lorsqu'il avança encore un peu et découvrit une pièce en réalité étroite mais grandiosement longue, s'étirant au loin sur sa gauche, et encombrée d'innombrables penderies, comme celle qui lui avait caché la vue dans l'entrée. Il y avait des tenues de tous les styles, de toutes les époques, de toutes les couleurs. Les penderies s'alignaient sur toute la longueur de la pièce, ne laissant qu'un petit passage sur le côté, près des fenêtres, pour les parcourir.

Alfy revenait justement à eux, avec tellement de tenues sur elle qu'on peinait à deviner qu'il y avait un être vivant sous cette couche d'habits mouvants. Cassius enfila d'abord un costume d'une couleur jaune criarde. Les deux garçons partirent alors dans un rire bruyant face à cette tenue ridicule et Alfy, qui ne semblait pas déceler l'humour de la situation, ne poussa qu'un petit rire timide. Lorsque Cassius lui rendit la tenue avec un signe de tête négatif, elle courut sur quelques pas, avant de transplaner pour finir sa course à l'autre bout de la pièce, où elle la reposa à sa place.

Adrian rejoint Cassius dans ce manège et ils essayèrent tour à tour avec enthousiasme les habits que l'elfe leur avait amenés. Chaque tenue apportait une nouvelle surprise. Elles étaient pour la plupart passées de mode mais on ne pouvait qu'apprécier l'imagination folle dont avaient fait preuve les sorciers à travers le temps en matière de style vestimentaire. D'autres encore étaient presque entièrement effilochées et Alfy s'empressait alors d'enlever par magie tous ces bouts qui pendaient, ne laissant au final que peu de tissu sur le vêtement. Ils n'hésitèrent pas aussi à aller se servir directement sur les cintres, dénichant souvent les ensembles les plus farfelus.

Lentement se forma un tas des tenues qu'ils jugeaient acceptables, tandis qu'Alfy reprenait chacune des tenues qui ne l'étaient pas. Lorsque les rires commencèrent à s'essouffler, Cassius opta pour un costume qui ne valait ni plus, ni moins que les autres à ses yeux : une veste de velours vert, recouverte d'une poussière qui semblait ne pas pouvoir quitter le tissu, une chemise sûrement blanche d'origine mais jaunie jusqu'à en paraître presque marron et enfin un pantalon noir simple mais troué en forme de cœur à l'arrière du genou gauche.

Ils quittèrent Alfy et allèrent ranger la tenue dans la malle de Cassius. Sur le chemin, Adrian expliqua qu'il avait dû aller en chercher une pour Bletchley, qui n'en avait pas non plus, et que Rogue les avait redirigés vers Alfy.

Dans le temps qu'il restait avant le repas, Cassius partit vers la volière récupérer son courrier. Lorsqu'il arriva, il entendit quelqu'un chantonner derrière la porte et ce fut sans surprise qu'il y trouva Luna. Elle lui faisait dos.

— Les hiboux peuvent pincer fort quand on les nourrit, affirma-t-elle sans se retourner.

— Les hiboux ? demanda Cassius, complètement perdu, ne sachant quoi dire d'autre.

— Oui. Les Jobarbilles sont bien plus agréables.

— Les hiboux mordent ?

— Ils pensent simplement à manger.

Ce fut seulement à ce moment-là que Cassius se rendit compte qu'elle était en train de nourrir un hibou à la petite cuillère.

— Dis, Luna, est-ce que quelqu'un t'a déjà invitée au bal ?

— Non, répondit-elle simplement.

— Est-ce que tu voudrais qu'on y aille ensemble alors ? demanda-t-il maladroitement.

— Oui, je veux bien.

Cassius, qui s'attendait à une réponse plus développée, fut pris de court. Elle se retourna pour lui adresser un sourire. Les rayons matinaux éclairèrent son visage puis elle recommença à nourrir son hibou. C'était sûrement l'invitation la moins romantique qui ait pu être faite dans tout le château mais c'était une chose de faite pour Cassius. Il sentit une partie du poids des inquiétudes de ce matin s'envoler de ses épaules.

