— Tu peux donc partir tranquille pour reforger une nouvelle protectrice du peuple, conclut Wendy.

— D'accord, dans ce cas, à tout à l'heure !

— Oui, à tout à l'heure, sourit-elle.

Se tournant un instant vers les dragons spectateurs, l'adolescente vit que la plupart avaient un sourire et un regard étrange. Qu'est-ce qui justifiait une telle expression ? Elle ne dut pas réfléchir bien longtemps pour comprendre. Tous avaient vu qu'elle avait passé le combat entre Kanti et Drikinne à tenir la main du prince. Ils étaient en train de s'imaginer des choses ! S'exclama-t-elle intérieurement. Si le rouge lui montait aux joues, plus par embarras que pour les raisons qu'ils pensaient, les spectateurs l'interprétèrent comme un nouveau signe et sourirent d'autant plus.

Ne sachant plus où se mettre et voulant échapper à leur regard, la prétendante à la magie s'empressa de tourner les talons pour sortir de la salle de réception. Qu'allait penser Fréone ? se dit-elle en arpentant les couloirs sans vraiment faire attention à ce qui l'entourait. Et pourquoi il aurait à penser à quoi que ce soit ? Et pourquoi elle-même pensait à sa réaction dans cette situation ?

Totalement absorbée et déstabilisée par ce genre de questions qui lui venaient à l'esprit et dont elle réfutait à chaque fois la pertinence, Wendy se trompa plusieurs fois de chemin et rallongea ainsi son trajet pour rejoindre Zuria. Les habitants du sanctuaire qui arpentaient le palais devaient se demander ce qui lui arrivait en la voyant passer devant eux deux, voir trois fois à quelques minutes ou même secondes d'intervalle.

Après tous ces détours involontaires, Wendy arriva enfin devant la porte de la chambre de Zuria. Elle hésita un instant à frapper pour s'annoncer, mais se ravisa en se disant qu'il valait mieux qu'elle entre discrètement au cas où la première dragonne dormirait.

En la voyant allongée dans le lit, l'adolescente se dit qu'elle avait bien fait. Cependant, quelque chose d'autre n'était pas prévu et la surprit lorsqu'elle entra dans la chambre. Un homme était debout aux chevets de Zuria et la regardait dormir. Un dragon ancestral ? Non, elles les côtoyaient depuis plusieurs jours et son visage ne lui disait rien. Ses cheveux mi-longs avaient beau être totalement blancs, son visage n'avait pas une ride et donnait l'impression qu'il avait la trentaine. Du moins, s'il était humain.

— Bonjour, salua-t-elle. Excusez-moi de vous déranger, mais qui êtes-vous ? C'est Senca qui vous a demandé de veiller sur Zuria ?

Sans même regarder dans sa direction, l'homme tendit son bras vers elle. La porte claqua alors violemment et Wendy se sentit être propulsée en arrière. La poignée qui lui rentrait dans la hanche la fit pousser un cri de douleur, mais ça n'était pas tout. Elle avait aussi l'impression d'être totalement compressée contre la porte et n'arrivait pas à s'en décoller.

— Ces humains... Toujours là, à grouiller là où ils ne devraient pas être. Et ils osent prononcer ton nom en plus, dit calmement l'inconnu en caressant la joue de Zuria qui, malgré le cri de Wendy, dormait toujours.

Ces humains ? Il n'en était donc pas un. De plus, Wendy avait remarqué autre chose malgré la position fâcheuse dans laquelle elle se trouvait. Cet homme venait de parler Lutalicien. S'il en avait les cheveux, son teint, ressemblant bien plus à celui des personnes du continent, montrait qu'il ne s'agissait pas d'un habitant de la cité volante. Ça n'était tout de même pas...

— Filloré ? Questionna-t-elle.

— Elle a donc révélé qui j'étais, répondit-il sans la quitter des yeux.

— Ne... Ne lui faites pas de mal ! Implora l'adolescente avec difficulté à cause du sort qui la pressait contre la porte.

— Lui faire du mal ? Comment crois-tu qu'elle ait pu m'endormir sous notre pilier ? Elle y est arrivée justement parce que je ne lui ferai jamais de mal. Entre me débattre au risque de la blesser et me laisser faire, j'ai choisi de me laisser faire.

Wendy tome 4 : Le sauvetage de LutalicaΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα