Le Coeur de Crystal | Tome 1

بواسطة alcyxn

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Crystal, dotée du don de voir l'espérance de vie des humains, découvre qu'elle est une sorcière grâce à un in... المزيد

Prologue
1 | Sorcière
2 | L'Éclat
3 | Fête d'Anniversaire
4 | Amitié Risquée
5 | Le Cœur des Sorciers
6 | Soumission
7 | Le Village Sohacre
8 | L'Échange de Cœurs
9 | La Maison du Plexus Solaire
10 | Premier Exercice
11 | Un Cœur Qui Brille...
12 | ... Brille d'Amour
13 | Le Manuel
14 | Un Dîner Presque Parfait
15 | Trahison
16 | Eclats de Cristal
17 | Amis d'Enfance
18 | Les Missions
19 | La Potion des Rêves
20 | Recrutement
21 | Première Mission
22 | Le Mont Alarant
23 | Droit en Enfer
24 | Pouvoir du Feu
25 | Souvenirs
26 | Le Désespoir
27 | Le Petit Garçon
28 | Noël chez Violet
30 | La Nuit des Étoiles
31 | Masqués
32 | La Guerre
33 | Répugnante
34 | Rayons Solaire
35 | La Rage
36 | La Vérité
37 | Guérison
38 | Fin

29 | Le Rêve d'Eden

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بواسطة alcyxn

Encore le même endroit. Encore le même rêve. J'étais dans la grande chambre, où Eden regardait par la fenêtre, avant d'éclater en sanglots.

Cette fois, je décidai de ne pas perdre de temps et de ne pas laisser ce rêve s'échapper de mes doigts. Je m'empressai donc de me lancer dans une investigation silencieuse et méticuleuse. Sans faire le moindre bruit qui pourrait trahir ma présence, je fouillai immédiatement tout ce que je peux fouiller dans la pièce : tiroirs, placard, bureau.

J'espérais secrètement découvrir un indice, un objet significatif qui pourrait m'éclairer sur la nature de ce rêve et sur la personne qu'est Eden.

Mais hélas, mes efforts ne portaient pas leurs fruits. Rien d'intéressant et de personnel ne se trouve dans cette chambre, comme si elle avait été vidée de tout élément susceptible de livrer des secrets. Je me demande même si quelqu'un, Eden ou pas, vivait réellement ici.

Cependant, mon regard fut soudain attiré par le tiroir du bureau. Une sensation étrange m'envahit, comme si une force invisible me poussait à l'ouvrir. Mes doigts tremblants glissèrent sur la poignée froide, et j'entendis distinctement les battements de mon cœur résonner dans mes oreilles.

Il s'y trouvait un vieux carnet à la reliure usée, témoignant du poids du temps qu'il avait traversé. Posé délicatement sur ses pages jaunies, un stylo noir semblait attendre patiemment d'être utilisé. Intriguée, je le pris délicatement entre mes doigts, comme si ce simple objet pouvait détenir les clés du mystère qui m'entoure.

Pourtant, alors que je m'apprêtai à lire les écrits qui remplissent les pages du carnet, des bruits de pas lourds résonnèrent depuis l'extérieur. L'aura d'une autre personne se fit sentir, et une urgence s'empara de moi. Le temps m'était compté et je savais que je ne pourrai pas lire ne serait-ce qu'un mot de ce que je présumais être un journal intime.

Je remets rapidement le carnet à sa place, regrettant de devoir abandonner cette piste prometteuse. Mes gestes rapides attirèrent l'attention d'Eden, qui se tourne vers moi, ses yeux rougis par les larmes.

Qu'est-ce que...

Je me retournai pour lui faire face. À cet instant, je me fichais qu'il me remarque, car cette fois-ci, j'étais bien déterminée à saisir l'occasion d'en apprendre davantage sur lui, sur ce rêve étrange, sur tout ce qui le lie.

J'espérais simplement que tout ne s'arrête pas maintenant, comme la dernière fois.