Il n'avait reçu aucun courrier dans la semaine. Il promena son regard un instant sur toute la hauteur de la volière, mais aucun éclair bleuté ne vint se refléter dans ses yeux. Hazel devait sûrement être sortie. Une élève entra dans la volière et Cassius retourna à Adrian.

Cassius put encore une fois observer, durant cette semaine-là, les malices du temps à l'approche d'événements redoutés. Les jours passaient sans qu'il ne s'en rende compte, et d'autant plus que, alors qu'il cherchait à tout prix à oublier ce bal, il ne cessait de croiser Luna. Elle l'entraînait alors à chaque fois dans une danse improvisée en plein milieu du couloir ou de la salle dans laquelle ils se trouvaient, pour qu'ils s'exercent, et, même si Cassius ne pouvait pas nier qu'il en avait eu besoin, il avait passé les derniers jours enfermé dans la salle commune afin de l'éviter.

L'après-midi du jour de Noël, Cassius était donc dans la salle commune, au chaud, en train de jouer aux échecs version sorcier avec Adrian. Aussi ridicule que cela pouvait paraître au vu de l'imminence de l'événement, il tentait encore d'oublier le bal.

Malheureusement, autour de lui, des groupes de chaque sexe se faisaient face, apparemment déjà prêts à entrer dans l'ambiance de la soirée à venir. Pour la plupart en costume, à quelques cravates près, filles et garçons se lançaient des regards encore timides mais impatients.

— Je vais devoir partir ce soir, annonça Adrian à un moment.

Cassius fut surpris de l'entendre le prévenir, ce qu'il n'avait jamais fait jusque là, mais il ne dit rien. Dehors, le soleil avait décliné jusqu'à un point très proche de l'horizon.

— Je devrais rentrer avant demain, ajouta-t-il sur un ton anodin.

Et ils reprirent leur partie. Lorsqu'elle se fut terminée, Adrian se leva. Il n'était jamais parti sous les yeux de Cassius, alors ce fut d'un manière très maladroite qu'ils se dirent au revoir.

Cependant, quelques instants après que son ami soit parti, Cassius ressentit aussi le besoin de sortir, une dernière fois avant ce bal qu'il ne pouvait désormais plus ignorer.

Dans le hall d'entrée, un des battants était ouvert sur l'extérieur, laissant pénétrer à grands flots la lumière d'une pleine lune qui flottait déjà dans le ciel. Juste à côté, bien plus discrètement, la porte de la Grande Salle avait été laissée entrouverte et une lumière en sortait, révélant des ombres qui semblaient s'agiter.

Ce silence qui régnait dans l'immense hall, lui seul en haut des escaliers de marbre surplombant cette porte à peine ouverte, tout cela donnait à Cassius l'impression d'être comme retenu dans les coulisses d'un spectacle auquel il n'était pas censé assister. Évidemment, ça ne pouvait qu'attiser ardemment sa curiosité.

Malgré que le bruit de ses pas ne semblât qu'amplifié par le silence autrement imperturbable, il essaya d'atteindre cette lumière le plus discrètement possible. Plus il s'approchait, plus cela l'émerveillait. La stoïcité de ce hall millénaire, l'effervescence des préparatifs. Il avait descendu les marches. L'air hivernal de l'extérieur, la douceur des cheminées dans la Grande Salle. Il pouvait presque entièrement voir la source de la lumière. La rousseur du clair de lune, des reflets teints de bleuités.

Et puis une immense masse s'éleva dans son champ de vision. Le demi-géant du château, Hagrid, était apparu dans l'entrebâillement de la porte, bloquant tout espoir de voir quoi que ce soit de plus. Frustré, Cassius ne tenta même pas de cacher derrière un air neutre ou innocent qu'il avait eu l'intention de voir les décorations du bal de Noël avant tout le monde. Et puis, d'un air renfrogné et presque coupable, Hagrid referma soigneusement la porte de la Grande Salle, qui claqua bruyamment dans le silence désormais total qui entourait Cassius. Le message ne pouvait être plus clair : Cassius assisterait au spectacle des nouvelles décorations de la Grande Salle en même temps que les autres et devait rester seul en coulisse jusque là.

