L'espion à la fille désenfant...

Por Yakame1963

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Qu'ont Hitler, Staline et Trump en commun ? Ils souffrent de perversion narcissique. Un trouble de personnali... Mais

Avant-propos
0: Prologue
1: Un fait divers franco-suédois
2: Sèvres
3 : Paris
4: Stockholm
5 : Odenplan
6 : Solna
7: Uppsala
8 : Helsinki
9 : Tallinn
10 : Vilnius
11: Boulevard Mortier
12 : La psy de la boîte
13 : Le bureau du Directeur du renseignement
14 : Les petites mains du boulevard Mortier
15: Hollande
16 : Arnhem
17: Boulevard Mortier
18 : Paris
19 : Villar-d'Arène
20 : Bruxelles
21: Munich
22 : Malte
23: Gozo
24: Bruxelles-Paris
25 : Est de la France
27 : Paris
28: Longyearbyen
29: Spitzberg
30 : Barentsburg
31: Solna
32 : Stockholm
33: Moscou
34 : Sheremetyevo
35 : Khamovniki
36 : Sheremetyevo
37: Saint-Pétersbourg
38 : Oblast de Leningrad
39 : Vyborg
40 : Kliuchevoe
41 : Golfe de Finlande
42: Paris
43 : Nouvelle-Aquitaine
44 : Martinique
45 : Villar-d'Arène

26: Villar-d'Arène

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Por Yakame1963


Il est 20h15 quand il gare enfin sa Dacia devant son appartement de vacances. Sur le parking enneigé, une seule voiture. Une Ford bleu foncé immatriculée en Italie à Turin. Voiture de location. Alors qu'il sort son sac de sport du coffre de sa Dacia, George fait volontairement autant de bruit que possible. Idem, lorsqu'il entre dans son appartement, ouvre les volets. Alors qu'il remonte de la cave après avoir ouvert l'eau, il entend la voix résonnante d'Ambroise :

Allons chevaliers de la table ronde,

Goûtons voir si le vin et bon,

Goûtons voir, oui, oui, oui,

Goûtons voir, non, non, non,

Goûtons voir, si le vin et bon

Ambroise se tient devant la porte de son appartement grande ouverte, les bras ouverts, une bouteille de vin de Savoie à la main droite. Pullover norvégien, peau à peine plus foncée que George, taille et carrure semblable. Derrière lui, une femme brune plus grande que lui à la peau olive, elle aussi avec un pull norvégien.

« Bonsoir Ambroise ! exulte George.

— Mon fils m'a dit que tu étais en quarantaine il y a deux semaines. Donc ton système immunitaire est à jour et je peux donc t'inviter chez nous pour un apéro. Je te présente ma copine du moment : Marcella. Elle ne parle pas français, mais anglais, finnois, suédois et espagnol.

— Et bien nous aurons notre conversation en anglais, » sourit George en se dirigeant vers la porte d'Ambroise.

Ambroisse Alassani avant. Ambroise Togolainen, maintenant. Ce n'était pas son nom de naissance, mais une fois devenu citoyen finlandais, il s'était rendu compte qu'il était facile de changer son nom de famille. Cela lui avait coûté 300 euros de frais de dossier, et lui avait permis d'accroître son salaire de 15%. Best investment ever. Comme quoi les Finlandais n'ont pas moins de préjugés racistes que les Français. Éclats de rire.

George acquiesce : la connerie est la richesse la mieux distribuée sur terre.

Rillettes de canard, œufs de lompe, tarama, canapés : un apéritif est vite improvisé dans le salon aux meubles en bois de chêne. Marcella, qui a visiblement moins de cinquante ans alors qu'Ambroise et George approchent la soixantaine, est professeure au collège. Professeur de mathématique et d'espagnol. En Finlande, au moins, les professeurs d'école sont aussi respectés qu'au Togo, pas comme en France ou en Suède. Ça doit faire du Togo le second meilleur pays du monde après la Finlande. Éclat de rire. Non, la clique de son excellence le président Eyadéma ne lui manque vraiment pas en Finlande. Même si le fils Faure est moins con que le père Gnassingbé, ça reste un fioga comme on dit en éwé.

