The Slytherin Champion

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Et si, au lieu de Cedric Diggory, Cassius Warrington avait été choisi pour participer au Tournoi des Trois So... Meer

PARTIE I : Cassius
Chapitre 2 : Le Jeu des Souterrains
Chapitre 3 : Le Blizzard
Chapitre 4 : La Première Tâche
Chapitre 5 : Lune de minuit
Chapitre 6 : L'Œuf d'Or
Chapitre 7 : Le Lac
Chapitre 8 : Le Bal de Noël
Chapitre 9 : Tempête sur Pré-au-Lard

Chapitre 1 : Le Champion

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— Le champion de Poudlard, annonça Dumbledore, est Cassius Warrington !

La fin de sa phrase fut totalement inaudible, submergée par le vacarme de la table des Serpentard. En une fraction de seconde, ils s'étaient tous levés en poussant des exclamations de joie et en applaudissant fièrement leur champion. Leur euphorie avait pourtant l'air pitoyable au milieu du silence dans lequel étaient plongés les autres élèves. Ceux-ci n'en revenaient pas. Leur champion n'était pas un Gryffondor, ou un Serdaigle, ou même un Poufsouffle, il était un Serpentard, la maison des élèves que tout le monde déteste et qui détestent tout le monde.

Peu à peu pourtant, ils semblaient sortir de leur stupeur et échangeaient des regards consternés et des chuchotements inquiets.

— Oh, non... lâchaient certains.

La rumeur de murmures n'allait qu'en grandissant.

— Il a sûrement dû tricher, c'est un Serpentard...

— Qu'est-ce qu'un Seurpentard ? demanda discrètement à son voisin une élève de Beauxbâtons visiblement aussi déconcertée par cet accueil peu chaleureux que ses camarades.

— Serpentard ? C'est la maison des méchants, dit celui-ci comme s'il s'agissait d'une évidence.

— Oh, d'accord... laissa échapper la jeune fille, qui regarda une autre élève de son école en haussant les épaules.

Lorsque Cassius se leva enfin, quelqu'un le hua à la table des Gryffondor, bientôt imité par les autres élèves, et les murmures devinrent alors des cris de contestation.

— Non, pas lui !

— On ne peut pas avoir un Serpentard comme champion !

Loin de se laisser abattre, Cassius se tourna vers ses camarades. Ils n'avaient cessé de l'applaudir avec force et même les élèves de Durmstrang s'étaient joints à eux. Leurs encouragements et leurs cris de joie auraient presque pu lui faire oublier les huées. Presque.

— C'est une erreur ! cria une Gryffondor qui s'était levée sur son banc. Il faut choisir un autre champion !

La foule s'emporta face à cette proposition. Les uns supportaient l'idée, les autres hurlaient que c'était impossible et, au milieu de ce chaos, il était difficile de comprendre qui était de quel côté.

— Il n'y aura pas d'autre tirage ! intervint alors Dumbledore d'une voix autoritaire qui imposa le silence. Cassius Warrington est, à partir d'aujourd'hui, le champion de Poudlard.

Même si personne n'osa protester, Cassius pouvait sentir les regards le foudroyer dans son dos. Ils lui importaient pourtant bien peu, il avait dû leur faire face depuis qu'il avait été réparti, alors il garda la tête haute et, avec un grand sourire, traversa la Grande Salle pour rejoindre les autres champions, tandis que derrière lui les acclamations reprenaient à sa table. Le champion de Poudlard était un Serpentard.

Cassius franchit le seuil de la porte et se retrouva dans une salle plus petite et plus sombre. Seul un feu de cheminée l'éclairait, projetant un cercle de lumière dans lequel se tenaient les deux autres champions. Dès que la porte s'était ouverte, ils s'étaient retournés. Ils étaient plus vieux que Cassius, qui n'était qu'en sixième année et qui avait fêté son dix-septième anniversaire il y a quelques semaines seulement. Ils le scrutaient de haut en bas d'un regard perçant. Cassius fit mine de ne pas s'en soucier et s'avança vers eux avec un large sourire.

— Tu es Flore, il me semble ? demanda-t-il à la fille qui frissonnait dans sa mince robe bleue.