Crystal ? s'étonna-t-il, tout comme la dernière fois, avec les joues trempées.

La poignée de la porte s'abaissa doucement, faisant comprendre que la personne derrière rentrait.

Merde ! s'écria Eden.

Il se retourna vite et ouvrit la fenêtre. Tandis que la porte s'entrouvrait, il m'attrapa par le poignet et me tira vers le rebord de la fenêtre. Avec la vitesse par laquelle il me traînait, je fus incapable de me retourner pour voir qui s'introduisait dans la chambre. Tout ce que j'avais pu entendre, c'était une voix démoniaque.

Eden Darkmore ! s'était-il écrié, pendant que nous sautions par la fenêtre.

À vrai dire, je n'avais pas eu le choix que de sauter, car il me tirait malgré moi. Mais si j'avais eu le choix, je l'aurais probablement suivi, car la voix horrible que j'avais entendue et l'aura effroyable que j'avais ressenti ne me donnait guère l'envie de faire face à cette personne, si c'en était une.

Je ne savais pas quelle chute était la plus horrible entre celle de la falaise et celle-là. Car dans la première, nous voyions tout ce qui nous entourait, nous savions quand nous allions toucher le sol. Cette fois, nous ne voyions rien. Le brouillard nous enveloppait comme si nous nous trouvions au beau milieu des nuages.

De peur, je serrais la main d'Eden aussi fort que je pouvais, même si je me répétais que ce n'était qu'un rêve et que je ne mourrais pas. Comme s'il avait compris ma détresse, il me tira vers lui et me colla contre son corps en me serrant par la taille.

Je pouvais voir son visage, sérieux et concentré. Il ne me regarda pas, il était concentré sur la chute.

Je le scrutai pendant un court instant, jusqu'à ce que je sente que je glissais de sa poigne, à cause de sa chemise en soie. Je l'attrapai immédiatement par les épaules, poussant un cri d'effroi.

Pour contrer la glissade, il passa son autre bras derrière mes genoux pour me porter des deux bras. Ses mains étaient agrippées solidement sur ma taille et mes jambes, lorsque je regardai à nouveau ses sourcils froncés, décorés par sa mèche noire virevoltante.

Était-ce le bon moment pour remarquer qu'il portait une boucle d'oreille noire ?

Téléportation, susurra-t-il, d'une voix rauque et sérieuse.

Nous nous trouvions soudain au sol, atterrissant sur la neige que je connaissais bien trop. Le Mont Alarant. La Maison des Maléfiques se trouvait donc vraiment au Mont Alarant.

Eden me posa délicatement sur la couche de neige et me regarda attentivement. Et je me demandais, pourquoi l'expression de son visage était si douce ? Et empreinte d'intérêt ?

Tout va bien ? Me demanda-t-il doucement.

Je... Oui, bafouillai-je. Que se passe-t-il ?

Idiote, que faisais-tu là ?

Je haussai mes sourcils. Sa phrase pouvait s'interpréter comme un reproche, une menace, mais c'en était rien. Il paraissait sincèrement inquiet.

Où étions-nous ?

Dans ma chambre.

Dans la Maison des Maléfiques.

Oui, avoua-t-il, sans aucune hésitation.

Il scruta rapidement mon corps. Et une question s'infiltra dans mon esprit ; comment étais-je habillé ? En pyjama ?

Je suivis son regard posé sur mon corps et souffla en voyant que je portais la tenue que je portais la veille, et non pas mon pyjama polaire avec une énorme étoile rose dessinée à l'avant.

Désolé, je n'ai pas pensé à prendre ma cape.

S'inquiétait-il pour moi ? Parce que je risquais d'avoir froid ? Si c'est le cas, alors cette fois, il n'a pas compris que je m'étais infiltrée dans son rêve. Et c'est parfait.

Je vais bien, répondis-je simplement.

Car j'allais vraiment bien, je ne ressentais pas le froid, cette fois.