Alors, réalisant que l'ouverture ne devrait plus tarder, Cassius se précipita jusqu'à la salle commune. Les rideaux de son lit avaient été fermés. Ce qu'il ne faisait jamais. Il souleva un pan du tissu émeraude pour trouver, parfaitement disposée sur son lit, la tenue d'Adrian. Celui-ci avait dû vouloir la donner à Cassius, sachant pertinemment que voir ses rideaux fermés le ferait réagir. Réaliser à quel point son ami le connaissait le fit doucement sourire, à défaut de pouvoir en rire avec lui.

Il fixa la tenue un moment. Et puis il réalisa qu'elle n'avait pas à lui revenir. Peu lui importaient le père d'Adrian et sa tenue trop propre et trop impeccable. C'était Poudlard qui l'avait vu grandir et qui l'avait fait grandir, avec ses elfes étranges et ses habits bizarres. Alors Cassius partit avec ce que Poudlard lui avait donné.

Il alla patienter avec les autres Serpentard de sa classe dans la salle commune et, un quart d'heure avant le début, ils se dirigèrent vers l'entrée du bal. Une quantité incroyable de personnes s'était amassée dans le hall en quelques minutes. Cassius se mêla à la foule discrètement, il tenait à attirer le moins possible l'attention ce soir. Il chercha Luna du regard. Elle n'était pas là. Pansy était là, accompagnée de Drago.

Ces deux-là ressortaient au milieu des autres élèves. Leur tenues, leurs manières, tout laissait à penser qu'ils étaient des adultes invités à un gala plutôt que des étudiants. Ils avaient dû prendre ce bal très au sérieux.

Ils semblaient bien être les seuls. Tout autour, les autres jeunes frétillaient avec une excitation sans équivoque : ils étaient tous là pour s'amuser durant cet événement qui ne ressemblait à rien de ce qui avait pu se passer d'autre durant leurs années scolaires.

Et puis apparut sous les yeux de Cassius un garçon qu'il aurait aimé savoir disparu. Harry Potter, avec tous les problèmes qui l'accompagnaient. Il fit repenser à Cassius qu'il avait pris une décision, la décision de suivre son bon sens. De ne pas laisser son désir de victoire aller contre la volonté du sorcier le plus puissant de leur temps. Et puis s'il perdait le tournoi afin d'aider Lord Voldemort, il ne trahissait finalement pas sa maison. Non, il devait faire gagner Potter. Cette fois, ce n'était plus le moment de s'inventer des doutes ou des excuses. Ce que Lord Voldemort réclamait, Lord Voldemort l'obtenait.

Alors Cassius se dirigea vers le jeune champion d'un pas décidé. Un peu trop décidé peut-être car, avant qu'il ne puisse l'approcher complètement, son jeune acolyte rouquin sortit sa baguette de sa poche et se plaça en bouclier devant le garçon.

— Laisse-le passer, ne t'inquiète pas, marmonna Potter derrière les épaules de son ami.

— C'est un Serpentard, Harry ! s'indigna le roux.

— Tu vois bien qu'il ne nous attaque pas, rétorqua Potter.

— Ah oui.

Le rouquin abaissa sa baguette, les yeux froncés.

— Je lui fais confiance, on s'est déjà aidés.

Cassius fut presque pris de remords face à l'innocence de ce garçon. Non, il n'était pas là pour l'aider. Non, il ne l'aiderait jamais vraiment. Et il ferait définitivement mieux de ne pas lui faire confiance. Mais le jeune sorcier tomba dans le piège la tête la première et amena Cassius au loin.

— Je suis là pour l'œuf d'or, dit simplement Cassius.