— Fleur, corrigea-t-elle en lui adressant à son tour un rictus poli.

— Et tu es Viktor Krum, bien sûr, ajouta-t-il en se tournant vers l'imposant bulgare qui se contenta de répondre par un grognement.

— Et toi, qui es-tu ? demanda Fleur.

Elle se tourna vers lui en rejetant ses cheveux blonds derrière son épaule. Ils donnaient l'impression de flotter dans l'air comme de la soie.

— Cassius, je suis Cassius.

Un silence gêné s'installa finalement entre eux trois et ils reportèrent leur attention sur les flammes. Elles étaient aussi rouges que celles qui avaient brûlé dans la Coupe de Feu lorsque celle-ci avait choisi leurs noms.

— Et on fait quoi, maintenant ? s'impatienta Fleur.

Mais avant que l'un des garçons ne puisse répondre, même s'il semblait peu probable de voir Krum s'ouvrir à la discussion, la porte s'ouvrit à nouveau. Fleur se retourna immédiatement.

— Bon, alors, qu'est-ce qu'il se passe, maintenant ? Il faut revenir dans la salle, ou quoi ?

Cassius se retourna et fut surpris de voir non pas un responsable du tournoi, mais un jeune garçon qu'il ne tarda pas à reconnaître, Harry Potter. Dès sa première année, il s'était fait une réputation chez les Serpentard lorsqu'il leur avait volé la Coupe des Quatre Maisons avec ses amis Gryffondor pour une partie d'échec et quelques preuves de bravoure. Et maintenant il se tenait là, muet, et les fixait tous les trois avec un regard mêlé de peur et d'incompréhension. Visiblement, il ne semblait pas là pour donner des instructions. La porte s'ouvrit à nouveau sur Ludo Verpey, tout sourire, qui semblait vivre la plus belle journée de sa vie. Derrière lui, on pouvait entendre le vacarme assourdissant de la Grande Salle et la voix de Dumbledore mais la carrure de l'ancien sportif empêchait de voir ce qui se tramait là-bas.

— Extraordinaire ! s'exclama-t-il en attrapant Potter par le bras. Absolument extraordinaire ! Messieurs, Mademoiselle, permettez-moi de vous présenter — si incroyable que cela puisse paraître — le quatrième champion du Tournoi des Trois Sorciers !

Harry Potter, un champion ? C'était impossible, cela en faisait deux à Poudlard ! Cassius repensa alors aux contestations des autres élèves et réalisa que sa candidature venait sûrement d'être refusée.

— Toujours le mot pour rire, mon cher monsieur Véerpé, dit Fleur. C'est ce qu'on appelle l'humour britannique, j'imagine ?

— Pour rire ? s'étonna Verpey. Mais non, pas du tout ! Le nom de Harry Potter vient de sortir de la Coupe de Feu.

Cassius n'y comprenait plus rien. Même s'il avait fallu le remplacer, Potter n'aurait pas pu être désigné par la Coupe, il n'avait pas l'âge requis. Il en était à se demander s'il ne rêvait pas quand une ribambelle de professeurs entra à son tour dans la petite salle et en occupa presque tout l'espace. Cassius se recula légèrement pour observer la situation de loin et il vit du coin de l'œil que Krum avait eu la même réaction.

Les adultes débattirent un long moment. Le nom de Harry Potter était bel et bien sorti de la Coupe de Feu mais Cassius fut surtout soulagé de voir que sa place de champion ne semblait pas remise en question. Karkaroff et Maxime trouvaient cela bien injuste que Poudlard ait deux champions, Croupton assurait qu'il n'y avait aucun moyen de faire sortir Potter de la compétition et Maugrey ne cessait de répéter que tout cela était un complot pour tuer le garçon qui avait survécu. Finalement, tout le monde dut se résoudre à accepter la participation de Harry Potter au Tournoi des Trois Sorciers et la discussion s'arrêta de tourner autour de lui.

