Chapitre 1

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Je cours !

Je cours le plus vite possible. Il ne faut pas que je m'arrête sinon ils vont me rattraper.

Ils sont derrière moi, je le sais, je le sens ! Je ne peux pas les entendre mais je suis persuadé qu'ils ne sont pas loin. Mon cœur bat la chamade, je le sens s'emballer dans ma poitrine, mes poumons s'emballent eux aussi, je suis à bout de souffle mais je ne peux m'arrêter.

Je traverse la forêt à toute vitesse en prenant soin d'éviter les arbres. J'espère arriver sur une route ou dans un village ou même juste croiser des gens. J'ai besoin d'aide, je ne vais pas pouvoir leur échapper bien longtemps.

Je commence à sérieusement m'essouffler, cela fait presque dix minutes que je cours sans m'arrêter. Il faut que je m'arrête, je n'en peux plus. Je dois me cacher et observer. Il faut que je les voie, que je sache où ils se trouvent. Mon plan était de courir jusqu'à les semer mais je ne sais pas si j'y suis parvenu puisque je ne me suis pas retourné une seule fois. En réalité, ce n'était pas un plan, c'était juste mon instinct : fuir.

Désormais, il faut que je réfléchisse, que je reprenne mes esprits et que je trouve un vrai plan.

Je suis caché derrière un arbre, je sens mes poumons se remplir et se vider d'air à une vitesse déconcertante. Je n'avais jamais été autant essoufflé de ma vie. Je sens l'air entrer et sortir de ma bouche très rapidement et là je réalise que je fais du bruit. Je suis essoufflé et je respire très fort, mes assaillants vont m'entendre c'est sûr ! Ils vont me tomber dessus sans même que je ne m'en rende compte. Il faut que je contrôle ma respiration, que je l'apaise. Ça ne sert à rien de se cacher si c'est pour se trahir en faisant du bruit, surtout que ces gens-là sont des chasseurs nés, ils savent écouter.

L'autre problème, c'est que mes bourreaux savent aussi pister. J'ai surement laissé des traces de pas ou de sang... Je ne sais plus quoi faire, rester là ne m'avancera à rien, ils vont finir par me trouver. Mais quelles sont mes autres options ? Se remettre à courir et tomber de fatigue ?

Je tourne en rond dans cette immense forêt depuis bien longtemps et je ne sais même pas s'il y a des habitations dans le coin.

J'ai peur, je suis vraiment terrifié. Si je me remets à courir, ils vont entendre mes pas, le bruit de ma respiration et, peut-être, le bruit de mes semelles sur les feuilles mortes ou les branches. Je ne saurais même pas si je suis bruyant. S'ils s'approchent de moi par derrière ou dans un angle mort, sans que je les voie, je serais foutu !

Le mieux est surement de rester là, à observer, à guetter leur arrivé.

Me voilà seul et perdu dans cette magnifique forêt verdoyante.

Je me rends. J'abandonne.

Ça ne sert plus à rien de lutter, je suis déjà mort de toute façon.

J'attends là, derrière cet arbre, en silence. J'attends qu'ils me trouvent, j'attends ma mort.

Je regarde autour de moi, cet endroit est magnifique, c'est un bel endroit pour mourir. Les oiseaux virevoltent au-dessus de ces grands arbres verts, une douce brise me caresse le visage et sèche le sang sur ma tempe. Je ferme les yeux pour ressentir cette brise, je respire cet air frais et doux, il y a une petite odeur de fumée mais ce n'est pas désagréable. Je touche le sol, il est couvert de terre fraiche qui glisse entre mes doigts.

J'ai presque l'impression que la forêt est morte, qu'il n'y a pas d'animaux, pas d'oiseaux, pas de feuilles dans les arbres, rien... et que je suis moi-même déjà mort.

Quand j'ai les yeux fermés, plus rien de me prouve que je suis encore vivant, à part, peut-être, ma peau en contact avec le sol.

Il fait si froid que mes mains commencent à s'engourdir, j'ai du mal à sentir ce que je touche, j'ai du mal à réaliser que je suis encore de ce monde... Mes sens sont comme coupés : je ne vois rien, n'entend rien, ne ressent rien, et pourtant je me sens bien, apaisé. C'est étrange de se sentir si bien dans un moment pareil.

Après quelques minutes, j'ouvre les yeux. J'observe le ciel, il est magnifique, il est bleu et cotonneux. J'aimerais y aller, m'allonger et faire une petite sieste sur ces beaux nuages. Le ciel a toujours été mon élément, j'étais pilote de ligne à l'époque, puis il y a eu cet accident.

Maintenant je suis vieux, seul, triste et sourd... et bientôt mort d'ailleurs. J'ai voulu mourir pendant tellement longtemps sans jamais avoir eu le courage de me tuer.

Là je vais enfin mourir mais étrangement je ne le souhaite plus. Je veux vivre !

C'est étrange que je veuille vivre seulement au moment où je suis aux portes de la mort...

Une larme coule lentement sur ma joue...

C'est décidé, je vais vivre. Je ne vais pas laisser ces salauds gagner ! Je vais me battre pour survivre, je ne vais pas leur donner la satisfaction de m'avoir eu.

La peur et la tristesse ont disparu, je suis, désormais, en colère et déterminé. Je réfléchi plus rapidement et méthodiquement et ça y est, j'ai un plan !

Dans le silenceМесто, где живут истории. Откройте их для себя