Harry jeta un nouveau coup d'œil en direction de Drago, les sourcils froncés. Il soupira et plutôt que de lire immédiatement les pages devant lui, il retourna le livre pour en lire la couverture. Surpris, Harry regarda de nouveau Drago.
— Magie de l'esprit ? C'est quelque chose au sujet de la promesse de sang ? Parce que si tu as découvert que c'est permanent et que nous sommes liés jusqu'à notre mort, je m'en doute déjà et ça ne me gêne pas le moins du monde...
Malgré lui, Drago sourit légèrement. Harry cherchait à gagner du temps et il le laissait faire, conscient que son monde allait basculer d'ici peu. Après une brève hésitation, il se pencha et embrassa les lèvres de Harry, juste un baiser tendre. Il se plongea dans le regard vert qu'il avait appris à aimer — après tout ces yeux l'obsédaient depuis longtemps maintenant, il était logique qu'il s'y attache finalement — et secoua la tête.
— Ce n'est pas au sujet de notre lien, Harry.
Il vit une lueur de compréhension passer dans le regard de Harry. Ce dernier se mordilla la lèvre avant de reporter son attention sur le livre, le regardant comme s'il était dangereux et qu'il risquait de l'attaquer.
Drago pensa brièvement que c'était le cas. Le livre — les mots contenus dans ce foutu livre — allait l'attaquer d'ici peu. Il avait envie une fois encore de le jeter loin d'eux et d'oublier tout ça.
Mais il resta immobile, resserrant juste sa prise sur l'épaule de Harry et il resta silencieux.
Finalement, Harry soupira et commença à lire, les sourcils froncés.
Drago le sentit se tendre au fur et à mesure de sa lecture, alors que les mots le percutaient et qu'il en comprenait l'implication. Harry resta longuement silencieux, tête baissée, à la fin de sa lecture. Puis, il soupira et se frotta le visage, l'air perdu.
Il avait l'air d'un petit garçon en cet instant, terriblement jeune, et les yeux trop brillants alors qu'il retenait ses larmes. Il évitait le regard de Drago, mais ce dernier refusait de l'abandonner. Il pouvait sentir sa confusion et sa détresse, aussi, il l'attira à lui. Il s'agenouilla près de sa chaise et le tira dans ses bras.
Drago serra Harry contre lui fermement, écoutant sa respiration hachée et les battements anarchiques de son cœur. Harry devait probablement se sentir trahi ou terriblement seul en cet instant. Drago ne comptait pas le laisser ou ignorer sa douleur. Alors qu'il passait la main dans ses cheveux fous, le serrant contre lui, il se demanda depuis quand le sentiment de reconnaissance et d'affection qu'il avait pour Harry Potter depuis qu'il l'avait presque tué puis sauvé était devenu plus. Beaucoup plus. Au point d'avoir envie de se battre pour lui et d'attaquer tous ceux qui l'avaient blessé...
Harry sentait les bras de Drago autour de lui, l'ancrant dans la réalité, et il sentait le souffle du jeune homme dans son cou. Cependant, il avait l'impression de flotter dans le néant, abasourdi.
De toutes les trahisons qu'il avait affrontées, celle-ci était probablement la plus douloureuse. Il soupira, se laissant aller contre Drago les yeux fermés, lui faisant confiance pour le soutenir, puis il murmura, amer.
— Il savait. Dumbledore savait.
Drago le serra un peu plus fort et Harry sentit les lèvres du jeune homme embrasser son cou, le faisant frissonner d'une agréable manière. Il pencha la tête pour lui laisser plus de place, en fermant les yeux, laissant son compagnon le distraire de la réalité durant quelques secondes.
La réalité cependant n'était pas très loin et il revint brutalement au présent, les yeux brûlants de larmes contenues.
— Je devais mourir. Il ne m'entraînait pas, parce que je devais mourir.
Drago grogna sourdement contre la peau fine de son cou et répondit, d'une voix rauque, ne cherchant même pas à cacher la colère qui brûlait en lui.
— Ce n'est plus le cas. Tu es libre maintenant, Harry.
Une larme roula sur la joue de Harry et il secoua la tête, essayant de repousser Drago. Ce dernier le maintenait fermement comme s'il avait prévu sa réaction et Harry abandonna, découragé.
— Comment peux-tu rester avec moi en sachant ça ? Que j'étais... que j'avais ça en moi ? Ils avaient raison, je suis un monstre...
Une des mains de Drago remonta jusqu'à sa joue, pour y essuyer les larmes qui avaient coulé d'un geste tendre. Puis, il l'obligea à le regarder, maintenant son visage pour être certain que Harry ne tenterait pas de fuir.
Ils étaient presque bouche contre bouche, souffle contre souffle, et Harry cilla, perturbé par la proximité. S'il n'y avait pas eu le vif dégoût qu'il ressentait pour lui-même, il aurait comblé la distance entre eux pour embrasser Drago. Il ne se lassait pas de ses baisers, tout comme il ne se lassait pas de le toucher et d'être contre lui.
Il cligna des yeux, se concentrant sur les yeux gris, qui le fixaient avec sérieux. Drago attendit qu'il soit pleinement attentif puis il murmura.
— Je suis avec toi, je suis lié à toi. Ce... cette chose que tu avais en toi, ce n'était... rien de plus qu'un parasite. C'était comme la marque que je portais. Tu étais un horcruxe, mais tu étais Harry avant tout. Tu n'es pas un monstre, Harry. Pas du tout.
Harry inspira brutalement, alors que Drago disait enfin à voix haute ce qu'il avait découvert.
Le livre traitait de magie de l'esprit, mais il y avait un chapitre sur les horcruxes. Apparemment, lorsqu'un être humain était choisi comme réceptacle du morceau d'âme brisé par un meurtre, un lien mental s'établissait entre les deux corps. L'âme était peut-être fractionnée, mais elle restait un tout...
L'âme était indivisible normalement. La magie noire pouvait la séparer physiquement, mais ce morceau arraché ne perdait jamais le lien avec le corps initial.
Le lien entre l'âme et son fragment, décrit avec beaucoup de détails, était exactement ce que Harry avait vécu avec Voldemort. Les cauchemars où il était dans sa tête, les visions. Sentir ses émotions fortes. Cette connexion n'avait rien de mystique ou d'inexplicable. La nuit où il avait tué ses parents, Voldemort avait laissé un morceau de lui sur place...
Le livre alertait également sur le fait que le morceau d'âme dans le réceptacle ne pouvait pas être ôté sans tuer celui qui le portait. C'était la raison pour laquelle, habituellement, les réceptacles étaient des objets inanimés. Ainsi, pour tuer Voldemort, Harry aurait dû être tué en premier...