— La première tâche aura pour but de mettre votre audace à l'épreuve, leur expliqua ensuite Barty Croupton. Nous ne vous dirons donc pas à l'avance en quoi elle consistera. Le courage face à l'inconnu est une qualité très importante pour un sorcier... Très importante... Cette première tâche se déroulera le 24 novembre, devant les autres élèves et devant le jury. Les champions affronteront la première épreuve armés seulement de leur baguette.

Cela ne les avançait pas beaucoup. Finalement, tout le monde repartit, les professeurs sans dire un mot, Maxime et Fleur en se parlant en français et Karkaroff et Krum dans un silence dramatique. Quelques instants plus tard, Cassius traversait la Grande Salle à son tour. Il ne l'avait jamais vue ainsi. Elle était déserte, seulement éclairée par la lumière vacillante que des citrouilles évidées projetaient sur les couverts abandonnés là par les élèves, et plongée dans un silence dans lequel résonnaient les pas de Cassius et, derrière lui, ceux de Potter. Durant un instant, il crut que ce dernier allait lui sauter dessus et lui trancher la gorge afin de prendre sa place dans le tournoi. Pourtant, lorsqu'au terme d'une marche interminable ils se retrouvèrent à nouveau sous la lumière du hall d'entrée, c'est un visage livide et anxieux qui lui fit face. Alors il lui posa la question.

— Mais comment as-tu fait ?

— Je n'ai rien fait !

— Alors qui ? lança Cassius.

— Je... je ne sais pas.

Potter parlait d'une voix peu assurée et s'éloignait déjà vers l'escalier de marbre. Cassius ne savait pas quoi en penser. Certes, il était indéniable que Potter aimait attirer l'attention, mais Cassius n'était pas sûr que ce soit lui qui ait mis son nom dans la Coupe de Feu. En revanche, il ne voyait pas pourquoi quelqu'un aurait voulu le faire entrer dans le tournoi, ce garçon allait sûrement y laisser sa peau ! Cassius cessa d'y penser et se dirigea vers sa salle commune.

Il préférait passer par le viaduc. Le vent y soufflait fort, comme d'habitude. Avant d'entrer dans l'aile est, il se retourna une dernière fois vers la Grande Salle. Derrière elle, le vaisseau de Durmstrang tanguait dans les eaux sombres du lac noir. Dumbledore les avait autorisés à profiter de l'occasion pour faire le plus de bruit possible dans leur salle commune.

S'il y a bien une chose qui est sûre, pensa Cassius en poussant le battant de la porte derrière son dos, c'est que je vais fêter cela comme il se doit.

* * *

Les jours suivants furent sûrement les plus épuisants que Cassius ait connus. Les fêtes jusqu'à tard dans la nuit semblaient avoir pris possession de la maison des Serpentard, autant que les badges avaient pris possession du château. Ces badges qui changeaient au contact du doigt pour tantôt encourager Cassius, tantôt insulter Potter, étaient nés lors d'une de ces soirées et s'étaient répandus depuis dans les autres maisons comme une maladie. Ce qui avait commencé comme une blague entre élèves de quatrième année était devenu un vrai phénomène de mode dans l'école. Pourtant, Cassius était bien trop préoccupé pour s'y intéresser. Les soirées à répétition, représentatives de la soudaine attention que lui portaient les autres élèves, avaient rendu les cours difficiles à suivre pour tous les Serpentard, épuisés.

Le deuxième mardi après la sélection des champions, Cassius se réveilla avec l'esprit aussi embrumé que d'habitude. La première heure, la voix monotone du professeur Binns eut raison de lui et il tomba endormi sur son bureau en quelques secondes. À la fin du cours, il fut soulagé d'apprendre qu'il n'y avait pas de devoirs puisqu'il n'avait entendu que la première phrase de la leçon. En cours de botanique, il tenta de percer des graines de Tentacula Vénéneuse, ce qui se révéla bien plus ardu que ce qu'il n'y paraissait puisqu'elles ne cessaient de sautiller partout. Le professeur Chourave dut amener à l'infirmerie une élève de Serdaigle qui s'était fait mordre par un Snargalouff et il en profita pour dormir quelques minutes de plus. À midi, Cassius mangea seul, mais avec appétit.