Fioga ? demande Marcella.

C'est de l'éwé, la langue parlée au sud du Togo, explique Ambroise. En fonction de comment on prononce 'fio', fioga peut vouloir dire grand prince, ou grand singe. Le rire sonore d'Ambroise réchauffe tout l'appartement.

George commente auprès de Marcella qu'en Russie, quand ils étaient étudiants, le rire d'Ambroise était légendaire. Marcella demande si George est également togolais. Ambroise éclate à nouveau de rire. C'est vrai qu'ils se ressemblent pas mal. En Russie, les autres étudiants togolais les appelaient Atsou, et Atsou-Etsé. De l'éwé pour premier jumeau, et second jumeau. De nouveaux éclats de rire.

Puis George demande à Ambroise s'il a fait un peu de ski de rando depuis son arrivée. Non, Marcella est encore débutante, en Finlande ils n'ont pas de vraies montagnes ! A-t-on déjà vu un athlète finlandais gagner un slalom de ski ? De nouveaux éclats de rire.

Marcella commente qu'elle a déjà beaucoup de courbatures dans les cuisses, donc si Ambroise veut faire du ski de rando demain avec George, qu'il y aille. Un peu de repos lui fera du bien. Et puis demain, la météo sera ensoleillée, qu'il en profite.

Est-ce que George connait le risque avalanche ? Un coup d'œil à Météo-France. Risque trois. Tranquille. George n'est pas du tout acclimaté et a eu le covid récemment, donc est facilement essoufflé. Autant faire une course facile. Le col de Laurichard ? C'est pénard. Comme ça, aucun risque de se retrouver bloqué en montagne, et Ambroise de relater la fois, cinq ans auparavant, où lui et George s'étaient retrouvés bloqués par un blizzard sur le glacier de la Meije. Ils avaient dû construire un igloo et attendre trois jours que le temps se dégage. Trois jours avec deux Twix et un Snickers ! Ambroise éclate de rire. George explique qu'il prend maintenant toujours au moins 10.000 calories de nourriture à chaque sortie en ski de rando.

Marcella propose à George de rester pour le diner, et celui-ci accepte volontiers : la compagnie d'Ambroise est toujours bénéfique pour le moral.

***

Le lendemain, le soleil matinal illumine les cimes orientales du massif de la Meije, quand Ambroise et George garent la Dacia au col du Lautaret. Ils mettent les peaux sous leurs skis et s'élancent vers le sud, George en tête.

Une demi-heure plus tard, les voilà au soleil, celui-ci s'étant hissé suffisamment haut, au-dessus des cimes. George marque l'arrêt : « J'enlève ma Goretex, sinon je vais trop chauffer ». Ambroise lui signifie de mettre son Arva sous sa polaire. Il ne faudrait pas que le radio-émetteur se décroche si George est emporté dans une avalanche. On n'est jamais trop prudent. George approuve.

L'approche des combes de Laurichard n'est pas très pentue, la piste est bien marquée, le risque d'avalanche négligeable, les deux skieurs décident de progresser côte à côte afin de discuter.

« Que pense Olga de la situation en Ukraine ? demande soudainement Ambroise.