Le Mont Alarant, majestueux et enneigé, s'étendait devant nous, un paysage d'une beauté glaciale qui contrastait étrangement avec la situation tendue dans laquelle nous nous trouvions. J'étais encore troublée par la sensation de la chute, mais cela s'estompait peu à peu tandis que je m'habituais à notre nouvel environnement.

Qui entrait dans ta chambre ? demandai-je, perplexe, tentant de comprendre la situation étrange dans laquelle nous nous trouvions.

Un démon, répondit-il d'une voix grave, ses yeux scrutant nerveusement les alentours.

Un démon ?

Nous devons partir avant qu'ils ne nous retrouvent.

Eden agrippa ma main, cette fois avec délicatesse, et me tira derrière lui. Malgré sa hâte, il ajustait son rythme pour correspondre à mes pas, faisant preuve d'une attention touchante à mon égard.

Qu'est-ce qu'un démon ?

Eden semblait hésitant à partager davantage d'informations, mais je me trouvais actuellement ici pour récolter des informations et non pas m'enfuir d'un certain démon avec lui.

Des Maléfiques.

Mais encore ?

Je ne veux pas t'en dire plus, déclara-t-il finalement d'un ton ferme mais doux.

Pourquoi ?

Parce qu'il savait que je m'étais infiltrée dans son rêve uniquement dans ce but ? Parce que même dans son rêve, j'étais son ennemie ?

Parce que je ne veux pas te mêler à tout cela.

Les majestueux arbres qui nous entouraient semblaient ne pas avoir entendus sa réponse. Ils se dressaient comme des gardiens silencieux, observant notre progression sans broncher. Mais moi, j'avais entendue.

Soudain, Eden se figea, regardant derrière nous avec inquiétude. Intriguée, je suivis son regard, mais je ne vis que le brouillard épais qui enveloppait le chemin que nous avions emprunté.

Il me tira doucement sur le côté et nous plaqua contre un tronc massif d'un arbre, nous cachant du regard de possibles poursuivants. Mon cœur battait la chamade, tandis que je cherchais à comprendre ce qui se passait.

Qu'est-ce que... commençai-je à dire, mais il posa un doigt sur mes lèvres, me coupant immédiatement.

Son bras était posé sur le tronc, à côté de ma tête, et il semblait vouloir cacher mon corps avec le sien. Son visage se trouvait à présent près du mien, nous plongeant dans une proximité troublante.

La tension dans l'air était palpable, tandis que nous ignorions les bruits de pas rapides et les auras terrifiantes qui s'approchaient de nous, trop occupés à lier nos regards. J'aurais voulu décrypter ses pensées, mais tout restait voilé dans le mystère.

Retrouvons-le, vite ! Se fit entendre une voix masculine, avant de disparaître en emportant son aura avec.

Eden vérifia à nouveau et voyant que la voie était libre, il s'écarta de moi, nous remettant sur le chemin de la fuite.

Sont-ils à notre poursuite ? demandai-je enfin.

À ma poursuite, corrigea-t-il.

Pourquoi ?

Parce que je n'ai pas le droit de quitter la Maison, pas encore.

Je le suivais péniblement, ne sachant même pas où nous allions.

Où m'emmènes-tu ?

Là où tu ne seras pas en danger.

Pourquoi tu m'aides ?

Je te l'ai déjà dis. Tu n'as rien à faire ici, mêlée à tout cela.

Frustrée par le manque de réponses claires, je me saisis du bras d'Eden pour l'arrêter dans sa marche, déterminée à obtenir des réponses qui m'intéressent vraiment.

Eden, depuis quand nous connaissons-nous exactement ?

Son regard s'emplissait d'une lueur de surprise, comme s'il ne s'attendait pas à cette question.

Depuis quand ? Répéta-t-il.

Sommes-nous des amis d'enfance ? Avons-nous grandi et joué ensemble dans le village Sohacre ?