Il voulait faire ça le plus vite possible.

— Tu sais, avant que tu m'aides, chuchota le jeune garçon, j'ai entendu des rumeurs comme quoi la prochaine épreuve serait un combat contre un troll des montagnes. Avec mes amis on en a justement battu un il y a quelques années. Si je pouvais t'aider pour ça, ce serait le moindre des remerciements si tu m'aides à ouvrir ce satané œuf.

— Non, écoute, l'interrompit Cassius, je suis juste là pour te dire que pour l'œuf d'or, il faut... enfin tu devrais l'ouvrir sous l'eau.

Le jeune garçon hocha la tête gravement, comme s'il ne savait pas quoi faire d'autre.

— Eh, tu t'appelles Warrington, c'est ça ? demanda-t-il alors que Cassius s'apprêtait à partir.

— Oui.

— Pourquoi est-ce que tu m'aides, exactement ?

Cassius voulut répondre mais ne trouva rien à dire. Quelle raison aurait-eu un Serpentard d'aider son adversaire de Gryffondor ? Son attitude était en effet très suspecte. Les yeux de Potter le fixaient encore, cherchant une vraie réponse. Cassius eut soudainement peur qu'il sache voir derrière son regard que Cassius n'agissait que lâchement, sous les ordres du Seigneur des Ténèbres, et il préféra détourner le regard.

Les deux jeunes champions n'avaient pas du tout été discrets. Maugrey, dans un coin, avait ses deux yeux fixement posés sur eux. Ce qui aurait été normal pour n'importe quel autre humain n'était que bien trop perturbant chez lui. C'était la première fois que Cassius ne voyait pas cet œil bleu s'agiter.

Pansy, à peine à quelques mètres sur la gauche de Cassius, les regardait aussi. Elle détourna le regard dès que Cassius la vit et elle chuchota quelque chose dans l'oreille de Drago. Cassius ne savait pas si elle avait entendu ou vu quoi que ce soit, elle était si proche. Et que disait-elle à Drago pour lui donner un air si grave ?

Et puis il y avait Luna, sa tête perchée entre les autres, qui les regardait d'un air absent.

Cassius eut soudainement l'impression que tous ces gens autour de lui l'avaient percé à jour, qu'ils avaient compris les motivations et conséquences de ce qu'il venait de dire à Potter. Le garçon le regardait toujours, comme s'il ne l'avait pas quitté des yeux un seul instant.

— Les Serpentard n'oublient pas ceux qui les ont aidés, asséna simplement Cassius.

Il doutait que ce soit vrai. Il s'éloigna de Potter et partit rejoindre Luna. Elle avait une tenue au style complètement décousu. Littéralement, elle portait une robe violette d'où pendaient de partout des bouts de tissus effilés. Ce qui aurait simplement été un habit abîmé pour n'importe qui d'autre devenait sur elle une robe à froufrous. Elle portait aussi un collier de pâtes, des bracelets de pâquerettes tressées et une couronne en guirlande de Noël. Cassius réalisa en s'approchant que se couronne était en réalité une guirlande de roses que Luna portait sur sa tête et dans lesquelles virevoltaient des petites fées. Cassius la trouva ravissante.

— Je ne savais pas que tu connaissais Harry Potter, s'étonna-t-elle de sa voix légère quand il arriva.

— Je ne le connais pas, c'était juste pour le tournoi, dit Cassius pour mettre fin à ce sujet.

— Je croyais que la triche était interdite, ajouta alors Luna, avec une simplicité qui mit Cassius mal à l'aise.

Il ignora ces derniers mots et jeta un regard autour de lui. Vers le centre de la pièce, Bletchley riait avec trois autres Serpentard mais il ressortait particulièrement par sa tenue qui venait sans aucun doute de la collection d'Alfy. Il avait un grand manteau très chic mais affublé de trois déchirures qui traversaient presque toute la longueur du dos, trois traits tellement parallèles qu'ils avaient l'air volontaires et donnaient finalement un style très aéré à l'ensemble. Graham Montague discutait avec Bole et Derrick. Aucun des trois ne semblait avoir de partenaire mais, les connaissant, Cassius savait que ce serait bien les derniers à s'en sentir préoccupés.

