MOUVEMENT N°16

Începe de la început
                                    

— Je te vois regarder mes lèvres, Leslye, il se marre, fier de lui.

— Faux, je réfléchissais.

— À quoi donc ?

— À comment je pouvais te faire manger ton verre.

Il rigole, de ce rire qui me donne envie de l'entendre tous les jours. Oulala, ne pense plus à ça, ça devient flippant, Leslye.

— Je ne pensais pas que tu viendrais, ce n'est pas ton style d'habitude ce genre de fête.

Alors là, je suis offusquée. Que sait-il de moi ?

— On m'a forcé, ne crois pas que je suis là pour toi.

— Tu me brises le cœur, là. Je pensais qu'on était amis, mais même pas.

— Désolée, mais les mecs comme toi, qui aiment les filles cachotières, ce n'est pas ma tasse thé.

— Moi qui disais ça pour faire le mec sympa, c'est loupé. Note à moi-même : ne plus être gentil avec toi, il déclare, mimant le fait de s'écrire sur la main.

Je le regarde bizarrement et croise son regard, hilare. Il ne s'arrêtera jamais de me surprendre. Et étonnement, le voir comme ça me plait. Il aime jouer ce rôle, celui du rigolo. Ça lui va bien, plus que bien même.

— Que dirais-tu, si je t'invite à danser ?

— Que ce n'est pas comme ça que tu risques de te trouver une copine.

— Je ne cherche pas de copine.

— Tant mieux, moi non plus.

Germain hausse un sourcil et je comprends qu'il a mal interprété mes dires.

— Tu aimes les filles ?

— Non ! Je voulais dire, que je ne me cherche pas de copain.

— C'est normal, tu m'as moi.

Je lève les yeux au ciel. Qu'il peut être bête.

— Germain. Tu as trop bu.

— Ne raconte pas des conneries. C'est juste du jus de pomme.

M'emparant de son verre pour le sentir, je remarque qu'il fait des infidélités au jus de pamplemousse. Cette information va être répétée au plus grand défenseur de ce jus.

— Y'en avait pas, me dit-il, comme s'il avait lu dans mes pensées.

— Mais comment...

— Je suis un expert de ce côté-là.

Quand je lui rends son verre, une de mes mèches me tombe devant les yeux. Je vais pour la remettre en place, mais il le fait à ma place. J'en tremble, sans savoir pourquoi.

— Alors, ma danse ? Je t'attends toujours, se plaint-il.

— Tu peux toujours rêver ! Je danse déjà avec toi deux fois par semaine.

Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque. Le regard que je lui lance me trahit. Il le prend de la manière que j'espérais et s'empare de ma main, avant de poser son verre sur une table. La musique change, pour un registre plus festif. Exactement au bon moment, pensais-je.

Nous nous plaçons face à face, souriant comme des gamins. Et puis, nous nous lâchons complètement. Je ne pense plus à où je suis ni au fait que je ne devrais pas faire ça devant lui. Le rire que je lui donne est le plus juste depuis des semaines. Ici, Paris est loin, Baptise aussi. Il n'y a que Germain. Germain et moi. Sur la piste de danse, à une fête où je ne pensais pas le voir en réalité.

Sa main vient se placer sur ma taille. Et son visage à quelques centimètres du mien. Je sens sa respiration qui butte contre mes lèvres, et ce doit être la même chose pour lui.

Jamais je n'aurais cru que je m'amuse autant à être avec lui. Ce moment est de loin l'un des plus beaux depuis des années.

D'un coup, la musique se coupe et une voix inconnue s'élève.

— Stop, la fête est finie. Les voisins nous ont dénoncés et la police risque d'arriver.

Des « non, c'est nul » ou des « oh les cons » se font entendre dans la foule. Quand je me tourne pour voir si Germain est toujours là, il a disparu. J'essaie de passer à travers les mécontents afin de retrouver Maely, mais elle me fait le même coup que mon partenaire. Je vais vers le buffet à l'entrée de l'appartement, où se trouvaient nos affaires. La moitié est par terre et je mets trois minutes à trouver les miennes.

Je pars comme une voleuse sans dire au revoir à personne. Enfin bon, après tout, les seules personnes que je connaissais et appréciais vraiment se sont barrées, donc ce n'est pas si grave.

L'appartement où la fête se déroulait n'est pas très loin du mien, je n'ai que quelques minutes en bus et à pied avant de rentrer chez moi. Ça me convient plus que bien, la nuit me fait un peu peur, à vrai dire. On ne sait jamais vraiment ce qu'il peut arriver. Il suffit de deux personnes et un drame peut avoir lieu. Les films en sont un bon exemple.

Le bus, le dernier de la journée, est vide. De ma place du fond, je remarque un garçon qui me dit quelque chose. Je fais marcher mon cerveau, un peu embrumé par l'heure tardive mais quand il se tourne vers la vitre et je j'aperçois l'une de ses mèches bouclées, je n'ai aucun doute.

Voilà que nous nous retrouvons. Après m'avoir laissé seule, avec comme seul compagnie mon cœur qui battait un peu trop vite, il est là. Non loin de moi.

Je crois bien que je tombe amoureuse de lui à ce moment-là, le voyant au loin, avec ses écouteurs dans les oreilles et ne jouant pas ce rôle de gigolo. Il est vulnérable et magnifique. Il se retourne vers moi et je croise ses pupilles marrons. Il me sourit et je le lui rends, sûre de moi et de ce que mon cœur me dicte. Je me lève de ma place, me tiens aux barres du bus pour ne pas tomber et viens me placer sur le siège à côté du sien. On reste comme ça, à se regarder et se sourire un petit moment, assez en tout cas pour que je loupe mon arrêt et que je ne m'en aperçoive pas. Pour être honnête, je m'en fou, je sais où j'habite et je connais Angers, je n'ai donc aucunement peur de me perdre dans la ville.

Je me perds dans ses yeux, et malgré leur banalité : ils m'éblouissent. C'est bien la première fois que je remarque leur beauté. C'est bien la première fois que je remarque sa beauté, aussi. Je me sens un peu coupable. 

Mais il n'y a qu'une seule beauté qui m'intéresse à l'heure d'aujourd'hui : c'est celle de son cœur. Et je suis persuadée que c'est la plus belle. 

nous y sommes, enfin

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nous y sommes, enfin. 

j'attendais ce moment autant que vous & avoir pu l'écrire m'a fait un bien fou.

À l'unissonUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum