Fraternité brisée

chapitre 9

Une vie sans amour est comme une mauvaise herbe poussée au milieu du désert. Elle n'a aucune raison d'être vécue, n'aura droit qu'à l'oubli. Elle ne reflètera que tristesse et misère.

Beaucoup de gens vivent le jour au jour en oubliant l'essence même de leur existence. Ils croient tout savoir du monde, sans connaitre ce qu'est l'existence, ce qu'est l'amour. Alors que celui d'entre nous qui aura compris la vie par le fait qu'il doit incessamment nourrir l'amour en lui, verra paraître un nouveau monde dans lequel l'espoir et la confiance en la bonté de la vie fera tout son bonheur.

Cependant, il y a des jours où on se pose la question si la vie ne mérite pas d'être vécue sans amour. Vivre tous les instants sans penser à l'autre, sans avoir peur de se trouver loin de l'autre, sans avoir le cœur brisé.

N'Golo, un jeune innocent qui ne savait rien du véritable amour que les quelques passages qu'il lisait dans les livres, se trouvait maintenant désemparé, l'esprit brouillé par la pensée à la chère Fatou, le cœur envahi de désespoir, le corps prisonnier de douleur sentimentale.

Il avait passé une semaine en essayant d'oublier cette histoire qui ne lui correspondait pas. Il n'avait aucune expérience avec les filles. Il risquait de gâcher une bonne partie de sa jeunesse à la recherche de quelque chose qu'il voyait perdu d'avance.

Je dois penser à mon avenir, se disait-il, je dois me concentrer sur mes études.

Mais l'amour qu'il avait pour cette jeune fille était si fort qu'il se surprenait parfois à se maudire d'avoir le cœur  aussi sensible pour aimer autant.

Et en ce jour de lundi, où tout le monde se précipitait pendant la pause pour rejoindre ses amis, N'Golo restait dans la classe, la tête baissée sur la table.

- N'Golo ... Qu'est ce qui t'arrive ces derniers jours ? demanda son frère Niasson qui venait de s'asseoir à côté, Tu es encore plus froid que d'habitude. Tu sais que notre mère s'inquiète pour toi ? Elle t'a posé la question deux fois tu dis que tu n'as rien.

Il lève maintenant sa tête,  et se lança :

- C'est une fille que j'ai vue à l'école ici, il y a une semaine de cela.

- Qu'est ce qu'elle t'a fait cette fille ?

- Rien ... Rien du tout. Je crois que je suis tombé amoureux d'elle.

- Aussi vite !!! s'étonna le frère, en plus toi  qui ne regardes même pas les filles.

- Je ne sais pas vraiment comment elle a pu prendre autant de place dans mon cœur alors que je la connais à peine. Et le souci est que j'ai voulu lui en parler l'autre jour, mais j'en ai été incapable. Je me sentait perdu à chaque fois que je regardais son visage pour parler.

- Ton problème est que tu réfléchis trop pour agir. Alors qu'avec les filles, tu dois seulement agir car tu ne sauras jamais ce qu'elles veulent avant de le faire. Elles sont imprévisibles.

<< je te conseille d'aller la voir le plus tôt possible pour lui en parler, sans te poser de questions sur comment tu vas le dire et même sur comment elle vas réagir. Décides-toi seulement de lui en parler>>

-D'accord merci pour les conseils.

Soulagé, il sortit avec Niasson pour se rendre à la cantine du lycée, lorsqu'ils croisèrent Fatou qui  partait dans leur salle.