— J'aime bien ta tenue, ajouta Luna.

— Merci, répondit Cassius, amusé. J'aime bien la tienne aussi.

Elle sourit, elle avait l'air réellement flattée par ces mots. Finalement, ils faisaient une belle paire tous les deux. Des groupes d'élèves venaient encore s'ajouter à la foule du hall d'entrée. Un groupe se fit bientôt remarquer tandis qu'il descendait l'escalier de marbre avec Madame Maxime à sa tête. C'était la délégation de Beauxbâtons. Les élèves étaient tous vêtus avec un goût et un raffinement remarquables qui firent se tourner toutes les têtes dans leur direction. Tout devant brillait Fleur Delacour par sa resplendissante robe argentée. Puis les grandes portes de l'entrée s'ouvrirent en grand pour laisser entrer à son tour la délégation de Durmstrang.

— Les champions, par ici, s'il vous plaît, résonna la voix de la professeure McGonagall à travers le hall et par dessus l'incroyable brouhaha des centaines de personnes réunies.

Bientôt, les élèves s'écartèrent pour laisser passer les champions et leurs partenaires respectifs jusqu'à la professeure McGonagall, qui les attendait à côté des portes de le Grande Salle. Cassius remarqua que les allés ainsi formées par les élèves étaient nettement plus marquées pour Krum et Delacour. Il semblait bien que Potter et lui étaient encore des champions illégitimes aux yeux des autres élèves. Tandis qu'ils marchaient, Luna sembla elle fascinée par ce qu'il se passait.

McGonagall les prévint qu'ils devaient rentrer les derniers et, à vingt heures précises, lorsque les portes s'ouvrirent, ils durent regarder le flot d'élèves pénétrer dans la Grande Salle. Finalement, McGonagall leur demanda de s'aligner les uns derrière les autres, avec leur partenaire, et ils purent rentrer.

Au début, Cassius n'entendait pas les applaudissements qui les accueillirent. Il n'avait d'yeux que pour la nouvelle décoration. La Grande Salle, qui n'avait jamais été que pierres et bois et bannières, s'était transformée en un lieu merveilleux de glaces et de neiges argentées.

Les murs avaient été recouverts de givre et les habituelles grandes tables rectangulaires avaient disparues, au profit d'une flopée de tables rondes blanches éparpillées dans la salle, semblables avec leurs grands chandeliers en cristal à des flocons qui seraient tombés du ciel magique de la Grande Salle. D'ailleurs, il neigeait réellement des flocons du plafond, pour refléter ceux qu'ils voyaient tourbillonner à travers les grandes fenêtres, mais ceux de l'intérieur disparaissaient juste avant de vous toucher.

Ils traversèrent toute la longueur de la salle pour arriver, au bout, à une table ronde plus grande que les autres. Autour s'étaient déjà assis les directeurs des trois maisons, dont Dumbledore sur son fauteuil d'or, ainsi que Ludo Verpey et un rouquin frisé sorti de nulle part mais qui avait pourtant l'air très fier d'être là. Lorsque Harry s'installa à côté de lui et qu'ils se mirent à discuter longuement, Cassius se dit que ce devait être un Weasley. Ses parents parlaient souvent de cette famille avec certains de leurs amis, et ils étaient apparemment très proches de Potter.

Cassius s'assit aussi à cette table, à côté de Luna. Tous les couverts en or semblaient plus resplendissants que jamais sur ces nappes argentées et sur leurs assiettes éclatantes avait été posé un menu. Tout le monde avait commencé à s'y plonger.

— Côtes de porc ! prononça alors distinctement Dumbledore.