— Je lui en ai parlé brièvement fin décembre, elle pense que c'est juste le président russe en train de montrer ses pectoraux, et qu'il ne va rien se passer. »

Ambroise éclate de rire. Un rire dont l'écho résonne dans toutes les combes. Il se reprend : « Toi et moi, on sait comment les Russes haïssent les Ukrainiens. Tu te souviens ? Pour Oleg, être Togolais s'était mieux qu'être Ukrainien. » Il éclate à nouveau de rire, puis ajoute soudainement, le plus sérieusement du monde : « Enfin, je rigole, mais je suis prêt à mettre ma main à couper que les Russes envahissent l'Ukraine ce mois-ci. »

George approuve : « Je le pense aussi. La seule de question est de savoir s'ils le font dès samedi matin, après l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, où s'ils attendent le 21 ou 22 février. »

Ambroise continue : « Ça va être le bordel. Une grande partie de l'Europe est dépendante du gaz russe, mais les Russes sont surtout les seuls au monde à recycler les déchets nucléaires. Sans eux, la filière nucléaire est en danger, et sans nucléaire, impossible d'empêcher le réchauffement climatique. Même la Suédoise Greta Thuneberg est d'accord pour dire que le nucléaire est un mal nécessaire.

— Quand es-tu allé en Russie la dernière fois ? demande George.

— Novembre 2019. Avant le covid. Pourquoi ? .

— Combien de temps te faut-il pour obtenir un visa russe ?

— Par l'ambassade russe d'Helsinki, j'obtiens ça en moins d'une semaine. Je suis un VIP. »

George décide de marquer l'arrêt. Le soleil devient plus fort, il est temps de mettre les lunettes de soleil, autant en profiter pour faire une pause casse-croute. Il pose son sac à dos Mammut sur la neige, et en sort un thermos de thé. Ambroise lui tend un gobelet en caoutchouc, George le sert, puis se sert dans le bouchon du thermos.

Après avoir bu une gorgée de thé chaud, George essaie : « Tu te souviens quand on a sorti Yuri d'URSS ? Ton ancien professeur de physique nucléaire ? »

Ambroise éclate de rire. « C'était quand tu étais 'honorable correspondant' pour sa majesté la France. Sacré Yuri. La Russie ne lui donnait pas un bon teint. Heureusement qu'il a réussi à partir. »

George ajoute : « Et heureusement que la police russe ne se méfie pas des Noirs. Ils sont tellement racistes qu'ils ne peuvent envisager un étudiant africain à la solde des capitalistes ! »

Ambroise éclate à nouveau de rire. Lorsque celui-ci s'est repris et reprend une gorgée de son thé, George attaque : « La Russie est en train de partir en couilles. J'ai besoin d'y chercher quelqu'un avant que ça pète. Tu peux m'aider ? Je paierai ».

Derrière ses lunettes de soleil, Ambroise fronce ses sourcils : «en service commandé ? Je croyais que travaillais à Office National des Forêts. »

« Je travaille à l'ONF. Mais je voudrais monter une opération privée, pour un groupe d'amis. Je ne suis pas sûr que j'aie besoin de toi, mais je souhaite une solution de secours. »

Ambroise retire ses lunettes de soleil et regarde George : « En quoi cela consisterait ? ».

George reprend une gorgée de son thé, et explique : « Tu prépares un visa. Si j'ai besoin de toi, tu reçois un message codé. Tu arrives à Moscou. On échange d'identité : je deviens Ambroise Togolainen, tu deviens George Chevalier, et tu prends un avion immédiatement en direction de la France sous mon nom. Bref, tu restes moins de cinq heures en Russie. Tu entres sous ta véritable identité, et tu ressorts avec la mienne. Une fois à Paris, tu passes la nuit dans mon appartement où du trouveras une enveloppe avec un faux passeport. Tu laisses mon passeport chez-moi, et tu rentres le lendemain matin en Finlande avec le faux passeport français. Là, tu déclareras avoir perdu ton passeport finlandais deux jours auparavant, et tu détruiras le faux passeport français. »

Ambroise pose son gobelet de thé dans la neige, sort une barre de protéine de sa poche de pantalon de ski, mâche une bouchée avant de finalement dire : « Ça sent le coup tordu. »

George sort des abricots secs d'un sachet en plastique, en met un à sa bouche, puis répond : « 10.000 euros si tu obtiens un visa russe et restes en stand-by. 20.000 euros supplémentaires payés immédiatement si tu dois venir en Russie. Et 20.000 euros de plus une fois la déclaration de perte de passeport faite en Finlande. Paiement sur une carte de crédit Revolut au nom d'un individu fictif domicilié en France, un certain Noël Lardon. De là, tu transfères l'argent comme tu veux. »

« Noël Lardon ! » Ambroise éclate à nouveau de rire.