L'heure suivante, cependant, il eut moins de mal à rester éveillé pour suivre le cours de la professeure McGonagall, dans lequel il s'était toujours montré plutôt doué. Ils commençaient la pratique du Sortilège d'Apparition d'oiseaux. Le sortilège de Cassius commençait déjà à prendre la forme d'un volatile - alors que les autres élèves en étaient seulement à créer plusieurs plumes à la fois - quand quelqu'un frappa à la porte et le déconcentra. Sa créature s'envola alors vers la fenêtre, contre laquelle elle éclata en un nuage de plumes qui s'évanouirent dans l'air comme des étincelles.

Un jeune Poufsouffle entra dans la salle. Il était venu chercher Cassius Warrington, et c'était important, et tous les champions avaient été convoqués, et il devait prendre toutes ses affaires. Cassius aurait voulu continuer à s'entraîner mais il s'exécuta tout de même et s'excusa à la professeure en sortant. Après avoir refermé la porte, Cassius remarqua que le garçon avait les yeux rivés sur son emblème de Serpentard et que son visage était devenu aussi vert que sa cravate. Il sembla déglutir difficilement et, sans oser lever les yeux, ouvrit la marche en silence. Dès qu'il eut mené Cassius devant la salle où il était attendu, le jeune élève repartit en courant aussi vite qu'il le pouvait et sans jeter un regard en arrière. Cassius aurait pu en rire si la banalité de ce genre de situation n'en était pas devenue ennuyante et s'il n'avait pas été convoqué pour une raison inconnue avec les autres champions du tournoi.

Il poussa précautionneusement la porte du bout des doigts, comme si ce qui se trouvait derrière allait lui sauter au visage. Et c'est à peu près ce qu'il se passa. Dans l'entrebâillement de la porte surgit soudainement une femme au visage rond, qui était coiffée de boucles blondes et affichait sur ses lèvres rouge pétard un sourire un peu trop grand. Tout chez elle débordait paradoxalement d'excentricité et de retenue à la fois, même sa voix.

— Oh ! s'exclama-t-elle en ouvrant la porte en grand, toujours tout sourire, tu dois être le champion de Poudlard, du moins le....

Sans prendre la peine de finir sa phrase, elle se retourna et demanda sans la moindre discrétion le nom de ce jeune garçon. Jusque là abasourdi par la frivolité de cette dame, Cassius n'avait pas remarqué derrière elle plusieurs organisateurs du concours. Il essaya de contourner du regard les boucles blondes pour voir si le directeur de son école était là, les autres étant déjà arrivés, quand celles-ci se tournèrent à nouveau vers lui.

— Oui ! Cassius Warrington, bien sûr !

Elle laissa alors échapper un petit rire haut perché et aussi insupportable qu'un cri de Mandragore.

— Et tu as vu le... ?

Ce disant, elle éleva sa main à un mètre du sol, comme si elle mimait la taille d'un nain.

— ... le candidat mineur, acheva-t-elle avec un clin d'œil.

Fière de son jeu de mot, elle repartit de son rire trop faux, trop fabriqué, auquel Cassius s'empressa de mettre fin.

— Non, je ne l'ai pas vu.

Il la contourna et Ludo Verpey vint serrer sa main avec énergie.

— Vous avez fait connaissance avec Rita Skeeter, à ce que je vois, dit-il en regardant derrière l'épaule de Cassius.

La dénommée Rita, ayant entendu son nom, revint vers eux.

— Je suis Rita Skeeter, débita-t-elle en leur serrant la main, journaliste pour la Gazette du Sorcier.

Puis, comme si elle venait de se réveiller là, elle regarda à droite, à gauche, laissa échapper un petit rire et retourna près de la porte surveiller l'arrivée de Potter.

— Bon, eh bien nous allons procéder à l'Examen des Baguettes, expliqua Verpey à Cassius. Mais pour l'instant, nous devons juste attendre...

Il s'interrompit. La porte venait de s'ouvrir. Tout le monde se retourna alors pour découvrir... Rita. Elle était penchée contre l'encadrement de la porte, sa tête disparaissant dans le couloir, à l'affût de Potter. Dans un soupir collectif, tout le monde reprit ses occupations. Verpey détailla à Cassius le déroulement de la Cérémonie d'Examen des Baguettes tout en jetant des coups d'œil furtifs vers la porte de temps en temps. Puis, lorsqu'il ne sut plus quoi dire, il se tut et le silence tomba sur la salle.