Le plat qu'il venait de commander apparut alors dans son assiette et, indifférent à la vague d'émerveillement qu'il venait de produire, il planta ses couverts avec appétit dans la viande. Bientôt, tous les autres élèves l'imitèrent.

— Tu as déjà goûté à la bouillabaisse ? lui demanda Luna.

Cassius n'avait même pas encore atteint cette partie du menu.

— Euh... non.

— C'est un plat français. Je suis allée là-bas avec ma famille. C'était bon. Bouillabaisse ! cria-t-elle alors dans son assiette comme si celle-ci était sourde.

Lorsque son plat apparut sous ses yeux, elle se releva avec un grand sourire.

— C'est incroyable ! s'exclama Cassius.

Lorsqu'il eut enfin fini de lire l'immense menu, il se décida pour une salade caesar en entrée. Luna demanda si elle pouvait lui en piquer un bout mais il se garda bien de goûter à son plat à elle, qui ne ressemblait pas à grand chose.

Quand tout le monde eut satisfait son appétit, Dumbledore se leva et demanda à tout le monde de l'imiter. Et puis, d'un geste de main, il fit s'envoler les tables rondes dans les airs, d'où elles disparurent. Il fit ensuite apparaître des bancs sur les bords et une scène dans un coin de la pièce et, en voyant les Bizzar' Sisters y monter pour retrouver leurs instruments, Cassius réalisa que le moment tant redouté était arrivé.

Les élèves qui, impressionnés par la magie de Dumbledore, étaient restés dans leur position de petit cercle, se déplacèrent alors vers les bords, laissant béante une immense piste de danse.

La main de Luna trouva celle de Cassius, qui frissonna sous la sensation de ce contact humain qu'elle avait oubliée, et ils marchèrent ensemble avec les autres champions vers le centre de la pièce. Les premières notes d'une musique douce et romantique s'élevèrent et Cassius se retrouva à danser avec Luna comme ils l'avaient fait tant de fois dans les couloirs.

Et, cette fois encore, l'imprévisibilité de Luna frappa. Les gestes étaient familiers, le positionnement des mains, les déplacements de leurs pas, la tenue du corps, mais Luna dansait avec un rythme assuré et nouveau. Au début, Cassius eut du mal à la suivre. Ses premiers pas lui semblaient catastrophiques et il leva la tête. Il s'apprêtait à voir le reste de la salle en train d'essayer de cacher leur hilarité face à sa maladresse mais personne ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit. Déjà, de nombreux couples s'étaient lancés avec eux sur la piste. Les autres aussi étaient bien trop occupés à s'inquiéter que les gens autour d'eux puissent remarquer tous leurs petits problèmes pour remarquer tous les petits problèmes des gens autour d'eux.

— Tu ne devrais pas me marcher sur les pieds, Cassius, chuchota Luna. Tu sais, même avec trois paires de chaussettes spéciales Noël de chez Gaichiffon, je peux le sentir.

En baissant la tête, Cassius se rendit compte qu'effectivement les pieds de Luna étaient emmitouflés sous d'épaisses couches de chaussettes, en lieu et place de chaussures.

Son visage s'illumina d'un sourire. C'est ce détail qui le fit lâcher prise. Il réalisa qu'il s'était fait une priorité de gagner dans tous ses rôles et qu'il avait oublié de vivre pour lui-même. Sa mission pour Vous-Savez-Qui était finie pour le moment, il ne pouvait rien faire de plus. Alors il se laissa emporter par Luna, dansa comme s'il n'en avait rien à faire et ils s'envolèrent ensemble.

À la fin de cette première musique, les Bizarr' Sisters entamèrent un air bien plus rythmé et Cassius eut l'impression d'être revenu sur Terre après cette scène surréaliste.

Luna déclara qu'elle n'avait pas très envie de danser sur la nouvelle musique. Cassius vit Bletchley, Daphné et Millicent Bulstrode assis sur un des bancs disposés contre les murs, entourés par la bande des joueurs de Quidditch de Serpentard. Ils étaient tous en train de rire aux éclats. Cassius les rejoignit avec Luna et vit le sujet de leur amusement.

