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J'ai finalement réussi à ne pas me perdre, et suis arrivée dans la salle à manger sans encombre

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J'ai finalement réussi à ne pas me perdre, et suis arrivée dans la salle à manger sans encombre. Tout le monde est déjà en train de s'afférer quand j'arrive dans la cuisine, et pendant une seconde, je reste bloquée dans l'encadrement de la porte. Alistair à l'air de s'être bien accommodé de tout ça. Il rit avec notre mère, alors que la petite Kiara est sûre son dos. Une gamine plus âgée, peut être de treize ou quatorze ans est en train de remplir une carafe d'eau, c'est sûrement Mia. Elle a de longues boucles brunes et doit faire à peu prêt ma taille. Je ne vois rien d'autre d'elle. Le garçon est perché sur le plan de travail. Je l'observe pendant une brève seconde, n'ayant pas eu le loisir de le faire dans la chambre. Il a, comme sa sœur, des cheveux bruns, sa coupe est légèrement déstructurée et j'imagine qu'il ne se coiffe jamais. Il est plus grand que moi d'au moins quinze bons centimètres, et il a un sourire d'ange. Mon regard se détache finalement de lui, pour se porter sur la dernière personne de la pièce. Une grande brune. Mia doit tenir ses cheveux de sa mère. Elle a les yeux bleus elle aussi, et un sourire pétillant. Elle porte une salopette pleine de peinture et rayonne de toute part. C'est elle qui me voit en premier.


« - A Ethel ! » S'exclame-t-elle en fonçant droit sur moi pour me prendre dans ses bras. Je suis gênée, et je rougis. Je n'ai pas vraiment l'habitude de ce genre d'effusions, je ne suis pas très tactile. Quand je relève la tête, je vois que tous les regards sont rivés sur moi et je commence à paniquer. Je n'aime vraiment pas ça. Pour me retenir de me décomposer sur place, je me mords la joue et plante mes ongles dans mes paumes. Je déteste vraiment être au centre de l'attention.

« - Je suis Isabelle ! » M'apprend la femme en me lançant un sourire auquel je réponds maladroitement. « - Et voici Mia ma cadette, et Kehan, mon aîné. » Ajoute la grande brune, une seconde, plus tard, en me désignant tour à tour la gamine brune et le garçon mystère. Kehan... Voilà donc le prénom de monsieur courant d'air. Chacun d'eux me sourit, mais je n'arrive pas à leur répondre, je n'ai plus de sourires en stock. Je finis par baisser les yeux et j'observe mes chaussures, gênée par la situation. Je sens le regard d'Alistair sur moi, et me doute qu'il doit me trouver minable. Je n'ose même pas le regarder pour vérifier.

« - On devrait passer à table, les lasagnes sont cuites ! » S'exclame notre mère, pour détendre l'atmosphère. Tout le monde acquiesce. Une vague de personne me dépasse, pour se diriger vers la salle à manger, séparée de la cuisine par un comptoir.


Lorsque mon frère passe près de moi, il se saisit de mon poignet, et m'entraîne à sa suite. Aucun moyen de m'échapper, il me traîne jusqu'à table. Je n'ai jamais diné sans mon père, pas une seule fois. J'ai une boule au ventre qui grossit de plus en plus et qui finira tôt ou tard par exploser. Ce n'est qu'une question de temps... Je me demande ce que fait mon père. Peut-être qu'il mange une part de la tarte que je lui ai faite avant de partir, calé dans le canapé bousillé de notre salon, devant la télé. Je l'imagine bien s'endormir ainsi, des miettes de tarte partout sur son t-shirt. Un sourire étire mes lèvres, puis je suis rattrapée par la réalité. Je suis très loin de notre petit apart de banlieue parisienne.

On a commencé à manger. Tout le monde parle, raconte sa journée, participe à la vie de famille. Alistair bien que légèrement nerveux se mêle parfaitement à tout ça. Moi pas. Je reste obstinément muette, me contentant de porter à mes lèvres les lasagnes plantées sur ma fourchette. De temps en temps, je sens le regard de quelqu'un s'attarder sur moi. Un coup celui d'Alistair, qui me pousse à intégrer tout cela, une autre fois celui de ma mère qui me sourit. Seulement, je ne fais rien pour m'intégrer. C'est au-dessus de mes forces. Ni Alistair ni moi ne faisons partie de leur magnifique tableau, et je sais que mon frère se voile la face. On ne connaît ces gens ni d'Eve, ni d'Adam, nous ne faisons pas partie de leur famille. Tout au plus, nous sommes leurs hôtes. Je sais qu'il est impossible de rattraper toute une vie, même en plusieurs années. Le passé est derrière nous, et il ne changera pas.


« - Alors, Ethel, tu es une artiste ? » Me demande Isabelle, alors que je viens d'enfourcher mon dernier bout de lasagne. Je lance un regard en coin à Kehan, qui me lance à la figure son plus beau sourire en coin. Il a fallu qu'il crache le morceau, bien sûr !

« - J'aime peindre, dessiner et prendre des photos, si pour vous c'est être artiste, alors oui je le suis probablement. » À côté de moi, Alistair se raidit et je vois le sourire de monsieur coup de vent s'évanouir d'un coup. Je me rends alors compte que mon ton était peut-être légèrement désagréable. Isabelle essaye de garder une contenance, mais je vois bien à son regard que je l'ai peinée. Je soupire, ce n'était pas ce que je voulais. Isabelle n'est pas responsable de tout ça, de l'abandon de ma mère, et du reste. Seulement, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher d'être désagréable.


Tout le reste du repas se passe dans un silence de mort, et c'est ma faute. À côté de moi, je sais qu'Alistair est mécontent, il refuse de me regarder, et retire sa main dès que je cherche à entremêler nos doigts. Je sais que je suis allée trop loin, et je m'en veux.


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Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]Место, где живут истории. Откройте их для себя