Let Somebody Go T.1

Von -livresse

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Au gré du vent, la vie de Marin passe entre bonheur et manque. Il y a un peu plus de deux ans, sa mère a pris... Mehr

là où tout commence.
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Von -livresse

𝐦𝐚𝐫𝐢𝐧


Je me suis pris la porte. C'était son but et elle l'a atteint. Je ne regardais pas devant moi et pensais sérieusement qu'une once de bienveillance allait la traverser ; mais je me suis trompé. Jamais Evane ne se montrera gentille avec moi, j'en ai la confirmation. 

Je me retrouve donc devant l'entrée du café/librairie où m'a conduit ma nouvelle meilleure ennemie. Tous les regards se sont dirigés vers moi au moment où le boum a retenti. Je pourrais même mettre ma main au feu qu'elle a rigolé, fière d'elle.

Mais elle ne gagnera pas, elle peut en être certaine. 

S'il faut se rouler dans la boue et lui avouer la détester, je me battrais coute que coute. Jamais ô grand jamais je ne m'avouerais vaincu par une fille comme elle. Elle a sûrement dû avoir tout ce qu'elle voulait quand elle était gamine et encore aujourd'hui, mais elle n'aura pas ma santé mentale ni ma peau. Et même si aucun de nous ne gagne à ce jeu débile, je pourrais au moins être fier d'avoir autant combattu. 

J'arrive vers son groupe de potes, une fille et un gars l'accompagnent. Ils ont l'air plus gentils et agréables qu'elle. Enfin des amis dans ce monde que je pensais rempli d'Evane. Quand elle remarque que je suis derrière elle, à écouter ce qu'elle dit, je la vois se tourner tout doucement vers moi et me faire les gros yeux.

— Tu m'expliques ce que tu fous encore ici, toi ?

Son ton a tout pour me dire que je ne suis pas le bienvenu. Mais je n'ai pas besoin d'invitation, je peux me la donner moi-même.

Cet endroit ne leur est pas réservé, non ?

— J'ai, par hasard, découvert ce café et je trouve que c'est le moment parfait pour boire un bon café en lisant un livre.

J'entends ce que je devine être sa meilleure amie lui demander si c'est moi le fou furieux qui ai failli la renverser l'autre jour. Je souris, fier qu'elle ait parlé en bien de moi. 

Les deux filles partent, sous prétexte qu'elles ont soif. Je me tourne donc vers celui qui est resté avec moi, cherchant le peu d'amabilité dont j'ai besoin.

— Elle mort souvent ? Comment vous avez fait pour la dresser ?

Il hausse un sourcil, surpris que j'entame la discussion. Il a dû entendre les gentils mots que son amie a dit à mon sujet et se méfie de moi, de peur que je sorte subitement un vélo et que je manque de l'écraser. J'aimerais lui dire qu'il n'y a aucune chance pour que cela arrive mais j'ai bien peur d'être le seul à comprendre.

— On ne la dresse pas, on apprend à vivre avec ses crocs.

— Ohh, c'est comme ça qu'elle fonctionne, dis-je, faussement impressionné de leur manière de vivre, mais conscient que ceci n'est qu'une mascarade.

— Ouais, elle boit ton sang puis te le crache à la figure.

— Sympathique tout ça, mais je ne crois pas aux vampires. Un jour elle m'aimera bien, je t'en fais le pari.

— J'espère que tu es prêt à perdre. Il faut être plus que spéciale pour pénétrer le cœur d'Evane. Si tu lui fais du mal ou quoi que ce soit, je te prélève ton sang jusqu'à ce qu'il ne t'en reste plus. Tu comprendras la vraie douleur mentale.

Ils ont tous un problème avec le sang ou c'est une tradition à Hossegor ?

— Content de faire ta connaissance. Moi c'est Marin.

— Techniquement, notre rencontre a été préméditée, mais moi c'est Célian. Ne dis pas à Evane que je vais te serrer la main car elle risque de me couper la tête.

— On n'a pas ce genre de discussion tous les deux, alors aucun problème de ce côté-là, riais-je.

C'est de cette manière que je me fais un premier ami dans cette ville plus que paumée, autant que moi en tous cas. Célian est quelqu'un qui semble vraiment bien et j'espère ne pas déconner avec lui, il ne le mérite pas. Si je peux au moins avoir une personne de confiance ou avec qui passer quelques fois du temps, c'est tout ce que je demande. Je n'ai ni besoin d'un confident ni d'être le sien.

— Et qu'est-ce que tu fous ici ?

— Je suis tombé du ciel. Les Aliens, mes amis à la base, ne voulaient plus de moi donc ils m'ont dit de dégager. J'avais cinq secondes, j'ai atterri à Hossegor sans vraiment le vouloir.

— Ne l'écoute pas, interviens Evane, deux thés entre ses mains. Quoi qu'il te dise, il ne faut pas le croire, Lian.

— Sympa, dis-je, bougonneux, mais pourtant heureux qu'elle se soit intéressée un minimum à mon histoire.

Evane pose un thé devant moi et s'assoit à ma gauche, à côté de son amie dont je ne connais toujours pas le nom.

— Il a une mère, un frère et un bateau. Ah oui et j'oubliais presque, un vélo.

— Et des amis.

— Ça aussi, c'est faux.

Célian et la fille rigolent. Sans aucun contexte je lui demande comme elle s'appelle, prêt à me recevoir une remarque de ma nouvelle meilleure ennemie à tout moment. Elle me répond Kelly, je lui dis que ça lui va bien. Elle sourit, un très beau sourire mais pas aussi beau que celui d'Evane. Rien n'est plus beau que son sourire qui semble cacher trop de choses que ses yeux essaient pourtant de dévoiler. 