George sort son portefeuille, et lui montre la carte de crédit Revolut au nom de Noël Lardon.

« Cette petite carte peut de tonner 50.000 euros pour cinquante heures de ton temps, dont seulement cinq heures risquées. Intéressé ? »

Ambroise finit d'avaler une bouchée de sa barre de protéine puis répond : « Dis donc, c'est quand même beaucoup mieux payé que quand on faisait les courriers pour le réseau Anselme. C'est l'inflation, ou quoi ? »

Ambroise éclate à nouveau de rie.

« Crois-moi, Ambroise, si les Russes attaquent l'Ukraine, on aura une inflation bien plus élevée »

Les rires d'Ambroise résonnent à nouveau dans les combes de Laurichard.

***

Jeudi et vendredi matin, George skie avec Ambroise et Marcella sur les pistes de Serre-Chevalier. Il est en train de placer ses billes, et pour l'instant, ça marche plutôt bien. Ambroise a accepté la mission à Moscou. Il postulera à un visa russe dès le weekend. Alessia a déjà postulé auprès de l'ambassade de Russie à Malte et devrait recevoir son visa d'ici le 15 février. Hubert a réussi à s'introduire dans le système de deux sociétés moscovites de carpooling et pris le contrôle des comptes des média sociaux du café situé en bas de l'appartement de Natacha à Moscou. Il n'a cependant pas encore réussi à pénétrer le réseau wifi utilisé pour la vidéosurveillance de l'immeuble de Natacha.

Par messagerie cryptée, Natacha a envoyé une photo de ses passeports russes et néerlandais, ainsi que de ceux de ses enfants. À Grand Manitou d'arranger quatre faux passeports belges.

Un coup de fil à Elmantas, à Longyearbyen, lui apprend que sa géologue allemande habitant en Suède a attrapé une grippe sévère, et ne peut accompagner le groupe d'étudiant en excursion pour le cours de glaciologie. Elmantas est bien embêté, mais comme George doit venir au Svalbard ce dimanche, peut-être qu'il pourra accompagner le groupe d'étudiant ? Au programme, géoradar et glaciers de surge. On part mardi matin. On passera par le glacier de Tunabreen, puis on bifurquera plein sud vers la mine de Svea où on passera deux nuits. Enfin, on ira au glacier de Fridjofbreen avant de passer la nuit à Barentsburg et de rentrer à Longyear vendredi soir. S'il accepte, George pourra être logé gratuitement par l'UNIS et aura une rémunération modique. George explique qu'il est plutôt un expert en permafrost avec de bonnes connaissances en prospection pétrolière, mais qu'il est intéressé. Parfait.

Vendredi midi, après plusieurs descentes sur les pistes de Serre Chevalier, Marcella, Ambroise et George sont dans un restaurant d'altitude quand ce dernier, après avoir consulté son portable, explique avoir une urgence sociale et devoir rentrer à Paris. Après une omelette et un vin chaud avalés à toute vitesse, George chausse ses skis et trace vers le parking. Skis dans la voiture, changement de chaussure, et le voilà à monter le col du Lautaret en direction de Villar-d'Arène.

Une fois arrivé à l'appartement, il prend bien soin de finir de le nettoyer. Il avait déjà défait les draps de son lit et fait ses bagages le matin même et cela va vite. Volets fermés, électricité et eau coupés, ses bagages, ainsi que les secondes valises d'Alessia et Hubert dans le coffre de la Dacia. Il quitte Villar-d'Arène à 14h45, tâchant de maintenir la vitesse autorisée de 90km/h sur la route sinueuse. Il a pas mal de lessive à faire, et il ne veut pas arriver trop tard à Paris.


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