— Éloigne-toi, étranger ! criait Vert Gallois.

— Ce bois sera nôtre jusqu'à notre mort ! s'exclama d'une fierté feinte son compagnon.

Les Botrucs de leur salle commune agitaient leurs doigts fins et longs comme des brindilles devant les yeux des étudiants qui avaient le malheur de ne pas être à Serpentard et de passer par là.

— Dois-je lui crever les yeux ? demanda le deuxième Botruc à Cassius à propos de Luna, qu'il ne connaissait pas.

— Nous sommes des experts en la matière, ajouta Vert Gallois en agitant ses doigts.

— Je ne savais pas que les Botrucs parlaient, s'émerveilla Luna, sans se sentir menacée du tout.

— Eh ! bien, il semblerait que nous, nous pouvons ! se vanta Vert Gallois en bombant le torse.

— Eh ! bien, moi il y a des jours où je souhaiterais qu'il ne puisse pas, confia l'autre avec son air ronchon habituel, provoquant l'hilarité générale.

Cassius était heureux de retrouver sa maison, sa maison telle qu'il l'avait toujours connue, vivace, vivante, unie. Il vit Pansy au loin, adossée à un mur, jouant avec les dentelles de sa robe. Elle parlait avec Tracey Davis et était si directe et sûre d'elle, dans ses gestes, ses regards, ses paroles. Quelques secondes après, Davis repartit. Pansy perdit alors toute l'énergie de ses gestes, l'assurance de sa posture. Elle avait l'air seule. Pourtant, la détermination dans ses yeux persistait, elle regardait le sol avec une colère palpable jusqu'à l'autre bout de la salle, où se trouvait Cassius.

Drago la rejoignit et elle se mit alors à lui crier dessus. Bientôt, la situation attira de nombreux curieux et Cassius et les autres Serpentard traversèrent rapidement la Grande Salle pour aller régler la situation. Au moment où ils atteignirent la limite de la foule qui regardait la dispute, celle-ci semblait s'être terminée d'elle-même. Tandis que Drago restait pantois et renfrogné dans son coin, Pansy partait dans la direction opposé d'un pas décidé et furieux, vers les autres élèves qui se dispersaient déjà.

Et puis Pansy toucha Cassius. Il faillit ne pas le sentir mais, lorsqu'elle passa à côté du groupe des Serpentard, sans même les voir, le bout d'un de ses doigts effleura involontairement le poignet du garçon.

Et ce contact eut l'effet d'une atroce décharge électrique dans tout le corps de Cassius. Pansy eut l'air de l'avoir ressenti aussi. Elle se tourna vers Cassius comme si elle venait de s'apercevoir qu'il était là. Tout le monde les regardait. Ils avaient dû crier. Pansy, elle, semblait avoir peur. Elle essaya de partir mais Cassius la rattrapa, pour lui demander ce qu'il s'était passé, et lorsque sa main se posa sur son avant-bras, le reste du monde se désintégra.

Des éclairs puissants jaillirent de partout et les élèves se couchèrent sur le sol en criant pour éviter les gigantesques morceaux de givre qui leur pleuvaient dessus, Cassius et Pansy hurlaient aussi, de douleur. Cassius ne la touchait plus mais la souffrance ne quittait plus son corps. Des centaines de lames semblaient le déchirer depuis le creux de son estomac. Pansy, elle, avait chuté sur le sol. Et tout le monde réalisa alors que les éclairs provenaient de son corps, qui tremblait sous les valves d'énergie qui en sortait. Cassius aurait pu jurer voir des larmes qui coulaient sur son visage qui hurlait.

Les éclairs frappaient partout, brisant les vitres, brisant les verres, brisant les bancs, la glace, les pierres. Tout le monde courait vers la sortie mais les portes de la Grande Salle n'étaient pas assez grandes pour laisser passer tout le monde et on s'entassait, se bousculait, se piétinait.