Kelly est métisse et je n'ai pas honte de le dire. Kelly a les cheveux châtains et crépus avec un ruban ou un bandana – je ne sais pas trop dire – pour les maintenir attachés. Elle est de taille moyenne, pas trop grande mais pas trop petite. Une force unique les unit avec Evane, comme si quoi qu'il se passe, elles pouvaient comprendre la même chose au même moment, et que leurs pensées étaient accordées. En un simple regard, elles se disent ce que personne ne peut entrevoir pleinement.

— Et ton permis vélo, tu t'es renseigné ?

— Non, je me suis dit que comme tu avais l'air d'être une reine sur ce sujet, tu allais m'en dire un peu plus.

— Ce n'est pas trop mon truc, si tu vois ce que je veux dire.

— Justement, je ne vois pas. Si tu pouvais m'éclairer, ça m'arrangerait.

On se jauge du regard. Ses yeux verts persans ne peuvent se détacher des miens. Un grand frisson nait en moi en même temps qu'un sourire sur nos deux visages. Et même si ce n'est qu'un jeu, avoir ce contact si subtil avec elle me fait quelque chose. Je ne saurais comment l'expliquer, ni dire distinctement ce que ça signifie. Ce sentiment m'était encore inconnu et jamais je ne pensais un jour le ressentir.

— Sinon, tu avances niveau révision ? lui demande sa meilleure amie.

Elle se détourne et je souris, conscient de ma victoire tout autant qu'elle.

— Quelles révisions ?

— Pour le bac, me renseigne Célian.

— Intéressant. J'espère que tu ne l'auras pas.

— J'espère qu'un jour tu vas arrêter de parler et pourtant écoute : tu ouvres toujours ta bouche.

Je fronce des sourcils mais ce n'est pas dû à sa remarque, mais plutôt à une merveilleuse idée que je viens d'avoir.

— J'ai commencé en début d'année. J'espérais sincèrement que les vacances allaient me permettre de m'y mettre à fond, mais non.

Evane boit une gorgée de sa boisson puis ils continuent de parler du bac sans savoir que je l'ai passé il y a un an et que je peux leur être d'une grande aide. Je ne leur dis rien, attend patiemment qu'elle se décide à partir pour pouvoir commencer mon plan. Mais elle n'a pas l'air de vouloir coopérer alors je leur dis au revoir et pars me réfugier au coin lecture après de nombreuses années sans avoir lu quelques pages. 

Sur le bateau, nous avions les mêmes livres. Je les ai chacun lu au moins deux fois. Aucun ne m'a profondément marqué, aucun ne m'a tourmenté. Et peut-être que ça n'arrive jamais mais je l'espère sincèrement. 

Je frôle les tranches multicolores des bouquins et l'un d'eux atterrit au hasard dans mes mains. Je m'assois sur un des poufs éparpillés dans ce bout de la pièce. Trois personnes sont déjà installées, l'un a des écouteurs dans les oreilles, les yeux fermés et la tête qui opine en rythme. Une fille a sa tempe sur son épaule gauche et ses yeux, à elle, sont ouverts, absorbés par les mots étalés devant elle. Puis en retrait, une femme de la cinquantaine sourit en regardant autour d'elle, un roman classique entrouvert sur ses genoux. Elle me regarde et j'en deviens mal à l'aise. Elle continue et je me détourne. Je m'empare d'un pouf et me mets en retrait pour que tout le monde puisse rester seul dans sa bulle. Comme si, si je m'approchais trop près d'eux, le monde qu'ils avaient du mal à bâtir allait s'effondrer par ma faute.

C'est le sentiment que je peux ressentir alors je prends en compte que je ne suis pas seul. 

Quelques pages passent sous mes doigts. C'est assez étrange de se dire que de simples lettres et phrases ont pu être assemblées pour en former des histoires aussi passionnantes.

— Tu attends que ce livre change ta manière de voir les choses ?  Ou peut-être qu'il t'en dise plus sur comment utiliser des freins lorsque le moment vient ?

Elle ne loupe pas une occasion pour me charrier sur ce sujet et j'en suis plus qu'heureux. J'aime l'ambition qu'elle peut avoir à toujours vouloir avoir le dernier mot.

— Rien ne peut changer une personne au point qu'elle-même ne se reconnaisse plus.

— Je suis pourtant sûre que non. Tu penses avec ton vécu et non avec celui des autres. Si quelqu'un te disait que la mer ne peut pas avoir de conséquence sur une personne humaine, qu'est-ce que tu lui répondrais ?

— Que voyager dans les airs ou sur l'eau n'est pas la même chose. Que le magnétisme que certains ressentent dans un avion ou dans un train, d'autres l'éprouvent sur les vagues, et que la joie que ça procure est bien plus forte. On ne peut pas donner son avis sans l'avoir au moins une fois vécu.

Elle ferme les yeux et ses lèvres s'étirent quelques secondes. Un moment durant lequel le vacarme qui était jusqu'à présent maitre autour de nous, s'évanouit. Elle hoche la tête et je comprends le pourquoi de sa question. 

Peut-être qu'un jour je comprendrais vraiment ce qui se cache derrière elle. Ce jour-là, toutes les pièces du puzzle s'assembleront.


ça fait longtemps, non ? 

mais je reviens avec un beau chapitre, rempli de haine :)

j'espère qu'il vous a tout de même plu.

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