Cassius espérait rentrer pour la fin du cours de métamorphose mais la cérémonie dura bien plus longtemps que ce à quoi il s'attendait. Il ne fallut pourtant pas beaucoup de temps à Potter pour arriver mais il en fallut encore moins à Rita pour lui sauter dessus et le tirer plus loin pour une interview. Heureusement, la porte s'ouvrit bientôt sur Dumbledore qui alla sauver Potter des griffes de Rita et l'Examen des Baguettes put commencer. Ollivander avait fait le déplacement et testait maintenant les baguettes une à une. Quand vint le tour de celle de Cassius, Ollivander l'examina plus longuement que les autres, ce qui inquiéta grandement son propriétaire. Puis, d'un geste inattendu et précis, il lança un « Avis ! » et fit apparaître trois élégantes blanches colombes. Un battement d'ailes plus tard, elles s'étaient envolées par la porte pour aller disparaître on ne sait où dans le château. Cassius fut soufflé par le réalisme de ces oiseaux et il aurait souhaité pouvoir en faire autant. Seulement, la séance photo qui suivit acheva ses derniers espoirs de rentrer à temps en cours.

Lorsqu'enfin, dans une dernière pose, il eut affiché face au flash du photographe un sourire qui manquait assurément de sincérité, il dit au revoir au reste du groupe et il put repartir vers la salle de métamorphose. En chemin, Cassius réalisa alors quelque chose, qui lui vint à l'esprit d'un coup, comme s'il avait été frappé par un éclair de lucidité.

Il participait au Tournoi des Trois Sorciers, il participait réellement à cette compétition légendaire. Il allait bientôt affronter une première tâche qui devrait mettre à l'épreuve, entre autres, ses talents magiques et sa force mentale. Durant un bref instant, il ne sut plus s'il était prêt pour ça, s'il serait prêt lorsque les épreuves lui feraient face.

Mais il ne pouvait plus retourner en arrière, il ne pouvait ni avoir peur, ni échouer. C'était une réalité à laquelle il ne pouvait pas échapper et qu'il avait voulue. Alors il continua d'avancer, conscient qu'il était bien décidé à gagner ce tournoi, pour lui, pour sa maison.

Quelque chose interrompit ses pas et ses pensées. Ou plutôt quelqu'un. Là, à côté de la salle de métamorphose, appuyé sur une colonne, dos à la cour, se tenait Adrian Pucey, son meilleur ami. Il avait ce visage innocent qui inspirait toujours la sympathie (du moins à ceux qui n'avaient pas remarqué son insigne de maison), entouré de mâchoires légèrement marquées et creusé au coin des lèvres par de perpétuelles fossettes que l'on ne pouvait pourtant pas s'empêcher de remarquer à chaque fois qu'on le regardait.

Cassius fut plus que surpris de le trouver là. Depuis le week-end de la sélection des champions, il avait tout simplement disparu. Il lui arrivait souvent de partir et de revenir un jour, deux jours plus tard, voire plus, mais jamais il ne s'était absenté aussi longtemps. Il n'avait toujours pas entendu Cassius arriver. Ses yeux verts fixaient avec avidité le mur en face de lui comme s'il s'agissait du mur le plus intéressant du monde et ses fines lèvres formaient une ligne mystérieuse qui lui donnait à la fois l'air heureux et accablé. Ce visage troublant, il l'affichait à chaque fois qu'il était plongé dans ses pensées, ce qui, tout comme ses absences, lui arrivait de plus en plus souvent depuis l'année dernière.