Un court silence s'est installé, suivis de son rire qui résonna dans l'air frais de l'hiver. Il libéra son bras de mon emprise et continua son chemin.

Tes questions sont un peu bizarres, répondit-il enfin. Mais non, nous n'avons pas grandi ensemble.

Es-tu sûr ? Insistai-je.

Je suis honnête, Crystal.

Le problème dans sa réponse, c'est qu'il paraît réellement honnête et cela ne m'arrangeait pas.

Peut-être que tu as oublié ton enfance ?

Tout comme moi...

Oublié mon enfance ? Du tout, je me rappelle bien de tout.

Ce n'est pas possible. Il doit être en train de mentir, même s'il n'en a pas l'air. Ce garçon et Eden se ressemblent beaucoup trop pour que ce ne soit pas lui.

Mais d'un autre côté, comment peut-ils être une même personne ? Ce petit garçon était du clan de la Racine alors qu'Eden le déteste.

Il leva le bras soudainement devant moi pour m'empêcher d'avancer. Perplexe, je suivis son regard et réalisai que le terrain s'arrêtait pour continuer un mètre plus bas. Là, une scène familière s'étalait devant mes yeux ébahis. C'était cet endroit, la même scène qui m'offrait un étrange sentiment de déjà-vu.

Sans un mot, Eden descendit doucement et tendit la main vers moi pour m'aider à faire de même.

D'autres questions vinrent s'ajouter à l'écheveau de pensées déjà confuses qui remplissaient mon esprit. Rêvait-il de cet endroit simplement parce que son esprit m'y avait associé ? Ou bien suivions-nous un vrai chemin qu'il connaissait ?

Si ce chemin était bien réel, existant dans la réalité, alors cela signifiait qu'Eden, ce jour-là, ne m'emmenait pas à la Maison des Maléfiques, il m'en éloignait.

Tu ne veux pas descendre ? me demanda-t-il, remarquant mon hésitation.

Je secouai la tête, réalisant que j'avais peut-être franchi une limite en faisant de telles suppositions. Eden n'avait aucune raison de m'éloigner de la Maison. Ce rêve était peut-être simplement le produit de son subconscient qui, en ma présence, faisait remonter des souvenirs vécus ensemble.

Néanmoins, cette fois-ci, je décidai d'attraper sa main, d'accepter son aide, car je voulais voir comment les choses auraient pu être différentes si j'avais fait ce choix ce jour-là.

Avec précaution, il m'aida à descendre, et lorsque j'eus les pieds sur le même niveau que lui, je le fixai, cherchant dans ses yeux des réponses à toutes mes questions. Il avait un sourire apaisant et me regarda avec douceur.

Nous continuâmes notre chemin, pendant plusieurs minutes où Eden veillait à chaque pas que je faisais, me faisant encore plus douter sur sa réelle identité. J'étais venue pour récolter des informations, pour percer le mystère des Maléfiques, mais plus je restais à ses côtés, plus j'étais perdue.

Nous arrivâmes finalement devant une petite cabane en bois qui se dressait en lisière de la forêt blanche. Eden ouvrit la porte, et je remarquai que l'intérieur était quasiment vide, à l'exception d'un canapé. Il m'invita à m'asseoir, et je m'installai avec appréhension, me demandant si cette cabane existait aussi ou si elle était une pure invention de son esprit onirique, d'où son aspect incomplet.

Qu'allons-nous faire ici ? demandai-je avec un mélange de frustration et de curiosité, alors qu'Eden refermait la porte derrière nous.

Nous cacher.

Je soupirai. J'étais venue pour obtenir des réponses, pas pour me cacher dans une cabane mystérieuse. Je jetai un regard par la fenêtre, mais malgré le jour qui éclairait l'extérieur, nous ne voyions rien de concret, pas même un animal sauvage.

Si tu n'as pas oublié ton enfance, parle-moi en, demandai-je enfin.

Pourquoi es-tu si curieuse sur mon enfance ?