Parfois, dans un cri atroce, un élève était foudroyé et tombait sur le sol, inerte.

Les professeurs les plus braves tentaient d'approcher Pansy, se protégeant comme ils le pouvaient face aux éclairs imprévisibles.

La douleur de Cassius semblait se concentrer, il ne la ressentait plus dans le reste de son corps mais le creux de son ventre le faisait souffrir comme si un feu y brûlait à l'intérieur. Il respirait de plus en plus difficilement.

Finalement, Dumbledore atteignit Pansy. Il posa sa main sur son bras et, au bout d'un certain temps, il mit fin aux éclairs. La douleur dans le ventre de Cassius s'arrêta. Les autres professeurs rejoignirent Pansy, Mme Chourave la couvrit d'une veste épaisse et Maugrey tentait de maintenir ses bras qui tressautaient encore.

Dumbledore se remit debout. Tous les regards étaient braqués sur lui. Alors, avec sa baguette dans une main, il leva les deux bras en même temps et toute la Grande Salle se mit à se réparer toute seule. Il se retourna vers ses professeurs et donna quelques ordres rapides.

— Tout le monde retourne dans son dortoir, cria-t-il aux élèves. Si vous voyez quelqu'un de blessé, appelez un professeur.

Ils obéirent instantanément. La foule continua à sortir à travers les grandes portes mais de façon bien plus ordonnée. Un peu partout à travers la Grande Salle, des élèves appelaient des professeurs pour qu'on aide leurs amis évanouis.

— Warrington, comment allez-vous ? lui demanda Rogue en se dirigeant vers lui.

— Ne vous inquiétez pas, répondit-il. Occupez-vous des autres d'abord.

Au moins, il n'était pas évanoui. Pourtant, la douleur l'avait complètement détruit, il lui faudrait quelques minutes avant de se relever. Pansy pleurait, traumatisée. Même si Dumbledore essayait de faire oublier au plus vite ce qui venait de se dérouler, Cassius, lui, n'était pas prêt de l'oublier. Il lui faudrait comprendre. Il voulut partir, malgré l'épuisement, mais à peine s'était-il remis sur ses jambes qu'elles le laissèrent tomber sur le sol à nouveau.

— Cass-i-us ! cria Luna derrière lui.

Il se retourna immédiatement. Les gens ne prononçaient que très rarement les trois syllabes de son nom distinctement. Généralement, ils étaient très énervés. Elle le rejoignit sur le sol. Elle semblait plus inquiète qu'énervée.

— N'oublie pas de respirer, lui chuchota-t-elle.

— Je ne peux pas oublier de respirer, Luna, sinon je mourrais.

— Non, je veux dire, les gens oublient tellement de choses, de regarder, d'écouter, de vivre. Maintenant, respire.

Cassius écouta son conseil. Il laissa tout s'éloigner de son esprit et l'énergie y revenir. Lorsqu'il put marcher de nouveau, Luna l'accompagna le long des souterrains.

— Je n'oublie pas de voir, dit Luna au bout d'un moment. J'ai vu comment tu regardais Pansy. Tu étais jaloux quand elle était avec Drago.

Cassius fut soulagé d'être dans le noir. Luna ne pouvait pas voir son regard.

— On devrait se séparer ici, dit-il. On ne peut pas vous montrer où est notre salle commune.

— Je comprends.

Et elle repartit dans la pénombre du couloir.

— Luna ! appela Cassius juste avant qu'elle ne soit hors de portée de sa voix.

— Oui ?

— Comment tu fais, toi, pour ne pas oublier de voir, de vivre et tout ça ? demanda-t-il.

— J'ai la chance d'avoir quelque chose qui me le rappelle constamment.

Même dans le noir Cassius pouvait voir le sourire triste sur son visage. Elle se retourna. Et puis, juste avant qu'elle ne reparte en sautillant, Cassius put jurer qu'il l'avait entendue dire quelque chose.

« La douleur. »

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