Cassius continua d'avancer en faisant un maximum de bruit avec ses pieds et Adrian se tourna finalement vers lui. Son expression absente s'effaça instantanément de son visage et il n'en resta aucune trace, à part dans la mémoire de Cassius. Sans ça, il n'aurait jamais pu croire qu'elle s'y trouvait quelques instants auparavant. Adrian était redevenu le garçon énergique et rassurant qu'il était d'habitude. Ils repartirent ensemble, sans savoir où ils allaient, chacun suivant l'autre. Adrian faisait courir ses doigts sur les murs, comme il le faisait toujours, et leurs pas hasardeux les menèrent dans le parc. Ils marchaient sans dire un mot. Parfois, Adrian pouvait se révéler silencieux et, dans ces moments-là, Cassius ne ressentait aucun besoin de combler les blancs. Pour autant, cela ne les empêchait pas de pouvoir se comprendre.

Les jours frais de l'automne étaient arrivés et le soleil avait perdu de sa chaleur. Au-dessus du parc désert, le ciel avait l'air d'une peinture qu'on pouvait toucher du bout du doigt. Ici, on se sentait autre part, comme si on pouvait laisser le monde derrière soi. Cassius et Adrian s'assirent sur des rochers, face à face, jambes croisées sur la pierre, tels des naufragés au milieu de rien. Malgré le vent et le froid qui s'insinuaient dans leurs vêtements, ils s'y sentaient comme s'ils avaient toujours été destinés à être ici et qu'ils étaient destinés à être ici pour toujours. C'était en quelque sorte la magie de Poudlard. N'importe quel endroit, à n'importe quel moment, pouvait vous faire sentir à la maison.

— Je suis désolé de ne pas avoir été là à ta sélection, s'excusa Adrian.

— Ce n'est rien.

Il n'y avait aucune amertume dans la voix de Cassius. Il était sûrement la seule personne à avoir compris pourquoi Adrian était si souvent absent, même s'ils n'en avaient jamais parlé. Et, pour lui, ce n'était réellement rien.

— Ça devait être quelque chose de voir ton bout de parchemin craché par une coupe enflammée !

— Oh, j'ai l'habitude ! s'exclama Cassius en laissant échapper un rire.

Il s'interrompit rapidement, comme si l'ambiance austère de ce début de novembre ne pouvait laisser place à la joie. Derrière Adrian, Cassius voyait se dessiner dans la brume la silhouette du terrain de Quidditch. Même s'il était loin d'être aussi bon qu'Adrian, il avait joué dans l'équipe de Serpentard l'année précédente et ce sport lui manquait.

— Cassius ?

— Oui ?

— Quand tu auras besoin d'aide, je serai là.

— Je sais.

Bien sûr qu'il serait là, ils étaient Serpentard et les Serpentard se serraient toujours les coudes. Cassius sortit sa baguette.

— Avis ! prononça-t-il en répétant le geste avec précision.

Quelques plumes jaillirent de sa baguette dans un petit bruit d'explosion. On aurait dit que sa baguette avait éternué des plumes. Ressaisis-toi, Cassius. Il continua à s'entraîner tandis que le jour commençait à s'évanouir.

— Et Potter ? demanda Adrian. Tu sais comment il a fait ?

— Y a-t-il au moins quelqu'un qui le sait ?

— Ouais, j'en doute aussi.

Un oiseau commençait à apparaître au bout de la baguette de Cassius. On aurait dit une créature en papier plutôt qu'une vraie bête sauvage. Cassius visualisa dans sa tête le bec et les ailes qui lui manquaient.

— Qu'est-ce que tu sais à propos de la première tâche ?

— Pas grand chose.

— Et tu sais comment tu vas... affronter tout ça ?

À vrai dire, il ne savait pas.

— Avis ! chuchota-t-il dans une dernière tentative.

Un oiseau apparut finalement entre eux et les surprit tous les deux. Il était plus grand que ce à quoi ils s'attendaient et avait le plumage aussi noir qu'un corbeau. Quand il tourna la tête vers eux, ce qu'ils virent leur donna la chair de poule. Cet oiseau n'avait pas d'yeux. Pourtant, Cassius était sûr qu'il le fixait. Il échangea un long regard avec cette créature aveugle, jusqu'à ce qu'elle ne déploie ses ailes et prenne son envol. Bientôt, elle ne fut plus qu'un point à l'horizon et Cassius se sentit aussi petit que cet animal.

Parce qu'il ne savait pas. Non, il ne savait pas comment il allait affronter tout ça.

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