Je me pose des questions et j'ai besoin de réponses, répliquai-je sincèrement.

J'étais un enfant seul, totalement solitaire.

Il se tenait debout et observait lui aussi par la fenêtre, et je me demandais quelles images lointaines pouvaient bien se dessiner dans son esprit.

J'aurais bien aimé que tu sois là et que je puisse grandir en jouant avec toi, ajouta-t-il d'une faible voix.

Je fus touchée par ses paroles, mais cette douceur contraste tellement avec l'homme dur et ténébreux que j'avais toujours connu. La question qui me brûlait les lèvres me fit céder à la curiosité.

Pourquoi es-tu si gentil avec moi ?

Je le vis froncer les sourcils en me dévisageant. Ses yeux étaient empreints d'une innocence troublante, et je ne pouvais m'empêcher de me demander s'il était réellement la personne que je pensais.

Pourquoi devrais-je être méchant ? répliqua-t-il, comme si cette idée le dépassait.

Parce que je suis ton ennemie, soulignai-je.

Il écarquilla légèrement les yeux, visiblement surpris par mes paroles.

Mon ennemie ? répéta-t-il, perplexe. Je ne te vois pas en tant que tel.

Je fus étonnée par sa réaction, ne comprenant pas comment il pouvait se montrer aussi clément envers moi alors que nous étions censés être des ennemis jurés.

Tu me détestes.

Moi ? Pourquoi te détesterais-je ? répliqua-t-il, sincèrement surpris par cette affirmation.

Eden... Pourquoi es-tu si complexe à comprendre ? Pourquoi ta voix est si douce et naïve, comme si tu étais un tout autre homme ?

Je ne savais même plus quoi lui demander d'autre. J'avais l'impression que cela n'avait servi à rien de m'introduire dans son rêve. Pourtant, ce rêve avait duré beaucoup plus longtemps que le précédent, me laissant dans un état de confusion et de perplexité encore plus grand.

⚝⚝⚝

Des heures s'étaient écoulées, oui, des heures à la fois étranges et apaisantes. Le crépuscule commençait à envelopper le rêve d'Eden, qui avait allumé un feu devant la cabane pour nous offrir un peu de lumière et de chaleur dans ce paysage éternellement blanc. Je m'étais assise devant les flammes, confortablement installée sur une couverture, tandis qu'Eden prenait place à mes côtés. Les danses audacieuses de la flamme me fascinaient, hypnotisant mon esprit tourmenté.

Ne vont-ils pas nous retrouver avec cela ?

Je peux le dissimuler avec ma magie, répondit-il d'une voix calme, ses yeux également rivés sur le feu.

Contre toute attente, je me sentais paisible. Même si je ne ressentais pas le froid ou le chaud dans ce rêve, la chaleur du feu semblait caresser mes joues comme un doux réconfort.

Tu ne savais pas que tu étais une sorcière. T'es-tu rappelé de ton passé ?

Hmm, pas vraiment.

Était-il simplement curieux ou cherchait-il à obtenir des informations pour mieux me connaître et peut-être mieux me manipuler ? Tout comme j'étais en train de le faire, d'ailleurs.

J'ai simplement entrevu quelques souvenirs, vraiment très peu.

Comment était ton enfance ? S'enquit-il.

Mes bras étaient enroulés autour de mes genoux tandis qu'il était assis en tailleur.

Je réfléchis un instant, me demandant si ces informations pouvaient être utilisées contre moi. Probablement pas, mais je restais méfiante.

Parfaite. J'étais une jolie petite fille, très mignonne et épanouie. J'avais une mère... aimante. Je crois. Et un ami qui te ressemblait énormément.

C'est pourquoi tu m'as posé cette question, tout à l'heure ? remarqua-t-il avec perspicacité.

Sa voix douce se mêlait aux crépitements du feu, créant une ambiance intime et chaleureuse.

Oui, répondis-je simplement.

Il prit un instant de pause, où il en profita pour sourire, avant de continuer la discussion.

J'ai grandi ici, dans la Maison des Maléfiques. J'étais très seul, du moins, je me sentais ainsi.

Où étaient tes parents ?

Loin, plutôt loin, répondit-il évasivement.

Même quand il était gentil et doux, il réussissait à me frustrer avec ses réponses énigmatiques.

J'ai eu un ami, néanmoins, continua-t-il après un court silence.

Son sourire s'élargit, trahissant l'importance de cette personne dans sa vie.

Un ami avec qui je pouvais enfin parler, Darius.

Au premier abord, le nom de Darius me sembla étrangement familier. Puis, la réalisation me frappa de plein fouet. Je tournai enfin la tête vers Eden, les sourcils haussés par la surprise.

Darius ? C'est ton ami ? m'enquis-je, intriguée.

Il l'était, mon meilleur ami.

Oh... il est...

Loin également.

Mon cœur se serra à l'entente de ces mots. Sa voix tremblait légèrement, et je comprenais sans qu'il n'ait besoin de le dire que son ami était décédé. Sans doute était-ce pour cela qu'il portait cette cape qui ne lui appartenait pas, un moyen de garder un souvenir tangible de son ami disparu.

Et malgré son importance, il avait quand même eut la gentillesse de me la prêter. Sans la moindre peur que je puisse l'abîmer ou ne jamais lui rendre.

Eden fixait le ciel étoilé, et je pouvais voir la détresse et la mélancolie dans ses yeux. Ses pupilles bougeaient rapidement, comme s'il luttait pour réprimer les larmes qui menaçaient de couler.

Eden pouvait-il être lucide dans son rêve ? Et me répondre comme il le souhaite ? Au vu des informations qu'il m'avait données, je dirais que non. Mais si c'est son cœur qui parle vraiment, alors, ne me déteste-t-il pas ? Son but est-il vraiment de simplement reprendre son cœur qui m'appartient désormais ?

Quand vas-tu reprendre ton coeur, Eden ?

Son expression surprise reflétait l'inattendu de ma question. Cependant, il semblait y avoir une nuance dans son regard, une lueur d'incertitude qui se mêlait à son habituelle assurance. Il prit un moment pour répondre, détournant les yeux vers le feu qui crépitait doucement. Cette hésitation me laissait penser que ses sentiments et ses motivations pourraient être plus complexes qu'il ne voulait bien le dire.

Répond-moi sincèrement, qu'attends-tu exactement ? Et ne me répète pas que tu attends simplement que je sois digne de mourir par tes mains.

J'attends le bon moment, finit-il par dire d'une voix calme, mais résolue.

Ses paroles vagues n'allaient pas me satisfaire, pas cette fois. L'agacement commençait à se faire sentir dans ma voix alors que je continuais à creuser.

C'est quoi le bon moment ? Grondai-je.

Le bon moment... c'est le bon moment, répéta-t-il.

Et quand ce sera enfin le bon moment ?

Il me dévisagea à nouveau, ses yeux toujours aussi insaisissables. Je pouvais presque sentir son esprit calculer ses paroles, mesurant chaque mot comme s'il jouait aux échecs dans sa tête.

Très bientôt, beaucoup plus tôt que tu ne le crois.

La dualité dans son expression était déconcertante. D'un côté, il semblait distant, presque détaché, tandis que de l'autre, une lueur d'espoir brillait dans ses yeux.

Si je te posais des questions sur les Maléfiques, me répondrais-tu ?

Qu'est-ce que tu aimerais savoir ?

Vos ambitions, vos motivations, vos pouvoirs, vos faiblesses, tout.

Tu apprendras tout cela très bientôt également.

Le voile du secret semblait s'épaissir autour de lui, et je sentais que mes questions ne faisaient que gratter la surface d'une réalité bien plus complexe.

Quand ça ? insistai-je, déterminée à ne pas le laisser se soustraire à mes interrogations.

Son regard fixa le mien, et il garda le silence pendant quelques instants. Finalement, sa voix se fit entendre, calme et assurée.

Juste avant que je ne reprenne mon cœur de ton emprise.

Cette déclaration me laissa pantoise.

Je pensais aux longues heures où nous avions marché, laissant la Maison des Maléfiques derrière nous. Cela faisait également plusieurs heures que nous nous trouvions ici, près de la cabane. J'avais passé une journée entière auprès d'Eden.

Ce rêve durait depuis beaucoup trop longtemps désormais. J'avais posé les questions que je souhaitais lui poser et maintenant, je voulais simplement rentrer. Mais comment pouvais-je quitter un rêve par moi-même ? Je n'avais pas fait attention à cette partie-là de la description de la potion.

Un sentiment d'ennui et d'isolement commençait à m'envahir, et je ne pouvais m'empêcher de m'abandonner à cette émotion, en enfouissant ma tête dans mes bras.

Tu t'ennuies ? demanda-t-il soudain, d'une voix douce.

Je veux rentrer, râlai-je, ma voix s'étouffant dans le creux de mes bras.

J'entendis son soupir en réponse, une marque de compréhension et de regret.

Je comprends, excuse-moi.

Je relevai la tête, perplexe.

Pourquoi tu t'excuses ?

C'est de ma faute si tu es restée ici aussi longtemps.

De ta faute ? Ici ? Fronçai-je les sourcils, intriguée.

Il continua à sourire, et son regard se fit légèrement nostalgique.

Dans ce rêve, avec moi.

Tu es conscient que c'est un rêve ? demandai-je, cherchant à comprendre.

Bien sûr.

Et que je n'en fais pas partie, normalement ?

Oui, répondit-il simplement.

Comment ? La dernière fois aussi tu... Normalement, tu n'es pas censé comprendre que c'est un rêve ni comprendre que je n'ai rien à faire là.

Je fais le même rêve chaque soir depuis des années. Alors, quand tu es là, je comprends très vite que ce n'est pas par hasard.

C'était donc ainsi que je m'étais fait piéger une fois de plus. Comment aurais-je pu deviner qu'il faisait toujours le même rêve...

La dernière fois, j'ai été pris de court et je me suis réveillé en sursaut. Cette fois, je m'attendais à ce que tu viennes.

Il s'était sans doute douté de mes intentions lorsque je lui avais proposé de boire le thé. Et même en sachant cela, il avait quand même accepté de le boire.

Personne ne t'a prévenu des dangers de la Potion des Rêves ? m'interrogea-t-il enfin.

Quels dangers ?

Ses yeux brillaient d'une étrange lueur alors qu'il me fixait intensément.

Si la personne en train de rêver ne souhaite pas se réveiller, tu restes emprisonnée dans son rêve à jamais.

Quoi ?

Voilà bien des heures que nous aurions dû nous réveiller.

Effectivement, j'étais ici depuis bien trop longtemps. Il observa de nouveau le feu qui s'éteignait doucement, alors que les environs disparaissaient peu à peu.

Je dois avouer que j'ai apprécié rêver d'autre chose, pour une fois. C'est peut-être pour cela que je n'ai pas voulu me réveiller de sitôt, confia-t-il, naïvement.

Tandis que je le regardai, abasourdie par ses paroles. Il venait clairement de m'avouer qu'il avait passé un bon moment avec moi, malgré le fait que je m'étais infiltrée dans son intimité et que j'avais essayé de lui soutirer des informations.

Si j'avais été un poil plus égoïste, je ne me serais probablement jamais réveillé, conclut-il avant que l'obscurité ne nous engloutisse.

Je me suis réveillée dans mon lit, cette fois-ci en plein jour, et Eden n'était pas là pour me menacer. Mon téléphone affichait déjà treize heures. Le soleil inondait ma chambre de sa lumière, mais mon esprit était encore plongé dans les mystères et les doutes.

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